Category Archives: Jeux vidéos

Age of Pop into Classics !

En passant par Toulouse, j’ai eu la chance de visiter au musée Saint-Raymond, juste avant sa fermeture, une exposition particulièrement ludique et intéressante : « Age of Classics ! L’antiquité dans la culture pop » dont le titre résonne en lui-même comme un jeu vidéo (Age of Empire, Age of Mythology). Le texte d’introduction de l’exposition résume bien ce que ses concepteurs souhaitaient apporter, à savoir que « les périodes médiévales et modernes n’ont pas fait disparaître l’héritage antique. Elles l’ont absorbé, préservé, assimilé et transformé. Le monde contemporain et la culture populaire (« pop »), se sont à leur tour emparés des modèles classiques pour donner naissance à de nouveaux héros et à de nouvelles formes d’art dans un contexte mondialisé. « Age of Classics » fait ainsi dialoguer des objets antiques avec des productions réalisées après l’année 2000, pour interroger notre rapport au monde gréco-romain dans ce qui fait notre quotidien : littérature, bande dessinée, cinéma et séries, arts plastiques…Comment l’Europe réinterprète-t-elle son héritage ? Quel est le lien entre Grèce. Rome et Etats-Unis d’Amérique ? Pourquoi l’Asie explore-t-elle l’histoire occidentale dans ses productions ? Pourquoi l’Antiquité n’a-t-elle jamais cessé de circuler, d’être confrontée aux différents temps présents ?
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« Pollice Verso » de Gérôme, derrière Alexios, le héros d’Ubisoft

Dans l’espace d’exposition une cinquantaine d’œuvres très variées associaient art contemporain et figures antiques. Ainsi, le héros du jeu vidéo « Assassin’s Creed Odyssey » est confronté à la fameuse scène du pouce inversé du tableau de Jean-Léon Gérôme, qui a inspiré le geste de la mise à mort dans les péplums. La commissaire scientifique de l’exposition, Tiphaine Annabelle Besnard, dont le projet de thèse de doctorat « (Re)présenter l’Antiquité grecque et romaine dans l’art actuel. Ou les vicissitudes des références antiques à l’heure de la mondialisation » a servi de base à ce dialogue entre anciens et modernes. Pour ce faire, elle a étudié plus d’un millier d’œuvres actuelles produites par des artistes européens, américains et asiatiques qui font de manière explicite référence à l’Antiquité gréco-latine dans leur art. Cette réception de l’Antiquité dans les différents supports de la culture populaire est également le point de convergence d’un groupe de chercheurs réunis dans l’association « Antiquipop » publiés sous l’enseigne du carnet scientifique édité par Fabien Bièvre-Perrin : « l’Antiquité dans la culture populaire contemporaine ». Sans doute, comme le démontre les publicités intégrées dans la vidéo de présentation de l’association que l’on peut associer à cette réflexion la démarche entreprise en son temps par le musée archéologique de Strasbourg dans son exposition « Archéopub ».

Rome Reborn 3.0 face à Assassin’s Creed

Après 22 ans de travail, l’application « Rome Reborn » a été officiellement lancée lors d‘une conférence de presse internationale tenue à l’Association de la presse étrangère à Rome, le 21 novembre de cette année. En fait de lancement, il s’agit de la version 3.0 de cette application dont les versions 1.0 et 2.0 avaient chacune fait l’objet d’une note dans ce blog. Au départ, « Rome Reborn » est une initiative universitaire internationale lancée en 1996, visant à reconstruire la Rome antique à l’aide des technologies numériques. Bernard Frischer, âgé maintenant de 67 ans, est toujours présenté comme le responsable de ce projet d’archéologie virtuelle, qui a pour but la restitution numérique de la ville éternelle en l’an 320 de notre ère, quand l’urbs comptait plus d’un million d’habitants à son apogée, avant que la capitale de l’Empire ne se déplace à Byzance sous l’empereur Constantin. Quoi de neuf dans cette version ? D’abord, contrairement aux versions précédentes qui étaient accessibles gratuitement, en particulier dans Google Earth, cette nouvelle version est payante. La reconstruction 3D est utilisée comme ressource pour une série d’applications fonctionnant sur ordinateurs (Mac, Windows) et des casques de réalité virtuelle (Oculus Rift, Samsung GearVR et HTC Vive).  Elle est développée dans le cadre par une startup appelée Flyover Zone Productions. La version de base permet un survol, comme à bord d’un ballon, des 14 km2 de la ville éternelle enceints dans la muraille aurélienne. Des modules complémentaires, eux aussi payants, permettent actuellement la visite du Forum romain et de la basilique de Constantin et Maxence. D’autres modules sont en préparation, comme la visite du Panthéon et du Colisée, qui devraient être disponibles dans les mois prochains.
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Image écran du trailer de « Rome Reborn »

En consultant le site internet de Rome Reborn, on apprend que Flyover Zone Productions, en charge de la commercialisation du projet, est à la recherche d’un animateur indépendant capable de créer des avatars d’hommes et de femmes, enfants et adultes d’antiques Romains. Mais cette personne, aussi talentueuse soit-elle, doit s’attendre à être rétribuée plus modestement que dans les grands studios produisant des films d’animation ou des films publicitaires. Ceci montre le souci des concepteurs de Rome Reborn d’animer la visite des monuments par des rencontres avec des habitants virtuels de la Rome antique. Avec cela, Rome Reborn pourrait s’approcher de ce que l’entreprise Ubisoft a réalisé dans le jeu vidéo « Assassin’s Creed ». A partir de l’épisode « Origins » de la saga, sorti l’année dernière, situé dans l’Egypte des Ptolémées en 49 av. J.-C. et dans le dernier épisode « Odyssey » sorti cette année, et placé en 431 av. J.-C., un mode découverte permet aux joueurs de déambuler librement et de survoler avec un aigle des décors et des paysages reconstitués avec grand soin par des historiens. Ainsi, j’ai été particulièrement séduit par une visite dans le sanctuaire de Delphes ou chaque monument, chaque trésor, chaque temple, est reconstitué dans son état et son emplacement d’origine. Face aux centaines de millions de dollars investis par Ubisoft dans chacun des épisodes de la saga et les 3 millions de dollars investis pendant 22 ans par Rome Reborn, il y a une différence de moyen qui se traduit immanquablement dans le résultat final des restitutions. Au lieu de chercher un développeur d’animation, Flyover Zone Productions, ferait mieux de s’associer aux producteurs d’Ubisoft pour développer avec eux un épisode d’ « Assassin’s Creed » situé dans la ville éternelle utilisant les données rassemblées par les chercheurs pour « Rome Reborn ».

Qui a vu l’ours ?

Depuis jeudi dernier, date du vernissage de l’exposition, je fais partie des femmes et des hommes qui ont vu l’ours. “L’ours dans l’art préhistorique”, c’est le thème de la nouvelle exposition temporaire du Laténium qui s’est ouverte le 30 mars. Cette exposition déjà présentée au Grand Palais par la Réunion des Musées nationaux français et en collaboration avec le Musée national français de Saint-Germain-en-Laye, s’attache en particulier à la figuration de l’ours pendant la Préhistoire. Comme nous l’indique le texte de présentation de l’exposition «les premières représentations d’ours apparaissent il y a 40 000 ans, à une époque d’intense bouillonnement artistique et spirituel. Les hommes côtoient alors l’ours des cavernes, une espèce éteinte depuis 20 000 ans, et l’ours brun que nous connaissons encore aujourd’hui. Dès la Préhistoire, l’ours s’est vu réserver un traitement artistique particulier qui rend compte de détails bien reconnaissables : ses yeux, son pelage, son dos rond, sa tête trapézoïdale ou encore ses petites oreilles. Le style de ces figures a relativement peu changé au cours des millénaires : l’anatomie de l’ours y apparaît très typée, pour ne pas dire stéréotypée. »
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Borne frontière du Km 0 du Front de l’Ouest de la guerre 14-18.

Une petite application pour tablette numérique réalisée pour toute la famille par le Musée d’Archéologie nationale permet de se préparer à la visite de l’exposition ou de la poursuivre chez soi. Elle nous montre la longue évolution de l’ours qui se présente aujourd’hui sous les traits de huit espèces, dont l’Ours blanc, l’Ours brun, l’Ours noir et le Grand panda. Les ours et les hommes ont souvent fréquenté des lieux communs, en particulier les grottes. Les premiers pour hiverner à l’intérieur, les seconds pour en habiter l’entrée. Il y a environ 150 ans la découverte de l’art préhistorique, parmi lesquelles se trouvent des représentations de l’Ours des Cavernes, fut une preuve supplémentaire de la coexistence de l’homme avec des espèces disparues. Une série « d’objets interactifs » permet de découvrir des figurations d’ours en suivant le tracé de gravures, des traits de peintures ou des sculptures sur des outils en os, des plaquettes en pierre ou sur les parois des grottes. Une fois sorti de l’exposition, on réalise que les ours continuent à peupler notre imaginaire de manière plus ou moins discrète. Cela commence par mon ours en peluche qui trône encore et toujours à la tête de mon lit, en passant par les symboles de villes comme celles de Berlin ou de Berne. Et pas plus tard que cet après-midi, je suis tombé nez à nez sur un ours figurant sur une borne plantée en 1743, par la Principauté épiscopale de Bâle, sur laquelle en 1815 les bernois firent graver leur ours. Cette borne frontière entre la France et la Suisse près de Bonfol dans le canton du Jura marque le Km 0 du front de l’Ouest entre l’Allemagne et la France pendant la Première Guerre mondiale. Gageons que d’ici le 6 janvier 2019, date actuellement prévue pour la fermeture de l’exposition il y aura beaucoup de personnes qui auront l’occasion de rencontrer l’homme qui a vu l’ours.

Horizons 2015 : Le bilan Final

Selon ses organisateurs, le projet « Horizons 2015 » avait pour objectif d’encourager la collaboration entre les diverses institutions et organisations intervenant dans l’archéologie suisse. A la suite du colloque initial de 2010 et du bilan intermédiaire de 2013, la rencontre finale a eu lieu le 11 septembre 2015 sur le thème « résultats et perspectives ». La question des outils numériques utilisés par les milieux de l’archéologie suisse destinés à l’information du grand public était la problématique que le groupe « Nouvelle Technologie et médias », que j’ai pris en charge, a voulu aborder durant les cinq années du projet Horizons 2015. A l’heure du bilan final, nous n’avons pas pu constater beaucoup de changements dans l’architecture des sites Internet des archéologies cantonales, qui en raison de la structure fédérale du pays demeurent la principale porte d’accès de l’information archéologique numérique en Suisse. La grande majorité des sites se développe sous la forme de « brochures », dont la structure est plus ou moins riche, selon qu’elle présente des « Frequent Ask Question », des « News », une liste de sites, des cartes ou des liens vers la législation relative à la sauvegarde du patrimoine. Ces sites reprennent la structure du portail cantonal dans lequel ils sont hébergés. Seuls les archéologues du canton du Jura disposent d’un site Internet qui se développe en marge de la structure du portail cantonal. Mais plus pour très longtemps parait-il. Depuis le bilan intermédiaire de 2013, nous avons remarqué l’actualisation du site Internet d’Archéologie Suisse, et la création en automne 2013 du portail des Sciences de l’Antiquité. Mais, comme les autres, ces sites Internet apparaissent dans leur structure plutôt destinés à donner des informations et des liens à un public de connaisseurs. Il manque donc encore une mise en réseau de tous les acteurs de l’archéologie. Chacun dispose dans son petit coin de pays de toutes les connaissances sur son patrimoine, mais, dans l’ensemble des cas, a de la peine à le mettre en valeur et à le faire connaître à un large public.

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L’heure du bilan final d’Horizons 2015

Nos observations nous ont montrés qu’il existe pourtant un grand potentiel de dispositifs différents aptes à valoriser et mettre en valeur le patrimoine archéologique. Une manière d’attirer l’attention sur l’archéologie c’est, par exemple, de communiquer des informations sur les réseaux sociaux, ou de mettre en ligne des animations ludiques comme le petit jeu « Pfahlbauer von Pfyn » mis en place par l’archéologie cantonale du canton de Thurgovie. L’apparition de nouveaux outils technologiques et numériques pour informer les visiteurs sur les lieux intéressants du patrimoine archéologique nait timidement. L’initiative prise par ArcheoTourism et ArchaeoConcept de créé le «Site du mois» est une voie intéressante pour approcher le grand public. Cette approche pourrait constituer l’amorce  de la mise en place d’une véritable information touristique sur tous les sites archéologiques visitables de Suisse, à l’exemple de ce que l’on trouve en Angleterre avec le site Internet et l’application pour smartphone et tablette numérique d’English Heritage, qui donnent un accès aux sites archéologiques visitables du pays par l’intermédiaire de la géolocalisation. L’usage de la géolocalisation et du GPS embarqué dans les téléphones portables est sans aucun doute une bonne solution pour réveiller la mémoire d’un patrimoine le plus souvent invisible in situ. Comme exemples suisses d’applications utilisant la fonction GPS de nos mobiles signalons : l’application «Palafittes Guide», qui fait l’inventaire de tous les sites Unesco, l’application «Archaeo Tour» qui permet une balade dans le temps, de l’âge du Bronze au Moyen-Age, de la colline de la cathédrale de Bâle, enfin, l’application StoriaBox qui invite à une visite en réalité augmentée de la villa gallo-romaine d’Orbe-Boscéaz et du Castrum romain d’Yverdon-les-Bains. Mais l’objectif final, selon nous, aurait été de disposer sur une même plateforme de l’ensemble des informations disponibles sur les sites archéologiques de Suisse. A l’heure du bilan final d’Horizons 2015, cela n’a pas été fait. Cela pourrait se faire en contribuant au projet de portail sur l’Archéologie, organisé par Wikipédia, dans chacune de nos langues nationales, soit en français, en allemand et en italien.

La Saga de Paris en 3D

Après nous avoir fait découvrir l’hypothèse de Jean-Pierre Houdin sur la construction de la Grande Pyramide, puis nous avoir entrainé dans une reconstitution de la villa de Livie à Prima Porta au bord de la via Flaminia, la technologie 3DVia de Dassault Système va nous permettre d’entrevoir à notre aise les principaux  monuments de Paris  à travers le temps en 3D interactive. Le lancement officiel de cette nouvelle animation doit avoir lieu ce soir à 21h sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. C’est à  une expérience interactive inédite comme le montre le teaser de l’évènement que sont conviés les Parisiens et les hôtes de la capitale la plus visitée au monde, par plus de 20 millions de touristes par année. Neuf écrans géants seront mis en œuvre pour présenter des extraits des vues réalisées pour faire ce programme.

Visite libre du Forum romain de Lutèce

On peut d’ores et déjà parcourir en visite guidée ou en navigation libre (avec la souris et/ou le clavier) divers monuments comme l’oppidum de l’époque gauloise de -52 av.J-C. au moment de la conquête de la Gaule par Jules César  ou les Arènes, les Thermes et le Forum de la Lutèce gallo-romaine vers 210 après J.-C. D’autres monuments sont en préparation comme le Louvre sous Charles V , Henri IV et  Napoleon 1er ou La Bastille lors de la révolution française. En plus de la navigation sur Internet, une application pour  i-Pad, un livre en réalité augmentée  édité aux Editions Flammarion et une série documentaire sur 3 DVDs édités par Studio Canal permettront dès le 3 octobre de prolonger l’expérience.

La fabuleuse découverte de Brazul

Le dernier numéro de la revue AS d’Archéologie suisse nous apprend qu’au cœur de l’Amazonie, à la frontière entre le Venezuela et le Pérou, une expédition d’archéologues lausannois a découvert en 2008 les vestiges d’une civilisation précolombienne disparue. En 2009, une campagne de fouille, menée en accord avec le Departamento del patrimonio arqueológico du Venezuela, permis de mettre au jour une quantité incroyable de tessons de céramique d’une qualité et d’une facture tout à fait exceptionnelle dans les couches inférieures, alors que les niveaux supérieurs livraient une production mal cuite et plus sommaire. Des datations radiocarbones de l’ensemble des couches permettent de dater le niveau le plus ancien du 2ème siècle avant J.-C., alors que la dernière couche date du 7ème siècle après J.-C.

Expédition à Brazul
Les membres de l’expédition de 2008.

L’emplacement de cette découverte, dénommé « Brazul », selon un mot emprunté à la langue locale, devient ainsi le site éponyme d’une nouvelle grande culture précolombienne, la civilisation brazulienne. Pendant le Brazulien ancien (2ème siècle av. J-C – 5ème siècle apr. J.-C), on voit se développer une culture dans laquelle la poterie semble progressivement prendre la place prépondérante, tant et si bien qu’au Brazulien moyen (6ème apr. J.-C), la production et la consommation deviennent hors de proportion avec les ressources locales. La forêt alentours a été surexploitée, tant et plus qu’en son absence, au Brazulien récent (7ème siècle apr. J.-C.) la poterie connait un rapide déclin, tant en quantité, qu’en qualité, avant de disparaître complètement, dans des circonstances tragiques et sanglantes. Une exposition «Brazul» présente, jusqu’au 1er mai 2011 au Musée romain de Lausanne-Vidy , un film de l’expédition ainsi que de nombreuses pièces de céramique brazulienne, qui permettent de mesurer l’ampleur de cette fabuleuse découverte.

Archéologues et vidéos

Aujourd’hui étant un jour particulier de mon existence, je me suis demandé quel regard véhicule sur ma profession d’archéologue un média comme You Tube visionné tous les jours par des millions de personnes. Rien de plus facile que d’y entrer le mot clé « archéologue » ou « archaeologist » et de voir ce qu’on y trouve, soit 108 occurrences pour le premier terme et 1440 pour le second. Impossible de tout voir rapidement entre parties de documentaires, bandes annonces et cours métrages, mais, confiant dans la sérandipité du média voici quelques unes des découvertes que j’ai pu y faire.

archaeologist

Profession: archéologue.

D’abord un petit reportage traditionnel sur le travail d’archéologue, qualifié de métier « cool ». Poursuivons par l’archéologue qui aurait aimé se produire à Broadway, et qui profitant du passage de visiteurs sur son chantier improvise quelques pas de danses en poussant la chansonnette. Ensuite, deux petits films d’animation : l’un pour nous dire que se pencher au-dessus d’une fouille peut créer une surprise et l’autre pour encourager, en chanson, les célibataires à épouser un archéologue. Dans le registre comique deux caricatures d’archéologues l’une signée par les Monty Python qui débattent et se battent à propos de « l’archéologie aujourd’hui » et l’autre présentant la sémillante Traci, en archéologue amateur. Enfin, je ne peux m’empêcher de terminer ce petit examen du métier, vu à travers You Tube, par une présentation d’Indiana Jones en version Lego et de Lara Croft, «la meilleure archéologue de tous les temps », deux jeux vidéo qui nous rappellent que pour les jeunes, malgré nous, archéologue est synonyme d’aventurier. Trop cool !

Cinquante ans de briques Lego

Les briques Lego ont 50 ans aujourd’hui. C’est en effet le 28 janvier 1958, à 13h58, selon les agences de presse, que Godtfred Kirk Christiansen, le fils du créateur de l’entreprise familiale créée en 1932, Ole Kristiansen, déposait le brevet de ces célèbres briques en plastique multicolores. C’est avec elles que j’ai passé toute mon enfance, et même, une partie de mon adolescence en édifiant, entre autres, des temples grecs, des villas romaines ou des pyramides, ce qui a contribué sans aucun doute à mon intérêt pour l’histoire et à ma vocation d’archéologue. J’aimais également réaliser des labyrinthes, pleins de portes dérobées donnant accès à des passages secrets, au fond desquels, gisaient quelques trésors que mon petit frère devait découvrir après avoir surmonté les embûches que j’avais placées sur le chemin de l’aventurier qu’il manipulait. A l’époque, par la seule force de notre imagination, deux briques carrées, assemblées l’une sur l’autre, représentaient nos personnages. Ce n’est que plus tard que la firme Lego, en plus des briques de base, produisit elle-même ses petits bonhommes, pour répondre à la demande des enfants et à la concurrence des Playmobils.

Indi Lego

Indiana Jones en bonhomme Lego

Depuis 1981, l’aventurier des enfants et des plus grands à un nom, il s’appelle Indiana Jones. Pour répondre à la demande des chasseurs de trésor en herbe, la firme Lego avait créé elle-même un petit bonhomme en forme d’aventurier à moustaches et favoris, dénommé Johnny Thunder, héros des boîtes Lego Adventures. Las, après le succès rencontré avec la franchise de la série Star Wars, et profitant de la sortie le 21 mai 2008 du film «Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal », la firme Lego a pris également une franchise sur les aventures du héros et lance des boîtes à thème avec le nom et l’effigie du célèbre archéologue. Exit son aventurier maison dont les dernières boîtes ont été soldées. Place au seul et unique Indiana Jones. Enfin, comme dans le cas de Star Wars, la firme Activision sortira également un jeu vidéo Lego basé sur les trois précédents volets filmés des aventures de l’aventurier. La sortie du jeu, dont le trailer est déjà en ligne, est prévue le 6 juin, soit à peine deux semaines après le film. Pleins de futurs cadeaux en perspective pour mon fils, afin que vivent encore longtemps, auprès des enfants et des parents, les briques Lego.

Truelles & Pixels

Comment faire découvrir ce que c’est que l’archéologie à la jeune génération ? Par le livre, bien sûr! Pour ma part, je me souviens encore de mon premier livre sur le sujet paru dans la collection « l’Encyclopédie des juniors » intitulé « Civilisations perdues ». Mais aujourd’hui, il y a, en plus, la toile. C’est par ce dernier média que la Maison de l’Orient et de la Méditerranée (MOM) et le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ont l’ambition d’initier les jeunes à mon métier, par l’entremise d’un site Internet spécialement dédié à cette tâche: « Truelles & Pixels », site qui existe également en version anglaise et espagnole. Sur des pages encore en cours de réalisation, les concepteurs ont prévu de présenter une série de thèmes liés au domaine, comme l’archéologie préventive, l’industrie lithique, la cartographie, l’archéologie funéraire, l’archéobotanique ou l’épigraphie.

Truelles & Pixels

Le marché de Pundranagara

Pour l’heure, deux enquêtes archéologiques ont été mises en lignes. La première se situe au Bangladesh sur le site de l’antique Pundranagara, l’actuelle Mahasthan, au cours de laquelle les jeunes internautes sont initiés aux techniques de fouille et à la découverte d’un objet dans son contexte. On commence par rencontrer Antaka, un jeune garçon de 8 ans, ayant vécu deux siècles avant notre ère. Sous le titre « Le bélier d’Antaka » on suit le destin d’un jouet en terre cuite lui appartenant, de son acquisition à son abandon, jusqu’à sa remise au jour. Dans la seconde enquête, située en Mésopotamie, c’est à la rencontre de la domestication des animaux et à l’archéozoologie que Yoma, une petite fille du Néolithique des bords de l’Euphrate initiera les jeunes internautes. Peut-être que, après avoir parcouru les pages de ce site, à l’exemple de celles du livre de mon enfance, « Truelles & Pixel » suscitera des vocations.

Choc de Civilization

Contrairement à ce qu’en dit une certaine presse pour effrayer des parents qui n’ont pas prise dans l’univers informatisé de leurs enfants, les jeux vidéos ne sont pas tous violents et permettent même d’acquérir des connaissances.

Parmi ces jeux intelligents, je recommande avant tout la série des Civilizations, dont la version IV, la dernière, avec son extension Warlord peut être qualifiée de meilleur jeu de stratégie actuel. Le but de ce jeu n’est rien moins que de diriger un peuple (à choisir parmi une vingtaine) vers son brillant destin : devenir la première civilisation a envoyer une fusée dans l’espace, a s’imposer par le rayonnement de sa culture et de sa religion, ou a parvenir à conquérir militairement le globe. Les conditions de victoire sont donc multiples et se modèlent au goût du joueur. Civilization est avant tout un jeu de gestion où l’agilité et la dextérité ne jouent aucun rôle, au contraire de la stratégie et de la tactique.

début de civilization

Début de partie sur une carte du monde

Le jeu commence au début du 4ème millénaire av.J.-C. par la fondation d’une première ville, la capitale. Au commencement, seule la région située autour de la capitale est connue, le reste du monde demeurant Terra incognita. Ce n’est qu’en envoyant des explorateurs au loin et en échangeant des cartes avec les autres peuples que petit à petit on se fait une idée plus précise des contours du vaste monde dans lequel on se trouve plongé. A la suite des découvertes, la gestion consiste en premier lieu à savoir placer ses colonies et ses routes dans les endroits les plus intéressants afin de s’assurer le contrôle des ressources – matières premières et produits de luxe – réparties sur le globe. Ce qui permet le plus souvent d’obtenir une victoire c’est de parvenir à progresser plus rapidement que les autres nations dans la séquence des techniques. Et dès le départ il faut se poser des questions cruciales comme : vaut-il mieux commencer par la découverte de la poterie, l’exploitation minière ou celle de la roue ? quel régime politique privilégier et quelle religion adopter? C’est à ce genre de choix épineux que l’on se trouve confronté tout au long de cette simulation de l’aventure humaine. En outre, en fonction du niveau de difficulté choisi, il sera plus ou moins facile de s’assurer une avance technologique sur les civilisations concurrentes.
En marge de ce parcours historique il faudra aussi décider des Grandes Merveilles mondiales que l’on aimerait construire, pour disposer d’un surcroît d’influence culturelle. Le choix de réalisation est vaste. Cela part des Grandes Merveilles de l’Antiquité (la grande Pyramide, le Colosse, le grand Phare et bien d’autres) à l’Ascenseur spatial qui permet de doubler la vitesse de production de son vaisseau spatial.
Si on est de nature pacifiste, on peut établir avec ses voisins des relations diplomatiques et commerciales permettant de maintenir un régime de paix. A moins que, le temps d’une partie, on préfère se transformer en un nouvel Alexandre, César, Gengis Khan ou Napoléon et se tailler un empire à sa démesure, grâce à la puissance de ses troupes.
Mais même dans le premier cas, selon l’adage bien connu, qui veut la paix prépare la guerre, on aura soin d’investir dans une force armée dissuasive, apte à calmer les ardeurs guerrières d’un voisin belliqueux.
Pour accroître ses connaissances, on peut à tout moment consulter la Civilopédia qui donne des renseignements complémentaires sur les personnages, les unités militaires, les bâtiments et les choses que l’on est amené à construire ou à rencontrer au cours du jeu.
Enfin, si aucune civilisation ne réussi à s’imposer d’une manière ou d’une autre avant l’an 2050 de notre ère, c’est alors le nombre de points de civilisation accumulés qui déterminera le dirigeant vainqueur de la partie.
En résumé, Civilization est un jeu captivant que l’on peut recommander aux jeunes dès 10 ans, qui demande, à l’instar d’une partie d’échec, calme et réflexion, tout le contraire d’un jeu d’action violent. Et si par la suite vous en avez assez de vous mesurez à des civilisations gérée par l’ordinateur, il est possible d’affronter d’autres joueurs humains en réseau ou sur internet.
Pour plus d’informations, des conseils, des scénarios et des parties multijoueurs, voir le site internet civfr.com, le dynamique forum de la communauté francophone des joueurs.