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Les archéologues européens en congrès à Berne

Du 4 au 7 septembre 2019 s’est tenu dans les locaux de l’Université de Berne le 25ème congrès annuel de l’Association européenne des archéologues (EAA). Cette année, c’est sous la devise : « Au-delà des paradigmes » que plus de 1800 archéologues du monde entier se sont retrouvés pour débattre des dernières découvertes dans leur domaine. Le programme scientifique de la manifestation était divisé selon six thèmes de l’archéologie et de la recherche en préservation du patrimoine, à savoir : « Théorie et méthodes archéologiques au-delà des paradigmes »; « Interprétation des documents archéologiques »; « Archéologie des paysages de montagne » ; « Archéologie numérique, science et multidisciplinarité »; « Patrimoine archéologique et gestion des musées »; ainsi que « Changement climatique et Archéologie ».
EAA2019
Porte d’enregistrement pour l’EAA 2019

L’Association européenne des archéologues (EAA) a été fondée en 1994 lors d’une première rencontre qui s’est tenue à Ljubljana en Slovénie. Cette première avait réuni 150 membres. L’année dernière, lors du rendez-vous annuel qui s’est tenu à Barcelone, ce furent 2992 membres qui se sont retrouvés, soit un pourcentage significatif des 3547 membres enregistrés. L’EAA représente les intérêts des archéologues des universités, des services de protection du patrimoine, des musées et du secteur privé au niveau européen et constitue de ce fait la plus grande association professionnelle européenne des diverses disciplines de l’archéologie. D’après son acte de fondation, elle a pour objectif de promouvoir le développement de la recherche archéologique et l’échange d’informations archéologiques ; la gestion et l’interprétation du patrimoine archéologique européen ; les normes éthiques et scientifiques appropriées pour le travail archéologique ; les intérêts des archéologues professionnels en Europe ; la coopération avec d’autres organisations ayant des objectifs similaires. La 25e édition de ces rencontres marque le premier grand anniversaire de l’histoire de l’association et se déroule pour la première fois en Suisse. A cette occasion, la revue AS-Archéologie Suisse, dans sa dernière édition, a édité un dossier qui expose en détails le passé, le présent et l’avenir de l’organisation que l’on peut télécharger sur le site de l’EAA.

Premières journées d’archéologie en Europe

Du 14 au 16 juin, la Suisse ainsi que 16 autres pays européens, ont connu leur première édition des Journées d’Archéologie en Europe, basées sur le modèle des Journées nationales de l’archéologie mis en place en France depuis 2010. Ces journées qui ont lieu traditionnellement la deuxième semaine de juin sont organisées par le ministère français de la Culture et coordonnées par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap). Elles ont pour ambition de sensibiliser les publics les plus variés à l’archéologie, à ses enjeux, à ses métiers, à ses méthodes et à ses lieux. Ce blog se permettait déjà de rêver à ce que de telles journées soient instituées en Suisse il y a huit ans.  Il aura fallu une table ronde à Lausanne en 2013, avec Pascal Ratier, coordinateur des Journées nationales de l’archéologie en France, ainsi que du temps, pour en arriver là.

JNA2019(1024)
Résultats de la recherche pour l’Espace Mittelland

L’ensemble de la Suisse a été découpée en sept régions. Tout naturellement, compte tenu de la proximité linguistique avec la France, c’est en Suisse romande que la majorité des événements liés à ces journées eurent lieu, soit dans 13 lieux sur les 22 annoncés. Le reste se déroula en Suisse alémanique, mais rien en Suisse italienne. Pour ce qui concerne l’Espace Mittelland, l’entier des activités furent déployées dans le canton de Neuchâtel et dans aucun des autres cantons compris dans cette région. Pour cela, tous les acteurs de l’archéologie cantonale se sont mis ensemble pour définir un programme susceptible de satisfaire les personnes intéressées par le sujet. La visite du laboratoire de restauration du Laténium de même que les visites de la grotte de Cotencher ainsi que des ruines du château de Rochefort connurent un grand intérêt public le samedi, alors que le dimanche une cinquantaine de personnes prirent part à une balade entre lieux archéologiques et historiques dans la campagne bucolique du centre du Val-de-Ruz. Cette déambulation de trois heures entre Fontaine et Valangin, via Engollon et Fenin, fut un vrai succès, car en tant qu’organisateur, j’en espérais deux fois moins.  Vu l’intérêt et l’enthousiasme manifesté par les participants à ces journées, nul doute que nous répondrons présents à l’appel de la deuxième édition des Journées d’archéologie en Europe qui aura lieu les 19, 20 et 21 juin 2020.

L’archéologie, ça m’intéresse !

L’archéologie est une branche des sciences humaines qui ne laisse pas indifférent la plupart des membres de notre société. Comme en ont convenu les participants aux journées de conférences des 21 et 22 juin derniers organisés par Archéologie suisse, être archéologue est très certainement un métier de rêve pour beaucoup de jeunes et l’archéologie est populaire. Mais à quelle archéologie le grand public s’intéresse-t-il ? Je me souviens pour ma part des premiers moments sur une fouille archéologique. C’était sur les fouilles d’un habitat néolithique lacustre à Delley-Portalban en 1977. A cette époque, en tant que gymnasien en deuxième année, je m’étais engagé pour trois semaines sur un chantier organisé par Mlle Hanni Schwab, archéologue cantonale du canton de Fribourg, qui contrairement à la plupart de ses collègues engageait des non professionnels  sur ses chantiers archéologiques. Je me souviendrais toujours de mon premier jour de fouilles. Je m’attendais à utiliser la pelle et la pioche pour travailler. Au lieu de cela, on a mis dans mes mains: un bidon, une truelle, une spatule et une ramassoire. Je me demandais bien ce que j’allais bien pouvoir faire avec ces outils. J’ai découvert en rectifiant mon premier profil stratigraphique avec ces instruments que l’archéologie n’a pas pour but de remuer de la terre en quête d’objets du passé, mais a surtout comme mission de comprendre comment ces objets se sont déposés et conservés et quels liens les unis les uns aux autres. Vue ainsi, l’archéologie est bien loin d’une chasse aux trésors.
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Image de la vidéo de présentation de la Convention de Faro

C’est cette expérience de l’archéologie de terrain qu’il faudrait pouvoir transmettre à toutes les personnes qui ne voient dans l’archéologie qu’une manière de s’enrichir en découvrant des trésors faits d’or ou d’espèces sonnantes et trébuchantes. Ils doivent apprendre que l’archéologie a pour but la connaissance des hommes du passé à travers les témoignages matériels et leur contexte. Les trouvailles archéologiques étant une ressource non renouvelable, il est important que leur mise au jour se fasse dans le cadre d’une collaboration entre tous les acteurs concernés. C’est pour cette raison qu’il est important de n’accorder ce privilège qu’à des personnes ayant conscience de cet état de fait et c’est également pour cette raison que les professionnels entretiennent une certaine méfiance à permettre sans contrôle l’usage des détecteurs à métaux.  Afin de concilier les intérêts publics et privés liés au patrimoine, les états sont invités à signer la Convention-cadre du Conseil de l’Europe de 2005 sur la valeur du patrimoine culturel pour la société, connue également sous le nom de Convention de Faro. Dans la gestion du patrimoine culturel, les États signataires de cette Convention s’engagent à développer des pratiques innovantes de coopération des autorités publiques avec d’autres intervenants ; à respecter et à encourager des initiatives bénévoles complémentaires à la mission des pouvoirs publics ; à encourager les organisations non gouvernementales concernées par la conservation du patrimoine d’intervenir dans l’intérêt public; à reconnaître le rôle des organisations bénévoles à la fois comme partenaire d’intervention et comme facteurs de critique constructive des politiques du patrimoine culturel. Ainsi, la protection du patrimoine ne doit plus être l’apanage de quelques professionnels, mais celui de toutes les personnes intéressées par cette mission.

Mémoire 21 Valais-Wallis, la fin du début

Après deux années de réflexion, de discussion et de concertation entre spécialistes, dans le cadre des Etats généraux du patrimoine historique enfoui et bâti, Claire Epiney-Nicoud, présidente de l’Association valaisanne d’archéologie (AVA-WAG), cheville ouvrière du projet, a pu présenter à la population le plan d’action pour la sauvegarde du patrimoine. Ce plan a été remis officiellement jeudi 28 avril à la conseillère d’Etat Esther Waeber-Kalbermatten dans le cadre solennel de la Salle du Grand Conseil à Sion. Ayant pu suivre le projet « Mémoire 21 Valais – Wallis » depuis ses débuts, je ne voulais pas manquer cette occasion d’en prendre connaissance en primeur, avant sa publication prévue au mois de juin.  Ce plan a été structuré en sept défis (société, gouvernance, protection intégrée, recherche, conservation, médiation et promotion), réparti en dix lignes directrices d’action. Il en résulte un plan d’action qui s’organise autour de trente-deux mesures à réaliser par étape dans les dix années à venir. Parmi les éléments à retenir, il faut savoir que le patrimoine historique est une ressource non renouvelable, au même titre que certaines ressources naturelles, et à l’exemple de la sauvegarde de la biodiversité, on doit envisager la notion d’archéodiversité, immobilière ou mobilière, constituée de sites archéologiques, de monuments, d’artefacts, d’archives et de documents scientifiques. Une faible promotion du patrimoine historique auprès de la population entraine un manque de compréhension et de soutien, soit en définitive, une perte de légitimité.
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Stèle néolithique du Petit-Chasseur à Sion (Photo : Mémoire 21)

En recevant officiellement ce rapport stratégique, au nom des autorités cantonales, la conseillère d’Etat nous a donné l’espoir dans son message que ce document  « n’est pas le terme mais le début d’un processus ». Bien que parfois difficile à reconnaître, le patrimoine historique enfoui et bâti du Valais peut s’appuyer sur des bases légales solides, comme le démontre l’évaluation présente dans le rapport de la Commission archéologie et aménagement du territoire de l’association Archéologie suisse. L’exemple valaisan est donc utile pour les autres régions du pays, car les bases stratégiques font encore défaut en Suisse pour la protection du patrimoine. Mais, comme l’avertit dans son message Nina Mekacher, représentante de la section Patrimoine culturel et monuments historiques de l’Office fédéral de la culture, « bien des stratégies restent lettre morte ». Le plan d’action doit donc être poursuivit avec persévérance et avec le soutien des acteurs privés et publics. En ce sens le projet « Mémoire 21 Valais-Wallis » va tout à fait dans la direction envisagée par la Déclaration de Namur, adoptée le 24 avril 2015 lors de la 6ème conférence des ministres du patrimoine culturel du Conseil de l’Europe, qui dans son article 2 précise que : « Le patrimoine culturel est un élément constitutif primordial de l’identité européenne ; il relève de l’intérêt général et sa transmission aux générations futures fait l’objet d’une responsabilité partagée ; il est une ressource unique, fragile, non renouvelable et non délocalisable ». C’est aussi pour cette raison que le domaine « relations publiques et médiation culturelle » a été fixé comme l’un des nouveaux axes prioritaires du Message culture de la Confédération pour la période 2016-2020, et dans cette perspective, la démarche entreprise par le canton du Valais est vraiment pionnière et novatrice. Mais il ne suffit pas d’avoir des idées, il faut encore se donner les moyens financiers pour les réaliser. Ce n’est donc que la fin d’un début prometteur. A suivre !

Pour un permis des détecteurs de métaux

Le pillage archéologique, déjà évoqué dans ce blog, continue à préoccuper les milieux archéologiques et muséaux, que la promulgation de lois, telles la Loi sur le transfert des biens culturels (LTBC), ne semblent pouvoir endiguer. Mercredi 27 novembre, le cercle neuchâtelois d’archéologie de Neuchâtel, mieux connus sous le nom « ArchéoNE », avait invité Marc-André Haldimann, archéologue et chercheur associé à l’Université de Berne,  pour présenter une conférence  intitulée : « La question du pillage archéologique : un viol collectif de la mémoire de l’humanité », dont le sujet fait écho à l’émission de radio “Monumental” du 13 octobre dernier.  Au-delà des milliards de revenus  générés par le trafic illégal des antiquités provenant de régions qui sont au cœur de l’héritage culturel de l’humanité, le conférencier à évoqué les motivations qui poussent un individu à faire des fouilles illégales sur un site archéologique, comme celui d’Apamée en Syrie, dont le conférencier, par ailleurs expert fédéral en archéologie méditerranéenne pour l’Office Fédéral de la Culture, a montré l’ampleur des destructions. Si une personne ne dispose plus d’une source de revenus, parce que son pays est en guerre, la tentation est grande de chasser les trésors qui se cachent dans le sol près de chez lui pour s’offrir les moyens de subsister ou de s’exiler à l’étranger avec sa famille.
Detecteur
Image publicitaire pour un détecteur de métaux

Près de chez nous, à côté des pillages en cours au Proche-Orient qui dévastent des sites archéologiques inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco,  les motivations sont d’un autre ordre, mais peuvent, à la base, résulter d’une même nécessité : celle d’améliorer son quotidien. Par exemple, il est facile pour un chômeur  de s’offrir l’un des nombreux modèles de détecteur de métaux et d’ouvrir ainsi sa petite entreprise de prospection. Par le biais d’un site internet, comme e-bay, il pourra écouler à plus ou moins vil prix, les objets de ses collectes.  Ce type de pratique représente  un désastre culturel qui se fait sous nos yeux. Il est urgent d’agir et de trouver une solution à ce vaste problème. Mais quelle solution ? Carotte ou bâton ? La solution « bâton », consisterait  à édicter de nouvelles lois, plus strictes administrativement et dissuasives pénalement. La solution « carotte » pourrait être de donner un statut, voire de récompenser ou de verser un salaire aux prospecteurs présentant leurs découvertes aux autorités compétentes et acceptant de respecter scrupuleusement les lois en vigueurs, comme le leur enjoint un site qui leur est dédié comme celui-ci . En tout cas, il faudrait envisager de soumettre l’usage des détecteurs de métaux à un permis, comparable à celui du port d’arme.  Ainsi cela permettrait de contrôler la vente de ces appareils, reviendrait à en interdire l’usage à des fins non professionnelles et freinerait pour le moins l’expansion du phénomène de la prospection et des fouilles illégales.

Je ne suis pas archéologue

Vendredi 27 juillet 2012, le Chef de la police valaisanne Christian Varone, devait embarquer dans un avion pour regagner la Suisse après des vacances passées en famille en Turquie, lorsqu’il a été arrêté par les douaniers turcs à Antalya en raison d’une «pierre» retrouvée dans ses bagages lors des contrôles de sécurité. Relâché mardi dernier, il pu regagner la Suisse. Vendredi passé, dans une conférence de presse très médiatisée qu’il avait convoquée, l’un des arguments avancé pour se disculper de la gravité des charges qui pèsent sur lui en Turquie m’avait fait sourire. Il avait déclaré: «Je ne suis pas archéologue et ne pouvais pas savoir si cette pierre était antique ou pas». Selon son avocate turque commise d’office l’objet en question serait en fait un morceau de marbre appartenant à une colonne de l’époque romaine. Lui-même avait déclaré qu’il avait pris cette pierre au bord d’une route, à 200 mètres  du site archéologique de Side. Elle tenait dans une main, était jolie selon lui, bien que sale et sans inscription.

Exemple de colonnes corinthiennes du site de Side (Flickr)

Aujourd’hui les autorités turques nous ont donnés plus de détail sur cette découverte fortuite. Il s’agit bien d’un fragment de colonne romaine en marbre, qui plus est, d’un fragment de chapiteau corinthien.  Or cela, aux yeux de n’importe qui, même s’il n’est pas archéologue, est différent d’un simple caillou sale.  Dès lors il faudrait être bien naïf pour croire que ce commandant de police, par ailleurs candidat à la candidature au Conseil d’Etat du canton du Valais, ignorait la vraie nature de l’objet qu’il avait ramassé. Plus grave encore, s’il s’agit d’un élément architectonique, je doute fort qu’il ait pu être ramassé au bord de la route. Il pourrait tout aussi bien provenir du site archéologique lui-même. C’est un point qui ne sera sans doute pas difficile à établir par les spécialistes locaux, car les fragments de cette nature sont rarement sans comparaisons possibles. Il y a encore beaucoup d’éléments contradictoires dans cette affaire. Il serait bon de mettre tous ces éléments sur la table, à commencer par une photographie de ladite pierre. Cela m’a fait penser qu’il y a quelques années, moi qui suis archéologue-céramologue, j’ai eu la tentation d’emporter avec moi du Mexique quelques souvenirs de voyages. Il s’agissait de quelques tessons de céramiques trouvés en surface sur le site maya de Tulum au Yucatan. Je me disais qu’ils étaient menacés de destruction par le piétinement répété des visiteurs du site et que c’était une manière de les sauver d’une destruction certaine que de les emporter avec moi. Voyant cela dans mes bagages à l’heure du départ, mon épouse m’a enjoint de ne pas emporter ces quelques tessons, pour ne pas risquer d’être fouiller et arrêté à l’embarquement. Je les ai donc relâchés sur une plage de Cancun. Compte tenu de la mésaventure de Christian Varone, je dois être en ce jour reconnaissant de la lucidité mon épouse.

Des Palafittes bien encadrés

C’est au Laténium à Hauterive que l’Office fédéral de la culture et l’association Palafittes ont conviés les autorités et le public averti à une cérémonie officielle de remise des certificats d’inscription des sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes au Patrimoine mondial de l’UNESCO. C’est Claude Frey, président de l’Association Palafittes qui officiait en tant que maître de cérémonie pour donner la parole tour à tour au conseiller d’Etat neuchâtelois Philippe Gnaegi, à un Herr Professor Doktor autrichien, responsable du groupe de coordination international, à Didier Burkhalter, conseiller fédéral, chef du Département de l’intérieur, de l’éducation et de la culture, et, enfin, à Kishore Rao, directeur du Centre du Patrimoine mondial de l’UNESCO. Entre les deux derniers orateurs, furent remis des certificats bien encadrés du Patrimoine mondial au conseiller fédéral et aux ambassadeurs des cinq autres états ayant contribués à cette candidature réussie à savoir l’Allemagne, l’Autriche, la France, l’Italie et la Slovénie.
Remise des certificats
Remise des certificats sous cadre

Ce n’est pas par hasard si le Laténium a été choisi comme cadre de cette célébration. D’une part, la salle des Lacustres est un bon exemple de ce que le public doit découvrir concernant des Palafittes qui, par ailleurs, sont très discrets, sinon engloutis et en très grande partie invisibles. D’autre part, ce magnifique écrin, comme ont aimé à le décrire les orateurs, fêtera ce week-end un important anniversaire. Dimanche, 11 septembre, « une fête attendue depuis 50’000 ans » célébrera sa première décennie. Mais c’est demain à 17h, qu’aura lieu la cérémonie officielle des dix ans du Musée et Parc archéologique de Neuchâtel, à Hauterive. A cette occasion, le Laténium inaugurera la reconstitution grandeur nature de trois maisons du village néolithique du site de Hauterive/Champréveyres, offertes, en guise de cadeau d’anniversaire, par la Fondation La Tène. De plus, le musée célébrera son jumelage avec les musées de Bibracte en Bourgogne et de Manching en Allemagne. Ce lien entre les trois musées se manifestera concrètement par l’exposition dans les trois lieux d’Artéfact 2, une œuvre créée par les artistes conceptuels Charles-François Duplain et Yves Tauvel, créateurs, il y a dix ans, d’Artéfact, œuvre consistant au semis dans les allées du parc archéologique de 75’000 répliques en bronze d’un caillou, tous identiques, hormis leur numéro. Même s’il n’y a pas le feu au lac, comme on dit chez nous et comme l’a rappelé Didier Burkhalter dans son discours, ce week-end sera sans doute la dernière occasion de découvrir l’un ou l’autre de ces artéfacts dans les allées du parc, car la réserve est prête d’en être épuisée.

Les Palafittes sont inscrits au Patrimoine mondial

Aujourd’hui à Paris, 27 juin 2011, après les anciens villages du nord de la Syrie, les oasis d’Arabie Saoudite et les jardins persans d’Iran, la 35ème session du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO a dit OUI à l’inscription en série et transnationale des « Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes ». La décision est tombée à 17h46, soit à peine 14 minutes avant la petite fête organisée au Laténium pour célébrer l’évènement. La candidature présentée par six pays, l’Allemagne, l’Autriche, la France, l’Italie, la Slovénie sous l’égide de la Suisse, fait état de quelque 1000 sites palafittiques, mais seuls 111 ont été retenus finalement en raison de leur grand potentiel scientifique. Ce qui est paradoxal c’est que certains sites parmi les mieux étudiés et connus et qui ont permis d’enrichir nos connaissances sur les sociétés préhistoriques des bords de lacs, n’en font pas partie, car comme on le sait, toute fouille dans ce domaine conduit à la destruction du site. Aussi, les 111 sites choisis, bien souvent mal connus, vont surtout servir de réserve archéologique, et leur potentiel scientifique ne serra pas appelé à se révéler prochainement. Sur la plupart des gisements, il n’y aura donc rien à voir sur place, et seule une application géoréférencée pour iPhone « Sur la trace des Lacustres » téléchargeable dès ce soir permet de signaler les 56 sites suisses.


La bonne nouvelle annoncée au Laténium

Comme nous l’avons déjà précisé dans ce blog, le terme « Palafittes », recouvre un ensemble d’habitats de bords de lac, d’étangs ou de marais, attribués à plus de 30 groupes culturels différents, datés entre 5000 et 800 av. J.-C., distribués entre le Néolithique, l’âge du bronze et le début de l’âge du fer. De fait, ce sont les musées qui présentent des collections issues des gisements déjà fouillés, comme le Laténium, qui devraient pouvoir exploiter au mieux l’inscription des palafittes sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. En effet, ils accumulent en grand nombre dans leurs dépôts les témoignages issus de plus de 150 ans de découvertes et de recherches lacustres. Des reconstitutions en plein air de ces sites, comme le village lacustre de Gletterens, devraient également profiter de ce nouveau statut pour ajuster leur campagne de promotion auprès du grand public. En attendant, l’heure est à la célébration, et c’est pour cela que par cette belle et chaude journée les membres d’ArchéoNE et les invités du Laténium, archéologues, politiciens et représentants de la Culture ont appris à 18h l’inscription des « Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes » dans le cadre idyllique du Parc et Musée d’Archéologie de Neuchâtel, à Hauterive.

Journées de l’archéologie et Fête de la nature

Le mois de mai, outre les mariages, semble propice aux manifestations d’envergure. Après la nuit européenne des musées et la journée internationale des musées, ce week-end se sont les amis de la nature et de l’archéologie qui se donnent rendez-vous dans le cadre de deux organisations distinctes. En France, aujourd’hui et demain, ont lieu les deuxièmes journées de l’archéologie. Après une première journée organisée avec succès en 2010 par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) et la chaîne de télévision Arte, les Journées de l’Archéologie deviennent un rendez-vous culturel et scientifique national, organisé sous l’égide du ministère français de la Culture et de la Communication. Cet événement vise à sensibiliser le public aux enjeux contemporains de la recherche archéologique, à ses disciplines et ses méthodes, comme à la richesse et la diversité du patrimoine archéologique. Encore une fois, comme il y a deux semaines, les musées d’archéologie seront également mis à contributions puisque le thème de cette année est « De la fouille…au musée ». Sur le programme de la manifestation 33 « portes ouvertes » sont proposées sur des chantiers en cours de fouilles. Des sites archéologiques font l’objet d’ouvertures ou de visites exceptionnelles. Dans les monuments et les musées, conservateurs et archéologues proposent au public une présentation des collections éclairée par leur expérience de terrain. Les Journées nationales de l’Archéologie sont aussi l’occasion pour le public de découvrir les différents métiers pour mieux saisir le processus qui relie le terrain, l’analyse des résultats en laboratoire et la présentation des vestiges.

Journées de l'Archéologie
Extrait de l’affiche des Journées de l’Archéologie.

De leur côté les amis de la nature, poursuivent la 5ème édition de la Fête de la Nature commencée le 18 mai partout en France. Cette année le thème de la manifestation est “L’insolite à votre porte !”. La Fête de la Nature est un événement national, qui permet à tous de vivre des rencontres au cœur des sites naturels les plus remarquables ou les plus quotidiens sous la désignation de la nature en ville! Suivant nos voisins français, la Fête de la nature se déroule pour la deuxième fois dans toute la Suisse romande! Plus de 70 partenaires se sont associés à la revue La Salamandre et à son rédacteur en chef Julien Perrot, pour proposer plus de 200 sorties et événements gratuits aux amoureux de la nature. Et parfois, ces derniers sont également passionnés par l’archéologie. Du reste, en Suisse, les textes de loi qui concernent l’archéologie se trouve contenus dans la Loi fédérale du 1er juillet 1966 sur la protection de la nature et du paysage (LPN), ce n’est donc pas un hasard. Ainsi, d’une certaine manière, il semble normal que spécialistes de l’archéologie et de la protection de la nature se retrouvent ensemble, le temps d’un week-end, pour procéder ensemble à la réfection d’un mur en pierres sèches ou a échanger leurs connaissances sur l’histoire des forêts, par exemples. A quand donc des journées de l’archéologie en Suisse, voire même une organisation commune de ces deux manifestations en France et en Suisse ? Ne serait-ce pas un beau mariage ? En plus d’y participer, on a le droit d’en rêver.

Les objets de la Nuit des Musées 2011

Le samedi 14 mai, pour la septième année consécutive, les Musées européens ouvrent leur porte la nuit. Pour l’occasion, le site Internet dédié à l’événement du ministère français de la Culture a fait peau neuve, et constitue un véritable portail d’information pour l’ensemble de la manifestation partout en Europe. Cette nuit-là, près de 3000 musées dans 40 pays du Conseil de l’Europe ouvrent leurs portes. Le lendemain, sera suivit, comme d’habitude, par la journée internationale des musées. Dimanche 15 mai, c’est la mission de mémoire des musées qui sera au centre de la Journée des musées 2011. Pour cela, une série de questions chercheront réponses : «  quels sont les objets et souvenirs que collecte le musée, et quelles sont les raisons de ces choix? Comment préserver des objets pour le présent et pour l’avenir? Comment recherche-t-on l’histoire des objets? Et comment partager ces histoires avec les publics? ». Vaste programme !

Nuit des Musées 2011
Extraits de l’affiche de la Nuit des Musées 2011

Pour ces deux journées et cette nuit, pour la deuxième année consécutive, les musées français et suisses de l’Arc Jurassien ont élaboré un programme commun. Résultant d’une coopération entre la Direction général des Affaires Culturelles de Franche-Comté et l’Association des Musées Suisses de l’Arc Jurassien, ce programme regroupe l’ensemble des propositions des musées de la région le soir de la Nuit et du Jour d’après. Au-delà de la frontière qui nous sépare, il existe un véritable lien géographique et culturel entre ces deux régions. Il est naturel que les musées, conservateurs du patrimoine, profitent de cette double occasion pour souligner ce qui nous rassemble et se jouer de nos différences. Une invitation à découvrir aussi les musées de nos voisins.