Comment vivait-on à l’âge de glace en Suisse, il y a 15’000 ans ? C’est à cette question que les chalands fréquentant les centres commerciaux de Belair Centre à Yverdon-les-Bains (VD) et des Eplatures Centre à La Chaux-de-Fonds (NE) seront bientôt confrontés à la suite de ceux du Jura Centre à Bassecourt (JU) et de six autres situés en Suisse alémanique. A la manière des populations nomades qui parcouraient le territoire qui deviendra la Suisse des milliers d’années plus tard, cette exposition itinérante se déplace dans les cantons qui ont livré des traces d’occupation humaines datant du Magdalénien. Pour cette rencontre, un dispositif sous forme de « Panorama » a été spécialement conçu. En lisant attentivement l’ensemble des panneaux, les visiteurs apprendront qu’à cette époque c’était le cheval et le renne qui fournissaient l’essentiel de la nourriture et des matières premières dont avaient besoin les groupes humains. Quant au mammouth bien ancré dans l’imaginaire collectif, le public découvrira qu’il avait déjà disparu de notre contrée un bon millénaire avant cette date et qu’il n’avait été que très exceptionnellement chassé. Il apprendra également que les tibias du lièvre variable étaient souvent utilisés pour façonner des aiguilles à coudre, et que la célèbre gravure du « renne broutant » trouvée dans la grotte du Kesslerloch (SH) en 1874, est en fait la représentation d’un renne en rut.
Il y a 15’000 ans, un paysage sans arbre
Conçue au sein du laboratoire d’archéozoologie de l’Université de Neuchâtel par Werner Müller et Denise Leesch, à la suite d’une grande étude sur la mobilité des groupes humains au Tardiglaciaire en Suisse, cette exposition itinérante intitulée « Ice Age Panorama » est financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique, dans le cadre des projets « Agora » qui ont pour but de promouvoir le dialogue entre les scientifiques et la société. Le public est ainsi accompagné dans sa découverte par des spécialistes prêts à répondre aux questions qu’il pourrait se poser. Pour un public qui n’a souvent que le dessin animé « L’âge de glace » comme référence immédiate de la dernière glaciation, il est facile de l’aborder en lui parlant de l’écureuil Scrat et du gland qu’il cherche à cacher. Ayant été un de ces spécialistes accompagnateur de l’exposition, je confrontais les visiteurs à la vision du paysage glaciaire sans arbre. Donc s’il n’y a pas d’arbre, il n’y a pas de chêne, sans chêne, pas de gland, sans gland, pas d’écureuil, mais à la place un spermophile (ou souslik), un petit rongeur, grand dormeur, de la taille d’un écureuil, pouvant reprendre le rôle de Scrat. Au cours de cette visite, afin de démêler le vrai du faux, un quiz comprenant dix questions résume les connaissances à retenir et permet, en définitive, de vérifier que le public intègre bien l’information dispensée sur les parois du dispositif et que les buts du projet soient atteints.