L’Antarctique est encore un continent à découvrir. Pendant ces dernières semaines, le journaliste de la RTS Bastien Confino était à bord du navire scientifique Akademik Treshnikov pour rendre compte de la mission “Antarctic Circumnavigation Expedition” (ACE), la première mission organisée sous l’égide du Swiss polar institute. Cette expédition consistait à faire le tour de l’Antarctique en bateau pour réaliser de nombreuses expériences scientifiques. Dans ce reportage, un des interlocuteurs du journaliste relevait qu’il faut plus de temps pour rallier une base antarctique en bateau qu’il n’en faut à des astronautes pour rejoindre la Lune. Hier soir, j’assistais à la conférence de Lizzie Meek, chef de programme pour le Antarctic Heritage Trust de Nouvelle-Zélande, dont la tâche principale consiste à veiller à la conservation des huttes des premiers explorateurs de l’Antartique, à savoir : Scott, Shackleton, Borchgrevink et Hillary. Depuis plus d’une dizaine d’année la Nouvelle-Zélande a entrepris un véritable programme de conservation du matériel et des bâtiments abandonnés en Antartique dans la baie de Ross par les premières expéditions de ce dernier continent découvert par l’humanité. De fait, en association avec ces quatre camps de base, c’est une collection de plus de 20’000 objets qu’il faut traiter et conserver. En comparaison, sur la Lune, les astronautes de la mission Apollo 11 n’ont laissé qu’une centaine d’objets.
Parmi les objets abandonnés en Antarctique se trouvent des boîtes de conserve. Breveté au début du 19ème siècle, les boîtes représentent une importante innovation technologique et l’un des symboles de la société de consommation. Elles sont présentes dans de nombreuses collections de musées. Cependant, leur conservation est problématique, car de graves phénomènes de corrosion peuvent se produire sur elles, soit en relation avec leur environnement, soit en fonction des propriétés basiques ou acides de la matière organique qu’elles contiennent. La problématique de la conservation des conserves alimentaires présentes dans les collections muséales était le sujet d’un atelier qui s’est tenu aujourd’hui à Neuchâtel par les chercheurs du projet “Conservation of cAns in collectioNS” (CANS). Ce projet de recherche est inscrit sous la responsabilité de Régis Bertholon, directeur de la Haute Ecole Arc Conservation-restauration qui supervise le travail de Laura Brambilla, une docteure en chimie, qui s’occupe de la partie opérationnelle de cette recherche, financée par le Fonds national suisse. Avec l’aide de différents partenaires, un état de conservation de quelque 150 boîtes provenant de cinq collections helvétiques, dont l’Alimentarium à Vevey, ou le musée Burghalde à Lenzburg, a été dressé. Il apparaît ainsi que les conserves métalliques qui ont été fabriquées avant les années 1960 sont plus résistantes que les plus récentes. Par exemple, la première boîte de petits pois sortie de l’usine de l’entreprise Hero, en 1886, a encore son contenu et se trouve dans un excellent état de conservation. Dans le processus de fabrication des boîtes récentes, la couche d’acier, et surtout la couche d’étain, s’est amincie, ce qui les rend moins chère à produire, mais ce qui diminue leur potentiel de conservation. Cela aurait été bien de penser à cela avant de constituer des réserves dans nos abris anti-atomiques.