Un site archéologique inconnu a été découvert le 1er mai par un passant, à l’emplacement prévu pour la nouvelle usine TAG Heuer à Chevenez dans le canton du Jura. Les travaux de construction, officiellement lancés par la pose de la première pierre le 3 mai ont dû être arrêté rapidement. Après des discussions que l’on peut qualifiée de serrées avec les autorités jurassiennes et l’entreprise neuchâteloise, les archéologues ont obtenu un délai de six semaines, à partir du 7 mai, pour libérer l’emprise de l’usine établie sur une surface d’environ 70 x 35 m. La zone prévue pour le parking de l’usine sera éventuellement traitée dans un deuxième temps, si besoin. Les couches archéologiques sont disposées sur une épaisseur de plus ou moins 50 cm sur l’ensemble de la surface. Elles contiennent des vestiges de l’époque romaine, de l’âge du Fer et du Néolithique. Les délais sont très courts, mais TAG Heuer a déjà commandé ses machines de production et il s’agit de 100 à 150 emplois qui sont en jeu. Une course contre la montre est engagée, que l’on espère gagnante pour l’archéologie jurassienne.
Vue du chantier de fouille (Image RTS)
Au-delà d’une découverte anecdotique, c’est la place de l’archéologie dans l’aménagement du territoire et dans les décisions prisent par la promotion économique qu’il nous faut considérer. Une fois encore, des terrains sont offerts à la construction, avant même qu’une campagne de sondage archéologique n’ait pu être mise en route préalablement au chantier. Celle-ci aurait mis rapidement en évidence la présence de vestiges archéologiques sur la parcelle proposée à l’industrie horlogère et aurait permis de donner les moyens en temps de fouiller le terrain, et de livrer à la construction une parcelle libérée de tous vestiges archéologiques. La révision de la loi sur l’aménagement du territoire en discussion actuellement au Parlement prévoit que les propriétaires dont le terrain prend de la valeur suite à un changement d’affectation devront verser à la collectivité 20% de leur gain. Cet argent doit permettre aux cantons de financer les changements d’affectation des zones à bâtir surdimensionnées qui pourraient redevenir zones agricoles. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas prévoir aussi qu’une partie de cette nouvelle taxe puisse servir aussi à financer les sondages archéologiques dans les zones à bâtir définies pour les quinze prochaines années. Cela éviterait dans le futur, qu’à la veille des travaux de construction, un passant découvre fortuitement un site archéologique, une situation dans laquelle personne n’est gagnant, en définitive.