Monthly Archives: June 2012

L’archéologie à la une au Liban

L’archéologie fait cette semaine la une de l’actualité libanaise. En cause, la destruction d’installations portuaires phéniciennes opérée mardi dernier sur le site de  Minet el-Hosn à Beyrouth par  les promoteurs d’un complexe immobilier en construction malgré l’opposition manifestée par un mouvement citoyen trois jours auparavant. Le ministre libanais de la Culture, Gaby Layoun, a été mis directement en cause par les membres de l’Association pour la protection du patrimoine libanais (APPL), car il a émis la décision écrite de déclasser la zone de Minet el-Hosn du patrimoine historique à protéger, permettant à l’entreprise de construction d’opérer la destruction du site. Cette décision résulte d’une controverse entre diverses commissions d’experts. La première nommée par l’ancien ministre de la Culture atteste l’existence des vestiges de cales de bateaux datant de l’époque phénicienne alors que la deuxième, chargée par l’actuel ministre de procéder à une nouvelle étude, rejette catégoriquement ce rapport. Les organisations et les experts internationaux consultés se prononcent plutôt pour la première hypothèse. Mais comme le souligne Pascale Ingea, présidente de l’APPL, « que le site soit ou pas un site de cales, ou qu’il soit une simple carrière, comme d’aucuns le prétendent, rien ne justifie la destruction de vestiges historiques ! ». L’APPL est une jeune ONG  fondée en 2010, apolitique, et qui s’est fixé pour objectif la protection du patrimoine libanais. Elle a commencé son combat pour la protection du port phénicien lorsque l’actuel ministre de la Culture a refusé de publier dans le Journal officiel la décision de son prédécesseur, qui classait le port « patrimoine culturel ».

Le port avant sa destruction  (photo:  APPL)

Autre sujet à la une et de crainte pour le passé libanais, le sort qui sera réservé aux vestiges de l’hippodrome romain de Beyrouth à Wadi Abou Jmil. Mis au jour en février 2008, cet hippodrome présente trois rangées de gradins, de 15 mètres chacune, et les restes de la spina. Selon un projet de construction en cours d’élaboration, un centre commercial doit être édifié sur ces ruines. Toutefois, selon le ministre de la Culture, le site devrait être maintenu en l’état et mis en valeur dans le cadre d’un musée. « Loin de détruire l’hippodrome, a-t-il ajouté, le projet rendra tout à la fois le site accessible, compréhensible et attrayant pour le plus large public possible et permettra le développement du bien-fonds. Ce n’est pas une solution médiane que nous proposons mais une opération sérieuse. Le plan d’aménagement, insiste M. Layoun, protégera l’hippodrome romain de l’érosion des éléments naturels et des herbes folles, et permettra qu’il soit visité par tous les temps».  La décision finale concernant ce projet sera prise par le Conseil d’Etat libanais. Pour suivre ces diverses affaires,  je vous invite à suivre le blog de Marie-José Rizkallah, auteure de plusieurs articles relatifs au dossier, sur le site Libnanews.com.