Le 19 octobre 2017, un télescope d’Hawaï annonçait la découverte d’un objet céleste particulier. Lors de la dizaine de jours pendant lesquels l’objet fut visible depuis la Terre, un ensemble d’observations fut réalisé qui permit de conclure qu’il s’agissait bien du premier corps interstellaire découvert dans notre système solaire. En référence au lieu de sa découverte il fut baptisé ‘Oumuamua, qui dans la langue hawaïenne signifie « messager venu de loin et arrivé premier ». Entre comète ou astéroïde, la communauté astronomique a encore du mal à préciser sa nature. Venu sans conteste d’un système extrasolaire, sa forme étrange très allongée, sa couleur rougeâtre et sa trajectoire très particulière en font un objet à nul autre pareil, tant et si bien qu’une hypothèse alternative a aussi été proposée, celle d’un artéfact extraterrestre. C’est cette thèse qu’Avi Loeb, professeur d’astrophysique à l’université d’Harvard et membre de l’Académie américaine des arts et des sciences formule dans un livre publié dernièrement. Sous le titre : « Le premier signe d’une vie intelligente extraterrestre », l’auteur présente ‘Oumuamua comme une possible relique spatiale créée par une autre espèce intelligente à l’intérieur de notre galaxie. De cette découverte résulte selon lui le besoin d’une nouvelle branche de l’astronomie, que l’auteur propose d’appeler l’astro-archéologie, quoique ce terme controversé, écrit sans tiret, nous renvoi aux élucubrations pseudo-scientifiques liées à la théorie des anciens astronautes, du moins en français.
Vue d’artiste de ‘Oumuamua sous forme d’astéroïde (Image : Wikipedia)
Nous savons depuis la découverte en 1995 par Michel Mayor et Didier Queloz qu’il existe d’autres planètes en dehors de notre système solaire. Actuellement, pas moins de 4500 exoplanètes ont été mises au jour, et, fort de ce constat, il est maintenant assuré que rien que dans notre galaxie on peut assumer qu’il en existe au moins des centaines de milliards. Depuis le Big Bang, 13,8 milliards d’années se sont écoulées. Les astronomes, sont à leur manière aussi des archéologues. Plus loin leurs télescopes portent, plus anciennes sont les galaxies qu’ils observent. Ils peuvent ainsi remonter dans le temps et voir se former des étoiles et des galaxies avant même que notre système solaire ne se soit formé ou que la vie sur Terre n’ait débuté. L’astro-archéologie, telle que suggérée par Avi Loeb, aurait pour but de rechercher des débris technologiques extraterrestre, comme nous cherchons sur une plage un coquillage échoué venu du fin fond de la mer. Ceux-ci peuvent se trouver en orbite autour du soleil ou s’être déposé sur la Terre, la Lune ou d’autres planète. Pour les découvrir il faudrait mettre au point des instruments spécialement destinés à cette recherche. La vie sur Terre de même que notre propre existence rend plus que probable la présence dans ce vaste univers d’autres espèces techniquement intelligentes, même si, comme Enrico Fermi nous pouvons nous poser la question « Où sont-ils donc ? ». Il est donc possible que nous trouvions un jour les vestiges d’une civilisation extraterrestre disparue, avant même de pouvoir réellement entrer en contact direct avec une de ces civilisations actuellement existantes. Bien sûr, la communauté astronomique est loin de partager cette vision et refuse de voir en ‘Oumuamua autre chose qu’un objet naturel, tout au plus simple vestige archéologique du processus de formation d’un autre système planétaire. Mais qui sait ? Comme nous avertit Avi Loeb : «Si j’ai raison, c’est la plus grande découverte de l’histoire de l’humanité».