Monthly Archives: May 2007

Voies sans histoire? A voir!

Pendant près de vingt ans, de 1984 à 2003, la Confédération a fait effectuer l’inventaire des voies de communication historiques de Suisse (IVS). Le fruit de ce long travail, pris en charge par le centre pour l’étude du trafic ViaStoria est maintenant achevé et peut être consulté en ligne. Pour fixer cet inventaire dans la législation et prendre, par la suite, toutes les mesures de protection et d’entretien visant à conserver à long terme les éléments essentiels du cheminement, le gouvernement vient de lancer une procédure de consultation relative au projet d’ordonnance sur la protection des voies de communication historiques de Suisse (OIVS). Le projet est en consultation jusqu’au 31 août 2007. Selon ce projet d’ordonnance, la publication et la consultation de l’inventaire, compte tenu du grand volume de données, doit se faire de manière électronique et non sur papier. A l’heure actuelle l’interrogation sur Internet de ces informations est libre, mais il se pourrait qu’à l’avenir une taxe soit perçue pour couvrir les coûts imputables à la publication électronique. Souhaitons que l’intérêt général de faire connaitre l’histoire des itinéraires au grand public conduira la Confédération à renoncer à prélever une telle taxe.

Pont Saint-JeanÂ

Le pont Saint-Jean à Saint-Ursanne

L’inventaire mis en ligne par l’Office fédéral des routes (OFROU) se présente sous la forme d’un système d’information géographique (SIG), dont les objets constituent un recueil d’itinéraires entre deux lieux. D’après un principe commun à tous les inventaires fédéraux, l’IVS classe les voies historiques en trois catégories : nationale, régionale et locale. Pour l’instant, seuls les objets d’importance nationale ont été étudiés en détail. Il incombera aux cantons de compléter les fiches d’inventaire pour les objets d’importance régionale et locale. Chaque parcours d’importance nationale est muni d’une description plus ou moins détaillées et reporté sur une carte de terrain pouvant aller jusqu’à l’échelle 1 :25’000 selon un modèle standard. Comme en rend compte la bibliographie en relation avec les descriptions données pour chaque itinéraire, les fouilles archéologiques de ces dernières années ont permis d’attester et de reconnaitre la structure de nombreuses voies de communications. On ne comprend dès lors pas pourquoi la société Archéologie suisse ne figure pas parmi les organisations de la protection de la nature et du patrimoine invitées à donner leur avis sur le projet d’ordonnance. Nonobstant cela, cette plate-forme de documentation interactive montre la voie à suivre pour diffuser l’information au plus grand nombre. On peut souhaiter par la suite la mise en place d’une interface de type participatif pour étoffer et compléter les descriptions et pourquoi pas, au final, un inventaire des voies de communication historiques de Suisse sous la forme d’un wiki pour mettre en commun les connaissances et les documents de tout un chacun.

Scipion n’est pas arabe

Autrefois situé dans un cadre campagnard le mausolée romain de Sétif connu sous le nom de Tombeau de Scipion, est aujourd’hui complètement cerné par l’extension de la ville algérienne. L’association « Mémoire de Sétif », créée en 1995 pour « établir un espace de réflexion, d’harmonie entre la société civile et sa richesse archéologique » ne parvient pas, si l’on se rapporte à un article paru dans la Tribune d’Alger, à faire passer dans la population l’idée d’une plus grande protection du patrimoine historique et archéologique de la cité. Un promoteur songe même sérieusement à détruire le mausolée pour permettre de nouvelles constructions, prétextant que Scipion « n’est même pas arabe ».

Tombeau de Scipion à Sétif

Le Tombeau de Scipion dans son cadre actuel

L’exemple de Sétif montre que la protection du patrimoine pour être efficace doit être le fait de toute la société civile et non d’une poignée d’amoureux de vieilles ruines. Sans ce soutien, et ce consensus on ne peut éviter la dégradation des monuments, voire leur destruction, quand bien même des lois les protèges. Ainsi, la loi algérienne relative au patrimoine culturel du 15 Juin 1998 définit comme patrimoine culturel de la nation, tous les biens immobiliers sur et dans le sol légués par les civilisations qui se sont succédées de la préhistoire à nos jours. Comment insuffler le respect des vieilles pierres dans une population? Il faut avant tout qu’elle puisse se reconnaître dans ce passé, qu’il soit le sien propre ou qu’elle se le soit approprié. Les lois à elles seules, ne suffisent pas.

Les mammouths ont chaud

Les articles et les informations sur les changements climatiques foisonnent. Difficile d’y échapper tant le sujet est à la mode. Mais en plus d’être une préoccupation pour le futur immédiat de certaines régions et même, à plus longs termes, pour l’humanité tout entière, ils constituent actuellement une menace pour la conservation de certains vestiges du passé. Un document publié par l’Unesco et accessible en ligne, présente quelques cas de sites appartenant au patrimoine mondial susceptibles d’être fortement affectés par ces changements.

Mammouth

Au temps des mammouths (Extrait de l’affiche du MHNN)

Ainsi, l’élévation générale de température est en train de dégeler le permafrost qui a su conserver jusqu’à aujourd’hui les témoignages organiques de ces géants de la steppe herbeuse qu’étaient les mammouths. Il apparaît de plus en plus que cette espèce du groupe des Proboscidiens n’aurait pas survécu à la transformation trop rapide de son environnement survenue à la fin de la dernière ère glaciaire. Cette disparition est emblématique de la manière dont les changements de températures peuvent avoir une influence directe sur la biodiversité, dont le 22 mai dernier était déclarée journée mondiale. Le réchauffement en cours est en train de faire disparaître rapidement les dernières carcasses de cet animal, qui à l’instar de celle baptisée Jarkov, sont parvenues en bon état de conservation jusqu’à nous. Avec le réchauffement climatique, la seconde disparition des mammouths semble programmée. En attendant, une exposition montée par le Muséum national d’histoire naturelle de Paris et actuellement à voir jusqu’au 16 septembre au Muséum d’histoire naturelle de Neuchâtel en Suisse leur rend un dernier hommage sous le titre : « Au temps des mammouths ». En plus, pour le même prix d’entrée, l’exposition « Aglagla », à voir jusqu’au 21 octobre, permet d’aborder le problème du climat et de ses variations.

La nuit et le jour au musée

Ce soir, c’est la nuit des musées. Cette soirée va permettre au public de découvrir les institutions muséales en dehors de leurs heures d’ouverture habituelles. Pour l’occasion le ministère français de la culture a dédié à l’événement un site internet qui semble avoir eu pour tâche de réunir tous les programmes des musées européens participants, y compris extra communautaires, puisqu’on y trouve également ceux de Suisse, de Russie et de Turquie. Malheureusement la coordination et l’information ne semblent pas encore bien fonctionner dans le domaine muséal car on constate qu’un bon nombre d’institutions participantes n’ont pas transmis leur programme sur ce site. On compte encore quelques conservateurs qui continuent à fonctionner en vase clos et qui n’utilise pas toutes les ressources des nouvelles technologies de l’information à leur disposition.

Journée ICOM 2007

La journée au musée (extrait de l’affiche ICOM)

Chaque année, autour du 18 mai, a lieu la journée internationale des musées organisée sous le patronage du Conseil international des musées (ICOM). Cette année, la trentième journée internationale des musées est placée sous le titre générique : « Musées et patrimoine universel ». Week-end oblige, et pour faire suite à la nuit, cette manifestation a lieu demain, 20 mai, dans de nombreuses villes. Cette journée donne l’occasion aux professionnels d’aller à la rencontre du public pour que le musée soit une institution au service de la société et de son développement, selon la définition qu’en donne l’ICOM. Alors, bonnes visites à tous, en tous lieux, de jour comme de nuit.

Hellènes et Helvètes s’accordent

Près de deux ans après l’entrée en vigueur en Suisse de la Loi sur le transfert des biens culturels (LTBC), la Confédération, par l’entremise de Pascal Couchepin, chef du département fédéral de l’intérieur, a signé, aujourd’hui 15 mai, un accord bilatéral avec la Grèce sur le retour et l’importation de biens culturels avec le ministre grec de la Culture, Giorgos Voulgarakis. Des accords de même nature ont été signés avec l’Italie et le Pérou à la fin de l’année dernière.

Parthénon de BÂle

Moulages des frises du Parthéon à Bâle

La Loi sur le transfert des biens culturels représente l’application par la Suisse de la Convention de L’Unesco de 1970 concernant les mesures à prendre pour interdire et empêcher l’importation, l’exportation et le transfert de propriété illicites des biens culturels. N’ayant pas eu une approche impérialiste de la Culture, la Suisse ne dispose pas dans ses collections publiques de grands monuments de l’antiquité grecque en demande de restitution comme on en trouve à Paris, Londres ou Berlin. Si la Skulpturhalle de Bâle permet certes d’apprécier la puissance artistique des frises du Parthénon, la présentation ne constitue au demeurant qu’une copie en plâtre des fragments d’origine. A défaut de voir la Grande-Bretagne restituer les frises originales enlevées par Lord Elgin en 1801, la Grèce devrait s’inspirer de la présentation bâloise pour offrir quelque chose à voir du Parthénon aux futurs visiteurs du nouveau Musée de l’Acropole à Athènes. Initialement prévu pour être ouvert à l’occasion des derniers jeux olympiques en 2004, puis ce printemps, le nouveau musée, conçu par l’architecte franco-suisse Bernard Tschumi, ne devrait être inauguré que l’année prochaine, selon l’invitation pour 2008, que vient de transmettre le ministre grec de la culture à son homologue suisse.

La Pierre-à-Mazel a déménagé

Pour des raisons économiques et politiques, les archéologues et les conservateurs du patrimoine bâti ne peuvent empêcher des grands projets de constructions et d’infrastructures de se réaliser même s’ils menacent directement des vestiges du passé. Ainsi doivent-ils bien souvent se résoudre à la destruction de témoignages anciens pour faire place au progrès, lorsqu’il prend la forme d’un barrage, d’une autoroute ou d’un centre commercial. Dans le meilleur des cas un relevé du bâtiment ou une fouille du gisement pourra être exécutée avant la destruction. Mais une autre solution, si l’on tient vraiment à la conservation du monument peut être envisagée : le déménagement. Tout le monde a en mémoire le déplacement des temples d’Abou Simbel et de Philae, lors de la construction du grand barrage d’Assouan. Un ancien pont de Londres fut aussi déplacé pierre à pierre aux Etats-Unis. De façon beaucoup plus modeste c’est cette solution que les Travaux publics de la ville de Neuchâtel, en Suisse, ont choisi de privilégier dans le cas de la Pierre-à-Mazel.

Pierre-à-Mazel

La Pierre-à-Mazel sur son nouvel emplacement

Ce rocher, qui était autrefois un petit îlot rocheux du lac de Neuchâtel, a été désigné le 10 mai 1537, par Jeanne de Hochberg, comtesse souveraine de Neuchâtel, pour marquer la limite orientale du rivage concédé aux bourgeois de la ville du dit lieu. L’extension de la cité s’étant opérée par des remblayages successifs sur le lac, entre le 18e et le 20e siècle, de même que par la fusion avec une petite commune limitrophe, a fait perdre au rocher et son statut d’îlot, et celui de borne communale. De plus, les remblais ne laissaient plus apparaître depuis cent ans que son sommet. Enfin, en 2003, le projet de construction d’un centre commercial et du nouveau stade de la Maladière devait signifier la disparition définitive du rocher. Pour éviter l’irrémédiable et la perte d’un monument naturel à valeur historique, la décision fut prise en 2004 de prélever lors du chantier de construction le sommet du rocher pour le garder en témoignage. Cette borne insolite a été déplacée il y a quelques jours de 2 km en direction de l’est, et, aujourd’hui, 470 ans après Jeanne de Hochberg, une petite cérémonie a rendu au sommet du rocher son rôle de borne frontière. Ce vestige à rejoint, du même coup, d’autres témoins du passé rassemblés dans le parc archéologique en plein air du Laténium, le musée cantonal d’archéologie de Neuchâtel, sis sur la commune voisine d’Hauterive.

Tomb raider en Cisjordanie

L’un des archétypes de l’archéologue est le chasseur de tombe, que les anglophones désignent de tomb raider. De là, le titre de la série qui met en scène l’archéologue virtuelle Lara Croft. On sait grâce à l’histoire qu’Hérode le Grand, fut institué roi de Judée par la volonté de la puissance romaine, entre 37 et 4 av. J.-C. En plus de nombreuses autres constructions, comme celle de Césarée et de Massada, il décida de faire construire une citadelle et un palais à l’emplacement de sa victoire sur la dynastie des Asmonéens, site qu’il baptisa de son propre nom : Hérodium. Il en fit également le lieu de sa sépulture. Voici maintenant trente-cinq ans que l’archéologue israélien Ehud Netzer et son équipe sont à la recherche du tombeau du roi bâtisseur. Le roi Hérode est bien connu par les écrits de Flavius Joseph sur La Guerre des Juifs et est cité à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament. Le site d’Hérodium se trouve à douze kilomètres au sud de Jérusalem, en territoire palestinien. D’où l’importance symbolique, à bien des égards, de cette recherche.

Palais d'Hérodium

Le palais d’Hérode à Hérodium

Dans une conférence de presse tenue hier à l’université hébraïque de Jérusalem, l’archéologue a présenté l’aboutissement de ses longues années de fouilles. L’essentiel de la découverte se résume en un ensemble de fragments d’un grand sarcophage en calcaire ocre provenant de Jérusalem, et dont certains éléments sont pourvus de motifs décoratif en forme de rosettes. Mais, si de fait, l’emplacement d’Hérodium est incontestable il n’en va pas encore de même de la tombe d’Hérode. En effet, en l’absence d’une inscription ou d’une autre preuve tangible, rien ne permet de prouver que le site et les vestiges mis au jour par l’équipe israélienne sont bien ceux du tombeau et du sarcophage du roi Hérode. En attendant que de nouvelles découvertes aillent dans ce sens, il semble prudent d’attendre une confirmation. Mais après trente-cinq ans de recherche, la patience est éprouvée et il apparaît temps de trouver ce que l’on cherche depuis longtemps. Même si ce fut un peu long, pour Ehud Netzer, il n’est jamais trop tard pour entrer dans le cercle fermé des tomb raiders qui ont réussi.

Le patrimoine marocain revalorisé

Le patrimoine archéologique du royaume du Maroc est riche, mais de l’aveu même de ses responsables il manque de soutien et d’intérêt de la part de la population. Le site de Volubilis, le plus fréquenté du pays, est à 97% visité par des touristes étrangers. De plus par manque d’entretien les 26 sites classés que compte le royaume, se dégradent d’année en année. C’est pour rendre plus attirant le site phare de Volubilis dont les infrastructures sont particulièrement délabrées, que le ministère marocains de la Culture a signé le 10 avril un protocole d’accord avec la fondation ONA, spécialisée dans l’action socio-culturelle. Le projet prévoit la construction d’espaces d’accueil, de bâtiments administratifs, d’un laboratoire de recherches et de réserves, ainsi que l’édification d’un musée. Ce réaménagement devrait constituer le prélude à la remise en valeur d’autres vestiges comme ceux du site de Sala.

Volubilis

Volubilis, péristyle de la maison aux colonnes

Une autre façon de rendre sensible ce patrimoine, c’est de le faire mieux connaître à l’intérieur et à l’extérieur. C’est la mission que l’Association des Lauréats de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (ALINSAP), s’est donnée en lançant le 8 avril un site Internet dédié aux monuments historiques et sites archéologiques du Maroc. La présentation de ce patrimoine sur le site interactif de l’association est divisé en trois périodes: préhistorique, antique et islamique. Outre des informations et des données historiques sur ce patrimoine, le portail présente des photos et maquettes des différents sites et monuments. Le site propose également une compilation des textes et lois marocaines et internationales sur la protection du patrimoine historique, documents qu’il est toujours bon de rappeler et d’avoir à portée de quelques clics.

Khéops révélé dans Second Life

Le 30 mars, était présenté à la Géode à Paris une nouvelle hypothèse sur la construction de la Grande Pyramide dont ce blog s’était fait l’écho. Un jour plus tôt, le 29 mars, l’agence d’événements Carré Bleu Marine responsable de l’organisation de cet « events » médiatique s’implantait sur Second Life. Pour ceux qui ne connaissent pas cette application, disons que Second Life est un univers en trois dimensions ou 3D que l’on explore à l’aide d’un avatar ou personnage virtuel. Le logiciel développé par la société Linden Lab permet de recréer les environnements les plus divers, de construire des bâtiments et des infrastructures, de mettre en place des animations, de faire des costumes, etc. Et tout cela est fabriqué par les joueurs eux-mêmes. Avec ses multiples possibilités, Second Life constitue un outil intéressant non seulement pour les créateurs de formes, tels qu’artistes, architectes et designers, mais également pour la médiation culturelle et les activités muséales.

Kheops sur Harmonia

En route pour une visite de la Pyramide sur Harmonia

C’est ce que l’agence Carré Bleu Marine a bien compris. Elle a ouvert aujourd’hui 2 mai un espace d’exposition dans Second Life pour révéler la théorie de Jean-Pierre Houdin auprès des millions de résidents que compte cet univers 3D. Pour l’occasion a été recréé un petit échantillon d’Egypte ancienne sur la plage de sable de son île virtuelle appelée Harmonia avec ses obélisques, ses hiéroglyphes, sa barque solaire et bien sûr sa pyramide dans laquelle comme Blake et Mortimer on s’aventure à la recherche de son mystère. Mais l’élément essentiel de la démarche est d’expliquer, en français et en anglais, à l’aide de panneaux d’informations ou en assistant à une projection du monde de « Khéops révélé », présentation multimédia téléchargeable, réalisée par Dassaults Systèmes avec son visionneurs 3D temps réel VIRTOOLS. Une belle découverte à faire avec votre avatar, si vous en avez déjà un, ou comme première étape de votre seconde vie, si vous décidez d’en créer une.