Il y a de cela deux ans, l’association valaisanne d’archéologie (AVA) faisait circuler une pétition pour que le patrimoine archéologique du canton puisse avoir un lieu d’exposition digne de son importance. L’appel semble a été entendu puisqu’un site d’interprétation sera bientôt aménagé en ville de Sion pour mettre en valeur les célèbres stèles du Petit-Chasseur découvertes entre 1961 et 1973. En attendant dans l’espace d’archéologie de la Grange à l’Evêque se tient, sous le titre « Pierres de mémoire, pierres de pouvoir », une nouvelle exposition du Musée d’histoire du Valais. Le sous titre « Menhirs, stèles et dolmen, de l’ethnologie à l’archéologie » sous-entend que le phénomène mégalithique se rencontre non seulement dans le passé du Valais, mais également dans d’autres sociétés actuelles ou disparues, comme autour des stèles d’Axoum en Ethiopie, ou des colossales statues de l’île de Pâques. Des objets ethnographiques et archéologiques, des photos d’archives et des relevés en grandeur nature des plus belles stèles de l’Europe préhistorique, œuvres réalisées par Ernesto Oeschger et Elisabetta Hugentobler témoignent de cette universalité. L’exposition a été réalisée par trois institutions : le Département préhistoire et antiquité du Musée d’histoire du Valais, l’Association valaisanne d’archéologie et le Laboratoire de Préhistoire du Département d’anthropologie et d’écologie de l’Université de Genève. Elle est à voir jusqu’au 3 janvier 2010.
Pierres de mémoire, pierres de pouvoir (extrait d’affiche)
Ce qu’indique clairement cette exposition c’est que ces monuments mégalithiques étaient destinés à affirmer le pouvoir d’une élite au sein des sociétés qui les ont érigés. Un livre édité par les Musées cantonaux du Valais «Stèles préhistoriques – La nécropole néolithique du Petit-Chasseur à Sion», rédigés par Pierre Corboud, Philippe Curdy et collaborateurs, tient lieu de catalogue à cette exposition. Sur le même sujet du mégalithisme, l’île de Pâques est réputée pour être l’île la plus isolée de la planète. Thor Heyerdhal a montré en 1947 lors de l’expédition du Kon-Tiki que des navigateurs Incas auraient été en mesure de l’atteindre à bords de leurs grands radeaux. Après des années d’enquête, un chercheur canadien, Jean-Hervé Daude, publie dans son livre « Iles de Pâques, l’empreinte des Incas » des arguments inédits pour démontrer que l’édification des célèbres Moais, pourrait avoir été initiée par une élite provenant du continent sud-américain, qui aurait placé sous sa domination, pendant un certain temps, la première population de l’île, d’origine Polynésienne. Ainsi, comme le montre ces deux publications, les mégalithes gardent la mémoire de leurs bâtisseurs.