Monthly Archives: June 2008

De part et d’autre du Summus Poeninus

La route du Grand-Saint-Bernard a toujours constitué une voie de transit privilégiée à travers les Alpes pour relier l’Italie, au Nord de l’Europe, et ceci malgré son altitude élevée de 2473 m au-dessus de la mer. Des fouilles effectuées dès la fin du XVIIIe siècle par les chanoines de l’Hospice ont mis au jour au sommet du col que les Romains appelaient Summus Poeninus, une série d’édifices culturels, comme un temple dédié au dieu Penn et des aménagements routiers et hydrauliques. Pour témoigner de ce riche passé, une association, baptisée Pro-Grand-Saint-Bernard, a vu le jour en 1984, dont un des buts est de conserver et mettre en valeur le patrimoine historique et culturel du col. De plus, un programme européen Interreg III (2000-2006) a donné les moyens financiers, de part et d’autre de la frontière, de dégager des vestiges, de récolter un abondant mobilier archéologique et de compléter la connaissance du rôle joué par le col au cours de l’histoire des deux régions limitrophes.

Summus Poeninus
La voie romaine du col

Le 11 et 12 avril 2008, s’est tenu à Fort de Bard dans la Vallée d’Aoste un séminaire de clôture de ce vaste projet pluridisciplinaire Interreg III placé sur le thème de «l’archéologie des voies et des passages dans les Alpes à l’époque romaine: cols, sanctuaires, viabilité et relations commerciales ». Lundi, c’est l’archéologue cantonal du Valais, François Wiblé, qui a présenté au journal Le Nouvelliste la publication qui résulte de toutes les communications soumises. L’ensemble des travaux s’est concentré, pour l’essentiel, sur deux sites : le plan de Jupiter côté italien et le replat de Barasson aménagé sur le versant suisse. Placé sous la direction conjointe de Lorenzo Appolonia, Patrizia Framarin et François Wiblé l’ouvrage, intitulé « Alpis Poenina, Grand Saint-Bernard. Une voie à travers l’Europe », rassemble en 493 pages, les contributions des archéologues suisses et italiens. Leurs analyses montrent, entre autres, que le col du Grand-Saint-Bernard a été fréquenté dès l’époque préhistorique ce qui, soit dit en passant, n’étonne plus personne depuis la découverte d’Ötzi. Cet ouvrage de référence, destiné avant tout aux scientifiques, devrait contribuer à réactualiser les informations du musée de l’hospice et pourrait être suivi, à terme, d’un ouvrage synthétique destiné au grand public.

Forum Julii, à découvrir !

C’est bientôt le temps des vacances. Pour les amateurs d’antiquités qui passeront par le sud de la France pourquoi ne pas entreprendre une visite du Forum Julii, autrement dit, Fréjus ? Ville fondée par César en 49 av. J.-C. au moment du siège de Marseille, sa rade accueillit en 31 av. J-C., après la bataille d’Actium, trois cents vaisseaux pris par Auguste à la flotte d’Antoine et Cléopâtre. Les éditions du Patrimoine, sous mandat du ministère de la Culture, ont publiés il y a un mois un guide de Fréjus qui permet aux visiteurs, pour 12 euros, de se renseigner rapidement sur l’histoire et le patrimoine fréjusien. Du reste, la municipalité, consciente de l’importance de ce patrimoine pour son attractivité culturelle, a pris le parti de faire rénover prochainement l’amphithéâtre romain avec l’aide et le soutien des monuments historiques. Les travaux devraient commencer à la fin de l’année et s’achever 18 mois plus tard pour offrir à terme une nouvelle structure d’accueil pour des spectacles en plein air, en plus du théâtre romain et de son festival.

Théâtre de Fréjus
Elévations aux abords du théâtre (photo : ville de Fréjus)

Une autre initiative mérite d’être rapportée, celle de la mise en ligne, sur le portail de la ville de Fréjus, de pages internet sur l’histoire et l’archéologie de la cité. Cette partie du site est issue de la collaboration entre les services du patrimoine de Fréjus, de la communication de la ville et d’un étudiant de l’institut Ingémédia de Toulon, Dorian Boyer. Ce dernier, dans le cadre d’un stage de quatre mois, s’est attelé à la tâche d’offrir aux habitants et aux visiteurs de Fréjus des rubriques d’informations utiles concernant le patrimoine, comme celle concernant l’actualité des fouilles archéologiques passées ou en cours dans la ville, ou par la possibilité de télécharger des fiches thématiques sur ses monuments, comme le théâtre et l’amphithéâtre. La partie animation devrait être complétée dès que l’animateur culturel, récemment recruté, entrera en fonction. La réalisation de telles pages est un exemple que nous voudrions voir suivi par toutes les municipalités en charge d’un patrimoine culturel important.

Une nécropole mérovingienne à Echenoz-la-Méline

Au cours d’une opération diagnostique effectuée sur un chantier de construction de deux maisons individuelles à Echenoz-la-Méline en Haute-Sâone une équipe de l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP) a mis au jour une nécropole mérovingienne datant du 6ème siècle. Compte tenu de la surface à disposition et des trente tombes reconnues, dont cinq fouillées, David Billoin, responsable de l’opération, estime à cent le nombre total de sépultures enfouies dans ce terrain de 1500 mètres carrés.

Sépulture d'Echenoz-la-Méline
Une sépulture en caisson dallé

Pour David Billoin, spécialiste reconnu du Haut Moyen Age, la découverte est importante. Parmi les objets mis au jour se trouvent des scramasaxes (sorte de poignard à un seul tranchant) et des plaques-boucles de ceinture. Selon le blog de la commune d’Echenoz-la-Méline, les ossements découverts doivent être retirés aujourd’hui pour être étudiés en laboratoire. En attendant la publication d’un premier rapport – d’ici la fin du mois – le site sera recouvert et mis sous protection avant qu’une décision de fouilles, en accord avec le propriétaire du terrain, ne soit prise.

Voyage au bout de la nuit à l’Archaeorama

Rossella Lorenzi est journaliste pour la chaîne de télévision Discovery Channel. Depuis quelques mois elle rédige, Archaeorama, un blog sur l’actualité de l’archéologie. Il y a quelques semaines elle s’est mise en tête de créer une extension de son blog dans l’univers virtuel de Second Life (SL). Ainsi, son avatar, Rossy Morenz, a inauguré le 18 mai dernier dans SL, l’Archaeorama; un centre pour une archéologie 3D interactive. La première exposition présentée dans cet espace s’intitule « La chambre des secrets » (Chamber of Secrets), une libre adaptation de trois importants textes funéraires de l’Ancienne Egypte  l’Am-douat, le Livre des Cavernes et le Livre des Portes. Les anciens Egyptiens croyaient que pour renaître à la vie éternelle les défunts devaient accomplir un voyage nocturne de douze heures, le Douat, à l’instar de Rê, le dieu Soleil, qui disparaît le soir avant de réapparaître le lendemain.

Archaeorama chambre 5
Ci-gisent les damnés de la cinquième heure

Chaque heure de la nuit est représentée symboliquement par une porte et une salle que la barque de Rê et son équipage doivent franchir et dans laquelle se trouve une embûche ou une énigme à surmonter. Ainsi dans la septième salle, illustrant la septième heure, le voyageur est confronté au serpent Apopis et doit lui échapper. Le voyage se termine chaque matin à la douzième heure, avec le levé du soleil, symbole de la renaissance. Du point de vue visuel, cette présentation est basée sur les clichés du photographe Sandro Vannini ayant servi d’illustrations au livre de Zahi Hawass « The Royal Tomb of Egypt : The Art of Thebes Revealed ». Ce voyage au bout de la nuit s’accomplit sur le sim Jeju/194/160/100. Pour ceux de mes lecteurs, dépourvus d’un avatar, qui voudraient néanmoins se faire une idée du projet de Rossella Lorenzi, elle a mis en ligne un petit clip vidéo réalisé en Machinima, une technique pour filmer en temps réel des actions accomplies dans un monde virtuel.

L’art néolithique roumain s’expose à Olten

C’est sous le patronage du Président de la Confédération, Pascal Couchepin, et du Premier Ministre de la Roumanie  que s’est ouvert aujourd’hui l’exposition «Steinzeitkunst – Frühe Kulturen aus Rumänien » qui n’est autre que la transposition de l’exposition « A l’aube de l’Europe, les grandes cultures néolithiques de Roumanie » montée l’année dernière à Bucarest et dont ce blog s’était déjà fait l’écho. Grâce à la collaboration entre le Musée national d’histoire de la Roumanie (MNIR) et la société savante genevoise Hellas et Roma, le Musée historique d’Olten (Historisches Museum Olten) peut s’enorgueillir d’être l’hôte jusqu’au 5 octobre 2008, d’une remarquable présentation d’objets qui, pour la plupart, peuvent être admirés pour la première fois hors de leur pays d’origine.

Le penseur de Cernavoda

Le “penseur de Cernavoda”

Les artéfacts présentés proviennent de presque toutes les régions de Roumanie et des collections d’une trentaine de musées. Selon une agence de presse roumaine, le directeur général du MNIR, Crisan Museteanu, a déclaré que “c’est la plus importante exposition de ce genre jamais organisée par la Roumanie à l’étranger”. Parmi les pièces présentées, il a mentionné “Le penseur de Hamangia”, statuette en terre cuite (5000 – 3000 av. J.-C.), la céramique de Cucuteni (3700 – 2500 av. J.-C.), les idoles en or de la période finale du néolithique, tels les idoles de Moigrad (2e – 1er siècles av. J.-C.), des pièces de la culture Gumelnita (Ve millénaire av. J.-C.). Après Olten, les Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles accueilleront cette exposition en octobre.