Monthly Archives: July 2011

Les Palafittes des Trois-Lacs mis en réseau

Il n’a pas fallut longtemps aux responsables politiques de la région des Trois-Lacs pour voir tout le parti qu’ils pourraient tirer, entre autre d’un point de vue touristique, du classement des sites palafittiques préhistoriques au patrimoine mondial de l’UNESCO. Aujourd’hui, 11 juillet 2011, dans le domaine de Sutz-Rütte, base terrestre des plongeurs d’archéologie subaquatique du canton de Berne, les autorités politiques des cantons de Berne, Neuchâtel, Fribourg et Vaud, comme l’indique ce communiqué de presse, ont manifesté leur volonté de travailler en collaboration plus étroite pour renforcer encore davantage l’identité culturelle de la région. Autour des Trois-Lacs se trouvent 22 sites palafittiques, sur les 111 sites classés par l’UNESCO, sélection d’un ensemble de près de 200 sites palafittiques, soit près de la moitié des 450 sites de Suisse et un cinquième des quelque mille sites se trouvant autour des Alpes. Pourtant il faut encore « rendre visible l’invisible », comme l’indique la brochure d’information et comme l’a rappelé le conseiller d’Etat neuchâtelois Philippe Gnaegi, car tout est encore à faire dans ce domaine. Le 8 juillet, un groupe de coordination a été créé. Ce groupe est composé d’un représentant par canton ayant des sites lacustres. Son rôle sera notamment de veiller à l’application du plan de gestion défini dans la candidature. Il suivra également les procédures de protection.

Le village lacustre de Gletterens

Selon les conclusions de Bernhard Pulver, conseiller d’Etat bernois en charge du département de l’instruction publique et président de l’exécutif, pour mettre en place cette collaboration les quatre cantons se sont fixés quelques priorités: 1° les cantons vont coordonner leurs activités archéologiques sur le terrain et leurs travaux scientifiques dans le cadre des possibilités légales ; 2° la médiation culturelle sera améliorée et renouvelée au moyen de mesures dans le domaine du tourisme avec une extension de l’application iPhone « Pallafites Guide » déjà réalisée; 3° le travail de sensibilisation auprès du grand public et des autorités sera intensifié par des mesures de communication efficaces ; 4° les cantons de Fribourg, de Neuchâtel, de Vaud et de Berne amélioreront la transmission du savoir à l’école primaire, avec l’idée de la mise en place, dans le futur, d’un manuel d’enseignement commun moderne. Mais, comme l’a souligné François Marthaler, il incombera aux cantons et aux services archéologiques cantonaux respectifs, de reprendre la question du financement, entre autres avec l’Office fédéral de la culture. Une implication fédérale forte paraît indispensable. Les musées de la région ainsi que les centres d’interprétation, comme celui du village lacustre de Gletterens, sont appelés a jouer un grand rôle dans le cadre de leurs activités de médiation culturelle.

Archéologie et protection des biens culturels

L’Office fédéral de la protection de la population (OFPP) est l’organe compétent en matière de protection des biens culturels. La section Protection des Biens Culturels (PBC) de l’OFPP travaille en étroite collaboration avec les services cantonaux pour établir un recensement des principales zones archéologiques de Suisse. L’Inventaire PBC 2009 dénombre environ 350 sites archéologiques d’importance nationale. Cet inventaire permet à l’OFPP de soutenir financièrement les services d’archéologie cantonaux dans la création de documentations de sécurités. De plus, la Suisse compte une centaine de musées cantonaux, communaux ou privés dépositaires de collections archéologiques. La Convention de La Haye de 1954 impose aux États contractants la protection et le respect des biens culturels en cas de conflit armé mais aussi en temps de paix. Consacré à l’archéologie, le numéro 17 du Forum PBC (téléchargeable sur le site de l’OFPP) propose 20 articles présentant un aperçu assez complet de l’archéologie suisse et du contexte international dans lequel elle évolue dans le cadre de la PBC.


Extrait de la couverture du Forum PBC 17

Ce numéro traite aussi bien des aspects scientifiques, administratifs, politiques et juridiques de l’archéologie, que des méthodes de prospections ou de fouilles et de conservation en fonction de la nature variable des vestiges. Ainsi, qu’il s’agisse de villages palafittiques submergés, de mosaïques romaines, de châteaux et d’églises du Moyen-âge, ou d’anciennes structures de productions industrielles, des soucis de documentation, de protection et de préservation durable pour les générations futures s’imposent. Cela commence par des inventaires détaillés de ces divers témoignages, et, si on ne peut faire autrement, doit se poursuivre par des fouilles. Se pose alors le problème de la gestion des dépôts de fouilles, souvent pleins à craquer, et disséminés un peu partout sur le territoire dans des lieux pas toujours adaptés à une conservation à long terme. Faut-il pour autant arrêter de fouiller ? Enfin, on répond à la question de savoir à qui appartiennent les objets archéologiques dans un monde qui connait l’usage du détecteur de métaux, le pillage organisé et le trafic illicite de biens culturels archéologiques. L’ensemble des articles a été rédigé par des responsables et des spécialistes dans leur domaine et est instructif pour tous.