Category Archives: Généralités

Les secrets de La Table ronde

Dans un champ situé à l’ouest et en contrebas du château de Stirling en Ecosse, se trouvait autrefois un jardin royal. La partie ornementale du jardin connue sous le nom de King’s Knot (le nœud du roi) est tout ce qu’il en reste. Dans le centre du nœud, se trouve une butte plate d’environ 15 mètres de diamètre et de 2 mètres de hauteur, qui bien qu’insérée dans la partie centrale du nœud semble être de beaucoup antérieur à l’ensemble du jardin qui daterait de l’année 1620. Parmi les théories échafaudées durant des siècles figurent: un tumulus de l’âge du fer, un camp romain et même la Table ronde où le roi Arthur réunissait ses chevaliers. Pour enfin lever une part du mystère entourant ce lieu (voir vue panoramique), une première campagne de prospection débutera dès demain, et devrait durer jusqu’à la fin de la semaine prochaine.
The King's Knot, Stirling
Le King’s Knot (image : Amy Palko, Flickr)

La Société d’histoire locale de Stirling(SLHS) et la Société d’archéologie de terrain de Stirling se joindront à des spécialistes du Département d’Archéologie de l’Université de Glasgow pour effectuer un relevé géophysique de toute la surface. Le projet est subventionné par les organisations Historic Scotland et Stirling City Heritage Trust. La technique géophysique utilisée permettra de sonder le sol jusqu’à une profondeur de un mètre, sans destruction des éventuelles structures enfouies. Les responsables de cette étude espèrent ainsi obtenir un éclairage nouveau sur ce monticule énigmatique. Le blog de la SLHS, ainsi que le Smith Museum de Stirling devraient rendre compte, jour après jours, des résultats obtenus. Au mois de septembre, une seconde phase d’investigation devrait avoir lieu, et les résultats finaux de ces analyses sont attendus pour l’assemblée générale de la SLHS, en avril 2012.

Noidenolex avant Novum Castellum

La ville de Neuchâtel célèbre aujourd’hui les 1000 ans de son existence historique. C’est en effet le 24 avril 1011 qu’un acte de donation établi par le roi de Bourgogne Rodolphe III au profit de son épouse Irmengarde, lui offre, en plus d’un certain nombre d’autres possessions, le siège très royal (regalissima sedes) de « Novum Castellum ». Bien sûr ce château neuf était déjà construit, et s’il dût y avoir une fondation de ce castel, elle remonte à quelques lustres antérieurs, lorsque le lieu de résidence du pouvoir royal dans la région s’est déplacé de la villa de Colombier à la colline du château de Neuchâtel. Cependant, il n’en fut pas toujours ainsi, car aux cours des XVIIIe et XIXe siècles, les bourgeois de Neuchâtel ont pu croire qu’ils étaient les successeurs en ce lieu des habitants de l’antique Noidenolex ou Noïdenolex.
Millénaire de Neuchâtel
Neuchâtel célèbre son Millénaire.

L’affaire commence à partir d’une erreur de transcription d’un manuscrit des Notitia Galliarum. Ce texte présente une liste des provinces et des civitates de la Gaule romaine. Certaines versions imprimées de ce texte, reprenant l’erreur manuscrite, font mention d’une localité, Noïdenolex dans le pays d’Avenches (Aventicum). Pour la plupart des savants de l’époque, Noïdenolex devait se situer sur la Vy d’Etraz, l’ancienne voie pavée (via Strata) reliant Eburodunum (Yverdon) à Salodurum (Soleure), et l’emplacement le plus favorable semblait devoir être l’actuel quartier de la Maladière, entre Vieux-Châtel à l’ouest et le Nid-du-Crô à l’est. Cet emplacement semblait d’autant plus assuré que de nombreuses inscriptions latines portant la mention de Noidenolex y avait été découverte selon un Mémoire sur le Comté de Neuchâtel rédigé par le Chancelier, Georges de Montmolin (1628-1703), une personnalité politique intègre et irréprochable de la Principauté. De plus, la toponymie même de Vieux-Châtel semblait en fournir un indice. Or, tous ces éléments de preuves épigraphiques furent inventés de toute pièce au milieu du XVIIIe siècle par le vrai auteur du Mémoire apocryphe, Abraham Pury. Il fallut cependant attendre le début du XXe siècle pour que la falsification puisse être définitivement établie, et que Neuchâtel perde ainsi les fondements de ses origines romaines.

La “New Archaeology” est orpheline

Je viens d’apprendre que Lewis Binford, le célèbre archéologue américain, est mort. Il est décédé lundi, mais ce n’est qu’aujourd’hui, au hasard de mes messages sur Twitter, que j’ai pris connaissance de sa disparition. Avec Lewis Binford disparaît l’un des archéologues les plus importants d’un point de vue théorique, et s’il ne fut pas, a proprement parlé, le fondateur de la « New Archaology », il a été l’un des plus efficaces propagateurs de cette nouvelle approche. Une de ses idées fortes est de penser qu’il doit exister une corrélation systémique entre les différentes sortes de vestiges qui se trouvent enfouie dans le sol et le lieu de leur découverte. Il fut aussi un des premiers a utiliser la puissance des ordinateurs et des statistiques dans l’usage de la profession. Enfin, il étendit ses observations archéologiques sur le terrain de l’ethnoarchéologie.
Lewis Binford (1931-2011)
Lewis Binford tel Hamlet

Ses travaux furent une source de réflexion dans ma propre pratique du métier. Il y a quelques années de cela, j’ai eu l’occasion de croiser la route de Lewis Binford, lorsqu’il est passé à Neuchâtel pour rendre visite à mes collègues travaillant sur les vestiges magdaléniens des sites de Champréveyres et de Monruz. C’est dans l’espace étroit du même véhicule que je me suis retrouvé en sa compagnie, avant de partager avec toute l’équipe de Denise Leesch le repas de midi dans un restaurant de la ville. Je n’ai malheureusement pas eu le temps d’échanger avec lui quelques « New Perspectives in Archaology », mais ce blog a pour vocation de les annoncer. Une manière pour moi de rester « In Pursuit of the Past ». Etre, ou ne pas être, telle est la question.

Coca-Cola terminus post quem

Un des principaux concepts de l’archéologie est celui de «fossile directeur» ou de «fossile indicateur». Il s’agit en général d’un objet facilement identifiable qui en fonction de sa forme et de son décor caractéristiques permet d’assurer une datation précise du contexte dans lequel il y été mis au jour. Il en est ainsi de certaines céramiques, comme les tessons à impressions de cordelettes de la Civilisation Cordée, des gobelets en forme de cloche du Campaniforme, ou des céramiques sigillées à travers l’Empire romain. En suivant ce concept, il est hors de doute que la bouteille de Coca-Cola sera pour les archéologues du futur l’un des marqueurs chronologiques des strates attribuables au 20ème siècle, en raison de sa large diffusion à travers le monde, n’en déplaise aux publicitaires travaillant pour la concurrence.
Coca-Cola Evolution
Évolution de la bouteille de Coca-Cola.

Depuis la création de cette boisson, la forme et le décor de la bouteille a subit une évolution perceptible. Les plus anciennes bouteilles, commercialisées dès 1894, étaient de forme cylindrique et obturée d’un simple bouchon de liège, comme les bouteilles de vin. La forme sinueuse que nous lui connaissons actuellement n’apparaîtra que plus tard, mais le premier prototype est rapidement abandonné car sa base trop étroite par rapport au diamètre maximum de sa panse la rendait instable sur les bandes de transports de la station d’embouteillage. D’une forme inspirée par la cabosse contenant les graines de cacao, c’est métamorphosée en suivant les courbes et le galbe d’une femme que nous la connaissons désormais. Il est donc assez naturel qu’un styliste comme Karl Lagerfeld, se soit vu confier, dès l’année dernière, la mission d’habiller à sa manière la bonne vieille bouteille de Coke. Cette année, sa seconde édition du Coca-Cola Light sur fond blanc, sortie le 8 avril, s’apparente à une collection déclinée en trois motifs soit à pois argentés, à rayures roses ou à étoiles noires. Ainsi, si chaque année connait une nouvelle série, la célèbre bouteille, deviendra pour nos collègues du futur, un terminus post quem aussi utile et précis qu’une pièce de monnaie.

Palafittes, la sélection finale

Hier, l’association Palafittes a enfin donné de ses nouvelles pour faire part, dans sa deuxième Newsletter, des dernières informations concernant le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO des sites lacustres établis autour des lacs de Suisse, de France, d’Italie, d’Allemagne, d’Autriche et de Slovénie. Elle reprend un communiqué de l’Office fédéral de la culture qui signalait qu’entre le 29 septembre et le 17 octobre 2010, une experte de l’ICOMOS s’est rendue dans ces différents pays pour une mission d’évaluation. Elle était accompagnée de membres des autorités nationales et régionales ainsi que de spécialistes. A cette occasion, elle a également pu rencontrer des représentants des autorités politiques des différents pays, régions et villes. A la suite de cette tournée on y apprend que l’ICOMOS a demandé aux pays associés de fournir des informations complémentaires. Ainsi, certains sites, pour lesquels aucune conservation in situ à long terme ne pouvait être garantie, devaient être exclus du classement. Ces informations complémentaires ont été envoyées à Paris à la fin février 2011. De ce fait, la liste définitive passe de 152 à 111 sites, dont 56 en Suisse (sur 82 présélectionnés). Les recommandations finales de l’ICOMOS seront publiées en mai 2011, et c’est sur cette base que le Comité du patrimoine mondial se prononcera quant à l’inscription des palafittes de l’arc alpin sur la liste du patrimoine mondial, lors de sa 35ème  session qui se déroulera à Bahreïn à la fin juin 2011.
Pfahlbauten Palafittes Lake Dwellings

Image de couverture de la brochure « Palafittes… »

Pour finir, la Newsletter de l’association Palafittes nous invite à aller jeter un coup d’œil à son site internet qui s’est quelque peu étoffé depuis sa création en 2008. Parmi les nouveautés on trouve une brève description de chacun des 111 sites nominés, classés par pays. Des cartes, établies pour chaque lac, permettent de voir en gros où se situent les différents gisements retenus, et permet aussi de se faire une idée de la densité générale des sites connus à ce jour. On peut également télécharger (au lieu de l’acheter 15 CHF / 10 €) la brochure d’information «Pfahlbauten – Palafittes – Palafitte – Pile dwellings – Kolisca » sortie l’été dernier, et qui fut envoyée gratuitement aux quelques membres enregistrés de l’association. Elle présente sur 104 pages et avec 340 images en couleur la vie quotidienne des habitants des sites lacustres entre 5000 et 800 av. J-C. La valeur scientifique du contenu a été assurée par Peter Suter (Service archéologique du canton de Berne) et Helmut Schlichtherle (Landesamt für Denkmalpflege, Baden-Württemberg), deux spécialistes reconnus en la matière, et la collaboration de nombreux archéologues travaillant dans les services archéologiques concernés. Mais les plus intéressants des documents téléchargeables sont sans aucun doute le dossier de nomination déposé à Paris en janvier 2010, ainsi la version révisée du plan de gestion des sites palafittiques déposée en février 2011.

Archéo Facts a son Paper.li

Tenir un blog sur un sujet particulier comme celui de l’archéologie nécessite un certain investissement en temps pour suivre l’actualité dans ce domaine. Il faut pouvoir être informé sur les nouvelles découvertes si possible parmi les premiers, et pour cela il faut mettre en place un réseau de renseignement qui, à l’heure actuelle, passe essentiellement à travers les outils disponibles sur le web, comme les alertes Google, les journaux en ligne, les blogs, les forums et les moteurs de recherches. Depuis quelques temps il faut aussi y ajouter Twitter et Facebook. Avec cette masse d’information supplémentaire en ligne, il devient fastidieux de tout suivre, et plus encore de choisir un sujet à publier pour le partager avec les internautes sur son blog, alors que d’autres en ont déjà publié un commentaire.
Archéo Facts Paper.li
Première édition de « Archéo Facts, le Journal »

Une solution élégante à ce problème de traitement de l’information est offerte par la société SmallRivers, avec l’application Paper.li. SmallRivers est une startup fondée par Edouard Lambelet et Iskander Pols et hébergée dans l’enceinte de l’EPFL. Lancée l’été dernier,  l’application Paper.li utilise une adresse enregistrée au Lichtenstein (.li) et permet d’agréger le contenu des infos livrées par les adresses Twitter et Facebook auxquelles un utilisateur est abonné pour les lire sous la forme d’un petit journal (la terminaison li, indique aussi la petitesse en suisse allemand). En somme, sur une seule page, se trouvent résumées l’ensemble des dernières contributions twittées sur le sujet que l’on souhaite suivre, et cela permet aussi de faire profiter nos suiveurs de nos propres sources d’information sans avoir besoin de les re-twitter nous même. Ainsi, dès aujourd’hui, j’invite mes lecteurs à s’abonner à « Archéo Facts, le journal » et à suivre quotidiennement avec moi le développement de l’activité archéologique.

Mohenjo Daro, tour à tour chaude et humide

Drôle d’année climatique pour le site Pakistanais de Mohenjo Daro, inscrit sur la Liste du patrimoine mondial depuis 1980. Ce printemps, le 26 mai, une température de 53,5 degrés était mesurée aux abords immédiats du gisement par l’office météorologique pakistanais, ce qui en fait la température record observée à ce jour sur le continent asiatique. Et en ce mois d’août, ce sont les crues de l’Indus dues à la mousson, 30% plus importantes que la normale, qui menacent ces vestiges vieux de 4500 ans. Rappelons tristement que les inondations catastrophiques actuelles touchent un territoire aussi vaste que l’Italie, qu’elles ont fait 1600 morts et obligés plus de 20 millions de personnes à se déplacer.
Mohenjo Daro
Mohen Daro en attente des touristes ! (photo:Unesco)

Mohenjo Daro est la plus grande cité de la civilisation de l’Indus. A son apogée entre 2600 et 1800 av. J.-C. elle couvrait une superficie de plus de 250 hectares. Les ruines de Mohenjo Daro ne se situent qu’à 2 kilomètres des rives de l’Indus. Les constructions étant en briques crues tout excès d’humidité pourrait y avoir des conséquences fâcheuses pour sa conservation.  Mais pour l’instant cependant, malgré le cataclysme alentour, le site résiste à l’inondation grâce aux cinq énormes digues de protection qui le défendent des eaux depuis 1997 et qui ont été édifiées dans le cadre d’une campagne internationale de sauvegarde du site coordonnée par l’Unesco. Si les digues résistent à la présente inondation, elles permettront aux populations locales qui ont tout perdu de conserver au moins une partie d’un passé prestigieux, susceptible d’attirer le tourisme dans la région, soit un moyen de combattre la pauvreté, comme l’entendait dernièrement une exposition tenue à Paris.

Pour votre régime, mangez comme au Paléolithique !

Aujourd’hui, est célébré Mardi Gras. Demain, il sera temps de songer au jeûne du Carême. Mais, au quotidien, pour lutter contre les problèmes d’obésité qui touchent les pays développés, un groupe de nutritionnistes étatsuniens recommandent de se mettre au régime des populations préhistoriques qui peuplaient le Monde avant la révolution agricole. Ce régime a un nom en anglais : « Paleo Diet », que l’on peut traduire par  la diète « Paléo », du grec ancien voulant dire justement « ancien ». Cette diète Paléo (aussi appelée diète des chasseurs-cueilleurs, diète Paléolithique ou  diète des Hommes des Cavernes) consiste à se nourrir de fruits frais, de légumes, de viandes maigres et de fruits de mer, qui sont riches en nutriments bénéfiques pour la santé car riches en fibres, en vitamines en graisse oméga-3 et en glucides à faible indice glycémique. Ces aliments sont en outre pauvres en sucres raffinés, en graisses saturées et trans, en sel et en glucide à fort indice glycémique, dont l’ingestion favorise la prise de poids, les maladies cardio-vasculaires, le diabète, et de nombreux autres problèmes de santé.

Paléolithique à Hauterive-Champréveyres

Découpe d’un cheval au Paléolithique (dessin : P. Röschli)

L’argument le plus intéressant pour se soumettre à la Diète Paléo, est que ce régime est celui pour lequel notre espèce serait génétiquement adapté, car issu de notre lente évolution au cours des périodes Paléolithiques. En suivant cette base alimentaire ancestrale, non seulement on ne prend plus de poids, mais si on en a déjà trop, on serait en mesure d’en perdre rapidement. Aux commentateurs qui leur rétorquent que l’espérance de vie de nos ancêtres ne dépassaient pas l’âge de 30 ans, les prescripteurs de cette alimentation répondent que nos prédécesseurs ne mourraient pas en raison de leur nourriture, mais parce que la plupart des décès dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs sont liés à des accidents et aux rigueurs d’une vie passée à vivre en plein air, sans soins médicaux modernes. Ils admettent cependant qu’il est impossible de revenir totalement en arrière en terme d’alimentation mondiale, car sans la culture des céréales il ne serait pas possible de nourrir l’ensemble des près de 7 milliards d’humains qui peuplent la planète aujourd’hui. Donc, ce régime n’est praticable que pour une tranche favorisée de la population qui peut chasser le cheval, le cerf ou le kangourou dans les bacs frigorifiques des magasins d’alimentations. Quant au mammouth, désolé, il est en rupture de stock !

La candidature des sites palafittiques est déposée

Comme vient de le faire savoir l’Office fédéral de la Culture (OFC) ce matin dans un communiqué de presse, c’est demain, 26 janvier 2010, que le dossier de candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO des « sites palafittiques préhistoriques autours des Alpes » sera officiellement déposé à Paris par Jean-Frédéric Jauslin, directeur de l’OFC,  de même que par les membres permanents des pays associés. Le calendrier du plan d’action pour cette candidature, établi l’année dernière, est ainsi respecté. Les experts du  Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) qui forment la commission consultative de l’UNESCO pour le Patrimoine mondial procèderont dès cet été à l’examen de cette candidature. Le comité du patrimoine mondial prendra sa décision en juin 2011, dans le cadre de sa session.
Montilier-Platzbünden
Champ de pilotis en cours de fouilles à Montilier-Platzbünden

Cette candidature, placée sous l’égide de la Suisse, concerne des gisements situés dans quinze cantons suisses ainsi qu’en France, en Allemagne, en Autriche, en Italie et en Slovénie. Le dossier final comporte un inventaire standardisé de tous les sites palafittiques (soit près de 1000) connus à ce jour ainsi qu’une documentation plus complète pour 156 sites, situés dans ces six pays. Une liste des 156 gisements retenus peut être téléchargée sur le site Internet de l’OFC. La reconnaissance de ce patrimoine devrait, en théorie, n’avoir aucun impact sur l’affectation des surfaces concernées par les sites nominés et leurs zones tampons qui devraient être déjà mis à ce jour sous protection par les différentes législations nationales et cantonales. Mais, en pratique, qu’adviendra t-il pour un site lacustre inconnu placé en plein milieu d’une zone de développement? La réponse à cette question pourrait nous être donnée cette année par la commune de Chevroux, dans le canton de Vaud, sur la rive sud du lac de Neuchâtel, qui possède deux stations lacustres retenues dans la liste (La Bessime et Village). Dans cette localité, la réalisation du futur parking du port sur une surface de 12’000 m2 risque sérieusement de menacer la conservation de vestiges palafittiques. Le cas échéant, ce patrimoine sera-t-il digne d’être conservé, ou autorisé à détruire ? Réponse en 2011, également !

Le fabuleux trésor anglo-saxon du Staffordshire

Dès aujourd’hui et jusqu’au 13 octobre 2009, est exposé au Musée et galerie d’art de Birmingham en Angleterre, une partie d’un fabuleux trésors découvert récemment au milieu d’un champ du Staffordshire. L’inventeur du trésor, Terry Herbert, à l’aide d’un détecteur de métaux, a dégagé du 5 au 10 juillet 2009, ni plus ni moins que le plus grand trésor anglo-saxon d’Angleterre trouvé à ce jour. L’essentiel du trésor est constitué de 70 gardes et de 64 pommeaux d’épées ainsi que 650 objets en or, totalisant un poids d’environ 5 kg, de même que 530 objets en argent et une grande quantité de pierres précieuses. L’absence d’objet typiquement féminin est à relever. Selon l’analyse typologique des objets ceux-ci remontent au plus tôt à la fin du 6ème siècle et au plus tard au début du 8ème siècle, ce qui couvre l’ensemble du 7ème siècle, dans un lieu qui, à l’époque, constituait le cœur du royaume de Mercie. A la fin de cette exposition publique, les objets devraient rejoindre le British Museum pour expertise et évaluation.

Staffordshire Hoard
Une partie du trésor du Staffordshire.

Dans un premier temps, comme pour la mise au jour du trésor de Mathay, c’est l’utilisation d’un détecteur de métaux qui aura été à l’origine de la découverte. Dans ce cas également, vu l’importance de la trouvaille, l’inventeur a jugé bon de se tourner vers les institutions archéologiques compétentes, afin que celles-ci puissent faire une observation scientifique du contexte d’enfouissement. Ainsi, dans la plus grande confidentialité possible une fouille put être conduite du 24 juillet au 21 août 2009, amenant à la récolte de la seconde partie du trésor. A cette occasion, je tiens à saluer le dynamisme de nos collègues britanniques qui en moins de trois mois sont parvenus a boucler un premier rapport de fouilles, a établir un inventaire des trouvailles, à monter une exposition destinée au grand public et à mettre à disposition des internautes l’ensemble de la documentation récoltée à travers un mini site Internet spécialement mis en ligne pour l’événement. Sur ce site on trouve des liens pour visionner des vidéos, consulter les rapports et accéder à une série de 634 photographies conservées sur un compte Flickr. Sans aucun doute une procédure à suivre lors de toutes découvertes de cette importance.