Que nous le voulions ou non, nous sommes tous liés à une histoire, celle de notre famille, des lieux où nous avons grandit ou de ceux que nous avons visités. Plus concrètement ce lien s’exprime à travers nos souvenirs, parfois matérialisés par des objets ou des photographies. C’est de ce postulat que sont issus plusieurs initiatives privées ou publiques pour exhumer ce passé personnel et le mettre à la disposition du collectif. Dans sa nouvelle exposition « Émotions patrimoniales», visible jusqu’au 5 janvier 2020, le Laténium nous propose ainsi de découvrir les photographies et les témoignages de particuliers en rapport avec le patrimoine archéologique ou historique de la Suisse. Ces éléments sont issus de la vaste collecte nationale réalisée l’année dernière de mai à octobre 2018 sous le slogan « Montre-moi ton patrimoine ». Cette année, à l’occasion de la Journée Internationale des musées du dimanche 19 mai et des 40 ans du canton du Jura, le Musée jurassien d’art et d’histoire (MJAH) à Delémont a entrepris une collecte similaire d’objets, de photographies ou de documents qui dans l’histoire des personnes évoquent aujourd’hui une facette du dernier-né des cantons suisses. Une centaine de personnes, dont moi-même, ont répondu à cet appel d’un jour et furent photographiés avec l’élément prêté. Les objets et témoignages ainsi récoltés sont eux susceptibles d’être exposés de juin à septembre au MJAH.
Un guide de balades locales
Mais hors des institutions officielles, des initiatives privées démontrent aussi l’attachement que chacune et chacun d’entre nous peut entretenir avec son passé. Ainsi à Asuel, dans le canton Jura, ou à Rochefort, dans le canton de Neuchâtel, des personnes se sont mobilisées pour mettre en valeur et sauvegarder les ruines du château dominant leur village. Avec l’aide et l’assistance de leur Office du Patrimoine, des bénévoles recrutés aux alentours ou par l’intermédiaire d’une association, se chargent de dégager les vestiges des murs, dans lesquelles certains d’entre eux ont des souvenirs qui remontent à leurs jeux d’enfants. Dans le canton du Jura, ce sont encore deux passionnés du passé, Stéphane Stegmüller et Josy Beuchat, qui se sont mis ensemble pour extraire de leur mémoire et d’anciens documents tous les toponymes de la Commune et de la Bourgeoisie d’Undervelier, leur village, afin qu’ils ne tombent pas dans l’oubli en raison des nouvelles dénominations des rues et des bâtiments imposées par la Poste ou les cadastres communaux. Le résultat de cette recherche fut la publication en novembre de l’an passé, d’une brochure avec textes, cartes et photographies, dont les deux cents exemplaires (limite imposée par les droits de Swisstopo) se sont écoulés avec succès dans la population locale en quête d’identité. Pas plus tard qu’aujourd’hui et de même que hier, c’est en compagnie de mon épouse native elle aussi de ce village que j’ai arpenté les terres d’Underich et comme Johnny, j’en suis venu à fredonner : «Souvenirs, souvenirs, je vous retrouve dans mon cœur ».