Monthly Archives: February 2010

Néandertal a un nouveau musée à Krapina

Ouverture aujourd’hui, dans le nord de la Croatie, d’un musée à Krapina, dont le thème est entièrement consacré à l’homme de Néandertal. C’est, en effet près de cette ville que furent découverts en 1899, dans une grotte du mont Hušnjakovo, près de 900 ossements, vestiges d’environ 75 individus de cette espèce.  En 1999, lors du centième anniversaire de cette importante découverte réalisée par  l’archéologue et paléontologue Dragutin Gorjanovi? -Kramberger, il a été décidé, en complément d’une importante collecte bibliographique, d’y construire un musée, dont le financement assuré par le ministère de la culture croate aura couté un peu plus que 8 millions d’Euros. Le musée, édifié en forme de galerie souterraine, a été conçu par l’architecte Zeljko Kovacic, et l’exposition permanente par  Jakov Radovcic. Si l’on se réfère à la fréquentation importante du Neanderthal Museum en Allemagne, qui attire chaque année quelque 170’000 visiteurs, le thème semble devoir être porteur pour attirer du monde dans cette région.
Néandertaliens à Krapina
Néandertaliens autour d’un foyer (photo :  N. Solic )

L’attraction principale du musée consiste en la présentation, sous forme de Diorama, d’un clan composé de dix-sept Néandertaliens. Les mannequins ont été réalisés dans l’atelier d’Elisabeth Daynes, plasticienne,  qui s’est fait une spécialité dans la reproduction d’hommes préhistoriques. Des projections en 3D, des films ainsi qu’une ambiance faite de sons et de musiques complète l’attractivité de l’espace muséal. La très grande fragmentation des ossements découverts dans la grotte a suggéré l’hypothèse que les Néandertaliens étaient cannibales. Or, selon de récentes analyses il semble qu’aucun élément allant dans ce sens ne se trouve présent sur ces ossements qui n’auraient que soufferts que de mauvaises manipulations postérieurement à leur mise au jour. De récentes analyses ADN pratiquées sur certains ossements trouvés à Krapina, semblent démontrer que Homo sapiens et Homo neanderthalensis sont bien deux espèces distinctes.

Alerte rouge levée au Mormont

Bonne nouvelle pour l’archéologie suisse et européenne. La Confédération, par l’entremise de l’Office fédéral de la Culture, vient d’octroyer au Canton de Vaud une subvention extraordinaire de 700’000.- Frs pour achever les fouilles  sur la colline du Mormont, au-dessus d’Eclépens. Le solde du coût des travaux sera assumé par l’entreprise Holcim exploitant de la carrière où furent découvertes en 2006 un sanctuaire helvète du 1er siècle avant J.-C. Ce site à déjà livré plus de deux cents fosses cultuelles, et une soixantaine de fosses restent encore à fouiller. Un film documentaire « Le Crépuscule des Celtes », ainsi qu’une plaquette de 16 pages  «  Le Mormont. Un sanctuaire des helvètes en terre vaudoise vers 100 av. J.-C. » permettent de se faire rapidement une idée de l’intérêt exceptionnel, voire sensationnel, de ces fouilles pour notre patrimoine. Ce matin encore, l’émission “Babylone”, sur Espace 2, donnait la parole aux protagonistes de l’archéologie du Mormont.

Cerémonie au Mormont
Représentation d’une cérémonie au Mormont

L’alerte rouge pour ce gisement a été déclenchée  par un article du journal 24h du 16 septembre 2009, qui titrait: « Faute d’argent les fouilles du Mormont sont interrompues ». La communauté scientifique a dès lors commencé à craindre le pire. En effet, le site est menacé d’une destruction imminente par la poursuite de l’exploitation de la carrière de calcaire, qui devrait s’étendre en 2011 dans la zone archéologique. Depuis 2008, et la mise en place de la nouvelle répartition des tâches entre la Confédération et les Cantons, les moyens alloués par Berne à l’archéologie du pays ont diminués de beaucoup, et, selon le Conseiller d’Etat, François Marthaler, en charge du Département des infrastructures dont dépend le service de l’archéologue cantonale Nicole Pousaz, le Canton de Vaud ne reçoit plus que le quart de ce qu’il recevait avant.  L’intérêt scientifique  pour fouiller ce sanctuaire, a fort heureusement été répercuté dans le grand public, par l’entremise de lettres de lecteurs ainsi que d’articles dans les quotidiens. Cette mobilisation citoyenne et médiatique aura sans doute permis d’obtenir une décision assez rapide de l’administration fédérale à Berne, d’habitude plus connue pour ses lenteurs que pour sa célérité dans le traitement des dossiers. Fin d’alerte !

Portrait de famille avec Toutânkhamon

Bien que décédé depuis plus de 3300 ans, à l’âge de 19 ans, Toutânkhamon  fait indéniablement partie des peoples de ce siècle, comme nous pouvons le constater.  Il y a trois semaines son porte-parole, Zahi Hawass, par ailleurs secrétaire général du Conseil Supérieur des Antiquités égyptiennes (CSA), conviait les médias à une conférence de presse le 17 février 2010 pour annoncer au monde entier les résultats des analyses ADN, anthropologiques  et radiographiques pratiquées sur la momie du pharaon ainsi que sur quinze autres momies royales, entre septembre 2007 et octobre 2009. En fait de conférence de presse, il s’agissait plutôt de signaler la publication dans le Journal of the American Medical Association (JAMA) d’un article cosigné par une dizaine de chercheurs sur les liens de parenté et les pathologies de la famille du pharaon.

Le visage de Toutânkhamon
Le visage momifié de Toutânkhamon (photo : Ben Curtis)

Les analyses montrent que sur les 15 momies étudiées, en plus de celle de Toutânkhamon, dix faisaient partie de la famille du pharaon. Il apparaît également que ce dernier est bien le fils d’Akhénaton, car il partage avec lui le même groupe sanguin ainsi que des caractéristiques morphologiques communes. En revanche sa mère n’est pas Néfertiti, comme le pensait un grand nombre de spécialiste, mais plus simplement la momie KV35YL, qui pourrait être néanmoins, par le sang, la sœur d’Akhénaton. De plus, l’énigme sur les circonstances exactes de sa mort semble avoir été levée. On avait le choix entre l’assassinat, l’accident ou la maladie.  Finalement, Toutânkhamon aurait succombé au paludisme combiné à une maladie osseuse, la maladie de Köhler. Ce diagnostique  est étayé par la découverte dans la tombe de cannes pour marcher, ainsi que d’une pharmacie pour l’au-delà.

Pour votre régime, mangez comme au Paléolithique !

Aujourd’hui, est célébré Mardi Gras. Demain, il sera temps de songer au jeûne du Carême. Mais, au quotidien, pour lutter contre les problèmes d’obésité qui touchent les pays développés, un groupe de nutritionnistes étatsuniens recommandent de se mettre au régime des populations préhistoriques qui peuplaient le Monde avant la révolution agricole. Ce régime a un nom en anglais : « Paleo Diet », que l’on peut traduire par  la diète « Paléo », du grec ancien voulant dire justement « ancien ». Cette diète Paléo (aussi appelée diète des chasseurs-cueilleurs, diète Paléolithique ou  diète des Hommes des Cavernes) consiste à se nourrir de fruits frais, de légumes, de viandes maigres et de fruits de mer, qui sont riches en nutriments bénéfiques pour la santé car riches en fibres, en vitamines en graisse oméga-3 et en glucides à faible indice glycémique. Ces aliments sont en outre pauvres en sucres raffinés, en graisses saturées et trans, en sel et en glucide à fort indice glycémique, dont l’ingestion favorise la prise de poids, les maladies cardio-vasculaires, le diabète, et de nombreux autres problèmes de santé.

Paléolithique à Hauterive-Champréveyres

Découpe d’un cheval au Paléolithique (dessin : P. Röschli)

L’argument le plus intéressant pour se soumettre à la Diète Paléo, est que ce régime est celui pour lequel notre espèce serait génétiquement adapté, car issu de notre lente évolution au cours des périodes Paléolithiques. En suivant cette base alimentaire ancestrale, non seulement on ne prend plus de poids, mais si on en a déjà trop, on serait en mesure d’en perdre rapidement. Aux commentateurs qui leur rétorquent que l’espérance de vie de nos ancêtres ne dépassaient pas l’âge de 30 ans, les prescripteurs de cette alimentation répondent que nos prédécesseurs ne mourraient pas en raison de leur nourriture, mais parce que la plupart des décès dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs sont liés à des accidents et aux rigueurs d’une vie passée à vivre en plein air, sans soins médicaux modernes. Ils admettent cependant qu’il est impossible de revenir totalement en arrière en terme d’alimentation mondiale, car sans la culture des céréales il ne serait pas possible de nourrir l’ensemble des près de 7 milliards d’humains qui peuplent la planète aujourd’hui. Donc, ce régime n’est praticable que pour une tranche favorisée de la population qui peut chasser le cheval, le cerf ou le kangourou dans les bacs frigorifiques des magasins d’alimentations. Quant au mammouth, désolé, il est en rupture de stock !