La Rome antique ressuscitée en 3D

Ayant eu l’opportunité de fouiller, comme étudiant en archéologie, les vestiges de la Domus Tiberiana sur le Palatin, je me souviens des efforts d’imagination que je devais mettre en oeuvre pour restituer la splendeur passée des monuments de la Rome antique que je côtoyais chaque jour, malgré mes connaissances et mes compétences. Que dire des possibilités de visualisation des visiteurs ordinaires face à ces ruines. Jusqu’à présent, le meilleur moyen de s’en faire une idée d’ensemble était de se rendre au Musée de la civilisation romaine, dans le quartier de l’E.U.R au sud de Rome, pour voir la grande maquette établie entre 1933 et 1974 par Italo Gismondi et montrant l’Urbs sur une surface de 270m2. Bientôt, il y aura mieux. Sous le titre « Rome reborn », littéralement: Rome ressuscitée, l’Université de Virginie, aux Etats-Unis, a mis en ligne quelques vidéos et images fixes issues de la version 1.0 d’une vision tridimensionnelle de la Rome antique.

Rome en 3D

Vue aérienne de la Rome antique (image IATH)

Présentée hier, à la mairie de Rome, par Bernard Frischer, responsable de ce projet d’archéologie virtuelle, la restitution numérique montre l’état de la ville éternelle à l’apogée de l’empire sous l’empereur Constantin, le 21 juin 320 de notre ère. A l’intérieur des 21 km de la muraille d’Aurélien le plan général de la cité a été dégagé et de nombreux espaces publics majeurs, tels le Colisée ou le Forum, ont été fidèlement restitués à partir des nombreuses données archéologiques, iconographiques et littéraires à disposition. Le projet, entamé en 1997, et qui a coûté 2 millions de dollars étasuniens, résulte de l’association d’archéologues, d’architectes et d’informaticiens des universités américaines de Virginie et de Californie, ainsi que d’instituts de recherche italiens, allemands et britanniques. Au fur et à mesure de la poursuite du projet, de nouvelles versions seront mises en ligne. Au final, il devrait être possible de disposer d’une véritable machine à explorer l’histoire et l’évolution de l’urbanisme de la ville éternelle en partant des premières cabanes de l’âge du Bronze final et de la cabane dite de Romulus sur le Palatin datant de l’âge du Fer, jusqu’à la Rome du milieu du 6ème siècle de notre ère. Le 21 avril 2008 est d’ores et déjà prévu, à côté du Colisée, l’ouverture d’un cinéma dédié à la présentation du modèle numérique. Nul doute que les Romains et les visiteurs de demain verront d’un œil plus attentif et connaisseur que jamais les ruines qui se présenteront à leur regard.


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