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OUI à la modification de la LAT

Pour la première fois de son histoire l’association Archéologie suisse (AS) a donné une consigne de vote à ses membres : ils sont incités à voter OUI le 3 mars 2013 à la modification de la Loi sur l’aménagement du territoire (LAT) dans l’intérêt de la protection du patrimoine, de la nature et des paysages. Cette prise de position (oubliée de publication sur le site Internet des partisans) est la conséquence concrète des nouveaux statuts de la société adoptés le 13 juin 2009 à Genève et qui entérinait de manière officielle la création en son sein de la commission « Archéologie et aménagement du territoire ». La commission, qui compte actuellement  16 membres, se compose de spécialistes et de non spécialistes de l’archéologie. Ses activités, qui concernent la Suisse tout entière, vise à sensibiliser les administrations et les politiques sur les lois, règlements et plans directeurs cantonaux qui peuvent avoir une incidence directe ou indirecte avec l’archéologie, afin de les harmoniser dans les 26 cantons et demi-cantons de la Confédération et les rendre conforme à tous les aspects développés dans la Convention de Malte. Le rapport d’évaluation des plans directeurs cantonaux qu’elle a dressé, représente de manière concrète l’un de ses objectifs.
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Logo pour le OUI

Une autre des taches de la commission doit être  la rédaction de prises de position lors de révisions ou d’introduction de lois susceptibles de concerner le patrimoine archéologique. D’où cette prise de position du comité d’AS sur la modification de la LAT. Le principal argument c’est que comme l’archéologie est une activité à incidence spatiale, toute nouvelle construction sur un terrain non bâti représente une menace potentielle sur les vestiges enfouis, d’autant plus si elle s’établit dans une zone archéologique protégée. La révision de la LAT prévoit que les cantons et les communes perçoivent une taxe s’élevant au moins à 20% de la plus-value foncière touchée par les propriétaires d’un terrain reclassé.  Le produit de cette taxe doit être utilisé à indemniser les propriétaires de terrain déclassé, soit des terrains sortis de la zone à bâtir. Il pourra aussi servir pour financer l’aménagement de places publiques, de parcs et de routes. Dans l’état actuel des lois et règlements cantonaux, si une fouille se révèle nécessaire en zone protégée, c’est généralement les finances cantonales qui doivent en assumer les frais. Dans la perspective d’un nouveau règlement d’application de la LAT, il serait bon de prendre en compte cet aspect des choses et faire en sorte que dans la révision, selon le principe du casseur-payeur, celui qui oblige l’ouverture d’une fouille par sa construction, doivent en assumer les frais. Cela pourrait se faire de manière tout à fait mutualisée en attribuant une part de la taxe sur la plus-value foncière au profit également de l’archéologie lors du classement de nouveaux terrains en zone à bâtir.

Bilan intermédiaire d’Horizons 2015

Vendredi 18 janvier 2013, les archéologues actifs en Suisse dans tous les domaines et époques, se sont donnés rendez-vous à Bâle, dans l’un des auditoires de l’université, pour dresser le bilan intermédiaire du projet Horizons 2015. Rappelons que ce projet – que nous avons présenté ailleurs dans ce blog – a pour but d’améliorer la collaboration entre les diverses institutions et organisations de l’archéologie suisse, soit en premier lieu les services cantonaux, les universités et les musées. La première partie de la rencontre d’hier était consacrée aux diverses activités liées au projet, en particulier celles des groupes de travail formés à l’issue du concours d’idée de 2010. C’est dans cette partie que je suis intervenu en compagnie de Nathalie Duplain pour présenter le rapport établi par le groupe de travail « Nouvelles technologies et médias », créé a l’issue de sa réunion constitutive du 31 août 2011. Dans la seconde partie, furent présentés une dizaine de projets montrant qu’il est possible de mettre en place des collaborations suprarégionales et institutionnelles  allant au-delà de l’esprit de clocher, qui dans sa version suisse alémanique se dit  « Kantönligeist». Mais malgré ces présentations il semble que l’on est encore loin d’une véritable coordination de l’archéologie dans notre pays, car chacun préfère être le maître dans son canton ou son institution plutôt que de se voir imposer des règles venues d’ailleurs.
Horizons2015
Un millefeuille dans un colloque

Dans le cadre du groupe de travail « Nouvelles technologies et médias », nous avons constitué une liste des ressources disponibles en ligne concernant l’archéologie en Suisse, que l’on trouve sur les sites internet des archéologies cantonales, des musées d’archéologie, des universités et des recherches sur Google et Wikipédia. En faisant cela on ne peut que constater que cette présence en ligne poursuit essentiellement un rôle de communication institutionnelle permettant de savoir qui est responsable de quoi, où et quand. Mais si l’on cherche à connaître la richesse des sites suisses, leur localisation et les découvertes qui en sont issues, la tâche se révèle ardue si on ne maîtrise pas la structure dispersée de ces informations, voire tout simplement impossible, dû à l’absence même d’information en ligne dans certains cantons. Il apparaît paradoxal de constater que si un amateur d’archéologie cherche des données synthétiques sur l’archéologie en Suisse, il trouvera ces renseignements plus facilement sur un site étranger que sur l’un ou l’autre des sites des organisations faîtières de l’archéologie suisse, comme celui de la Conférence Suisse des Archéologues Cantonaux ou d’Archéologie suisse. Nathalie Duplain dans son blog résume bien l’ensemble de nos observations. Ce bilan plutôt désolant doit donc encourager le groupe de travail  à poursuivre sur cette lancée pour amener à terme à la création d’un véritable portail Internet de l’archéologie en Suisse, et disposer ensemble toutes les couches d’informations pour en faire un millefeuille digeste.

Les voies de l’archéologie croisent celles du tourisme

Le premier colloque « Archéologie et Tourisme en Suisse » s’est achevé aujourd’hui par une excursion touristique des plus traditionnelles dans les environs de Thoune. Pendant deux jours, une cinquantaine de professionnels des milieux concernés auront pu confronter leurs idées sur la place que doit occuper l’archéologie dans l’offre touristique suisse. Le premier constat qu’ils ont pu dresser c’est que bien que l’archéologie bénéficie de l’intérêt du grand public, la richesse archéologique de la Suisse souffre d’un déficit d’image auprès des offices du tourisme. Face à la pléthore d’offres d’activités soumise aux visiteurs, les quelque 800 sites archéologiques à visiter que compte notre pays ou les Via Storia, ont du mal à se faire une place. Pour les milieux du tourisme, l’archéologie doit commencer par se rendre intéressante.  Mais pour quel type de public ? Charge aux acteurs du tourisme de nous dessiner un touriste.  A défaut de répondre à toutes les questions qui auront été soumises, les discussions auront permis aux uns et aux autres de poser  les bases de la problématique et d’établir des liens pour le futur .
Legionärs Pfad
Extraits de la brochure Legionärspfad

Après la discussion il faut passer aux actes. Parmi les exemples innovants d’intégration de l’archéologie et du tourisme en Suisse, la mise en place du  « Sentier des légionnaires » (en allemand, Legionärspfad)  par le musée du canton d’Argovie (Museum Aargau) est exemplaire de ce que l’on peut faire de mieux dans le domaine de la médiation culturelle pour valoriser l’archéologie auprès des milieux du tourisme. Reprenant l’idée des parcs à thème, mais avec le sérieux scientifique et les connaissances acquises par les archéologues, cette attraction propose d’éprouver l’expérience de vie d’un légionnaire de l’armée romaine le temps d’une journée. A Windisch, groupes, classes d’école, familles et  particuliers sont invités à revêtir l’équipement des recrues et à découvrir  de façon ludique neuf ambiances illustrant la vie de garnison, dans les ruines de ce qui était il y a 2000 ans le camp légionnaire de Vindonissa, l’un des 28 camps des Légions réparties dans l’Empire romain, mais le seul situé sur le territoire suisse.  Parmi les scènes à découvrir signalons celles de la cuisine des officiers, des thermes et de l’aqueduc romain toujours en usage. Certains des lieux à découvrir ne sont accessible aux visiteurs que dans le cadre de cette expérience. Pour les recrues les plus motivées il est même possible de passer une nuit dans un Contubernia, le logement de la troupe parfaitement reconstitué selon les connaissances archéologiques. Là elles peuvent faire du feu, se préparer une bouillie et dormir sur un lit rembourré avec du foin. Des médiateurs particulièrement bien formé, qui ont parfois fait leurs classes au sein de la Legio XI Claudia Pia Fidelis, sont prêts à répondre aux questions des participants. Ouvert du 1er avril au 31 octobre, le Legionärspfad a accueilli en 2011, 33’000 visiteurs et comptabilisé 3600 nuitées.  Ce n’est donc pas un hasard si la réalisation de ce projet à gagné en 2011 le troisième prix du concours « Milestone de Tourisme Suisse » dans la catégorie « Projet remarquable ».

Archéologie et tourisme en Suisse

Les liens entre tourisme et archéologie sont évidents, comme le démontre chaque année à Paestum, en Italie, la Bourse méditerranéenne du tourisme archéologique, dont la 15ème édition aura lieu du 15 au 18 novembre. Pourtant, ce qui semble aller de soit d’une manière générale dans le bassin méditerranéen et dans d’autres régions, n’est pas perçu de la même façon en Suisse, où le tourisme repose avant tout sur la visite de nos villes et de nos montagnes et la pratique des sports d’hiver. En complément du grand concours d’idées engagé en Suisse par le projet Horizont 2015, un petit groupe d’archéologues s’était réuni à Berne,  le 1er septembre 2011, sur le thème «Evènements et communication ». Il s’en était dégagé trois propositions, dont l’une était d’organiser un « Colloque sur l’Archéologie et le Tourisme en Suisse ». Partant de ce projet, deux groupes d’archéologues réunis au sein de deux sociétés privées, ArchaeoConcept et Nomads of Time, ont fondé l’association ArchaeoTourism 2012 chargée d’organiser ce premier colloque, au château de Thoune, du 8 au 10 novembre 2012.

Extrait de la page d’accueil d’ArchaeoTourism 2012

Ce colloque sur l’Archéologie et le Tourisme en Suisse est avant tout destiné aux spécialistes suisses de ces domaines. Comme prolégomènes au programme de ces journées se trouve deux visions: celle de l’archéologie en Suisse expliquée aux professionnels du tourisme, suivie par  celle du tourisme en Suisse expliqué aux archéologues. Pour les premiers, l’idée commune est sans doute qu’il n’y a rien à montrer en Suisse de très intéressant du point de vue archéologique, alors que pour les seconds le tourisme  peut être perçu comme une menace sur les sites qu’ils doivent protéger. Sur cette base de réflexions croisées, quatre ateliers sont prévus. Un premier atelier essayera de définir les bénéfices de l’archéologie pour le tourisme et les avantages du tourisme sur l’archéologie tandis qu’un second s’efforcera de créer un produit touristique en rapport avec l’archéologie. Un troisième groupe sera consacré aux relations publiques et au marketing de sites archéologiques, et le dernier enfin se concentrera sur le thème de l’authenticité et des traditions culturelles, thème phare de Suisse Tourisme en 2013. Les résultats de ces réflexions feront par la suite l’objet d’une publication qui devrait pouvoir éclairer les uns et les autres sur les possibilités d’interactions et de synergies entre ces deux domaines et donner des réponses aux questions suivantes: « Où se situent les chances et les défis pour la coopération entre l’archéologie et le tourisme ? Quelle est la position actuelle concernant le tourisme pour les monuments archéologiques et les sites en Suisse? Une meilleure connexion entre archéologie et tourisme est elle activement souhaitée ? Et le cas échéant, comment y parvenir ? ». Trouver des réponses satisfaisantes à ces questions est un des objectifs fixé par les organisateurs de cette manifestation.  Cet événement devrait aussi permettre aux professionnels de l’archéologie et du tourisme en Suisse de tisser des liens solides entre eux pour la réalisation dans un avenir proche de projets ambitieux. C’est en tout cas tout le bien que nous pouvons leur souhaiter. Si ce colloque vous intéresse pour y participer, les inscriptions sont encore ouvertes jusqu’au 1er novembre.

Course contre la montre à Chevenez

Un site archéologique inconnu a été découvert le 1er mai par un passant, à l’emplacement prévu pour la nouvelle usine TAG Heuer à Chevenez dans le canton du Jura. Les travaux de construction, officiellement lancés par la pose de la première pierre le 3 mai ont dû être arrêté rapidement. Après des discussions que l’on peut qualifiée de serrées avec les autorités jurassiennes et l’entreprise neuchâteloise, les archéologues ont obtenu un délai de six semaines, à partir du 7 mai, pour libérer l’emprise de l’usine établie sur une surface d’environ 70 x 35 m. La zone prévue pour le parking de l’usine sera éventuellement traitée dans un deuxième temps, si besoin. Les couches  archéologiques sont disposées sur une épaisseur de plus ou moins 50 cm sur l’ensemble de la surface. Elles contiennent des vestiges de l’époque romaine, de l’âge du Fer et du Néolithique. Les délais sont très courts, mais TAG Heuer a déjà commandé ses machines de production et il s’agit de 100 à 150 emplois qui sont en jeu. Une course contre la montre est engagée, que l’on espère gagnante pour l’archéologie jurassienne.

Vue du chantier de fouille (Image RTS)

Au-delà d’une découverte anecdotique, c’est la place de l’archéologie dans l’aménagement du territoire et dans les décisions prisent par la promotion économique qu’il nous faut considérer. Une fois encore, des terrains sont offerts à la construction, avant même qu’une campagne de sondage archéologique n’ait pu être mise en route préalablement au chantier. Celle-ci aurait mis rapidement en évidence la présence de vestiges archéologiques sur la parcelle proposée à l’industrie horlogère et aurait permis de donner les moyens en temps de fouiller le terrain, et de livrer à la construction une parcelle libérée de tous vestiges archéologiques. La révision de la loi sur l’aménagement du territoire en discussion actuellement au Parlement prévoit que les propriétaires dont le terrain prend de la valeur suite à un changement d’affectation devront verser à la collectivité 20% de leur gain. Cet argent doit permettre aux cantons de financer les changements d’affectation des zones à bâtir surdimensionnées qui pourraient redevenir  zones agricoles. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas prévoir aussi qu’une partie de cette nouvelle taxe puisse servir aussi à financer  les sondages archéologiques dans les zones à bâtir définies pour les quinze prochaines années.  Cela éviterait dans le futur,  qu’à la veille des travaux de construction, un passant découvre fortuitement un site archéologique, une situation dans laquelle personne n’est gagnant,  en définitive.

Les archives du sol

Le dernier numéro de la revue « environnement », publiée par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) téléchargeable ici, traite dans sa partie dossier des principales fonctions du sol. En tant qu’archéologue aimant ouvrir la terre à la recherche du passé, il est utile de s’intéresser à la façon dont les sols se construisent naturellement par l’accumulation de matières organiques et minérales et sous l’action des organismes qu’ils contiennent ou disparaissent sous l’effet de l’érosion. Mais de manière générale, la plus grande cause de perturbation des sols est actuellement due à l’activité humaine, ce qui nécessite nos interventions sur le terrain. En effet, chaque seconde qui passe dans notre pays, c’est près d’un mètre carré de sol qui est transformé en zone industrielle, en surface d’habitation ou en infrastructure de transport. Le sol est aussi une source de matières premières et l’élément essentiel à la production de notre alimentation. Mais lui et les organismes vivants qu’il contient doivent aussi faire face à un danger de pollution de plus en plus important qui menace leur fertilité, et notre propre survie. Au fil des pages on apprend que le plus grand organisme vivant connu est un champignon, dont le mycélium s’étend sur une superficie de neuf kilomètres carrés, qu’il pèse près de 600 tonnes et qu’il serait vieux de 2400 ans. On apprend également que le ver de terre le plus courant peut appartenir à deux espèces différentes. Cette connaissance doit faire plaisir à une étudiante en archéologie que j’ai connue et qui n’aimait pas fouiller par dégoût des vers de terre.

Hochdorf LU (extrait de la couverture)
Ce dossier instructif se termine avec un article avec lequel il aurait pu commencer, puisqu’il traite de la fonction d’archivage du sol. Il est basé sur une interview d’Elena Havlicek, actuellement collaboratrice à la section protection des sols de l’OFEV, qui a eu l’occasion de participer en tant que pédologue aux travaux archéologiques de l’Office cantonal d’archéologie de Neuchâtel, liés au chantier de Rail 2000 et de l’autoroute A5, en particulier sur le site de Saint-Aubin/Derrière la Croix. Cet article montre combien les sols représentent de bons témoins de l’histoire du paysage, du climat et des hommes, tant et si bien que l’on pourrait même être encouragé à définir des “pédotopes”. De fait, comme le rappelle dans son éditorial Gérard Poffet, sous directeur de l’OFEV, les mots « homme » et « humus » proviennent de la même origine étymologique indo-européenne. Il nous faut donc retrouver ce lien qui uni l’Homme à la Terre, en prônant une utilisation durable du sol, car c’est une ressource limitée . En conclusion, nous devons nous aussi veiller dans nos recherches à sa sauvegarde, au même titre que les sites archéologiques qu’il contient, en séparant et en préservant ses divers horizons dans nos travaux de terrassement. Une partie de nos archives du passé s’y trouve aussi.

AS se présente aux parlementaires fédéraux

Le dernier numéro d’as. , la revue d’archéologie trimestrielle éditée par la société Archéologie Suisse (AS), vient de paraître. Il contient un dossier entièrement bilingue, français et allemand, avec un résumé en italien. Ce dossier, d’une dizaine de pages est dédiés à la société elle-même, qui de manière succincte résume ses buts, ses activités récentes ainsi que le rôle de ses deux commissions (Commission scientifique et Commission Archéologie et aménagement du territoire). En plus des membres d’Archéologie Suisse et des abonnés d’as. , ce numéro a été envoyé à tous les élus des dernières élections fédérales. L’objectif de la société étant de se faire mieux connaître et de donner des indications sur ses orientations à venir. Avec l’achèvement des grands projets autoroutiers, qui, en vertu de l’arrêté du Conseil fédéral du 13 mars 1961, incluaient l’archéologie dans les frais de construction des autoroutes, les archéologues devront établir de nouveaux rapports avec les milieux politiques et économiques, pour assurer le financement des grandes fouilles du futur.

Extrait de la revue as 4/2011

Parmi les nouvelles d’avenir, en plus de la réactualisation en projet du site internet d’AS, on apprend que la Commission de surveillance archéologique pour les Routes nationales, structure chargée de coordonner les interventions archéologiques engendrées par la construction des autoroutes entre l’Office fédéral des routes (OFROU) et les Services cantonaux d’archéologie, et dont un représentant d’AS fait partie, va bientôt être remplacée par une nouvelle structure, en raison du changement induit par la Réforme de la Péréquation financière et de la répartition des Tâches entre la Confédération et les cantons (RPT). Ce changement s’est déjà manifesté au mois de juin de cette année par l’engagement par l’OFROU d’un spécialiste pour les questions archéologiques qui « devra à l’avenir assurer dans tous les cantons l’uniformisation des processus  et des instruments en relation avec l’archéologie des autoroutes ». Souhaitons que les 246 élus du Parlement fédéral fassent un bon accueil à cet envoi non sollicité, et qu’un certain nombre d’entre eux aient à cœur de défendre à l’avenir certains des objectifs liés à la protection du patrimoine archéologique.

Horizons 2015 et médias sociaux

Le concours d’idées lancés par le projet Horizons 2015 l’année dernière a récolté une trentaine de contributions. L’assemblée des délégués a réparti ce printemps ces contributions en quatre thématiques dont on trouve les particularités dans la page « actualité » du site internet de l’association. Entre le 31 août et le 7 septembre, trois groupes de travail se sont formés pour aborder l’une ou l’autre de ces thématiques. Pour ma part je me suis retrouvé dans le groupe de travail dénommé « Nouvelles technologies – médias » qui s’est réuni le 31 août à Fribourg dans la salle de conférence du Service archéologique cantonal. Cinq des participants au concours d’idées étaient présents à cette séance conduite par Georg Matter, membre de l’association faîtière d’Horizons 2015, et l’un des directeurs de l’entreprise ProSpect, l’une des rares entreprises privées active dans le domaine de l’archéologie. Après un rapide tour de table des différentes idées proposées, il fut convenu que la prochaine étape de ce groupe de travail serait de faire une évaluation de tout ce qui existe déjà en matière de communication archéologique en Suisse et, dans une seconde temps, de se demander ce que l’on pourrait faire de mieux pour améliorer la situation.

Exemple d’un réseau archéologique organisé

En première analyse, ce qu’il semble manquer à l’archéologie suisse, c’est une véritable communauté d’intérêt. Qu’il s’agisse des services cantonaux ou des universités on constate que chacun reste cloisonné dans son cadre institutionnel et ses frontières cantonales. Il manque aux archéologues une réelle plateforme commune qui permettrait aux professionnels de communiquer entre eux et de s’adresser en même temps au grand public. Le site internet actuel d’Horizon 2015 ne va pas à l’encontre de cette impression, au vu de l’absence de discussion dans son forum. Il nous manque en somme une véritable utilisation des médias sociaux pour former une solide communauté en ligne, soit d’avoir un ou des «community manager» pour organiser et gérer un vrai réseau social avec toutes les parties concernées. Est-ce que notre attachement au passé nous empêche d’utiliser les moyens du présent pour nous projeter dans l’avenir ? Ou n’est-ce qu’un simple problème de génération ? Je laisse à chacun le soin de répondre à cette question: Que pouvons-nous faire ? et de faire état, ici ou ailleurs, de sa ou de ses solution(s). Pour ma part, en tant que responsable nouvellement désigné du groupe de travail « Nouvelles technologies et médias sociaux», je vais poursuivre ce blog, point de départ de mes réflexions. De plus, à titre personnel, je m’apprête à suivre une formation de spécialiste en médias sociaux et communautés en ligne qui me donnera les moyens, je l’espère, de sortir mon horizon 2015 de l’ornière.

Les Palafittes des Trois-Lacs mis en réseau

Il n’a pas fallut longtemps aux responsables politiques de la région des Trois-Lacs pour voir tout le parti qu’ils pourraient tirer, entre autre d’un point de vue touristique, du classement des sites palafittiques préhistoriques au patrimoine mondial de l’UNESCO. Aujourd’hui, 11 juillet 2011, dans le domaine de Sutz-Rütte, base terrestre des plongeurs d’archéologie subaquatique du canton de Berne, les autorités politiques des cantons de Berne, Neuchâtel, Fribourg et Vaud, comme l’indique ce communiqué de presse, ont manifesté leur volonté de travailler en collaboration plus étroite pour renforcer encore davantage l’identité culturelle de la région. Autour des Trois-Lacs se trouvent 22 sites palafittiques, sur les 111 sites classés par l’UNESCO, sélection d’un ensemble de près de 200 sites palafittiques, soit près de la moitié des 450 sites de Suisse et un cinquième des quelque mille sites se trouvant autour des Alpes. Pourtant il faut encore « rendre visible l’invisible », comme l’indique la brochure d’information et comme l’a rappelé le conseiller d’Etat neuchâtelois Philippe Gnaegi, car tout est encore à faire dans ce domaine. Le 8 juillet, un groupe de coordination a été créé. Ce groupe est composé d’un représentant par canton ayant des sites lacustres. Son rôle sera notamment de veiller à l’application du plan de gestion défini dans la candidature. Il suivra également les procédures de protection.

Le village lacustre de Gletterens

Selon les conclusions de Bernhard Pulver, conseiller d’Etat bernois en charge du département de l’instruction publique et président de l’exécutif, pour mettre en place cette collaboration les quatre cantons se sont fixés quelques priorités: 1° les cantons vont coordonner leurs activités archéologiques sur le terrain et leurs travaux scientifiques dans le cadre des possibilités légales ; 2° la médiation culturelle sera améliorée et renouvelée au moyen de mesures dans le domaine du tourisme avec une extension de l’application iPhone « Pallafites Guide » déjà réalisée; 3° le travail de sensibilisation auprès du grand public et des autorités sera intensifié par des mesures de communication efficaces ; 4° les cantons de Fribourg, de Neuchâtel, de Vaud et de Berne amélioreront la transmission du savoir à l’école primaire, avec l’idée de la mise en place, dans le futur, d’un manuel d’enseignement commun moderne. Mais, comme l’a souligné François Marthaler, il incombera aux cantons et aux services archéologiques cantonaux respectifs, de reprendre la question du financement, entre autres avec l’Office fédéral de la culture. Une implication fédérale forte paraît indispensable. Les musées de la région ainsi que les centres d’interprétation, comme celui du village lacustre de Gletterens, sont appelés a jouer un grand rôle dans le cadre de leurs activités de médiation culturelle.

Archéologie et protection des biens culturels

L’Office fédéral de la protection de la population (OFPP) est l’organe compétent en matière de protection des biens culturels. La section Protection des Biens Culturels (PBC) de l’OFPP travaille en étroite collaboration avec les services cantonaux pour établir un recensement des principales zones archéologiques de Suisse. L’Inventaire PBC 2009 dénombre environ 350 sites archéologiques d’importance nationale. Cet inventaire permet à l’OFPP de soutenir financièrement les services d’archéologie cantonaux dans la création de documentations de sécurités. De plus, la Suisse compte une centaine de musées cantonaux, communaux ou privés dépositaires de collections archéologiques. La Convention de La Haye de 1954 impose aux États contractants la protection et le respect des biens culturels en cas de conflit armé mais aussi en temps de paix. Consacré à l’archéologie, le numéro 17 du Forum PBC (téléchargeable sur le site de l’OFPP) propose 20 articles présentant un aperçu assez complet de l’archéologie suisse et du contexte international dans lequel elle évolue dans le cadre de la PBC.


Extrait de la couverture du Forum PBC 17

Ce numéro traite aussi bien des aspects scientifiques, administratifs, politiques et juridiques de l’archéologie, que des méthodes de prospections ou de fouilles et de conservation en fonction de la nature variable des vestiges. Ainsi, qu’il s’agisse de villages palafittiques submergés, de mosaïques romaines, de châteaux et d’églises du Moyen-âge, ou d’anciennes structures de productions industrielles, des soucis de documentation, de protection et de préservation durable pour les générations futures s’imposent. Cela commence par des inventaires détaillés de ces divers témoignages, et, si on ne peut faire autrement, doit se poursuivre par des fouilles. Se pose alors le problème de la gestion des dépôts de fouilles, souvent pleins à craquer, et disséminés un peu partout sur le territoire dans des lieux pas toujours adaptés à une conservation à long terme. Faut-il pour autant arrêter de fouiller ? Enfin, on répond à la question de savoir à qui appartiennent les objets archéologiques dans un monde qui connait l’usage du détecteur de métaux, le pillage organisé et le trafic illicite de biens culturels archéologiques. L’ensemble des articles a été rédigé par des responsables et des spécialistes dans leur domaine et est instructif pour tous.