Ice Age Panorama

Comment vivait-on à l’âge de glace en Suisse, il y a 15’000 ans ? C’est à cette question que les chalands fréquentant les centres commerciaux de Belair Centre à Yverdon-les-Bains (VD) et des Eplatures Centre à La Chaux-de-Fonds (NE) seront bientôt confrontés à la suite de ceux du Jura Centre à Bassecourt (JU) et de six autres situés en Suisse alémanique. A la manière des populations nomades qui parcouraient le territoire qui deviendra la Suisse des milliers d’années plus tard, cette exposition itinérante se déplace dans les cantons qui ont livré des traces d’occupation humaines datant du Magdalénien. Pour cette rencontre, un dispositif sous forme de « Panorama » a été spécialement conçu. En lisant attentivement l’ensemble des panneaux, les visiteurs apprendront qu’à cette époque c’était le cheval et le renne qui fournissaient l’essentiel de la nourriture et des matières premières dont avaient besoin les groupes humains. Quant au mammouth bien ancré dans l’imaginaire collectif, le public découvrira qu’il avait déjà disparu de notre contrée un bon millénaire avant cette date et qu’il n’avait été que très exceptionnellement chassé. Il apprendra également que les tibias du lièvre variable étaient souvent utilisés pour façonner des aiguilles à coudre, et que la célèbre gravure du « renne broutant » trouvée dans la grotte du Kesslerloch (SH) en 1874, est en fait la représentation d’un renne en rut.

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Il y a 15’000 ans, un paysage sans arbre

Conçue au sein du laboratoire d’archéozoologie de l’Université de Neuchâtel par Werner Müller et Denise Leesch, à la suite d’une grande étude sur la mobilité des groupes humains au Tardiglaciaire en Suisse, cette exposition itinérante intitulée « Ice Age Panorama » est financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, dans le cadre des projets « Agora » qui ont pour but de promouvoir le dialogue entre les scientifiques et la société. Le public est ainsi accompagné dans sa découverte par des spécialistes prêts à répondre aux questions qu’il pourrait se poser. Pour un public qui n’a souvent que le dessin animé « L’âge de glace » comme référence immédiate de la dernière glaciation, il est facile de l’aborder en lui parlant de l’écureuil Scrat et du gland qu’il cherche à cacher. Ayant été un de ces spécialistes accompagnateur de l’exposition, je confrontais les visiteurs à la vision du paysage glaciaire sans arbre. Donc s’il n’y a pas d’arbre, il n’y a pas de chêne, sans chêne, pas de gland, sans gland, pas d’écureuil, mais à la place un spermophile (ou souslik), un petit rongeur, grand dormeur, de la taille d’un écureuil, pouvant reprendre le rôle de Scrat. Au cours de cette visite, afin  de démêler le vrai du faux, un quiz comprenant dix questions résume les connaissances à retenir et permet, en définitive, de vérifier que le public intègre bien l’information dispensée sur les parois du dispositif et que les buts du projet soient atteints.

De l’Holocène à l’Anthropocène

De la Finlande à la Californie, de la Suède à la Grèce, il fait chaud et sec, même au-delà du Cercle polaire, où cela ne devrait pas être, ce qui favorise la propagation des incendies. Comment douter dès lors du réchauffement climatique lié sans doute en grande partie aux activités humaines. Au début de cette année l’Organisation Mondiale de Météorologie constatait que les années 2015, 2016 et 2017 avaient été les années les plus chaudes depuis que l’on enregistre des températures sur le globe. Il est fort à parier que l’an 2018 est bien parti pour se placer à son tour sur le podium. Si l’homme est à lui seul capable par son activité à dénaturer le climat, son impact est autrement plus sensible quand on étudie les mutations du paysage qui nous entoure. Sous la pression démographique de l’humanité, les sols s’épuisent et se désertifient, l’eau se raréfient et les ressources minières disparaissent à vue d’œil tant elles sont consommées pour nos besoins énergétiques et matériels. Quoique peuvent encore en débattre les géologues quant à son existence ou à la date de son début, l’impact de l’homme sur la Terre est manifeste : nous sommes bien entrés dans une nouvelle ère: l’Anthropocène.
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Une vision du passé (Photo: Wikipedia)

En guise d’explication succincte, l’humanité a connu ces deux derniers siècles une explosion démographique sans précédent. Il y a seulement deux mille ans, ne vivaient sur la Terre que 200 millions d’individus, répartis pour 60 millions dans ce qui était alors l’Empire romain, pour 60 millions dans l’Empire du Milieu, et les 80 millions restants dans le reste du Monde. De plus, si l’on fait le compte de tous les Homo sapiens, Cro-Magnon et Néandertaliens compris, que la Terre a porté depuis la nuit des temps, on dénombre, en tout et pour tout, environ 100 milliards d’individus de notre espèce. Il apparait formidable de constater que sur ces 100 milliards, actuellement 7,63 milliards sont nos contemporains et que 20% de la population humaine a vécu au moins une année du 20ème siècle. Ces chiffres nous laissent songeurs et  expliquent à eux seuls, pourquoi avec tous les humains présents et tout le CO2 induit par l’ensemble de nos activités, la Terre se réchauffe aussi vite, et comment nous sommes entrés dans cette nouvelle ère.

L’archéologie, ça m’intéresse !

L’archéologie est une branche des sciences humaines qui ne laisse pas indifférent la plupart des membres de notre société. Comme en ont convenu les participants aux journées de conférences des 21 et 22 juin derniers organisés par Archéologie suisse, être archéologue est très certainement un métier de rêve pour beaucoup de jeunes et l’archéologie est populaire. Mais à quelle archéologie le grand public s’intéresse-t-il ? Je me souviens pour ma part des premiers moments sur une fouille archéologique. C’était sur les fouilles d’un habitat néolithique lacustre à Delley-Portalban en 1977. A cette époque, en tant que gymnasien en deuxième année, je m’étais engagé pour trois semaines sur un chantier organisé par Mlle Hanni Schwab, archéologue cantonale du canton de Fribourg, qui contrairement à la plupart de ses collègues engageait des non professionnels  sur ses chantiers archéologiques. Je me souviendrais toujours de mon premier jour de fouilles. Je m’attendais à utiliser la pelle et la pioche pour travailler. Au lieu de cela, on a mis dans mes mains: un bidon, une truelle, une spatule et une ramassoire. Je me demandais bien ce que j’allais bien pouvoir faire avec ces outils. J’ai découvert en rectifiant mon premier profil stratigraphique avec ces instruments que l’archéologie n’a pas pour but de remuer de la terre en quête d’objets du passé, mais a surtout comme mission de comprendre comment ces objets se sont déposés et conservés et quels liens les unis les uns aux autres. Vue ainsi, l’archéologie est bien loin d’une chasse aux trésors.
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Image de la vidéo de présentation de la Convention de Faro

C’est cette expérience de l’archéologie de terrain qu’il faudrait pouvoir transmettre à toutes les personnes qui ne voient dans l’archéologie qu’une manière de s’enrichir en découvrant des trésors faits d’or ou d’espèces sonnantes et trébuchantes. Ils doivent apprendre que l’archéologie a pour but la connaissance des hommes du passé à travers les témoignages matériels et leur contexte. Les trouvailles archéologiques étant une ressource non renouvelable, il est important que leur mise au jour se fasse dans le cadre d’une collaboration entre tous les acteurs concernés. C’est pour cette raison qu’il est important de n’accorder ce privilège qu’à des personnes ayant conscience de cet état de fait et c’est également pour cette raison que les professionnels entretiennent une certaine méfiance à permettre sans contrôle l’usage des détecteurs à métaux.  Afin de concilier les intérêts publics et privés liés au patrimoine, les états sont invités à signer la Convention-cadre du Conseil de l’Europe de 2005 sur la valeur du patrimoine culturel pour la société, connue également sous le nom de Convention de Faro. Dans la gestion du patrimoine culturel, les États signataires de cette Convention s’engagent à développer des pratiques innovantes de coopération des autorités publiques avec d’autres intervenants ; à respecter et à encourager des initiatives bénévoles complémentaires à la mission des pouvoirs publics ; à encourager les organisations non gouvernementales concernées par la conservation du patrimoine d’intervenir dans l’intérêt public; à reconnaître le rôle des organisations bénévoles à la fois comme partenaire d’intervention et comme facteurs de critique constructive des politiques du patrimoine culturel. Ainsi, la protection du patrimoine ne doit plus être l’apanage de quelques professionnels, mais celui de toutes les personnes intéressées par cette mission.

Avec prudence, montre-moi ton patrimoine !

« Montre-moi ton patrimoine », c’est l’appel que vient de lancer la direction du Laténium, Parc et musée d’archéologie de Neuchâtel, en partenariat avec notreHistoire.ch, a toutes les personnes dépositaires d’images présentant une ou des personnes immortalisée(s) devant un élément du patrimoine archéologique suisse. Les photographies, diapositives ou films retrouvés dans les albums de famille, les greniers ou les smartphones, ainsi que les histoires qui les accompagnent, peuvent être déposés ou envoyés directement au musée, ou sur les réseaux sociaux Facebook et Instagram. Ouverte jusqu’au 31 octobre, cette collecte a pour but avoué d’associer le grand public à un projet financé par le Fonds National Suisse de la recherche scientifique (FNS) : « Émotions patrimoniales : l’archéologie suisse dans la mémoire visuelle collective ».  A partir de mai 2019, le résultat de cette quête fera l’objet d’une exposition au Laténium, conçue dans le cadre du vaste projet de communication scientifique du FNS, Agora, qui a pour objectif de promouvoir le dialogue entre les scientifiques et la société.
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Grotte de Sainte-Colombe (JU), 21 mai 2018.

Dans le but de participer à cette collecte, j’ai cherché dans mes archives et j’ai trouvé une série d’images réalisée dans la grotte de Sainte-Colombe, près d’Undervelier, dans le canton du Jura. En plus d’un lieu bien défini appartenant sans conteste au patrimoine archéologique suisse, je peux sans difficulté préciser la date (16 mai 1992), ainsi que le contexte, dans lequel ces clichés ont été pris. Or, comme ces épreuves ont été réalisées par un photographe professionnel et même si elles ont été faites à la demande de ma famille, il m’est impossible de les transmettre au Laténium sans enfreindre les droits inaliénables du photographe. C’est pour cela qu’il est demandé expressément aux participants à « Montre-moi ton patrimoine » d’accepter de céder les droits d’utilisation de leurs images, partant du principe qu’ils sont eux-mêmes les auteurs des documents ou les héritiers des ayants droits. Sans l’accord de l’auteur, il faudrait attendre 70 ans après sa mort avant de pouvoir les utiliser en dehors du cadre restreint de ma famille ou de mes proches. De plus, en admettant que j’aie été moi-même le photographe, comme le sujet principal de l’image sont des personnes et pas le lieu de la prise de vue, en vertu de l’article 28 du Code civil suisse, traitant de la protection de la personnalité, il me faudrait encore obtenir le consentement de ces personnes pour permettre leur diffusion dans le cadre d’une exposition publique. Face à ces embuches légales, ces images resteront prudemment dans mon album de photographies.

Neanderthal ou Neandertal ?

A l’occasion de l’écriture de ce blog depuis une bonne dizaine d’années, ou en assistant à des conférences comme celle que vient de donner à Neuchâtel Isabelle Crevecoeur, j’ai souvent été confronté à des découvertes ou des informations en lien avec l’homme de Neandertal. Et j’avoue que je me posais la question de savoir de quelle façon je devais l’écrire en français : Néandertal, Néanderthal, Neandertal ou Neanderthal. En recherchant dans mes notes de blog, je constate que j’ai le plus souvent utilisé la graphie « Néandertal » avec l’accent sur le « e » pour rester en accord avec l’autre terme souvent utilisé pour parler de ces hommes, celui de « Néandertaliens ». Parfois aussi, il m’est arrivé d’écrire « Néanderthal », avec un « h » pour me conformer à la nomenclature latine « Homo neanderthalensis » ou pour parler de l’un ou l’autre « Neanderthal Museum». La préhistorienne Marylène Patou-Mathis, vient de publier un livre « Neandertal de A à Z », dans lequel, sous forme d’entrées de dictionnaire, elle fait le point sur les dernières découvertes scientifiques en relation avec cet hominidé. Parmi ces articles : « Neanderthal ou Neandertal ?». En le lisant, je découvre que « s’il est acquis que Neandertal ne prend pas d’accent la question du h fait débat ». En effet, lors de la découverte de ses ossements en 1856, l’hominidé découvert reçu l’appellation du lieu de sa découverte, à savoir : « Neanderthal ». Mais en 1903, l’Allemagne décide d’une réforme de l’orthographe qui simplifie le mot signifiant vallée « thal » en « tal », d’où « Neandertal » et pas « Neanderthal ». Résumé ainsi, tout semble clair et limpide, Neandertal s’écrit sans accent et sans h.
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Affiche de l’exposition au Musée de l’Homme

Mais comme toujours, le diable se cache dans les détails. Actuellement se tient au Musée de l’Homme à Paris : « Néandertal l’Expo ». Stupeur et étonnement, je découvre que Marylène Patou-Mathis est l’une des deux commissaires de cette exposition qui met l’accent sur le « e » bien en évidence. De quoi relancer mon hésitation. Qui dois-je suivre ? L’auteur de l’ouvrage de référence ou la commissaire d’exposition ? Avant de devenir schizophrène, un rapide survol dans différentes publications récentes m’incitent à penser que s’il est acquis que Neandertal ne prend plus de h, la question de l’accent est loin d’être réglée. Dans le bel ouvrage « Une belle histoire de l’Homme » publié sous la direction d’Évelyne Heyer avec préface d’Yves Coppens, c’est bien « Néandertal » qui se lit. En revanche dans le bestseller « Sapiens » de Yuval Noah Harari, traduit de l’anglais par Pierre-Emmanuel Dauzat, c’est « Neandertal » de même que dans le splendide ouvrage de Jean-Marc Perino : « Préhistoire de Toumaï et Lucy à Otzi et Homère ». Pour ce qui est du classique « Dictionnaire de la Préhistoire » d’André Leroi-Gourhan, on retrouve l’accent de même que dans le site Internet de référence « Hominidés ». Alors ! Accent ou pas accent ? Doit-on y voir une nouvelle querelle des anciens et des modernes ? Ou simplement un distinguo de spécialiste comme celui qui nous fait écrire « mettre au jour » un artéfact et pas « mettre à jour ».

Qui a vu l’ours ?

Depuis jeudi dernier, date du vernissage de l’exposition, je fais partie des femmes et des hommes qui ont vu l’ours. “L’ours dans l’art préhistorique”, c’est le thème de la nouvelle exposition temporaire du Laténium qui s’est ouverte le 30 mars. Cette exposition déjà présentée au Grand Palais par la Réunion des Musées nationaux français et en collaboration avec le Musée national français de Saint-Germain-en-Laye, s’attache en particulier à la figuration de l’ours pendant la Préhistoire. Comme nous l’indique le texte de présentation de l’exposition «les premières représentations d’ours apparaissent il y a 40 000 ans, à une époque d’intense bouillonnement artistique et spirituel. Les hommes côtoient alors l’ours des cavernes, une espèce éteinte depuis 20 000 ans, et l’ours brun que nous connaissons encore aujourd’hui. Dès la Préhistoire, l’ours s’est vu réserver un traitement artistique particulier qui rend compte de détails bien reconnaissables : ses yeux, son pelage, son dos rond, sa tête trapézoïdale ou encore ses petites oreilles. Le style de ces figures a relativement peu changé au cours des millénaires : l’anatomie de l’ours y apparaît très typée, pour ne pas dire stéréotypée. »
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Borne frontière du Km 0 du Front de l’Ouest de la guerre 14-18.

Une petite application pour tablette numérique réalisée pour toute la famille par le Musée d’Archéologie nationale permet de se préparer à la visite de l’exposition ou de la poursuivre chez soi. Elle nous montre la longue évolution de l’ours qui se présente aujourd’hui sous les traits de huit espèces, dont l’Ours blanc, l’Ours brun, l’Ours noir et le Grand panda. Les ours et les hommes ont souvent fréquenté des lieux communs, en particulier les grottes. Les premiers pour hiverner à l’intérieur, les seconds pour en habiter l’entrée. Il y a environ 150 ans la découverte de l’art préhistorique, parmi lesquelles se trouvent des représentations de l’Ours des Cavernes, fut une preuve supplémentaire de la coexistence de l’homme avec des espèces disparues. Une série « d’objets interactifs » permet de découvrir des figurations d’ours en suivant le tracé de gravures, des traits de peintures ou des sculptures sur des outils en os, des plaquettes en pierre ou sur les parois des grottes. Une fois sorti de l’exposition, on réalise que les ours continuent à peupler notre imaginaire de manière plus ou moins discrète. Cela commence par mon ours en peluche qui trône encore et toujours à la tête de mon lit, en passant par les symboles de villes comme celles de Berlin ou de Berne. Et pas plus tard que cet après-midi, je suis tombé nez à nez sur un ours figurant sur une borne plantée en 1743, par la Principauté épiscopale de Bâle, sur laquelle en 1815 les bernois firent graver leur ours. Cette borne frontière entre la France et la Suisse près de Bonfol dans le canton du Jura marque le Km 0 du front de l’Ouest entre l’Allemagne et la France pendant la Première Guerre mondiale. Gageons que d’ici le 6 janvier 2019, date actuellement prévue pour la fermeture de l’exposition il y aura beaucoup de personnes qui auront l’occasion de rencontrer l’homme qui a vu l’ours.

Médiation culturelle et culture inclusive

De nos jours on ne peut plus concevoir la gestion d’un musée sans y intégrer une équipe de médiation culturelle. Le temps est révolu où le visiteur était en stabulation libre dans des salles d’exposition muettes sous la surveillance d’un gardien bien souvent plus Cerbère que guide dans l’orientation de sa déambulation. Le rôle des médiateurs culturels est de prévoir un ensemble d’actions permettant au public d’entrer en relation avec les objets exposés en utilisant un langage accessible et compréhensible par tous, en évitant, autant que faire se peut, le jargon scientifique et universitaire. Dans l’idéal, le médiateur culturel accompagne le visiteur dans sa découverte des expositions permanentes ou temporaires, ou en rédigeant des guides ou des cartels détaillés devant permettre à tout un chacun d’entrer en relation avec les objets du patrimoine conservés qui présentent un intérêt historique, artistique, archéologique, esthétique, scientifique ou technique. Cette accessibilité pour toutes et tous au patrimoine est un enjeu d’autant plus difficile à mettre en œuvre lorsqu’il s’agit de faire le lien avec des publics qui pour diverses raisons dues à l’âge, au handicap ou à des problèmes plus généraux de compréhension du langage ont des besoins différents de la majorité des autres visiteurs.
Laténium en langue facile (1)
Couverture du guide « Le Laténium en langue facile »

C’est pour répondre à cette mission, que le département de médiation culturelle du Laténium à Hauterive, près de Neuchâtel, a décidé d’intégrer dans ses objectifs le vaste projet de la « Culture inclusive ». Le but de ce projet vise à ce que les offres culturelles soient accessibles à tous les membres de la société, y compris les personnes en situation de handicap. Il ne s’agit pas seulement de permettre un accès aux salles aux personnes en fauteuil roulant ou à mobilité réduite, mais également à celles avec des déficientes visuelles et auditives ou avec des problèmes cognitifs, ainsi qu’aux jeunes enfants. A partir d’avril 2016, après la mise en œuvre de projets pilotes dans le canton de Berne, a été introduit en Suisse alémanique un label « Culture inclusive ». Décerné par Pro Infirmis, ce label est une reconnaissance pour les institutions qui font un effort particulier envers les visiteurs en situation de handicap.  Comme première mesure concrète pour répondre à ce label, le Laténium, en collaboration avec Forum Handicap Neuchâtel, vient de publier un guide : « Le Laténium en langue facile. Du Moyen Âge aux premiers hommes ». Cet ouvrage veut aider toutes les personnes rencontrant des difficultés à lire et à comprendre de parcourir avec plus de facilité les salles de l’exposition permanente grâce à l’usage d’un vocabulaire simplifié. Comme le disait Leonard de Vinci « la simplicité est la sophistication suprême ». Pour assurer cette simplicité des personnes en situation de déficience cognitive ont directement collaborés à la mise en forme finale. Un vernissage de ce guide est prévu le dimanche 4 mars prochain, au parc et musée d’archéologie de Neuchâtel. Avec cette démarche, le Laténium, devient le premier musée de Suisse romande labellisé « Culture inclusive ». Ce guide constitue une première étape en vue d’inclure davantage dans l’avenir le public à besoins spécifiques dans les activités de médiation culturelle du musée.

Participez tous à #Patrimoine 2018

Le patrimoine est l’expression de l’histoire que nous sommes en train de vivre. En février 2017, l’Union européenne a décidé de déclarer 2018 « Année du patrimoine culturel ». Cette année, des projets de médiation et de communication sur le thème du patrimoine culturel auront lieu dans toute l’Europe. Le 18 décembre dernier, le conseiller fédéral Alain Berset a lancé le volet suisse de l’Année européenne du patrimoine culturel 2018. Devenu entretemps président de la Confédération, en marge du Forum économique mondial (WEF), notre ministre de la culture a invité les 21 et 22 janvier ses homologues européens à une conférence sur le thème “Vers une culture du bâti de qualité pour l’Europe” qui a conduit à l’adoption de « Déclaration de Davos ». Pour assurer la coordination de la campagne #Patrimoine2018 en Suisse, les principales organisations sans but lucratif du domaine de la protection et de la conservation du patrimoine culturel ont fondé l’association Année du patrimoine culturel 2018. Dans tout le pays, de nombreuses manifestations se proposent de mettre en valeur cet héritage commun. Un système d’agenda permet de lier à la campagne nationale toutes les contributions des organisations nationales, régionales et locales, ainsi que celles des personnes privées en rapport avec les objectifs et la stratégie de l’Année du patrimoine culturel 2018.

Patrimoine2018
Image extraite de la vidéo de présentation

Dans le cadre de cette Année européenne du patrimoine culturel, l’Office fédéral de la culture (OFC) a lancé un concours d’idées intitulé « Le patrimoine pour tous », qui coure jusqu’au 25 mars. A ce jour, 153 idées ont été soumises. Comme modérateurs sont impliqués le personnel de l’OFC de la Section patrimoine culturel et monuments historiques (patrimoine culturel matériel) et de la Section culture et société (patrimoine culturel immatériel). Sur une plate-forme participative en ligne peuvent être émises, commentées et développées des propositions relatives aux questions suivantes : Comment la diversité culturelle peut-elle favoriser la cohésion sociale dans un environnement dynamique ? De quelle manière peut-on améliorer l’accès au patrimoine et favoriser la participation démocratique ? Comment le patrimoine culturel contribue-t-il concrètement à améliorer la qualité de vie ? Comment communiquer de façon intéressante et efficace sur la thématique, pour les publics de tous âges et de tous niveaux de formation ? Comment susciter les débats et permettre les rencontres ? Les idées les plus appréciées par le public seront présélectionnées, puis évaluées par un jury de 6 membres, parmi lequel se trouve Tania Chytil, journaliste et productrice de «RTS Découverte ». Le 4 mai 2018 aura lieu, à Berne, une fête, à laquelle seront invités toutes celles et ceux qui auront participé d’une manière ou d’une autre. Les lauréates et lauréats y seront primés et célébrés. Ensuite, l’OFC lancera en mai 2018 un concours de projets. Lors de cette seconde étape, les idées primées seront développées sous la forme de projets concrets. Les propositions pourront être remises jusqu’à fin août 2018. À partir de l’automne 2018, les projets lauréats seront mis en œuvre avec le soutien de la Confédération au cours des deux années suivantes.

Le Patrimoine culturel est menacé à Neuchâtel

Dans le canton de Neuchâtel, comme ailleurs, lorsqu’un gouvernement est à la recherche de coupes rases dans la forêt de son budget, c’est la culture qui est en première ligne pour subir les lames des tronçonneuses. A l’orée de ce bouquet culturel, l’archéologie est malheureusement bien placée pour être menacée, car au fond de ses fouilles, elle est plus facile à enterrer. L’Office du patrimoine et de l’archéologie du canton de Neuchâtel (OPAN) est constitué de trois sections : la conservation du patrimoine, l’archéologie et le Laténium ou parc et musée d’archéologie. Il y a quelques mois, pour répondre à une contribution d’exploitation assurée au Laténium pour les cinq prochaines années par l’Office fédéral de la Culture, le gouvernement s’était engagé à assurer dans cet intervalle la subvention cantonale allouée au musée et même à la développer. Engagé par cette promesse, l’exécutif du canton, autrement dit le Conseil d’Etat (CE) en mal de réductions budgétaires, ne pouvait abattre sa foudre olympienne, tel Jupiter, que sur les deux autres entités de l’OPAN. Ainsi, sans concertation aucune avec les responsables de section directement concernés, le CE a proposé dans son plan financier de diminuer à terme de 40% les moyens alloués à l’archéologie et de 25% ceux de la conservation du patrimoine.
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Soutien au Patrimoine culturel dans la cour du château

Face a une volonté affirmée et certainement nécessaire de diminuer les déficits récurrents de l’Etat, il y a peu de choses possibles à entreprendre, sinon se rendre visible et se coucher devant le bulldozer chargé de détruire ce qu’il reste de la maison, comme l’ont déjà fait par deux fois, les 5 et 19 décembre, le personnel de l’OPAN et les personnes désireuses de soutenir l’archéologie et le patrimoine neuchâtelois. Car le Grand Conseil et le CE devraient savoir que l’on ne peut conserver une structure en ne gardant que le toit. En attaquant les fondations, que défend l’archéologie et les murs sauvegardés par le patrimoine, le toit visible de loin, qui couvre les salles et les vitrines du musée, perd son assise et est directement touché lui aussi, même si la volonté initiale était de l’épargner. Il faut savoir que l’OPAN est issu du regroupement, en 2012, de l’Office de la protection des monuments et des sites et de l’Office et musée d’archéologie. A cette époque déjà, le but était de diminuer les dépenses de l’Etat en fusionnant les Offices pour n’en faire qu’un, et de n’en garder que la substantifique moelle pour que les entités puissent remplir leurs taches légales en synergie les unes par rapport aux autres. Dès lors, comment comprendre cinq ans plus tard, que l’on puisse encore diminuer ce qui a déjà été réduit au minimum vital sans remettre en cause l’ensemble de l’OPAN. Après avoir subi une réduction de ses membres, il ne peut se résoudre à voir sans manifester le corps amputé de sa tête. Alors que 2018 est annoncé en Suisse et en Europe comme l’Année du Patrimoine culturel, force est de constater que dans le Canton de Neuchâtel cette année est déjà placée sous de bien sombres auspices.

Astérix et Obélix sont de retour !

A lire les nombreux commentaires sur Internet et dans la presse, je ne pouvais pas faire autre chose que de juger par moi-même de l’intérêt du 37ème album des aventures des deux irréductibles Gaulois, étant donné que, comme Obélix avec la potion magique, je suis tombé sur Astérix quand j’étais petit. Et depuis lors, il m’est difficile d’échapper à la lecture de leurs nouvelles péripéties qui font le bonheur des uns ou le désespoir des autres. En effet, chacun cherche dans ce nouvel opus, intitulé « Astérix et la Transitalique », de retrouver toute la faconde et la subtilité que René Goscinny avait su insuffler à ses textes. Car si pour le dessin Didier Conrad réussi à recréer un visuel digne d’Uderzo, le scénario simpliste et les calembours laborieux de Jean-Yves Ferri ne sont pas vraiment prêts de nous faire oublier ceux de Goscinny, dont la disparition il y a maintenant quarante ans est célébrée dans le cadre de deux expositions à Paris, l’une au Musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, l’autre à la Cinémathèque française, toutes deux jusqu’au 4 mars 2018.

Asterix-et-la-Transitalique
Astérix et Obélix en route pour une nouvelle aventure

Étonnamment, bien que tous les chemins mènent à Rome, comme l’indique au passage certaines bornes rencontrées en chemin, cette Transitalique n’y passe pas. Il faut dire que nos deux valeureux héros y sont déjà allés à deux reprises, dans « Astérix Gladiateur » et dans « Les Lauriers de César ». Ainsi, sous la conduite d’Obélix qui pour une fois tient les rênes du char gaulois, cette traversée de l’Italie, de Modicia (Monza) à Neapolis (Naples), via Parma (Parme), Florentia (Florence), Sena Julia (Sienne)et Tibur (Tivoli), devient comme « Le Tour de Gaule » l’avait fait en son temps pour la Gaule, l’occasion de découvrir différentes parties de l’Italie, et, outre le garum, de ses spécialités culinaires à venir.  De plus, Obélix, amateur de baffes, a la grande déception d’apprendre que la Péninsule n’est pas peuplée que de Romains, mais aussi d’Etrusques et d’Ombriens, entre autres. Et comme dans l’épisode des Jeux Olympiques, le prestige de Rome, donc de César, implique que le char romain doit à tout prix gagner. Pour ce faire, les étapes de cette course ne sont pas loin de ressembler à celles des « Fous du Volant », une autre réminiscence de mon enfance, avec deux personnages Zerogluten et Betakaroten, reprenant le mauvais rôle tenu par Satanas et Diabolo. Ces deux timbrés sont des Cimbres qui ont pour mission d’assurer la victoire du concurrent romain Coronavirus contre la promesse d’être affranchis. Ainsi, ils n’hésitent pas à déplacer les bornes pour égarer les concurrents, à verser de l’huile sur la voie et à trafiquer quelques chars. Les méchants démasqués, l’histoire de cette course folle se termine en pirouette ou plutôt en queue de poisson, puisqu’en définitive tout le monde est gagnant, sauf, peut-être, le lecteur. Pour y gagner vraiment, il vaut la peine de compléter cette lecture par le hors-série que le magazine Science & Vie a publié en parallèle « La vraie vie d’Astérix, en 100 questions ».