Category Archives: Europe

L’archéologie française manifeste

Demain, 14 mars, à 15h30, selon l’annonce d’un tract intersyndical, tous les archéologues français sont invités à Paris, au Palais-Royal, pour joindre leur voix aux manifestants provenant de divers départements du Ministère de la Culture. Ils seront accompagnés, en particulier, par les fonctionnaires de la Bibliothèque Nationale et les gardiens des grands musées. Ces derniers, pour appuyer leurs revendications ont même créé un blog. Ils demandent en premier lieu un relèvement général de leur salaire, compte tenu de l’augmentation des prix et de la pénibilité de leur travail auprès de la Joconde et d’autres chefs-d’œuvre très visités.

Colonne de Buren

Les colonnes de Buren, lieu de rassemblement de la manifestation

Pour leur part, les archéologues vont se plaindre de leur sous-effectif endémique dans de nombreuses régions face à l’ampleur des tâches à accomplir. La loi sur l’archéologie préventive, devait leur donner les moyens de le résorber. Las, la réduction des émoluments versés par les aménageurs, le plafonnement des effectifs, l’ouverture à la concurrence et les pressions exercées sur les cadres des services régionaux de l’archéologie pour qu’ils limitent leurs prescriptions de fouilles et laissent détruire de nombreux sites archéologiques, ont créés des conditions où la recherche archéologique n’y trouve pas sont compte. Cette manifestation des agents de la Culture pourrait déboucher, comme souvent en France, sur une grève. Gageons cependant, qu’une grève dans ce secteur à moins d’impact que celle des éboueurs.

Les chantiers numériques culturels

Le ministre français de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, a fait état aujourd’hui d’un certain nombre d’initiatives gouvernementales, prises ces dernières années et d’autres prévues prochainement, visant à développer l’accès à la culture, via Internet. Dans cet ensemble, on distingue des mesures qui concernent l’archéologie et, en particulier, des projets de représentations des grands sites archéologiques sous la forme de maquettes en 3D, réalisées par des équipes pluridisciplinaires composées d’architectes, d’archéologues, d’historiens de l’art et d’infographistes. Parmi les gisements d’ores et déjà accessibles de cette manière, on peut citer celui de la Caune de l’Arago à Tautavel, des villages lacustres des lacs de Chalain et de Clairvaux ou encore de Lutèce. Dans un proche avenir on devrait découvrir des restitutions de l’agglomération de Lattes au Premier âge du Fer ou des villas gallo-romaines.

Maison lacustre de Chalain

Maison lacustre sur le site de Chalain

La vitrine de l’ensemble de ces chantiers numériques, comme l’a présenté le ministre , est constituée par le portail Culture.fr, derrière lequel s’articulent 30 000 organismes culturels, 2 800 musées et 1 300 bibliothèques. De plus, il sera possible, dès le mois d’avril 2007, d’accéder à 3,5 millions d’images, 240 bases de données et 250 œuvres multimédias. On constate également que la France a décidé d’investir des moyens importants, 2,8 millions d’euros, dans la numérisation de son patrimoine, ce qui devrait contribuer à sa sauvegarde, sa préservation et sa transmission. Enfin, 7500 événements devraient y être annoncés, ce qui permettra de préparer au mieux, en quelques clics, les visites à faire lors de nos prochaines escapades culturelles dans l’Hexagone. Et dire qu’il y a à peine dix ans, Jacques Chirac, assis devant un ordinateur lors de l’inauguration de la bibliothèque François Mitterrand avait posé la question suivante: la souris, qu’est-ce que c’est ?

La vérité selon True

Selon une nouvelle de l’AFP relayant des journaux grecs, l’ex conservatrice du musée Paul Getty de Malibu, Marion True, a été inculpée à Athènes le 10 janvier pour son implication présumée dans l’acquisition frauduleuse d’une couronne hellénistique en or volée en Grèce. Cette couronne proviendrait de fouilles sauvages en Macédoine, dans le nord de la Grèce, et aurait été vendue en 1993 au musée Getty par des trafiquants d’antiquités pour 1,15 million de dollars.

Getty Museum

Le musée Paul Getty a Malibu, réplique de la Villa des Papyrus d’Herculanum

Cette dernière affaire n’est malheureusement qu’une peccadille parmi l’ensemble des faits qui lui sont reprochés. Pendant près de vingt ans, de 1986 au 1er octobre 2005, Marion True a été à la tête de ce musée, qui a poursuivi pendant ses années de direction une politique d’acquisition peu scrupuleuse. Pour en juger, il suffit de savoir que des chercheurs de l’Université de Cambridge ont montré que 92 % des pièces mentionnées au catalogue de la collection n’avaient pas de source archéologique connue, et que 70 % des objets montrés lors de l’exposition l’étaient pour la première fois. Ainsi, il apparaît que sur les 104 pièces principales du département antiquités du Getty Museum, appelées « les chefs-d’œuvre de la collection», 54 ont été achetées à des trafiquants. Le Musée a d’ores et déjà restitué au gouvernement grec la couronne en or, pillée en Macédoine, ainsi que trois autres objets: une stèle funéraire gravée du IVe siècle avant J.-C., un bas-relief votif archaïque du VIe siècle avant notre ère, ainsi qu’un torse en marbre archaïque. Mais les problèmes de Marion True ne s’arrêteront pas là. Elle fait aussi l’objet d’une autre enquête en Grèce après la découverte en avril 2006 dans une villa lui appartenant sur l’île de Paros, dans les Cyclades, de 29 oeuvres antiques non déclarées et, enfin, elle est par ailleurs actuellement jugée en Italie pour avoir sciemment acheté des antiquités volées, ce qu’elle dément. Acceptez vous de dire rien que la vérité, toute la vérité, Mme True?

Toute fouille est une destruction

Sous le titre: Fouiller pour détruire, est-ce bien utile? le mensuel français Le Monde diplomatique de ce mois nous offre une petite réflexion sur l’archéologie préventive, sous la plume de Nicole Pot, qui doit connaître le sujet puisqu’elle est, depuis 2003, la directrice générale de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Elle constate qu’il est parfois difficile de faire comprendre la légitimité de son action aux aménageurs, qui, en France, doivent contribuer au financement des fouilles.

Après une fouille à Augst, l’aménageur reprend la possession du terrain (image ARS)

Rappelons que les bases de l’archéologie préventive repose sur la Convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique, signée le 16 janvier 1992 à La Valette, capitale de l’île de Malte. En préambule, cette convention commence par rappeler “que le patrimoine archéologique est un élément essentiel pour la connaissance du passé des civilisations et elle reconnaît que le patrimoine archéologique européen, témoin de l’histoire ancienne, est gravement menacé de dégradation aussi bien par la multiplication des grands travaux d’aménagement que par les risques naturels, les fouilles clandestines, ou encore l’insuffisante information du public”. En conséquence elle affirme “qu’il importe d’instituer, là où elles n’existent pas encore, les procédures de contrôle administratif et scientifique qui s’imposent, et qu’il y a lieu d’intégrer les préoccupations de sauvegarde archéologique dans les politiques d’urbanisme, d’aménagement du territoire et de développement culturel “. La fouille sera donc d’autant moins une destruction, que l’on aura pu l’intégrer au plus tôt dans les études d’impacts des projets de construction et dans les préoccupations des aménageurs du territoire. Il faut prendre conscience que la matière première de l’archéologue, le site archéologique, n’est pas renouvelable et que tout site détruit sans être fouillé, constitue une perte définitive pour notre connaissance du passé.

La bourse du tourisme archéologique

Comme je n’aime pas bronzer à ne rien faire, j’ai du mal à concevoir des vacances dans une région qui n’offre aucun potentiel de découverte archéologique. Aussi, pour ma petite famille, lorsque vient le temps de penser à partir se pose la question suivante : Où irons-nous passer nos prochaines vacances ? C’est à cette question que les responsables touristiques des pays du pourtour de la Méditerranée cherchent à nous donner une réponse en se réunissant chaque année à Paestum pour la « Bourse méditerranéenne du tourisme archéologique ». Elle permet la rencontre entre prestataires de service culturel et tour-opérateurs provenant de 13 pays : Allemagne, Autriche, Belgique, Canada, Espagne, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Hollande, Japon, Russie, Suède et Suisse.

Temple de Neptune Paestum

Le temple de Neptune à Paestum

La neuvième édition de cette bourse particulière s’est tenue du 16 au 19 novembre, avec la Grèce comme hôte d’honneur. A cette occasion une exposition, ArcheoVirtual, a présenté à près d’une dizaine de milliers de visiteurs un certain nombre de réalisations illustrant le thème de l’archéologie virtuelle, sous la forme de visites interactives de sites comme ceux de Pompeï, de la via Appia, d’Angkor ou de la Domus Aurea, entre autres. Furent également évoquées les possibilités offertes par les téléphones portables ou les lecteurs MP3 pour télécharger (podcaster) des visites guidées interactives. Le visiteur dispose ainsi de son propre audio-guide ce qui évite des frais de maintenance de matériel pour les institutions patrimoniales. Pour cela, il importe que les régions et les sites culturels qui veulent s’assurer une part du tourisme mondial développent leur site internet ,outil de plus en plus privilégié pour s’informer sur leurs offres et pour préparer le prochain voyage en famille.

Le roman de la momie

Il y a quelqu’un qui risque de s’attirer quelques ennuis. C’est le particulier qui a passé aujourd’hui ce message sur un site d’annonces gratuites : « 2000 € – Vends mèches de cheveux de la momie de Ramsès II ». Ce n’est sans doute pas une offre mensongère puisque des prélèvements de cheveux du pharaon, ainsi que des fragments de résine et de bandelette qui l’embaumait ont été effectués sur sa momie entre 1976-1977, pendant son séjour en France pour la guérir d’un mal qui le rongeait: des champignons. Ces restes n’auraient pas dû être conservés après analyse et rendus à l’Egypte.

site d'annonces

Une petite annonce étonnante!

Peut-on vendre de tels vestiges? D’un point de vue moral, il est clair que la réponse doit être clairement non. Cependant la conservation d’un corps humain derrière une vitrine n’est elle-même pas moralement plus défendable : il en va du principe de la paix des morts. Mais en faisant abstraction de ces problèmes d’éthique, que risque le vendeur ? Selon les lois sur le trafic illicite des antiquités la personne qui a conservé ces prélèvements à l’insu du propriétaire, le gouvernement égyptien, a commis un délit, et dans ce cas, il doit être poursuivi et condamné. Mais il faut savoir que dans la plupart des lois sur le trafic illicite des antiquités il existe un délai de prescription plus ou moins long en fonction des pays. Généralement en Europe cette loi prévoit un délai de prescription de 30 ans. Ainsi, le détenteur de ces reliques pourrait les vendre en toute impunité puisque son forfait, ou plus exactement, celui de son père, n’a pas été éventé avant l’expiration de ce délai, pour autant que le prélèvement date de 1976 et non de 1977.