Monthly Archives: December 2008

Avant le patrimoine immatériel

« L’archéologie, c’est la recherche de notre histoire, de nos racines, et non pas la hantise égoïste de quelques amateurs de pots cassés », comme le disait mon maître, Michel Egloff. C’est dans cet esprit qu’avec le concours du blog be-virtual nous avons conçu et mis en ligne le calendrier de l’avent de cette année. Car il faut savoir qu’à côté de l’univers matériel des objets que l’on retrouve dans les couches archéologiques il y a un mode de vie qu’il faut pouvoir reconstituer et qui représente ce que l’on nomme depuis quelques années le patrimoine culturel immatériel. Sous l’égide de l’Unesco a été rédigée en 2003 une Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Elle est entrée en vigueur le 20 avril 2006 et a été ratifiée à ce jour par 104 états.

Calendrier de l'avent de l'AVANT

Extrait de la porte du 11 décembre illustrant les jeux

Le 30 septembre 2008 était la date limite de soumission de candidatures pour l’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. C’est l’année prochaine, lors de sa prochaine session, que le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel décidera quelles manifestations de la créativité humaine doivent être inscrites sur cette liste. Parmi les 90 éléments culturels représentatifs incorporés à la liste en novembre 2008, on y trouve des danses folkloriques, des chants traditionnels, des formes théâtrales, des musiques ancestrales, des carnavals historiques, des récits oraux immémoriaux, des savoir-faire artisanaux, des techniques divinatoires, et j’en passe. La survivance de ce patrimoine est à nos yeux importante pour notre pratique de l’archéologie car, à côté de la culture matérielle visible, ce patrimoine nous dévoile toute la richesse et l’universalité des manifestations de la pensée humaine qui peuvent lui être associée. Demain sera ouverte la dernière porte du calendrier de l’AVANT. J’espère que vous avez eu plaisir à découvrir ces témoignages comme nous avons eu plaisir à les réaliser.

Le vrai visage de Cléopâtre VII

Après la découverte d’un buste antique dans les eaux du Rhône à Arles cet été, censé être le vrai visage de César, voici que sur de nombreux sites du web s’affiche le vrai visage de son amante, Cléopâtre, en image de synthèse. Il est le résultat de l’analyse systématique des représentations connues de la dernière souveraine de l’Egypte. De fait, si ce visage n’est pas de pierre, il ne nous laisse cependant pas de marbre et est susceptible de relancer la polémique entre ses nombreux admirateurs pour savoir qu’elle est la dominance de son ascendance: hellénistique ou égyptienne, car cette restitution la présente bien métissée. Les cinéphiles constateront que si ce portrait est peu comparable au visage de l’actrice Liz Taylor dans le Cleopatra de Joseph Mankiewicz, il n’est pas loin de ressembler à celui de la comédienne Lynsdey Marshal qui prête ses traits à la reine dans la série télévisée Rome.

Cléopâtre VII virtuelle
Cléopâtre VII virtuelle (photo : Atlantic Productions)

Ce nouveau visage de Cléopâtre nous le devons au travail de comparaison effectué pendant une année par l’égyptologue Sally Ann Ashton et une équipe d’informaticien, en vue de la production d’un documentaire sur la vie et la mort du dernier pharaon d’Egypte. Curatrice auprès du Fitz William Museum de Cambridge, Angleterre, qui possède l’une des plus remarquable collection d’antiquité égyptienne de Grande-Bretagne, Sally Ann Ashton est surtout l’auteur de nombreux livres sur l’Ancienne Egypte et en particulièrement sur Cléopâtre, dont le récent « Cleopatra and Egypt ». Quant à Cléopâtre on sait qu’elle est née à Alexandrie en 69 avant notre ère, qu’elle est montée sur le trône à l’âge de 17 ans, trois ans avant de rencontrer Jules César et on dit qu’elle est décédée à la suite de la morsure d’un serpent venimeux après le suicide de son prince, Marc-Antoine, en 30 avant J.-C.

Droit de recours préservé

Il y a trois mois, ce blog a pris naturellement parti pour le NON face à l’Initiative contre le droit de recours des organisations. Dimanche dernier les Suissesses et les Suisses ont voté, et deux tiers des Suisses, soit 66% des suffrages et l’ensemble des cantons, ont rejeté l’initiative qui visait à supprimer dans les faits le droit de recours des organisations de protection de l’environnement, dont « Archéologie suisse » fait partie. Comme le relève le comité, le résultat est très net en Suisse romande, avec plus de 70% de non dans les cantons de Genève, de Fribourg et du Jura et même un record national de 76% à Neuchâtel. Même le canton du Valais, connu pour ne pas être très sensible en matière écologique, a rejeté très nettement le texte à pratiquement 60%. François Turrian, au lendemain de cette éclatante victoire a demandé que le message ci-dessous soit diffusé.

Merci de votre soutien

« J’aimerais remercier très chaleureusement au nom du comité national toutes les personnes et institutions qui se sont engagés durant cette campagne. Les comités cantonaux qui ont oeuvré sur le terrain pour distribuer des tracts ou préparer des annonces supplémentaires. Les partis, les femmes et hommes politiques qui ont soutenu publiquement notre campagne. Celles et ceux qui nous ont fait part de leur soutien plus discrètement, par un don ou des encouragements. Aujourd’hui les résultats sont là et nous espérons pouvoir faire fructifier cette victoire dans les mois qui viennent, non pas en multipliant les actes juridiques (nous garderons notre ligne fondée sur un examen minutieux des cas les plus problématiques sous l’angle du droit de l’environnement) mais en faisant levier pour que la Suisse puisse rattraper son retard dans les domaines du réchauffement du climat, de la perte de notre biodiversité et dans les problèmes du mitage de notre territoire. Dans ces trois domaines, l’agenda est assez fourni et nos organisations veulent jouer un rôle important ».