Les sources antiques, de nature philologiques, épigraphiques ou iconographiques, concernant la culture de la vigne et la production du vin sont nombreuses. Selon une légende de l’ancienne Egypte, ce sont les yeux d’Horus, subtilisés par Seth qui plantés dans le sol devinrent une vigne. Ainsi, le vin ne serait autre que les larmes d’Horus. On sait par ailleurs par des textes mésopotamiens que l’Anatolie méridionale est la région qui fournit le roi en vin. Ce vin était transporté par bateaux qui, à partir du marché de Karkemish, descendaient le cours de l’Euphrate pour arriver à Ur, Uruk ou Babylone. C’est semble-t-il en Grèce que le vin, dès l’époque mycénienne, se démocratise et n’est plus seulement une boisson réservée aux banquets des élites ou des dieux, comme en Egypte ou en Mésopotamie, mais des hommes ordinaires. Pour les Grecs, c’est Dionysos qui aurait appris à Icarios, roi d’Athènes, comment cultiver la vigne et produire du vin, introduisant ainsi la viticulture parmi les hommes.
Dionysos, Acmé et Icarios sur une mosaïque de Paphos
Au-delà de ces textes et de ces légendes quelques spécialistes, qui se donnent le nom d’ampélologues, cherchent à établir l’origine du premier vin de l’histoire. L’ampélographie est le champ d’étude des quelques 8000 cépages décrits à partir de leurs caractéristiques morphologiques et physiologiques. Mais, depuis quelques années, à cette approche traditionnelle purement descriptive s’ajoute dorénavant une analyse plus objective par le recours à la biologie moléculaire et au séquençage de l’ADN. Grâce à ces nouvelles méthodes scientifiques des chercheurs, tel José Vouillamoz, ampélologue-généticien valaisan, sont en passe de dévoiler l’origine des premiers vignobles. Il semble que l’arbre généalogique de centaines de cépages actuels commence avec treize variétés d’un raisin sauvage cultivées dans le sud-est de l’Anatolie, soit dans une région qui fait partie d’un ensemble plus vaste le « Croissant fertile » qui a vu naître également l’agriculture. De ce berceau d’origine, qui remonte au 6e, voire 7e millénaire, Vitis vinifera va se répandre en Mésopotamie au 5e millénaire, en Palestine et en Egypte au 4e millénaire et en Grèce au 3e millénaire. Quant à la Suisse, malgré quelques découvertes de pépins de raisin dans quelques sites de l’âge du Fer, comme Gamsen/Waldmatte au Valais, c’est sans doute à l’époque romaine qu’une vraie viticulture va se mettre en place. Parmi tous les vignobles cultivés en suisse, c’est l’histoire du chasselas qui est certainement le cépage le plus emblématique. A travers d’autres publications, comme l’«Histoire de la Vigne et du Vin du Valais» (2009), l’«Origine des cépages valaisans et valdôtains» (2011) et surtout «Wine Grapes» (2012), José Vouillamoz a par ses analyses redessiné les arbres généalogiques de nombreux cépages.