Monthly Archives: May 2011

Philologos Dionysios

Samedi 28 mai 2011, à l’Aula de l’Université de Neuchâtel, a été offert au Professeur Denis Knoepfler l’ouvrage intitulé « Philologos Dionysios » qui réunit un ensemble d’articles écrits par ses élèves et disciples et qui constitue ce que dans l’on appelle dans le monde académique des « Mélanges ». Les contributions figurant dans ces Mélanges, proviennent de 24 auteurs qui sont issus des deux familles académiques constituées autour de Denis Knoepfler, soit Neuchâtel et Paris. Il fut à l’Université de Neuchâtel professeur ordinaire d’archéologie classique et d’histoire ancienne, et à Paris, il demeure professeur au Collège de France, dont il occupe la chaire d’épigraphie et d’histoire des cités grecques. Il est également membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres et de la British Academy.

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Extraits de la couverture de l’ouvrage.

C’est un nom relevé sur une inscription découverte à Erétrie qui a donné son titre à l’ouvrage. L’inscription honore un bienfaiteur de la cité d’Erétrie, un certain Mantidôros, qui parmi ses bienfaits se voit gratifié de l’engagement d’un philologue venu d’Athènes, prénommé Dionysios (Denis en grec), dont la tâche devait être de donner des leçons aux jeunes hommes et aux membres de la classe supérieure. L’association entre une homonymie et la similitude de la profession était trop belle pour la laisser passer, d’autant moins, que dans une certaine mesure Denis Knoepler fut un temps résident d’Athènes en tant que membre de l’Ecole française, et actif à Erétrie dès 1964, avec l’Ecole Suisse d’Archéologie en Grèce. C’est là du reste que ses compétences philologiques purent s’exprimer de façon éclatante, grâce à la correction qu’il fit d’un texte de Strabon, ce qui a permis en 2007 la découverte probable de l’emplacement du sanctuaire d’Artémis Amarysia à Amarynthos en Eubée. Philologue, Denis Knoefler l’est indubitablement, car en tant que commentateur il cherche, et parvient souvent, à faire connaître toutes les subtilités d’un texte. Après les diverses allocutions élogieuses des personnalités convoquées pour la circonstance, DK dut plaider « non coupable » d’avoir initié la réunion de cette assemblée. Au terme de sa réponse, en paraphrasant Poliphile dans Les Amours de Psyché et Cupidon de Jean de La Fontaine, il termina sa plaidoirie en disant:
“J’aime le grec, l’amour, les livres, la musique,
La ville et la campagne, enfin tout ;
Il n’est rien qui ne me soit souverain bien
Jusqu’au sombre plaisir d’un cœur mélancolique.”

Journées de l’archéologie et Fête de la nature

Le mois de mai, outre les mariages, semble propice aux manifestations d’envergure. Après la nuit européenne des musées et la journée internationale des musées, ce week-end se sont les amis de la nature et de l’archéologie qui se donnent rendez-vous dans le cadre de deux organisations distinctes. En France, aujourd’hui et demain, ont lieu les deuxièmes journées de l’archéologie. Après une première journée organisée avec succès en 2010 par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) et la chaîne de télévision Arte, les Journées de l’Archéologie deviennent un rendez-vous culturel et scientifique national, organisé sous l’égide du ministère français de la Culture et de la Communication. Cet événement vise à sensibiliser le public aux enjeux contemporains de la recherche archéologique, à ses disciplines et ses méthodes, comme à la richesse et la diversité du patrimoine archéologique. Encore une fois, comme il y a deux semaines, les musées d’archéologie seront également mis à contributions puisque le thème de cette année est « De la fouille…au musée ». Sur le programme de la manifestation 33 « portes ouvertes » sont proposées sur des chantiers en cours de fouilles. Des sites archéologiques font l’objet d’ouvertures ou de visites exceptionnelles. Dans les monuments et les musées, conservateurs et archéologues proposent au public une présentation des collections éclairée par leur expérience de terrain. Les Journées nationales de l’Archéologie sont aussi l’occasion pour le public de découvrir les différents métiers pour mieux saisir le processus qui relie le terrain, l’analyse des résultats en laboratoire et la présentation des vestiges.

Journées de l'Archéologie
Extrait de l’affiche des Journées de l’Archéologie.

De leur côté les amis de la nature, poursuivent la 5ème édition de la Fête de la Nature commencée le 18 mai partout en France. Cette année le thème de la manifestation est “L’insolite à votre porte !”. La Fête de la Nature est un événement national, qui permet à tous de vivre des rencontres au cœur des sites naturels les plus remarquables ou les plus quotidiens sous la désignation de la nature en ville! Suivant nos voisins français, la Fête de la nature se déroule pour la deuxième fois dans toute la Suisse romande! Plus de 70 partenaires se sont associés à la revue La Salamandre et à son rédacteur en chef Julien Perrot, pour proposer plus de 200 sorties et événements gratuits aux amoureux de la nature. Et parfois, ces derniers sont également passionnés par l’archéologie. Du reste, en Suisse, les textes de loi qui concernent l’archéologie se trouve contenus dans la Loi fédérale du 1er juillet 1966 sur la protection de la nature et du paysage (LPN), ce n’est donc pas un hasard. Ainsi, d’une certaine manière, il semble normal que spécialistes de l’archéologie et de la protection de la nature se retrouvent ensemble, le temps d’un week-end, pour procéder ensemble à la réfection d’un mur en pierres sèches ou a échanger leurs connaissances sur l’histoire des forêts, par exemples. A quand donc des journées de l’archéologie en Suisse, voire même une organisation commune de ces deux manifestations en France et en Suisse ? Ne serait-ce pas un beau mariage ? En plus d’y participer, on a le droit d’en rêver.

Voyage dans le temps avec son iPad

La société italienne Illusionetwork vient de lancer l’application i-MiBAC Voyager suite de l’application Voyager X-Drive. L’application i-MiBAC Voyager transforme un iPhone ou un iPad en une véritable machine à voyager dans le temps. Elle vous permet de parcourir l’ancien Forum romain et de le visiter comme si vous vous trouviez projeté à l’apogée de sa splendeur sous le règne de l’empereur Constantin le Grand en 320 après J.-C. Le logiciel présente deux modes de navigation : l’un hors ligne (utilisable chez soi, par exemple) et l’autre en-ligne praticable directement dans le Forum romain en utilisant le dispositif de géo localisation d’Apple. Hors site, les fonctions de navigation 3D et d’exploration du Forum sont rendues possibles grâce à des touches de déplacement, comme c’est le cas dans les jeux vidéo. L’application i-MiBAC Voyager a été parrainée par le Ministère italien des biens et de l’activité culturels (MIBAC), d’où son nom et peut être téléchargée gratuitement à partir de l’Apple store.

Prêt à voyager dans le temps

Si vous avez la chance de vous trouver à Rome, le plus spectaculaire des deux modes est bien entendu le deuxième. Grâce au GPS, à la boussole et à l’accéléromètre intégrés dans votre iPhone ou votre iPad l’emplacement exact de l’utilisateur sur le Forum romain est détecté. Il suffit alors de bouger son appareil, à droite ou à gauche, en haut ou en bas, pour voir s’afficher sur l’écran, les reconstructions 3D des monuments et bâtiments observés à travers l’objectif de la caméra. De plus grâce à l’audio-guide intégré, une description du monument visionné peut être entendue dans différentes langues (pour l’instant seulement en italien et en anglais) en activant une simple touche tactile. Autrefois, si on ne voulait pas forcer sur son imagination, on achetait un guide visuel du Forum romain qui présentait d’un côté une photo des différentes ruines et, sur une page en regard, une restitution graphique du même monument que l’on pouvait parfois superposer, par simple transparence de l’une des images sur l’autre. Grâce à la réalité augmentée, plus besoin de guide illustré. Il suffit à l’utilisateur de parcourir les ruines antiques, pour voir s’afficher en temps réel l’ancien état des monuments, comme on peut le voir dans cette démonstration sur YouTube. Une démonstration plus complète de la version précédente est proposée avec commentaires en italien (partie 1, partie 2). Bon voyage dans le temps dans le cœur antique de la Ville éternelle, urbi et orbi !

Les secrets de La Table ronde

Dans un champ situé à l’ouest et en contrebas du château de Stirling en Ecosse, se trouvait autrefois un jardin royal. La partie ornementale du jardin connue sous le nom de King’s Knot (le nœud du roi) est tout ce qu’il en reste. Dans le centre du nœud, se trouve une butte plate d’environ 15 mètres de diamètre et de 2 mètres de hauteur, qui bien qu’insérée dans la partie centrale du nœud semble être de beaucoup antérieur à l’ensemble du jardin qui daterait de l’année 1620. Parmi les théories échafaudées durant des siècles figurent: un tumulus de l’âge du fer, un camp romain et même la Table ronde où le roi Arthur réunissait ses chevaliers. Pour enfin lever une part du mystère entourant ce lieu (voir vue panoramique), une première campagne de prospection débutera dès demain, et devrait durer jusqu’à la fin de la semaine prochaine.
The King's Knot, Stirling
Le King’s Knot (image : Amy Palko, Flickr)

La Société d’histoire locale de Stirling(SLHS) et la Société d’archéologie de terrain de Stirling se joindront à des spécialistes du Département d’Archéologie de l’Université de Glasgow pour effectuer un relevé géophysique de toute la surface. Le projet est subventionné par les organisations Historic Scotland et Stirling City Heritage Trust. La technique géophysique utilisée permettra de sonder le sol jusqu’à une profondeur de un mètre, sans destruction des éventuelles structures enfouies. Les responsables de cette étude espèrent ainsi obtenir un éclairage nouveau sur ce monticule énigmatique. Le blog de la SLHS, ainsi que le Smith Museum de Stirling devraient rendre compte, jour après jours, des résultats obtenus. Au mois de septembre, une seconde phase d’investigation devrait avoir lieu, et les résultats finaux de ces analyses sont attendus pour l’assemblée générale de la SLHS, en avril 2012.

Les objets de la Nuit des Musées 2011

Le samedi 14 mai, pour la septième année consécutive, les Musées européens ouvrent leur porte la nuit. Pour l’occasion, le site Internet dédié à l’événement du ministère français de la Culture a fait peau neuve, et constitue un véritable portail d’information pour l’ensemble de la manifestation partout en Europe. Cette nuit-là, près de 3000 musées dans 40 pays du Conseil de l’Europe ouvrent leurs portes. Le lendemain, sera suivit, comme d’habitude, par la journée internationale des musées. Dimanche 15 mai, c’est la mission de mémoire des musées qui sera au centre de la Journée des musées 2011. Pour cela, une série de questions chercheront réponses : «  quels sont les objets et souvenirs que collecte le musée, et quelles sont les raisons de ces choix? Comment préserver des objets pour le présent et pour l’avenir? Comment recherche-t-on l’histoire des objets? Et comment partager ces histoires avec les publics? ». Vaste programme !

Nuit des Musées 2011
Extraits de l’affiche de la Nuit des Musées 2011

Pour ces deux journées et cette nuit, pour la deuxième année consécutive, les musées français et suisses de l’Arc Jurassien ont élaboré un programme commun. Résultant d’une coopération entre la Direction général des Affaires Culturelles de Franche-Comté et l’Association des Musées Suisses de l’Arc Jurassien, ce programme regroupe l’ensemble des propositions des musées de la région le soir de la Nuit et du Jour d’après. Au-delà de la frontière qui nous sépare, il existe un véritable lien géographique et culturel entre ces deux régions. Il est naturel que les musées, conservateurs du patrimoine, profitent de cette double occasion pour souligner ce qui nous rassemble et se jouer de nos différences. Une invitation à découvrir aussi les musées de nos voisins.