Monthly Archives: January 2009

Alésia, la polémique ravivée!

Depuis les fouilles entreprises au 19ème siècle sous l’égide de Napoleon III, l’oppidum du Mont-Auxois sur la commune d’Alise-Sainte-Reine en Côte d’Or est reconnu officiellement comme le site d’Alésia, lieu de la bataille finale ayant opposé en 52 av. J.-C. les Gaulois de Vercingétorix aux légions de César. Tous les spécialistes de la question semblent d’accord…Tous ? Non ! Un groupe d’irréductibles chercheurs résiste encore et toujours à la thèse officielle. Un livre de Franck Ferrand : « l’Histoire interdite » publié l’automne dernier et un documentaire réalisé par Benoît Bertrand-Cadi diffusé sur la chaîne Canal+ le 12 décembre 2008, intitulé « Alésia : la bataille continue » viennent de relancer la polémique en proposant comme alternative le site de la Chaux-des-Crotonay dans le département du Jura. Sans entrer dans la polémique, on peut se faire une rapide idée de la teneur du débat ainsi que des forces et des faiblesses avérées ou supposées de l’argumentation des deux camps sur le portail historique Hérodote.

MuséoParc Alésia
Le Centre d’interprétation et les fortifications (Images : B. Tschumi)

Le Conseil général de la Côte-d’Or a depuis longtemps choisi son camp. Après cinq années d’études les grandes lignes du projet MuséoParc d’Alise-Sainte-Reine ont été dégagées, et sa réalisation confiée à l’équipe de l’architecte franco-suisse Bernard Tschumi, lauréat en 2004 du concours architectural. Le projet retenu prévoit diverses constructions. Dans la plaine on découvrira un Centre d’interprétation composé d’un bâtiment circulaire de 52 mètres de diamètres et d’une reconstitution d’un segment des lignes de fortifications romaines. Sur le Mont-Auxois, en relation avec les vestiges de la ville gallo-romaine, sera édifié un Musée archéologique, un autre bâtiment circulaire de 48 mètres de diamètres. Si on ajoute à cela un vaste réseau de parcours-découvertes permettant d’explorer à pied, à vélo ou à cheval, le champ des opérations, ce ne sont pas moins de 7000 hectares qui sont concernés par l’ensemble de ce programme devisé à 52 millions d’euros et qui devrait être achevé en 2011. On peut le découvrir en parcourant le site internet du projet et en visionnant un petit film de présentation. Pour l’heure, le projet du MuséoParc d’Alise-Sainte-Reine est en bonne voie de réalisation. Après une série de fouilles diagnostiques entreprises par l’INRAP en 2007, le début de la construction des bâtiments et des aménagements est prévu ce printemps. Bernard Tschumi, devrait, avant cela, inaugurer le Nouveau Musée de l’Acropole à Athènes dont l’ouverture, mainte fois reportée, est actuellement prévue en février ou mars.

Changez la nuit dans SL !

Demain, 16 janvier 2009, de 18h à 2h, aura lieu la Nuit des musées dans la ville de Bâle et ses environs. Sous le slogan « Changez la nuit en jour ! » plus de 30 musées et 8 institutions culturelles offriront un programme riche et varié. Cependant, hors programme, dans le cadre de la Skulpturhalle une visite guidée peu commune sera en plus proposée, puisqu’elle se fera par l’intermédiaire d’un écran géant. C’est dans l’univers 3D de Second Life (SL), constitué d’espaces virtuels de 256×256 mètres appelés communément sims (pour simulators), que l’avatar Francis Lukas, alias Francis de Andrate, emmènera ses visiteurs d’un soir, et plus particulièrement dans les parties de ce métavers où sont évoqués ou reconstitués des aspects et des monuments du monde antique.

Fullonica
Visite chez le foulon (image : Francis de Andrate)

La fonction « changer la nuit en jour » est en standard dans le monde de SL. Le programme des visites virtuelles prévoit essentiellement une exploration des quatre sims qui forment l’île de Roma SPQR où pourront être vus: une caserne de légionnaires, une école de gladiateurs, un forum, des temples, une allée de tombeaux, des thermes, une foulerie, des latrines et enfin, sur le sim Quillback, une reconstitution du Parthenon de l’Acropole d’Athènes avec sa statue chryséléphantine d’Athena. A chacune de ces étapes, les créateurs des lieux, par l’entremise de leur avatar, donneront des explications aux spectateurs. Pour les lecteurs de ce blog pourvus, comme moi, d’un avatar, il est également possible de se joindre à ces visites et profiter de rencontrer les animateurs de cette soirée. A noter que si les visites virtuelles vous intéressent, mais que vous n’avez pas d’avatar, rendez, en lieu et place, une petite visite au musée du Prado sur Google Earth où, depuis quelques jours comme le signale le blog be-virtual, une dizaine de chef-d’œuvre sont exposés de manière inédite. A voir absolument !

Les vestiges subaquatiques protégés

La nouvelle année 2009, commence bien pour le patrimoine culturel subaquatique puisque la Convention de l’Unesco destinée à le protéger, ratifiée par vingt états, est entrée en vigueur hier. On entend par « patrimoine culturel subaquatique » toutes les traces d’existence humaine présentant un caractère culturel, historique ou archéologique qui sont immergées, partiellement ou totalement, périodiquement ou en permanence, depuis 100 ans au moins. Bien que restreinte, la liste des états parties comprend néanmoins l’Espagne et le Portugal, deux anciennes puissances maritimes, intéressées à assurer une meilleure protection aux vestiges témoignant de leurs richesses englouties, car si cette Convention ne réglemente pas la propriété des épaves et ne modifie pas la juridiction ou la souveraineté des Etats régies par le droit de la mer, elle fixe, dans son annexe, les règles relatives aux interventions archéologiques sur les sites immergés. Selon le message de l’Unesco, ce traité international constitue une réponse au pillage et à la destruction croissante du patrimoine culturel subaquatique de plus en plus exposé en raison des progrès techniques aux chasseurs de trésors. Pour les passionnés d’archéologie subaquatique sensibles aux problèmes liés à cette protection, ils trouveront d’autres informations utiles sur le site suédois Nordic Underwater Archaology et sur le film de présentation de la Convention sur la Protection du patrimoine subaquatique réalisé pour l’UNESCO.

Patrimoine culturel subaquatique
Extrait du film

L’Egypte plonge également, au sens propre, dans son passé. Alors qu’une équipe de l’institut européen pour l’archéologie subaquatique étudie la possibilité de la construction du premier musée sous-marin à Alexandrie, une mission archéologique entièrement égyptienne de plongeurs subaquatiques entreprend en ce moment à Assouan des recherches dans les eaux du Nil à 40 mètres de profondeur entre l’île Eléphantine et l’hôtel Old Cataract. Le secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités égyptiennes, Zahi Hawass, espère la découverte de nombreux vestiges engloutis. Selon lui : « Le fond du Nil renferme, en fait, beaucoup de secrets. C’est le seul lieu archéologique de l’Egypte qui n’a pas encore été fouillé. On prévoit de très importantes découvertes. Des objets insolites que l’on trouve rarement lors des fouilles terrestres ». A ce jour, ses plongeurs font état de la mise au jour de bas-reliefs, d’inscriptions, de céramiques, de pierres de taille dont deux colonnes en granit, l’une de 27 mètres et l’autre de 7 mètres de hauteur. Mais, avec les vestiges de quelques bateaux, on en espère plus encore, comme la découverte de plusieurs obélisques, de grandes statues, de pièces de monnaie, de bijoux. Une chasse aux trésors officielle, en quelque sorte.