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Allianoi en péril

Le site antique d’Allianoi en Turquie présente au visiteur un complexe thermal particulièrement bien préservé, remontant à l’empereur Hadrien, dont l’état l’a fait surnommé un « Pompéi thermal ». Situé à dix-huit kilomètres de l’ancienne Pergame il constitue un complément important à l’attrait touristique de la région. Hélas ce site est menacé par la construction du barrage de Yortanli sur la rivière Ilya. Ainsi après Zeugma, sur les rives de l’Euphrate, déjà engloutie, et Hasankeyf, au bord du Tigre, qui le sera bientôt, la Turquie argumente, une fois de plus, que conserver l’eau derrière un barrage se révèle plus important pour la société que la préservation d’un patrimoine millénaire comme celui d’Allianoi, dont seul 20% de la surface a pu être reconnues par les archéologues.

Allianoi

Le site d’Allianoi (photo: Europa Nostra)

Malgré un appel à la sauvegarde lancé en 2005 par Europa Nostra, l’ICOMOS et l’European Association of Archaeologists (EAA), appel réitéré en mars 2007, ainsi qu’une pétition signée par 35’000 visiteurs dont 30’000 de nationalité turque, rien ne semble infléchir la décision du gouvernement turc de recouvrir sous 17 mètres d’eau un site de première classe, qui aurait pu, vu sa qualité, prétendre à son inscription au Patrimoine mondial s’il ne s’opposait pas au « progrès » décidé par la toute puissance DSI, l’influente Direction des affaires hydrauliques. Aux dernières nouvelles il paraît que le site est déjà fermé aux visiteurs et que tous les panneaux de signalisation y conduisant ont été barbouillés ou retirés. Les archéologues turcs, en guise de dernière tentative pour sauver le site, ont déposé un recours à la Cour européenne des droits de l’homme au mois de février. Quel espoir demeure-t-il que justice leur soit rendue dans un sens favorable ? Bien faible, semble-t-il.

Bilan et perspectives du patrimoine culturel suisse

Au début de cette semaine, l’Office fédéral de la culture (OFC) a donné une conférence de presse pour rendre compte du bilan de son activité en 2007 et des perspectives pour la période 2008-2011. On apprend ainsi que sa section Patrimoine culturel et monuments historiques a alloué l’année dernière pour près de 34 millions de francs d’aides financières réparties sur 431 objets protégés. Cette année, moins de 22 millions de francs sont budgétisés pour ces tâches par l’OFC, et de 2009 à 2011, les montants alloués ne dépasseront pas 16 millions de francs par année. De plus, sur les 69,5 millions de francs à disposition pour la période, 34 millions sont destinés aux crédits déjà engagés, ce qui ne laisse plus que 35,5 millions de francs pour les nouveaux engagements. Or, en date du 17 mars 2008, les requêtes des cantons représentaient déjà un montant de 54 millions de francs. On peut ainsi craindre que, jusqu’en 2011, aucune nouvelle demande de subventions ne sera accordée. A l’avenir, en accord avec la nouvelle répartition des tâches entre Cantons et Confédération entrée en vigueur le 1er janvier 2008, il dépendra des autorités cantonales d’établir avec l’OFC des conventions-programmes pour convenir du financement des nouveaux projets.

Plongée lacustre
Les stations lacustres candidates au Patrimoine mondial

Parmi les tâches prioritaires de l’OFC pour la période 2008-2011, on trouve l’inscription de cinq nouveaux sites sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco, qui viendront s’ajouter aux sept sites déjà classés. Dans la liste des nouvelles inscriptions proposées, se trouve le classement des sites préhistoriques lacustres dans les lacs et tourbières. L’élaboration de ce projet transfrontalier est coordonné par la Suisse et rassemble l’Allemagne, la France, l’Italie, la Slovénie et l’Autriche. L’inventaire des sites lacustres suisses fait état de 450 gisements, dont la moitié sont situés dans la région des Trois-Lacs, qui englobe les lacs de Neuchâtel, Bienne et Morat. Le dépôt du dossier est actuellement prévu pour 2009 et la décision de classement ne devrait pas intervenir avant 2011.

ADS: des données archéologiques par millions

Au mois de février de cette année l’Archaeological Data Service (ADS) a eu le plaisir d’annoncer la conclusion d’un accord pour le maintien des subventions qui lui sont versées par l’Arts and Humanities Research Concil (AHRC). Ceci permettra à l’ADS de poursuivre sa tâche essentielle, celle de la préservation de toutes les données archéologiques du Royaume-Unis en accord avec la mission qui lui a été assignée en 1995 par l’Arts and Humanities Data Service (AHDS) dans le domaine de l’archéologie. Cet accord est le fruit de négociations entamées l’année dernières entre l’AHRC et l’AHDS. Pour défendre le niveau des subventions menacées par de sérieuses coupes budgétaires les utilisateurs des données collectées en étaient même venus à lancer une pétition de soutien en ligne.

Hache de l'âge du Bronze et fibules romaines

Planche d’objets provenant de la Société des Antiquaires de Londres

L’ADS, qui est hébergé par l’Université de York, assure la collecte, la conservation et la diffusion des résultats de fouilles effectuées au Royaume-Uni ou par des archéologues britanniques ailleurs dans le monde. Et lorsque l’on jette un coup d’œil, en cliquant sur les bases rassemblées et mises en ligne par l’ADS, on ne peut que rester ébahi et pantois devant les quantités de données conservées dans l’un ou l’autre de ses dépôts. Ainsi la base ArchSearch contient des informations sur plus d’un million d’entrées de type sites, monuments ou fouilles situés en Grande-Bretagne. D’autres bases permettent d’avoir accès à des thèses, des rapports de fouilles, des articles, des bibliographies, des revues, des cartes et des archives. Pour diffuser ses informations, l’ADS a choisi des formats standardisés, pour partager des images, des textes, des cartes ou des géodonnées entre archéologues-internautes. Et toute cette impressionnante documentation est en accès libre, sans inscription, sous réserves de l’acceptation des règles habituelles sur le copyright. Lorsque je vois ça, je me dis que nos collègues britanniques ont bien de la chance de disposer d’un tel outil pour entamer ou poursuivre leurs recherches.

Europeana, un vaste puzzle prochainement en ligne

Il y a près d’une année, le 22 mars 2007, au salon du livre de Paris, apparaissait le projet d’une bibliothèque numérique appelée Europeana initiée par la Bibliothèque Nationale de France (BNF), dont le but avoué était de défier Google Book sur le terrain de la mise à disposition de livres numérisés. Au début du mois dernier, le 11 février 2008, sous le même nom, a été présenté au salon du livre de Francfort un projet nettement plus ambitieux car il ne s’agit plus seulement de mettre à disposition des internautes des livres numérisés mais également des journaux, des tableaux, des photographies, des objets, des enregistrements audio et vidéo numérisés par l’ensemble des institutions européennes spécialisées dans la sauvegarde du patrimoine comme les musées, les bibliothèques, les archives et les médiathèques. Pour s’en faire une idée une démonstration et une présentation vidéo d’Europeana sont accessibles en ligne. Le but visé par ce projet étant de promouvoir l’identité culturelle de l’Europe et de diffuser son patrimoine on peut cependant s’étonner que la musique de présentation retenue soit celle de These Boots Are Made For Walkin de Nancy Sinatra, même si elle s’accorde aux souliers de Van Gogh.

Europeana Headline
Europeana, des millions de pièces à comparer

Les défis de ce portail sont nombreux. Il s’agit de rassembler sur un même site et selon un même standard des données issues d’institutions très différentes et ne partageant pas la même langue. La recherche de documents devrait se faire à l’aide d’un moteur de recherche utilisant les tags qui leur seront attribués par les institutions contributives et par les utilisateurs comme cela se fait efficacement pour les photos dans Flickr. Pour nous autres archéologues il faut espérer que nous pourrons trouver dans Europeana les outils nous permettant de partager et de comparer le contenu de nos inventaires, de nos dépôts de fouilles et de nos collections de référence. Mais pour cela il faudra bien sûr une volonté de tous les partenaires potentiels de mettre à disposition leurs données, et cela est loin d’être acquis. J’ai pour l’heure du mal à imaginer que des conservateurs de musée qui interdisent encore aujourd’hui aux visiteurs de prendre quelques clichés de leurs objets puissent mettre demain, gracieusement à disposition des internautes, des images numériques de ces mêmes objets. Pour cela il faudrait que la Commission Européenne qui soutient le projet puisse persuader ou contraindre les réfractaires à mettre leurs données sur le web. Le lancement de la version prototype d’Europeana est prévue en novembre 2008 et devrait contenir au moins deux millions de documents. J’espère être alors déçu en bien comme on dit chez nous.

L’INRAP avance à grand pas

Créé par la loi sur l’archéologie préventive de 2001, l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) vient de célébrer son sixième anniversaire. Depuis lors l’INRAP a réalisé 1100 fouilles, a dressé 11’000 diagnostics portant sur plus de 62’500 hectares du sol français. De 2002 à 2007, les surfaces diagnostiquées sont passées de 7’700 à 11?400 hectares et ses équipes mènent quelque 300 fouilles par an. Sur le site internet de la chaîne de télévision France 2 on découvre un intéressant article intitulé « INRAP : la montée en puissance » du journaliste Laurent Ribadeau Dumas qui traite des conditions actuelles de l’archéologie préventive en France, et qui donne, en rappel, le liens vers deux dossiers très utiles à méditer. Le premier dossier présente le paysage actuel de l’archéologie préventive en France, le second pose la question du rôle des sociétés privées dans l’archéologie.

Archéologues au travail

Archéologues au travail en France (photo : INRAP, Loïc de Cargouët)

La redevance payée par les aménageurs est le vrai détonateur de cette effervescence archéologique en France. La Suisse, qui était très bien partie dans le domaine de l’archéologie préventive il y a plus de quarante ans, grâce à l’arrêté du Conseil fédéral du 13 mars 1961 qui assurait le financement par la Confédération des fouilles sur le tracé des futures routes nationales et pour ses propres travaux, n’a pas su mettre à profit cette expérience pour l’imposer dans les législations cantonales, si bien qu’en 2008, alors que le réseau de 2000 km d’autoroutes est presque achevé, plus aucun financement public ou privé ne vient remplacé la manne fédérale, qui se fera, sans doute, plus rare encore, avec l’entrée en vigueur, le 1er janvier dernier, de la nouvelle répartition des tâches entre les cantons et la Confédération. Frédéric Rossi, l’un des fondateurs et administrateur d’Archeodunum S.A, présente bien, dans ses réflexions à lire sur le site de France 2, ce que l’on peut maintenant faire en France, que l’on ne pourra bientôt plus faire en Suisse. De plus, dans l’article qu’il a écrit pour le dernier numéro de la revue Archéologie suisse (4/2007), Frédéric Rossi pose, en conclusion, la bonne question pour notre pays :« Doit-on en arriver à une loi de financement qui impose aux aménageurs le coût des investigations archéologique ? Il n’y a qu’un pas qui… ». Malheureusement, peu de bonnes volontés semblent se manifester pour répondre à la question et faire ce grand pas.

Feu, le patrimoine enfoui

Un incendie, en 2006, a conduit à la découverte d’un véritable trésor dans un appartement de Prague. Présenté à la presse il y a quelques jours par les archéologues Jana Ma?íková-Kubková et Miroslav Dobes de l’Institut d’Archéologie, et rapporté par la radio tchèque, il s’agit d’un vaste ensemble d’objets de bronze, de cuivre et de fer, qui date du Néolithique à la fin du Moyen Âge. Cette collection, qui compte près de 3300 objets, aurait pu constituer le fond de bien des musées. Cependant, ils ont été rassemblés par un particulier, qui n’a pu être sauvé par les pompiers venus éteindre le foyer.

Trésor de Prague

Une partie de la collection sauvée des flammes mais pas des pilleurs

Par la typologie, il a été établi que les artéfacts découverts proviennent de toute l’Europe centrale et pas seulement de la République tchèque. Par sa nature particulière, il apparaît évident que le « propriétaire » de cette collection l’a acquise de manière illicite par l’usage d’un détecteur à métaux, et par échange avec d’autres pratiquants de fouilles illégales. Comme aucune documentation liée aux objets n’a été établie par le collectionneur, la valeur scientifique du trésor de Prague est presque nulle. C’est malheureusement le sort de presque toutes les découvertes faites par des pilleurs peu scrupuleux, qui en République tchèque, comme ailleurs en Europe, équipés de détecteurs à métaux menacent de plus en plus, par l’ampleur de leurs collectes, les réserves patrimoniales encore enfouies. Quant aux objets sauvés des flammes, devenus propriété de l’Etat Tchèque, ils iront rejoindre les collections du Musée national à Prague.

Vente bloquée sur eBay

L’Office fédéral de la Culture (OFC) et l’Office fédéral de la police (Fedpol) ont annoncé dans un communiqué de ce matin qu’ils ont fait bloquer, le 12 décembre dernier, la vente sur eBay d’une tablette d’argile portant des signes d’écriture cunéiforme, avant de la faire séquestrer par la police cantonale de Zurich. Il y a en effet de bonnes raisons de croire que cet objet, que l’on peut dater d’environ 2000 ans avant notre ère, a été exporté illégalement d’Irak. Cependant, c’est le bureau allemand des affaires criminelles qui a averti les autorités suisses de la transaction en cours, preuve que la surveillance active du commerce en ligne d’antiquités n’est pas encore mise en place par la Confédération. Cette affaire devrait, par la suite, servir la jurisprudence fédérale, car c’est la première fois que les autorités se saisissent d’un objet archéologique mis en vente sur Internet. Une action pénale est ouverte contre le vendeur qui, s’il est reconnu coupable, encourt une amende jusqu’à 500’000 francs ou une peine d’emprisonnement, tout cela pour un objet qu’il aurait pu vendre moins de 500 francs.

Tablette d'argile
Tablette à écriture cunéiforme (photo: Musée du Vatican)

Le vendeur et les acheteurs potentiels doivent savoir que les tablettes d’argile mésopotamiennes font partie de la liste rouge irakienne dressée par le Conseil international des musées (ICOM). De plus, la détention de biens culturels irakiens exportés après août 1990 est interdite en Suisse, sans déclaration impérative. Depuis deux ans et demi, grâce à la mise en œuvre en Suisse de la Loi sur le transfert des biens culturels (LTBC) il est devenu plus dangereux d’utiliser notre pays pour vendre des objets dit sensibles, c’est-à-dire figurant sur l’une ou l’autre des différentes listes rouges établies par l’ICOM, dont la dernière en date est celle des antiquités péruviennes. Pour finir, il est heureux d’apprendre que des négociations sont en cours avec eBay et ricardo.ch pour obtenir de leur part plus de précaution lorsque des biens culturels sur liste rouge sont mis en vente sur leur plateforme.

S.O.S. Praileaitz

Si le gouvernement du pays basque espagnol ne prend pas rapidement une décision concernant la grotte de Praileaitz, dans la vallée du Deba, il est à craindre qu’elle ne soit irrémédiablement détruite avec les peintures rupestres dont elle est ornée depuis 18?000 ans. En effet une entreprise exploite depuis des années une carrière dont l’extension actuelle se trouve tout au plus à 40 m des galeries de la grotte. Pour sauver le monument, 361 experts ont signé un manifeste pour la préservation du site de Praileaitz à l’initiative de deux professeurs et chercheurs de l’Université du Pays Basque, Javier Fernandez Eraso et José Antonio Mujika Alustiza. Parmi les signataires se trouvent Jean Clottes, en tant que commissaire pour l’Unesco pour l’art rupestre, Ramón Montes, du Musée national et du Centre d’investigation d’Altamira, Pascal Foucher, conservateur du Service régional d’archéologie des Pyrénées centrales, Robert Bednarik, de la fédération internationale des organisations d’art rupestre, Lawrence G. Strauss de l’Université du Nouveau-Mexique et Luis Raposo, directeur du musée archéologique national de Lisbonne. Ces amis de Praileaitz demande une suspension immédiate des travaux dans la carrière, de même qu’un classement au Patrimoine culturel de la grotte.

Praileaitz

Une carrière menace la grotte de Praileaitz I (montage : Xabi Otero)

Dans la grotte de Praileaitz ont été découverts à côté des foyers, posés sur des pierres plates, des morceaux d’ocre ayant servi à peindre les parois. Mais la découverte mobilière majeure est celle de vingt-neuf pendeloques magdaléniennes, dont la plupart sont façonnée à partir de galets lisses de couleur noire. Certaines de ces pièces sont pourvues de lignes gravées selon des longueurs et des espaces variables. La forme générale de l’une des pièces n’est pas sans rappeler la silhouette des Vénus magdaléniennes. Une datation de 13?500 ans avant notre ère est proposée pour ce remarquable ensemble d’éléments de parure.

Sauvons La Recherche

Le système universitaire français est en crise et se bat pour que l’Université ne devienne pas une entreprise commerciale soumise à la concurrence, où le but à atteindre n’est plus le savoir mais le profit. Depuis le 28 novembre circule en ligne une pétition intitulée « Appel pour une autre réforme du service public d’enseignement supérieur et de recherche ». Cette récolte de signatures lancée par l’association Sauvons la Recherche (SLR) a, à l’heure actuelle, déjà recueilli plus de 13000 signatures.

Sauvons la recherche

Mobilisation générale pour la recherche (photo : SLR)

Pour soutenir cette pétition et faire entendre leur voix l’association SLR et des organisations syndicales organisent aujourd’hui, en ce jour de la Saint-Nicolas, une série d’actions et de manifestations dans plusieurs villes de France dont les plus importantes se dérouleront à Paris, Toulouse et Marseille. Les manifestants défileront avec des slogans comme cette citation de Nicolas Sarkozy : « Vous avez le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études » ; ou celui-ci : « La littérature ancienne ne sert à rien ? Et le marketing, c’est vital ? ». Pour comprendre les enjeux de ce mouvement vous pouvez voir le film « L’Universités, le grand soir » sur Daylimotion ou télécharger en avant-première le diaporama Powerpoint de SLR qui explique la situation actuelle de la recherche et de l’enseignement supérieur en France.

Le Lupercale, à voir!

Il y a une semaine, le ministre italien des Biens culturels, Francesco Rutelli, et la commune de Rome, annonçaient, urbi et orbi, la découverte d’un haut lieu de l’histoire mythique de la ville éternelle : le Lupercale. Cette grotte, selon la légende, était la demeure de la louve ayant allaité au bord du Tibre les frères jumeaux Romulus et Rémus, avant qu’ils ne soient recueillis par le berger Faustulus. Pour l’instant, seule une sonde munie d’une caméra ou d’un appareil photographique a pu pénétrer dans le lieu, qui se présente comme une salle circulaire de 6,5 mètres de diamètre, dont le plafond, en forme de coupole, est décoré de mosaïques et de coquillages. La cavité de 7 mètres de hauteur, remplie au deux tiers de gravats, se trouve sur la colline du Palatin entre le temple d’Apollon et l’église Sainte-Anastasie dans la partie correspondant au palais d’Auguste.

Lupercale ou nymphée

Est-ce vraiment le Lupercale? (photo: La Republica)

Cependant, malgré la certitude dont semble faire preuve les autorités italiennes lors de cette annonce, de nombreux archéologues spécialistes pensent que le Lupercale, s’il existe encore, doit se trouver plus à l’ouest et plus proche des rives du Tibre. D’ailleurs, ce que les images et la vidéo montrent ressemble plus à un nymphée qu’à une grotte, même aménagée. Il apparaît dès lors que seule une fouille minutieuse de la pièce permettra de faire toute la lumière sur son usage exact. Ainsi, derrière cette annonce publique, qui d’un point de vue scientifique se révèle prématurée, se cache l’effet d’une mise en valeur voulue de l’endroit, histoire de rappeler qu’un vaste programme de restauration du Palatin a été mis en oeuvre depuis des années, ce qui s’est traduit par un investissement important du gouvernement italien de 12 millions d’euros. La découverte annoncée depuis plusieurs mois du Lupercale n’a été médiatisée que la semaine dernière afin d’offrir une cerise sur le gâteau financier de ces grands travaux. Ceux-ci doivent cependant s’achever l’année prochaine par la réouverture au public, en février 2008, du palais d’Auguste sur le Mont Palatin.