Monthly Archives: January 2008

Cinquante ans de briques Lego

Les briques Lego ont 50 ans aujourd’hui. C’est en effet le 28 janvier 1958, à 13h58, selon les agences de presse, que Godtfred Kirk Christiansen, le fils du créateur de l’entreprise familiale créée en 1932, Ole Kristiansen, déposait le brevet de ces célèbres briques en plastique multicolores. C’est avec elles que j’ai passé toute mon enfance, et même, une partie de mon adolescence en édifiant, entre autres, des temples grecs, des villas romaines ou des pyramides, ce qui a contribué sans aucun doute à mon intérêt pour l’histoire et à ma vocation d’archéologue. J’aimais également réaliser des labyrinthes, pleins de portes dérobées donnant accès à des passages secrets, au fond desquels, gisaient quelques trésors que mon petit frère devait découvrir après avoir surmonté les embûches que j’avais placées sur le chemin de l’aventurier qu’il manipulait. A l’époque, par la seule force de notre imagination, deux briques carrées, assemblées l’une sur l’autre, représentaient nos personnages. Ce n’est que plus tard que la firme Lego, en plus des briques de base, produisit elle-même ses petits bonhommes, pour répondre à la demande des enfants et à la concurrence des Playmobils.

Indi Lego

Indiana Jones en bonhomme Lego

Depuis 1981, l’aventurier des enfants et des plus grands à un nom, il s’appelle Indiana Jones. Pour répondre à la demande des chasseurs de trésor en herbe, la firme Lego avait créé elle-même un petit bonhomme en forme d’aventurier à moustaches et favoris, dénommé Johnny Thunder, héros des boîtes Lego Adventures. Las, après le succès rencontré avec la franchise de la série Star Wars, et profitant de la sortie le 21 mai 2008 du film «Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal », la firme Lego a pris également une franchise sur les aventures du héros et lance des boîtes à thème avec le nom et l’effigie du célèbre archéologue. Exit son aventurier maison dont les dernières boîtes ont été soldées. Place au seul et unique Indiana Jones. Enfin, comme dans le cas de Star Wars, la firme Activision sortira également un jeu vidéo Lego basé sur les trois précédents volets filmés des aventures de l’aventurier. La sortie du jeu, dont le trailer est déjà en ligne, est prévue le 6 juin, soit à peine deux semaines après le film. Pleins de futurs cadeaux en perspective pour mon fils, afin que vivent encore longtemps, auprès des enfants et des parents, les briques Lego.

De l’art culinaire romain

A la veille de ce week-end j’ai fait un peu d’ordre dans ma bibliothèque. J’y ai ainsi redécouvert un livre acheté il y a quelques mois « Saveurs et senteurs de la Rome Antique. 80 recettes d’Apicius » que je n’avais pas encore lu. En le parcourant, je me suis dit que ce serait une bonne idée d’essayer de refaire l’une ou l’autre des recettes présentées dans cet ouvrage pour le repas familial dominical. Ayant choisi la recette du canard aux raves, je me suis mis samedi en quête des différents ingrédients dont le nuoc-mâm, en guise de garum. Et le résultat fut plutôt concluant. Un vrai délice.

Le Lugdunum
La salle du Lugdunum, le restaurant de Renzo Pedrazzini

Cet ouvrage publié en l’an 2000, est le fruit d’une collaboration entamée il y a vingt ans, de 1988 à 1994, entre un chef de cuisine, Renzo Pedrazzini, formé dans les écoles hotelières d’Italie et de Suisse, et des chercheurs au CNRS attachés au site archéologique de Saint-Bertrand-de-Comminges dans les Pyrénées. Il s’agissait de retrouver la manière d’apprêter les recettes du traité de cuisine romaine De re coquinaria attribué à Marcus Gavius Apicius, qui ne présente généralement pour chaque plat qu’une liste d’ingrédients, sans plus. En alliant les connaissances des chercheurs au savoir-faire du cuisinier ce groupe de travail est parvenu à concocter un véritable livre de cuisine facile à prendre en main et remettant au goût du jour des saveurs oubliées depuis des siècles. Quand à moi j’ai mis ce livre en bonne place dans ma bibliothèque pour m’inciter à goûter, une prochaine fois, aux autres saveurs de l’antique cuisine romaine.

Nul n’est prophète en son pays

Qui n’a jamais rêvé de fouiller les vestiges des grandes civilisations ou d’explorer des territoires encore vierge de toute recherche archéologique? Pour un archéologue, travailler hors de ses frontières nationales, est un rêve plus ou moins facile à réaliser selon son origine. La France se montre particulièrement généreuse dans ce domaine par l’envoi d’archéologues dans 65 pays. Selon un communiqué, la dernière réunion de la commission consultative des recherches archéologiques à l’étranger s’est réunie à Paris, du 13 au 19 décembre 2007, pour examiner l’appui que le ministère des Affaires étrangères et européennes apportera cette année aux missions archéologiques françaises dans le monde et à la publication de leurs travaux. Ainsi, pour 2008, la commission a reconduit 148 missions archéologiques et en a créé huit nouvelles, au Brésil, à Chypre, en Ethiopie, en Grèce, en Jordanie, en Oman, au Sénégal et en Syrie. Le montant total des subventions accordées à ces travaux s’élèvera à 2,9 millions d’euros. Un ouvrage « Archéologies, 20 ans de recherches françaises dans le monde » illustre de façon admirable le rôle que joue l’archéologie dans la représentation de la France à l’étranger.

L'île Eléphantine
L’île Elephantine et le Nil à Assouan (photo : DAI)

Pour la Suisse la situation n’est pas aussi fameuse, car l’archéologie enfermée dans ses frontières cantonales n’est guère mise en avant par la Confédération dans ses relations internationales. Dernièrement, les journaux, en se basant sur un communiqué de presse du Département fédéral de l’intérieur, ont évoqué, sans curiosité aucune, la possible visite de Pascal Couchepin, actuel président de la Confédération, à l’Institut suisse d’archéologie à Assouan. Or aucun institut ne se distingue sous ce nom. Il existe en revanche un très discret Institut suisse des recherches architecturales et archéologiques sur l’Ancienne Egypte, basé au Caire, qui effectue des recherches à Assouan, en particulier dans l’île Elephantine, en collaboration avec le Deutsche Archäologische Institut (DAI). Mais Pascal Couchepin, question aventure archéologique au pays des pharaons, au lieu de donner une visibilité publique à cet institut, a préféré se rendre à Saqqarah sous la conduite de Zahi Hawass, l’inénarrable secrétaire général du Conseil supérieur des antiquités égyptiennes. Comme le constate dans son dernier livre Pierre Ducrey, ancien recteur de l’université de Lausanne et ancien directeur de l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce : «L’archéologie helvétique hors des frontières nationales n’est pas méconnue, elle est inconnue». Paru en novembre 2007 dans la collection « Le savoir suisse » et intitulé : «L’archéologie suisse dans le monde » son ouvrage fait l’inventaire précis de l’activité des archéologues suisses hors de leur patrie et l’on ne peut que remarquer qu’elle est loin d’être négligeable. Mais comme le dit l’adage, nul n’est prophète en son pays.

Bienvenue sur l’île d’Okapi!

C’est par des grands panneaux de signalisation «Welcome to Okapi Island» que les avatars des visiteurs sont accueillis sur l’île virtuelle d’Okapi dans SecondLife (SL). Cette île, ou ce « sim» selon le langage des résidents de SL, présente une reconstitution en 3D d’une partie du village néolithique de Çatalhöyük. Le site originel, daté du 7ème millénaire avant notre ère, se trouve au centre de la Turquie, et a été fouillé entre 1961 et 1965 par James Mellaart. Il y a mis au jour des habitations, faites de briques crues et de roseaux, accolées les unes aux autres, et dont le seul accès se faisait à l’aide d’une échelle et d’une ouverture sur le toit. Depuis 1993 un programme international de recherches y est mené, conduit par l’archéologue anglais Ian Hodder. Parmi les participants se trouve une équipe de l’université étasunienne de Berkeley, qui en parallèle conduit depuis 2006 un projet baptisé Remixing Çatalhöyük.

Okapi Island

Vue aérienne sur le village et la campagne virtuels de Çatalhöyük sur Okapi

L’ambition du projet Remixing Çatalhöyük, est d’offrir une plateforme d’échange avec les autres chercheurs divisée en trois parties : une archive pour la recherche, des collections thématiques et une exposition interactive. L’archive pour la recherche comprend plus de 65’000 photos, vidéos et articles en accès libre sous une licence Creative Commons. C’est une véritable base de donnée documentaire en cours de construction, mais déjà en partie accessible. Elle sert de ressource pour la constitution des collections thématiques qui ont pour vocation de présenter au grand public, de manière pédagogique, les recherches archéologiques menées à Çatalhöyük. Enfin, l’exposition interactive, est une autre partie basée sur l’usage raisonné des nouvelles technologies de l’information. Elle se présente sous la forme de bandes dessinées ou dans une visite virtuelle du site dans SecondLife. Après une première présentation publique le 28 novembre de l’année dernière, l’équipe d’Okapi Island prépare, selon son blog, un nouvel évènement ce printemps. Alors, si vous avez un avatar, ne manquez pas de venir leur rendre une petite visite à l’occasion.

Feu, le patrimoine enfoui

Un incendie, en 2006, a conduit à la découverte d’un véritable trésor dans un appartement de Prague. Présenté à la presse il y a quelques jours par les archéologues Jana Ma?íková-Kubková et Miroslav Dobes de l’Institut d’Archéologie, et rapporté par la radio tchèque, il s’agit d’un vaste ensemble d’objets de bronze, de cuivre et de fer, qui date du Néolithique à la fin du Moyen Âge. Cette collection, qui compte près de 3300 objets, aurait pu constituer le fond de bien des musées. Cependant, ils ont été rassemblés par un particulier, qui n’a pu être sauvé par les pompiers venus éteindre le foyer.

Trésor de Prague

Une partie de la collection sauvée des flammes mais pas des pilleurs

Par la typologie, il a été établi que les artéfacts découverts proviennent de toute l’Europe centrale et pas seulement de la République tchèque. Par sa nature particulière, il apparaît évident que le « propriétaire » de cette collection l’a acquise de manière illicite par l’usage d’un détecteur à métaux, et par échange avec d’autres pratiquants de fouilles illégales. Comme aucune documentation liée aux objets n’a été établie par le collectionneur, la valeur scientifique du trésor de Prague est presque nulle. C’est malheureusement le sort de presque toutes les découvertes faites par des pilleurs peu scrupuleux, qui en République tchèque, comme ailleurs en Europe, équipés de détecteurs à métaux menacent de plus en plus, par l’ampleur de leurs collectes, les réserves patrimoniales encore enfouies. Quant aux objets sauvés des flammes, devenus propriété de l’Etat Tchèque, ils iront rejoindre les collections du Musée national à Prague.

Cartier, Roberval et Champlain

Le coup d’envoi des célébrations du 400ème anniversaire de la fondation de la ville de Québec s’est déroulé dans la nuit entre lundi et mardi derniers lors du passage dans la nouvelle année. Or, si bien des Québécois se réjouissent des festivités que leurs autorités leur préparent cette année, ils sont encore nombreux à ne pas savoir ce qu’ils vont célébrer exactement. Comme les rois mages Gaspard, Melchior et Balthazar, les fondateurs potentiels sont au nombre de trois. Selon l’histoire, c’est Samuel de Champlain qui a fondé Québec en 1608, événement connu, selon un récent sondage, par 56% des Québécois. Cependant, ils sont 30% à penser que c’est Jacques Cartier le fondateur de leur ville. La découverte archéologique d’un établissement daté entre 1541 et 1543 lié au passage des explorateurs Jacques Cartier et Jean-François de la Roque de Roberval risque d’ajouter des éléments objectifs à leur confusion.

Chantier Cartier-Roberval
Témoignage de l’établissement (photo : CCNQ)

Le premier établissement français en Amérique a été découvert fortuitement en 2005, comme le signalait ce blog il y a une année, par l’archéologue Yves Chrétien lors des sondages archéologiques préalables à l’établissement d’une promenade devant embellir l’ouest de la ville de Québec aux abords du Saint-Laurent. Un site internet, présentant les résultats de la campagne de fouilles 2007 a été lancé il y a moins d’un mois. A travers ce site il sera possible de suivre les futurs travaux archéologiques, financés à hauteur de 7,7 millions de dollars par le gouvernement du Québec et encadré par la Commission de la capitale nationale du Québec (CCNQ). Certains, comme l’historien Jean Provencher, voient déjà la possibilité de classer ces vestiges au patrimoine mondial de l’humanité en tant que «premier site d’établissement européen au nord du Mexique ». De ce fait, grâce au chantier archéologique Cartier-Roberval, l’histoire de Québec pourrait Être, à terme, de plus de 465 ans.