Monthly Archives: January 2010

Premières perspectives d’Horizons 2015

Aujourd’hui  s’est tenu à Berne le colloque inaugural d’Horizons 2015, qui devait rendre compte de la situation actuelle et des perspectives à venir de l’archéologie en Suisse. Le moins que l’on puisse dire c’est que la vision globale que l’on peut avoir de l’archéologie helvétique est celle d’une véritable galaxie en expansion, dont les différents éléments semblent insérés dans quelques nébuleuses aux contours  flous et mal définis. Ce foisonnement est certes une richesse mais l’absence de structures et de liens unissant l’ensemble des acteurs du domaine constitue indéniablement une faiblesse, surtout vis-à-vis des autorités de tutelles que sont la Confédération et les Cantons. Il apparaît ainsi clairement que tant que les archéologues ne trouvent pas une plateforme commune pour parler d’une seule voix et qu’aucune harmonisation des pratiques archéologiques ne s’établit entre les Cantons, il sera bien difficile de se faire entendre et d’obtenir une amélioration de notre situation, en particulier pour financer l’archéologie préventive et la recherche.  Pour répondre rapidement à ce problème une solution simple est préconisée : il faut que la Confédération, signataire de la Convention de Malte, se charge de la faire appliquer dans chacune des ses parties, à savoir les Cantons.

H2015
HORIZONT HORIZONS ORIZZONTE 2015

Parmi les interventions de cette journée, il faut remarquer celle du représentant des étudiants  des branches de l’archéologie des Universités suisses, qui ont fondés, le 3 octobre 2009, une organisation faîtière « arCHéo-studis », à l’instar de celle dont disposent les étudiants de langue allemande depuis 2005, dans le cadre de la « Dachverband Archäologischer Studierendenvertretungen ». Le but de telles associations, est de vouloir offrir aux étudiants une voix commune vis-à-vis des universités, des politiques et du public. Elle vise aussi à défendre la préservation des instituts et séminaires des branches archéologiques, à soutenir  les collaborations interdisciplinaires et à favoriser la mobilité des chercheurs.  Il est évident que les petites branches qui gravitent autours de l’archéologie sont bien souvent menacées lors des réformes induites par le processus de Bologne.  A l’issue de la discussion générale, c’est sur une citation d’Henri Ford que s’est conclue cette journée pleine d’espoir pour l’avenir : «Se réunir est un début ; rester ensemble est un progrès ; travailler ensemble est la réussite».

La candidature des sites palafittiques est déposée

Comme vient de le faire savoir l’Office fédéral de la Culture (OFC) ce matin dans un communiqué de presse, c’est demain, 26 janvier 2010, que le dossier de candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO des « sites palafittiques préhistoriques autours des Alpes » sera officiellement déposé à Paris par Jean-Frédéric Jauslin, directeur de l’OFC,  de même que par les membres permanents des pays associés. Le calendrier du plan d’action pour cette candidature, établi l’année dernière, est ainsi respecté. Les experts du  Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) qui forment la commission consultative de l’UNESCO pour le Patrimoine mondial procèderont dès cet été à l’examen de cette candidature. Le comité du patrimoine mondial prendra sa décision en juin 2011, dans le cadre de sa session.
Montilier-Platzbünden
Champ de pilotis en cours de fouilles à Montilier-Platzbünden

Cette candidature, placée sous l’égide de la Suisse, concerne des gisements situés dans quinze cantons suisses ainsi qu’en France, en Allemagne, en Autriche, en Italie et en Slovénie. Le dossier final comporte un inventaire standardisé de tous les sites palafittiques (soit près de 1000) connus à ce jour ainsi qu’une documentation plus complète pour 156 sites, situés dans ces six pays. Une liste des 156 gisements retenus peut être téléchargée sur le site Internet de l’OFC. La reconnaissance de ce patrimoine devrait, en théorie, n’avoir aucun impact sur l’affectation des surfaces concernées par les sites nominés et leurs zones tampons qui devraient être déjà mis à ce jour sous protection par les différentes législations nationales et cantonales. Mais, en pratique, qu’adviendra t-il pour un site lacustre inconnu placé en plein milieu d’une zone de développement? La réponse à cette question pourrait nous être donnée cette année par la commune de Chevroux, dans le canton de Vaud, sur la rive sud du lac de Neuchâtel, qui possède deux stations lacustres retenues dans la liste (La Bessime et Village). Dans cette localité, la réalisation du futur parking du port sur une surface de 12’000 m2 risque sérieusement de menacer la conservation de vestiges palafittiques. Le cas échéant, ce patrimoine sera-t-il digne d’être conservé, ou autorisé à détruire ? Réponse en 2011, également !

Découverte d’une mine de silex à Olten

Pour tous les archéologues travaillant en Helvétie, le silex de couleur blanc-crème d’Olten est bien reconnaissable, car il constitue sur le Plateau suisse, et en particulier dans les palafittes du Néolithique bordant les rives des lacs, une des principales matières premières siliceuses importées pour la confection de l’outillage lithique. Connu depuis 1922, les gîtes de silex d’Olten n’ont fait l’objet, pour l’instant, que d’observations et de fouilles sommaires. Depuis décembre 2009, en relation avec un projet de nouvelle construction, le service archéologique du canton de Soleure a l’opportunité de fouiller un complexe minier creusé  dans une falaise calcaire au lieu-dit Chalchofen, à la périphérie de la ville d’Olten. L’ensemble des galeries dégagé a une longueur totale de 24m. Il est heureux que dans ce cas, une véritable recherche scientifique soit mise en place pour mieux connaître l’exploitation de ce matériau dans la région.
Minières de Petit-Spiennes
Puits d’accès des minières de Petit-Spiennes (photo : J-L Dubois)

La presse, relayant le communiqué de nos collègues soleurois de cette semaine, se fait l’écho de la découverte de cette mine de silex en la qualifiant d’«unique en Suisse». Si on ne peut que se réjouir de la mise au jour d’un tel gisement il nous faut cependant nuancer l’enthousiasme des journalistes car cette mine est loin d’être aussi unique. En effet, même en Suisse, une autre mine à été mise au jour, et à fait l’objet d’une fouille, celle de la Löwenburg à Pleigne, dans le canton du Jura. Et en Belgique, les minières néolithiques de Spiennes près de Mons, sont suffisamment importantes dans leur ampleur pour avoir fait l’objet d’un classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. La mine découverte à Olten offre cependant l’occasion, assez rare dans notre pays, d’approcher  de près un centre d’exploitation  industrielle  des rognons de silex au Néolithique. Pour permettre aux personnes intéressées par le sujet, une journée porte ouverte des fouilles aura lieu à Olten, samedi 23 janvier 2010, de 10h à 16h.

Les horizons de l’archéologie suisse vers 2015

Sous le titre « HORIZONS 2015 – Un forum pour l’archéologie en suisse » de nombreuses associations, groupes de travail et organisations qui s’occupent d’archéologie en Suisse rassemblent leurs compétences respectives pour fixer les défis qui attendent les milieux de l’archéologie dans les années à venir. Parmi ceux-ci se trouvent  la destruction constante et régulière du patrimoine archéologique encore enfoui, dont seule une petite partie fait l’objet de fouilles, ainsi que l’absence dans sept cantons sur vingt-six d’un véritable service archéologique cantonal. Selon ses initiateurs, « le projet HORIZONS 2015 a pour ambition, au cours des cinq prochaines années, de créer un forum qui permettra à tous les acteurs de l’archéologie suisse de développer des concepts et des stratégies communs au-delà des limites institutionnelles et structurelles. »
Horizons 2015
Affiche officielle du colloque (image: Horizons 2015)

Pour lancer cette réflexion générale un colloque inaugural intitulé « Archéologie en Suisse – Situation et perspectives »  aura lieu le 29 janvier 2010 à Berne. A cette occasion, les milieux de l’archéologie (archéologies cantonales, Confédération, Universités, associations professionnelles, musées, Archéologie Suisse…) exposeront leur vue de la situation en présentant leurs missions et leurs structures, tout en dégageant les concepts principaux de l’archéologie vis-à-vis de la politique, du droit et de l’approche des publics. Toutes les informations utiles, ainsi que le programme détaillé de cette journée sont accessibles sur le site internet du forum Horizons 2015. Ce colloque s’adresse à toutes les personnes intéressées de près ou de loin à l’archéologie, professionnels, étudiants ou amateurs, qui peuvent s’y inscrire en ligne. Pour les organisateurs « l’archéologie suisse peut devenir plus que la simple somme de ses institutions et de ses «acteurs». C’est à nous de lui créer un avenir. Profitons de cette occasion pour amorcer un processus qui nous ouvrira de nouveaux horizons ! ». Je souhaite que leurs bons vœux, en ce début d’année, soient entendus !