Depuis l’Epoque gallo-romaine, le Jura a importé une part importante de ses récipients en céramique d’usage courant. Malgré cette concurrence, un artisanat régional de façonnage de la poterie s’est développé en Ajoie, en particulier dans le village de Bonfol.
Si le quartier du Céramos à Athènes a donné son nom au mot céramique, le village de Bonfol a quant à lui prêté son nom à la poterie ajoulote d’époque moderne. Cependant, si cette tradition régionale est bien attestée, les objets entiers les plus anciens conservés dans les musées et les collections privées datent au maximum de la deuxième moitié du 19e siècle. La découverte d’un drainage rempli de tessons de céramique, à Porrentruy-Grand'Fin, a permis de se faire une idée plus précise des céramiques en usage dans le Jura avant cette période.
L’analyse des pâtes a démontré que la vaisselle commune de type Bonfol était majoritaire dans ce dépotoir avec 68% des individus mis au jour. Il s’agit d’une poterie en terre réfractaire à vocation culinaire présentant une glaçure transparente jaune sur cru, une glaçure au manganèse, ou alors non glaçurée. Les formes les plus fréquemment rencontrées sont des caquelons, des pots tripodes et des pots à cuire. Mais on trouve également des assiettes, des terrines et des couvercles, soit un échantillon représentatif de la production régionale entre le milieu du 18e siècle et le début du 19e siècle.
Dans ce cas, en l’absence de sources historiques précises, l’archéologie a permis de compléter ces informations et d’apporter un éclairage nouveau sur les origines d’un artisanat qui a fait la réputation de l’Ajoie.