Monthly Archives: January 2007

Une convention n’a pas toujours force de loi

Aujourd’hui, 30 janvier 2007, 120 personnes représentant environ 70 organisations actives dans le milieu de la culture se sont réunies à Berne sous l’égide de la Commission suisse pour L’Unesco et ont rédigé deux messages à l’attention du conseiller fédéral Pascal Couchepin, en tant que ministre suisse de la culture (1er message, 2ème message). Ces textes vises à appuyer les efforts des instances fédérales qui se sont prononcée en faveur d’une ratification rapide de deux conventions récentes de l’Unesco : la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel et la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. Ces deux conventions sont depuis décembre 2006 en procédure de consultation.

Silvesterkläuse Urnärsch

Silvesterkläuse à Urnäsch (Appenzell Rhodes-Intérieur)

Comme ces deux conventions ne représentent pas un enjeu économique majeur, il n’y aura pas trop de difficulté à les voir ratifiée rapidement. Seulement dans le domaine de la culture une ratification faîte par la Confédération n’est qu’une signature qui n’a pas force de loi. En effet, tout ce qui touche au domaine culturel est avant tout l’affaire des cantons et ce sont eux qui devraient aménager leur législation pour tenir compte des implications légales contenues explicitement ou implicitement dans les conventions. C’est ce que les archéologues suisses ont appris à leurs dépens lorsque la Confédération a ratifié en 1996 la Convention européenne pour la protection du patrimoine archéologique. Depuis cette signature, plus de dix ans ont passé et aucune loi cantonale ne fait de référence à cette convention qui demeure en grande partie lettre morte. La meilleure preuve de ce manque de suivi confédéral dans la ratification de cette convention c’est que parmi les 26 cantons et demi-cantons suisses, 7 ne disposent toujours pas d’un service d’archéologie. De plus, alors que l’archéologie devrait être intégrée dans l’aménagement du territoire, la plupart des plans directeurs cantonaux pour l’aménagement du territoire approuvés par l’Office fédéral du développement territorial n’en font même pas mention. Alors, signez toutes ces conventions mesdames et messieurs, et oubliez-les après.

Retour vers l’archéologie du futur

En surfant, sur les vagues du web on rencontre parfois des sites inattendus. C’est l’expérience que j’ai vécue il y a quelques jours en tombant sur le site Archéologie du futur. Comme l’écrit son auteur, Claude Guillemot, qui d’après sa présentation est dessinateur, scénariste et réalisateur de film, son œuvre est «sur le net, comme une bouteille à la mer » que j’ai immédiatement repêché, attiré par sa dénomination d’origine non contrôlée. D’abord je relève que l’abandon du flacon date du 11 avril 2002, soit près de cinq ans, ce qui, j’en conviens, représente un long séjour dans l’océan du web et lui donne déjà un petit air rétro. Combien de fois a-t-elle été pêchée et repêchée avant moi, je l’ignore, mais cela ne va pas m’empêcher d’en examiner le contenu.

 

 

Abribus

Les ruines d’un abribus

 

Le concepteur imagine que dans un futur plus ou moins lointain des archéologues retrouveront enfoui dans le sable du désert les vestiges d’une petite ville de la fin du vingtième siècle avec son centre urbain et ses zones commerciales et industrielles. En ce sens, la démarche est déjà connue et éprouvée. Songeons au fameux livre « La civilisation perdue » du précurseur David Macauley, qui sous le titre anglais plus explicite « Motel of the Mysteries» imaginait la fouille en 4022 d’un banal motel nord-américain enseveli en 1985 lors d’une catastrophe sans précédent. Ce thème de redécouverte de notre époque par d’hypothétiques archéologues du futur a également été repris avec bonheur par le conservateur du musée romain de Lausanne-Vidy, Laurent Flutsch, à travers son exposition « Futur antérieur », qui projetait ses visiteurs en 4002.
Prenons donc la peine de réfléchir à ce que nous léguerons aux générations futures en déposant, de temps en temps, quelques messages au fond d’une bouteille jetée à la mer.

Les chantiers numériques culturels

Le ministre français de la Culture et de la Communication, Renaud Donnedieu de Vabres, a fait état aujourd’hui d’un certain nombre d’initiatives gouvernementales, prises ces dernières années et d’autres prévues prochainement, visant à développer l’accès à la culture, via Internet. Dans cet ensemble, on distingue des mesures qui concernent l’archéologie et, en particulier, des projets de représentations des grands sites archéologiques sous la forme de maquettes en 3D, réalisées par des équipes pluridisciplinaires composées d’architectes, d’archéologues, d’historiens de l’art et d’infographistes. Parmi les gisements d’ores et déjà accessibles de cette manière, on peut citer celui de la Caune de l’Arago à Tautavel, des villages lacustres des lacs de Chalain et de Clairvaux ou encore de Lutèce. Dans un proche avenir on devrait découvrir des restitutions de l’agglomération de Lattes au Premier âge du Fer ou des villas gallo-romaines.

Maison lacustre de Chalain

Maison lacustre sur le site de Chalain

La vitrine de l’ensemble de ces chantiers numériques, comme l’a présenté le ministre , est constituée par le portail Culture.fr, derrière lequel s’articulent 30 000 organismes culturels, 2 800 musées et 1 300 bibliothèques. De plus, il sera possible, dès le mois d’avril 2007, d’accéder à 3,5 millions d’images, 240 bases de données et 250 œuvres multimédias. On constate également que la France a décidé d’investir des moyens importants, 2,8 millions d’euros, dans la numérisation de son patrimoine, ce qui devrait contribuer à sa sauvegarde, sa préservation et sa transmission. Enfin, 7500 événements devraient y être annoncés, ce qui permettra de préparer au mieux, en quelques clics, les visites à faire lors de nos prochaines escapades culturelles dans l’Hexagone. Et dire qu’il y a à peine dix ans, Jacques Chirac, assis devant un ordinateur lors de l’inauguration de la bibliothèque François Mitterrand avait posé la question suivante: la souris, qu’est-ce que c’est ?

De Toumaï à Ötzi

Vous avez sur le bout de la langue, sans pouvoir vous en souvenir, le nom de l’une des nombreuses espèces qui peuple l’arbre phylogénétique de l’évolution humaine ? Pas de panique! Allez faire un tour sur le site Hominidés.com pour vous rafraîchir la mémoire. Sous-titré : les évolutions de l’homme, voici un site bien conçu, à la navigation facile, et comprenant de nombreux liens utiles ainsi que des références bibliographiques accessibles au grand public. Les pages Internet de ce site sont composées de telle façon qu’en quelques clics on parvient aisément à l’information que l’on cherche concernant tout ce qui a trait au domaine de la paléontologie humaine, du paléolithique inférieur au néolithique.

Hominidés.com

L’arbre phylogénétique du genre homo sur Hominidés.com

L’ensemble est organisé sous forme d’un thème principal, comme la chronologie ou les théories, à partir duquel on parvient à un ensemble de fiches thématiques au contenu très pédagogique avec beaucoup d’illustrations soignées et des textes simples et agréables à lire. Le nombre de fiches thématiques augmentent de semaine en semaine, preuve d’un site vivant et régulièrement actualisé. A part quelques dossiers, écrits par des spécialistes, dont le dernier en date est consacré à l’alimentation des hommes de la préhistoire, l’essentiel du contenu est enrichi et géré par un seul webmaster, Christian Régnier, qui a dédié ce site personnel à l’une de ses passions, l’évolution de l’homme et sa place dans la nature. Ce site représente une bien belle manière d’assouvir sa passion et de se mettre à son service. Si cependant vous préférez chercher à combler votre trou de mémoire sur un site rédigé par des professionnels du sujet essayer celui du CNRS. Sans doute plus sérieux, mais du point de vue agrément et ergonomie, entre les deux, comme on dit, « y’a pas photo » !

Tous parents, tous différents

Vous vous souvenez comme moi, peut-être, de cette exposition montée en 1993 dans le cadre du Musée de l’Homme à Paris intitulée « Tous parents, Tous différents ». On y présentait, entre autres, comment les généticiens parviennent à suivre les migrations grâce à la répartition des gènes dans la population humaine selon le principe : même gêne, égal, même ancêtre. A l’époque, on ne disposait que de quelques études pour établir les filiations des différentes communautés. Un programme de recherche de grande ampleur, intitulé Genographic Project, a débuté le 13 avril 2005. Lancé par la National Geographic Society et la société IBM, financé par la Waitt Family Fondation, ce projet vise à établir, sur une échelle sans précédent, la variabilité génétique des 6 milliards d’humains que compte la Terre. Cette recherche, d’une durée de cinq ans, dirigée par un généticien, Spencer Wells, entourés d’historiens, de linguistes et d’archéologues, va permettre de collecter des échantillons d’ADN de plus de 100000 individus, principalement dans des populations autochtones. Avec un budget de 40 millions de dollars, l’étude devrait aboutir à l’une des plus importantes banques de données sur la génétique des populations jamais constituées. Les marqueurs génétiques principalement utilisés sont l’ADN mitochondrial transmis par la mère, et le chromosome Y transmis par le père. Ils permettent de retrouver les groupes humains qui ont un ancêtre commun, et d’estimer quand il a vécu. Ainsi, l’objectif est de retracer les mouvements migratoires de l’humanité depuis 60000 ans.

TPTD
Extrait de l’affiche de l’exposition “Tous parents, tous différents”

En marge du projet scientifique, le Genographic Project permet aussi au grand public intéressé des pays industrialisés de connaître leurs racines. En achetant en ligne une trousse d’analyse à 100 dollars, tout un chacun peut réaliser lui-même un prélèvement buccal et l’envoyer au centre de recherche qui analyse soit l’ADN mitochondrial (provenant de la mère de la mère etc. de sa mère), soit le chromosome Y (provenant du père du père etc. de son père). La comparaison avec la base de données ainsi constituée permettra alors de connaître un peu mieux ses propres ancêtres, et de voir quel a été le parcours de sa famille depuis les origines de son lointain berceau africain.

La vérité selon True

Selon une nouvelle de l’AFP relayant des journaux grecs, l’ex conservatrice du musée Paul Getty de Malibu, Marion True, a été inculpée à Athènes le 10 janvier pour son implication présumée dans l’acquisition frauduleuse d’une couronne hellénistique en or volée en Grèce. Cette couronne proviendrait de fouilles sauvages en Macédoine, dans le nord de la Grèce, et aurait été vendue en 1993 au musée Getty par des trafiquants d’antiquités pour 1,15 million de dollars.

Getty Museum

Le musée Paul Getty a Malibu, réplique de la Villa des Papyrus d’Herculanum

Cette dernière affaire n’est malheureusement qu’une peccadille parmi l’ensemble des faits qui lui sont reprochés. Pendant près de vingt ans, de 1986 au 1er octobre 2005, Marion True a été à la tête de ce musée, qui a poursuivi pendant ses années de direction une politique d’acquisition peu scrupuleuse. Pour en juger, il suffit de savoir que des chercheurs de l’Université de Cambridge ont montré que 92 % des pièces mentionnées au catalogue de la collection n’avaient pas de source archéologique connue, et que 70 % des objets montrés lors de l’exposition l’étaient pour la première fois. Ainsi, il apparaît que sur les 104 pièces principales du département antiquités du Getty Museum, appelées « les chefs-d’œuvre de la collection», 54 ont été achetées à des trafiquants. Le Musée a d’ores et déjà restitué au gouvernement grec la couronne en or, pillée en Macédoine, ainsi que trois autres objets: une stèle funéraire gravée du IVe siècle avant J.-C., un bas-relief votif archaïque du VIe siècle avant notre ère, ainsi qu’un torse en marbre archaïque. Mais les problèmes de Marion True ne s’arrêteront pas là. Elle fait aussi l’objet d’une autre enquête en Grèce après la découverte en avril 2006 dans une villa lui appartenant sur l’île de Paros, dans les Cyclades, de 29 oeuvres antiques non déclarées et, enfin, elle est par ailleurs actuellement jugée en Italie pour avoir sciemment acheté des antiquités volées, ce qu’elle dément. Acceptez vous de dire rien que la vérité, toute la vérité, Mme True?

L’énigme de Kéros

Tous les amateurs d’art connaissent l’esthétique dépouillée des idoles provenant de l’archipel des Cyclades en mer Egée, témoins d’une culture originale qui s’est épanouie à l’âge du Bronze Ancien entre 3200 et 2000 av. J-C. Cette notoriété a un prix, et pas seulement dans les ventes aux enchères, mais également d’un point de vue archéologique. En effet, sur quelques 1400 pièces répertoriées, seuls pour 40% d’entre elles le contexte de découverte est connu. Or, la moitié de celles dont on connaît l’origine exacte provient énigmatiquement de la petite île de Kéros, actuellement quasi déserte. C’est pour en savoir plus sur ces statuettes de marbre au visage plat dont les plus célèbres, Le joueur de flûte et Le harpiste furent justement trouvés sur cette île, qu’une équipe gréco-britannique conduite par Colin Renfrew a investi les lieux le printemps dernier et a entrepris des fouilles en divers endroits.

Les fouilles du site de Kavos sur l’île de Kéros

Sur le site de Kavos, une cache ayant échappé aux fouilleurs clandestins a été découverte. Elle a livré de nombreux fragments d’idoles, délibérément brisées, dont le marbre provient de Naxos, Amorgos ou Syros. Le nombre peu élevé de remontages entre les morceaux constitue la preuve de cette fragmentation volontaire et suggère également que les statuettes furent détruites ailleurs avant leur enfouissement final. Colin Renfrew avance l’idée que Kéros a pu servir de centre cérémonial des Cyclades, quelques 1500 ans avant que l’île de Délos ne la remplace dans ce rôle. Une nouvelle campagne de fouilles durant les mois de mai et de juin de cette année est d’ores et déjà programmée et amènera, peut-être, de nouvelles connaissances sur la fonction exacte de ces figurines et sur l’énigme de Kéros.

Titus Pullo et Lucius Vorenus sont de retour

C’est en effet ce soir, 14 janvier à 21h, sur la chaîne de télévision américaine HBO, qu’est programmée la seconde saison de la série Rome. Après l’assassinat et les obsèques de Jules César qui venaient clore la première saison, la seconde, et ultime saison de cette mini-série devrait logiquement nous conduire, au terme de ses dix épisodes, jusqu’à la victoire d’Octave sur Marc-Antoine et Cléopâtre et à son accession au pouvoir impérial sous le nom d’Auguste. Si d’un point de vue historique il n’y a aucune surprise à attendre sur le sort des figures historiques présentes dans la série, en revanche, rien n’est assuré pour les deux principaux protagonistes que sont le légionnaire Titus Pullo et le centurion, devenu sénateur, Lucius Vorenus. C’est à travers leur regard que la Rome de la fin de la République nous est présentée et grâce au tournage et aux décors effectués dans les studios romains de Cinecitta le cadre et les rues de la Rome antique n’ont jamais parut autant réalistes à la télévision.

Titus Pullo et Lucius Vorenus

Titus Pullo et Lucius Vorenus chevauchant côte à côte
Bien que les aventures qui sont les leurs dans la série soient de la pure fiction, en revanche, tous les deux ont réellement existés et leur nom n’est pas inconnu des philologues puisqu’ils se trouvent ensemble cités dans un chapitre de La Guerre des Gaules (Livre V, chapitre 44). C’est ce que l’on peut apprendre, entre autres, en consultant le site Internet « Péplum – Images de l’Antiquité » une référence pour les francophones cinéphiles et bédéphiles, lorsqu’il s’agit de connaître la vérité cachée derrières les fictions. Pour donner encore plus de crédit historique à cette création, la production a engagé un historien anglais chargé de conseiller les artisans, accessoiristes et décorateurs dans leurs travaux. La lecture de son blog permet de découvrir quelques facettes du tournage. En tous les cas il me tarde déjà de découvrir cette seconde saison que je regarderai, comme la première, en DVD. En attendant, je peux toujours visionner quelques bandes-annonces.

Un astéroïde frappeur au temps des pyramides

La revue Ciel & Espace a mis ce mois-ci en couverture un titre choc: « Découverte d’une chercheuse française : un astéroïde a percuté la Terre à l’époque des pyramides ». La chercheuse en question s’appelle Marie-Agnès Courty. Elle est géomorphologue du CNRS au Centre européen des recherches préhistorique de Tautavel, et depuis quinze ans elle traque systématiquement les traces d’une curieuse strate géologique baptisée le « 4000 », vestige, selon-elle, de la collision de la Terre avec un astéroïde ou une comète de 1km de diamètre il y de cela 4000 ans. Cette datation entre en résonance avec la célèbre phrase du général Bonaparte avant la bataille des Pyramides : « Soldats, songez que du haut de ces monuments, 40 siècles vous contemplent », d’où, sans doute, la relation suggérée dans le titre du magazine. Remarquons cependant que les Pyramides du Plateau de Gizeh sont au mois cinq siècles plus âgées puisqu’elles sont datées actuellement entre 2620 et 2500 av. J-C. Mais le « 4000 », lui-même, apparaît également plus agé, puisqu’il date en fait de 2350 av. J.-C, selon le résumé d’une communication de Marie-Agnès Courty présentée lors d’un colloque en 1997 sur les catastrophes naturelles durant les civilisations de l’âge du Bronze.

Les îles Kerguelen

Les îles Kerguelen dans Google Earth


Selon une enquête minutieusement menée, l’impact se serait produit dans l’Océan austral, près des îles Kerguelen. Des quantités énormes de fragments de croûte océanique auraient été pulvérisées et projetées à des milliers de kilomètres de là au Proche-Orient, soit jusque sur le site d’Abu Hagheira en Syrie où Marie-Agnès Courty les a mis au jour pour la première fois en 1990. L’argument le plus convainquant en faveur de son hypothèse c’est la présence dans un sol soufflé et poudreux, recouvert d’argile et de sable, de micro-organismes marins, plus ou moins fondus, originaires des latitudes australes. De plus, d’autres lieux situés en Amérique du Sud, en Europe ou en Asie centrale semblent également livrer des éléments de ce même horizon. Reste cependant à expliquer, d’après certains géologues, pourquoi les échantillons analysés ne contiennent pas d’iridium ni de spinelles nickélifères, traceurs habituels des impacts météoritiques, et pour les archéologues, pourquoi aucun récit ne fait clairement état d’un évènement dont l’ampleur aurait dû laisser des témoignages écrits parmi les premières grandes civilisations de l’histoire.

Le hasard fait bien les choses

L’adage en titre est bien connu dans la profession. Quand on fait de l’archéologie il faut souvent accepter le fait que l’on ne trouve pas toujours ce que l’on recherche, ou, variante du même thème, que ce n’est pas celui qui cherche, qui trouve. C’est cette expérience cocasse qu’a fait en octobre 2005 l’archéologue canadien Yves Chrétien. En sondant les terrains préalablement à la construction de la promenade de Champlain près de la ville de Québec, il a découvert ce que depuis cinquante ans d’autres archéologues ont cherché en vain avant lui : le fort édifié en 1541 par les explorateurs Jacques Cartier et Jean-François Roberval, qui représente la première tentative d’implantation d’une colonie française en Amérique. L’emplacement, le sommet du promontoire de Cap-Rouge était connu depuis longtemps, mais les devanciers d’Yves Chrétien le cherchaient au nord du promontoire, alors qu’il fut fortuitement découvert au sud. Des fouilles de grande ampleur sont d’ores et déjà prévues cette année.

astrolabe de Champlain

L’astrolabe de Champlain et la rivière des Outaouais

Cette découverte canadienne en rappelle une autre, celle de l’astrolabe de Samuel de Champlain. Ce dernier fut, en 1608, le vrai fondateur de la ville de Québec, et c’est en son honneur, en prévision des célébrations du 400ème anniversaire de la ville en 2008, que l’on a donné son nom à ladite promenade ci-dessus. L’astrolabe fut semble-t-il perdu par le navigateur en mai 1613 alors qu’il remontait la rivière des Outaouais. En 1867, soit 254 ans plus tard, ce bel objet fut découvert fortuitement par un garçon de ferme. Passant ensuite entre les mains de divers propriétaires, il fut acquis en 1989 par le Ministère canadien des communications afin d’être exposé dans le remarquable Musée canadien des civilisations, un modèle du genre soit dit en passant.
Morale de ces petites histoires : on peut toujours chercher une aiguille dans une botte de foin, mais pour la trouver sans effort, attendons de sentir sa piqûre.