Après 22 ans de travail, l’application « Rome Reborn » a été officiellement lancée lors d‘une conférence de presse internationale tenue à l’Association de la presse étrangère à Rome, le 21 novembre de cette année. En fait de lancement, il s’agit de la version 3.0 de cette application dont les versions 1.0 et 2.0 avaient chacune fait l’objet d’une note dans ce blog. Au départ, « Rome Reborn » est une initiative universitaire internationale lancée en 1996, visant à reconstruire la Rome antique à l’aide des technologies numériques. Bernard Frischer, âgé maintenant de 67 ans, est toujours présenté comme le responsable de ce projet d’archéologie virtuelle, qui a pour but la restitution numérique de la ville éternelle en l’an 320 de notre ère, quand l’urbs comptait plus d’un million d’habitants à son apogée, avant que la capitale de l’Empire ne se déplace à Byzance sous l’empereur Constantin. Quoi de neuf dans cette version ? D’abord, contrairement aux versions précédentes qui étaient accessibles gratuitement, en particulier dans Google Earth, cette nouvelle version est payante. La reconstruction 3D est utilisée comme ressource pour une série d’applications fonctionnant sur ordinateurs (Mac, Windows) et des casques de réalité virtuelle (Oculus Rift, Samsung GearVR et HTC Vive). Elle est développée dans le cadre par une startup appelée Flyover Zone Productions. La version de base permet un survol, comme à bord d’un ballon, des 14 km2 de la ville éternelle enceints dans la muraille aurélienne. Des modules complémentaires, eux aussi payants, permettent actuellement la visite du Forum romain et de la basilique de Constantin et Maxence. D’autres modules sont en préparation, comme la visite du Panthéon et du Colisée, qui devraient être disponibles dans les mois prochains.
Image écran du trailer de « Rome Reborn »
En consultant le site internet de Rome Reborn, on apprend que Flyover Zone Productions, en charge de la commercialisation du projet, est à la recherche d’un animateur indépendant capable de créer des avatars d’hommes et de femmes, enfants et adultes d’antiques Romains. Mais cette personne, aussi talentueuse soit-elle, doit s’attendre à être rétribuée plus modestement que dans les grands studios produisant des films d’animation ou des films publicitaires. Ceci montre le souci des concepteurs de Rome Reborn d’animer la visite des monuments par des rencontres avec des habitants virtuels de la Rome antique. Avec cela, Rome Reborn pourrait s’approcher de ce que l’entreprise Ubisoft a réalisé dans le jeu vidéo « Assassin’s Creed ». A partir de l’épisode « Origins » de la saga, sorti l’année dernière, situé dans l’Egypte des Ptolémées en 49 av. J.-C. et dans le dernier épisode « Odyssey » sorti cette année, et placé en 431 av. J.-C., un mode découverte permet aux joueurs de déambuler librement et de survoler avec un aigle des décors et des paysages reconstitués avec grand soin par des historiens. Ainsi, j’ai été particulièrement séduit par une visite dans le sanctuaire de Delphes ou chaque monument, chaque trésor, chaque temple, est reconstitué dans son état et son emplacement d’origine. Face aux centaines de millions de dollars investis par Ubisoft dans chacun des épisodes de la saga et les 3 millions de dollars investis pendant 22 ans par Rome Reborn, il y a une différence de moyen qui se traduit immanquablement dans le résultat final des restitutions. Au lieu de chercher un développeur d’animation, Flyover Zone Productions, ferait mieux de s’associer aux producteurs d’Ubisoft pour développer avec eux un épisode d’ « Assassin’s Creed » situé dans la ville éternelle utilisant les données rassemblées par les chercheurs pour « Rome Reborn ».