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Attention soutenue à Pompéi

Le 24 août 79 après J.-C. le Vésuve recouvrait d’un linceul de lapillis et de cendres la bourgade campanienne de Pompéi. Ce n’est que près de 17 siècles plus tard, à partir de 1748, que la ville fut à nouveau, progressivement, remise au jour. Avec ses 44 hectares déjà dégagés, Pompéi constitue le plus grand musée archéologique à ciel ouvert. Il reste pourtant encore 40% de la surface de la ville à découvrir. Mais avant cela il faudra bien trouver un moyen de conserver ce qui a déjà été exhumé. Car il ne suffit pas de fouiller, il faut être en mesure de conserver ce que l’on a mis au jour. En effet, le 6 novembre, la Maison des Gladiateurs située à côté de la Maison de Lucretius Fronto sur la Via de Nole, s’effondrait sur elle-même, semble-t-il minée par des infiltrations d’eau de pluie. Le 30 novembre, c’est un mur bordant la Maison du Moraliste qui s’effondrait à son tour. Entre septembre 2003 et février 2010, ce ne sont pas moins de seize effondrements qui se sont produits à Pompéi, comme l’a rappelé Sandro Bondi, le ministre italien de la Culture. De fait, 70% du site est en péril, selon Pier Giovanni Guzzo, l’ancien intendant de Pompéi.
Cave Canem
Attention au chien !

Le site est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997. Une mission d’experts mandatée par l’organisation s’est rendue dernièrement sur place pour examiner la question et rendra son rapport lors de la prochaine session du Comité du patrimoine mondial à Bahreïn en juin 2011. La Maison des Gladiateurs, qui comprenait une grande salle carrée de 8,50 mètres de côté, était décorée de dix victoires ailées portant des glaives et des boucliers, de trophées et de chars ainsi que de peintures murales recouvertes du célèbre rouge pompéien. Par manque d’entretien, d’autres monuments de Pompéi seraient menacés, comme le Temple d’Apollon, la Maison du faune, la Maison du poète tragique avec sa célèbre mosaïque portant l’inscription «cave canem». Pourtant, a priori, ce ne sont pas les moyens qui devraient manquer. Depuis le vote d’une loi en 1997 accordant l’autonomie de gestion à Pompéi, la surintendance archéologique du site perçoit l’intégralité de la vente des billets aux 2 millions de visiteurs qui affluent chaque année, ce qui rapporte environ 22 millions d’euros. Si la conservation de Pompéi ne peut être assurée à long terme, tous les efforts scientifiques et l’habileté politique de Celsius, au 26ème siècle, pour ensevelir la cité et la préserver, afin de témoigner de l’existence passée du Sud, auront été vains (voir « Péplum » d’Amélie Nothomb ).