Monthly Archives: July 2007

Des paléontologues aux archéologues!

Je ne sais combien de fois, en tant qu’archéologue, des personnes m’ont posé des questions sur les dinosaures, ou bien, m’ont montré leurs fossiles à identifier. Il paraît difficile pour un certain public de faire la différence entre mon métier et celui du paléontologue. Cette confusion est d’autant plus facile à faire dans le canton du Jura, en Suisse, que les deux professions se retrouvent réunies au sein d’une même entité : la section d’archéologie et paléontologie de l’Office de la Culture.

Paléomania

Des dinosaures aux mammouths!

Actuellement est à voir jusqu’au 30 septembre 2007 dans l’Espace Courant d’Art à Chevenez, à une dizaine de kilomètres de Porrentruy, une remarquable exposition intitulée « Paléomania » qui présente en trois langues (français, allemand, anglais) les découvertes récentes effectuées par nos collègues paléontologues sur les chantiers de la Transjurane et dans d’autres gisements fossilifères de l’Arc jurassien, tant en Suisse, qu’en France. Au centre de cette exposition se trouvent les traces laissées sur les plages de l’ère Jurassique par les « terribles lézards » à Courtedoux en Suisse et à Coisia en France. On apprend ainsi à reconnaître par leurs empreintes un Théropode d’un Sauropode. Un film documentaire « Sur la piste des dinosaures jurassiens » complète fort agréablement la visite. Une partie de l’exposition intitulée : « plus tard, je serai paléontologue ! » présente le métier de nos collègues et permettra peut-être au grand public de faire la distinction entre nous. Mais avec une section de présentation de fossiles et d’ossements intitulée « des dinosaures aux mammouths! » je ne suis pas sûr que ce but soit atteint facilement, car si les premiers cités sont bien de leur domaine de compétence, les seconds sont plutôt du nôtre.

Merveilles anciennes contre modernes

Dans quelques heures, sera dévoilé à Lisbonne en présence de nombreuses personnalités, dont, entre autres, Neil Armstrong et Bertrand Piccard, la liste des sept nouvelles merveilles du monde. Cette liste finale, dressée par 70 millions de personnes ayant votés par Internet ou par téléphone, constitue l’aboutissement d’un projet lancé il y sept ans par le suisse Bernard Weber et la fondation The new 7wonders.  Mais, compte tenu de la polémique engendrée autour de la présence ou non des grandes Pyramides du plateau de Gizeh dans le palmarès final, le comité d’organisation a d’ores et déjà décidé d’accorder le titre de grande merveille honoraire à ces monuments, si bien que le monde sera pourvu non de sept merveilles, mais de huit.

Stonehenge

Stonehenge, la plus ancienne des merveilles nominées

Comme les sept merveilles du monde antique étaient essentiellement situées dans le monde hellénisé à l’époque d’Antipater de Sidon, les sept merveilles modernes vont certainement se retrouver dans le monde occidentalisé de Bernard Weber. Je ne donne en effet pas beaucoup de chance aux candidatures trop exotiques, donc plus difficiles à visiter par le tourisme de masse, comme celle de la ville de Tombouctou, des statues de l’île de Pâques, ou des temples d’Angkor. De plus, pour des merveilles modernes, la moyenne d’âge est plutôt élevée puisque plus du tiers des 21 merveilles nominées ont été édifiées il y a plus de mille ans et moins d’un tiers, inférieur à cent ans. Comment dès lors comparer ce qui n’est pas comparable. Entre Stonehenge, la merveille nominée la plus ancienne hormis les Pyramides, et l’opéra de Sydney, la plus récente, c’est un peu comparer des poires et des pommes. Si un critère d’âge avait été pris en compte, cela aurait évité la polémique avec le gouvernement égyptien et on pourrait parler, à plus juste titre, des 7  merveilles du monde moderne.

Autres temps, autres moeurs

Demain, dans l’émission de Radio France le Salon Noir, Vincent Charpentier s’entretiendra avec l’archéologue Antoine Cottard de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) sur une découverte effectuée au mois de janvier de cette année réalisée dans l’aire de la nécropole de la cité gallo-romaine de Mediolanum Aulercorum, de nos jours Evreux dans le département de l’Eure, en France. La particularité des dernières découvertes dans cette nécropole connue depuis le 19ème siècle c’est le dépôt, dans une même fosse, de restes humains avec ceux de chevaux. Si l’association de dépouilles humaines et chevalines est attestée chez les Gaulois d’avant la conquête romaine, cela devient étrange si l’on considère le fait que, sur la base de quelques céramiques caractéristiques, ces vestiges sont datés du 3ème siècle de notre ère.

Fouilles d'Evreux

Un crâne humain entre deux mâchoires de cheval (photo: INRAP)

Sur une surface de 200 m2, ce ne sont pas moins de 126 humains, de tous sexes et de tous âges qui ont été découverts en association avec les restes de 50 chevaux entiers et de 600 parties d’animaux. Certaines mises en scène sont particulièrement surprenantes comme celle de ce crâne humain pris en étau entre deux mâchoires supérieures de cheval. Les archéologues se perdent en conjecture pour trouver une raison à ces regroupements étranges. « Autres temps, autres mœurs » comme dit le proverbe attribué à Pindare. Aujourd’hui, en ce jour pluvieux, après un rite funéraire des plus traditionnel dans l’église du village, mon père, accompagné de toute notre famille et de nos amis, a conduit ma mère pour son dernier voyage vers une plus sobre crémation. Au revoir, maman.