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« Mémoire 21 du Valais »: c’est parti !

Partant du constat que dans le canton du Valais comme ailleurs, la multiplication des travaux d’aménagement, en vue de construire des infrastructures et des bâtiments, a dépassé les capacités de gestion et de sauvegarde du patrimoine historique et entraîné d’importantes destructions, l’association valaisanne d’archéologie (AVA-WAG)  a jugé qu’il était temps de réagir si l’on ne veut pas voir s’effacer définitivement les derniers témoins encore préservés de l’histoire et de l’héritage culturel valaisan. Pour ce faire, l’AVA-WAG, en collaboration avec le Service des bâtiments, monuments et archéologie, le Service de la culture et le Service du développement territorial, a mis en œuvre le projet « Mémoire 21 » qui devrait aboutir en janvier 2016, à un plan d’action pour la protection et la valorisation du patrimoine historique et archéologique du Valais au 21ème siècle.
Sion
Vue sur la ville de Sion.

Mercredi, 26 novembre 2014, quelque 70 personnalités issues de tous les milieux intéressés ont été rassemblées à Sion dans l’ancien Musée de la nature pour  participer à la première étape du projet. Lors de cette séance inaugurale, les représentants ont été répartis en cinq groupes de travail occupés chacun d’un thème de réflexion afin d’aborder l’ensemble des questions qui se posent sur le sujet, depuis les questions de gouvernance jusqu’à l’enseignement de l’histoire et au rayonnement culturel du Valais en passant par les missions de sauvegarde et de transmission du patrimoine au sens large. En tant que médiateur culturel et de rédacteur de ce blog, j’ai été placé dans le groupe chargé de traiter de la promotion de ce patrimoine auprès des divers publics. Dans le cadre d’une offre culturelle et touristique toujours plus riche, ce groupe a reçu pour tâche de réfléchir aux moyens de promouvoir le patrimoine historique bâti et enfoui du Valais. Entre des sites bien visibles et reconnus par tous, comme le complexe de bâtiments et le trésor de l’abbaye de Saint-Maurice ou les ruines romaines d’Octodure insérées dans le tissu urbain de l’actuelle Martigny, se cachent d’autres vestiges plus discrets qui mériteraient eux aussi d’être connus et mis en valeur en répondant aux questions de base : pourquoi, pour qui et comment ?. Si le pourquoi et le pour qui peuvent apparaître clairs à première vue, le comment mérite un examen plus attentif. Avec le développement des nouvelles technologies dans toutes les couches de la société, nul doute que c’est à travers des applications pour appareils numériques, que peuvent se trouver les solutions d’avenir de la promotion du patrimoine dans le canton du Valais comme ailleurs.

Aux racines de la vigne et du vin

Les sources antiques, de nature philologiques, épigraphiques ou iconographiques, concernant la culture de la vigne et la production du vin sont nombreuses. Selon une légende de l’ancienne Egypte, ce sont les yeux d’Horus, subtilisés par Seth qui plantés dans le sol devinrent une vigne. Ainsi, le vin ne serait autre que les larmes d’Horus.  On sait par ailleurs par des textes mésopotamiens que l’Anatolie méridionale est la région qui fournit le roi en vin. Ce vin était transporté par bateaux qui, à partir du marché de Karkemish, descendaient le cours de l’Euphrate pour arriver à Ur, Uruk ou Babylone. C’est semble-t-il en Grèce que le vin, dès l’époque mycénienne, se démocratise et n’est plus seulement une boisson réservée aux banquets des élites ou des dieux, comme en Egypte ou en Mésopotamie, mais des hommes ordinaires. Pour les Grecs, c’est Dionysos qui aurait appris à Icarios, roi d’Athènes, comment cultiver la vigne et produire du vin, introduisant ainsi la viticulture parmi les hommes.

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Dionysos, Acmé et Icarios sur une mosaïque de Paphos

Au-delà de ces textes et de ces légendes quelques spécialistes, qui se donnent le nom d’ampélologues, cherchent à établir l’origine du premier vin de l’histoire. L’ampélographie est le champ d’étude des quelques 8000 cépages décrits à partir de leurs caractéristiques morphologiques et physiologiques.  Mais, depuis quelques années, à cette approche traditionnelle purement descriptive s’ajoute dorénavant une analyse plus objective par le recours à la biologie moléculaire et au séquençage de l’ADN.  Grâce à ces nouvelles méthodes scientifiques des chercheurs, tel José Vouillamoz, ampélologue-généticien valaisan, sont en passe de dévoiler l’origine des premiers vignobles. Il semble que l’arbre généalogique de centaines de cépages actuels commence avec treize variétés d’un raisin sauvage cultivées dans le sud-est de l’Anatolie, soit dans une région qui fait partie d’un ensemble plus vaste le «  Croissant fertile »  qui a vu naître également l’agriculture. De ce berceau d’origine, qui remonte au 6e, voire 7e millénaire, Vitis vinifera va se répandre en Mésopotamie au 5e millénaire, en Palestine et en Egypte au 4e millénaire et en Grèce au 3e millénaire. Quant à la Suisse, malgré quelques découvertes de pépins de raisin dans quelques sites de l’âge du Fer, comme Gamsen/Waldmatte au Valais, c’est sans doute à l’époque romaine qu’une vraie viticulture va se mettre en place. Parmi tous les vignobles cultivés en suisse, c’est l’histoire du chasselas qui est certainement le cépage le plus emblématique. A travers d’autres publications, comme  l’«Histoire de la Vigne et du Vin du Valais» (2009), l’«Origine des cépages valaisans et valdôtains» (2011) et surtout «Wine Grapes» (2012), José Vouillamoz a par ses analyses redessiné les arbres généalogiques de nombreux cépages.