Category Archives: Généralités

A la recherche des Xiongnu

Les Xiongnu étaient un peuple nomade, constitués d’éleveurs et de cavaliers, qui du 4ème siècle avant J.-C au 2ème siècle de notre ère ont fondé le premier empire nomade, préfiguration de celui des Huns et des Mongols. C’est en raison de la menace qu’ils faisaient peser sur la Chine dès la fin du 3ème siècle av. J.-C que la grande Muraille a été érigée par le premier empereur chinois Qin Shi Huang-ti. L’origine de ce peuple et les liens qu’il entretient avec les autres peuples nomades des steppes d’Asie centrale est une question à laquelle espère répondre l’archéologie. Ainsi, deux missions archéologiques occidentales associés à l’Institut d’Archéologie de Mongolie cherche actuellement à lever une part du mystère qui les entoure.

Boroo Gol
Fond de cabane à Boroo Gol (photo : SLSA)

Si les Xiongnu vivaient essentiellement une existence nomade, cela ne les empêchait pas de construire, à l’occasion, des maisons. C’est ce qu’a mis en évidence depuis 2005 une mission suisse, conduite sur le terrain par Nicole Pousaz lors de ses fouilles d’un habitat xiongnu à Boroo Gol. Financée par la Fondation Suisse – Liechtenstein pour les fouilles archéologiques à l’étranger (SLSA), ces recherches ont mis au jour les vestiges de plusieurs cabanes semi enterrées, datées du 1er siècle avant J.-C. Un film, tourné par Caroline Briner, intitulé, « Ma maison à Boroo Gol» devrait rendre compte prochainement des conditions de travail de cette mission comme en témoigne son blog.
Avant de participer aujourd’hui à la cérémonie de clôture des jeux olympiques de Pékin, son altesse sérénissime le Prince Albert II de Monaco a rendu une visite hier au site archéologique de la région de l’Arkangaï, où le Musée d’Anthropologie préhistorique de Monaco, sous la conduite de Jérôme  Magail entreprend, depuis 2006, le relevé d’un ensemble de stèles de l’âge du bronze. Ces stèles portent souvent la représentation de cervidés stylisés, qui pourraient représenter une allégorie du ciel. Ces « pierres à cerfs » auraient été dressées par les ancêtres des terribles Xiongnu, dès 1200 avant J.-C. comme le formule le blog de l’expédition monégasque. Grâce à l’apport scientifique de ces missions étrangères les Mongols devraient à l’avenir mieux connaître leur patrimoine archéologique.

Mission à Por-Bajin

L’été c’est, pour les étudiants, le temps des longues vacances universitaires. Pour un étudiant en archéologie c’est le plus souvent également celui de la pratique de la fouille, qui lui permettra d’acquérir quelques connaissances pratiques et quelques crédits d’étude supplémentaires à faire valoir dans son cursus universitaire. Pour onze d’entre eux, provenant des universités de Lausanne, Neuchâtel, Bâle et de la HE-Arc de La Chaux-de-Fonds, l’expérience estivale se pare, en plus, d’un parfum d’aventure en République de Tuva, une république autonome au sein de la Fédération de Russie située au sud de la Sibérie et faisant frontière avec la Mongolie. Conduite par Pascal Burgunder, chargé de recherche à l’Institut d’archéologie et des Sciences de l’antiquité de l’Université de Lausanne, l’expédition à laquelle ils ont pris part vise à mieux connaître l’ancienne forteresse de Por-Bajin, bâtie et occupée par les tribus ouïgoures entre les 7ème et 8ème siècles de notre ère.
Por-Bajin
La forteresse de Por-Bajin (photo : Fondation Por-Bajin)

Le site de Por-Bajin, forme actuellement une île reliée à la rive du lac Tere-Hol par un ponton de bois. Depuis l’été 2007, il est l’objet d’un vaste programme de recherches pluridisciplinaires entrepris par la Fondation Por-Bajin avec le concours de l’Académie des sciences de la Fédération de Russie ainsi qu’avec la participation d’équipes détachées de musées, d’instituts de recherche et d’universités russes. C’est par l’entremise de la Direction pour le développement et la coopération (DDC) sur demande du ministre russe Sergueï Shoigou, en charge du Ministère des situations d’urgence de la Fédération de Russie, que ces universitaires suisses ont été conviés à cette mission. Jour après jour, à travers leur blog, l’équipe suisse compte nous faire partager le récit de leur séjour, entamé le 29 juillet et qui se poursuit jusqu’au 30 août. Par procuration, profitons de leurs aventures !

Briques du passé de Shakespeare

Les coïncidences topographiques en archéologie sont parfois attendues comme la découverte d’une voie romaine sur le futur tracé d’une autoroute, ou d’un temple gallo-romain sous les fondations d’une église, ou sont parfois plus surprenantes, comme celle d’un grenier de l’âge du fer à l’emplacement d’un entrepôt d’une grande chaîne de distribution ou d’un creuset d’orpailleur sur le site de construction d’une usine d’affinage d’or. Selon ce même principe, qui veut que la roue tourne ou que l’histoire se répète, la construction d’un nouveau théâtre pour la Tower Theater Company, à New Inn Broadway, au nord des anciennes murailles médiévales de Londres, a amené la découverte de ce qui pourrait être les fondations d’un ancien théâtre.

Fouilles à New Inn Broadway
Des briques misent en scène par l’archéologie (image : Museum of London)

Mais, si tel est le cas, ce ne seraient pas les vestiges de n’importe quel théâtre, puisque selon les archéologues du Musée de la ville de Londres il s’agirait, ni plus, ni moins, que de celui où William Shakespeare a été acteur et où furent jouées ses premières œuvres, dont Roméo et Juliette et Richard III. Les vestiges mis au jour constitueraient la partie nord-est du théâtre construit en 1576 pour la troupe de Lord Chamberlain. On sait de ce bâtiment qu’il était à ciel ouvert et qu’il se présentait sous la forme d’un espace polygonal fondé sur un mur de brique et des superstructures en bois. Il fut abandonné en 1598 et ses poutres servirent à la construction en 1599 du Théâtre du Globe. Il est certain, si cette découverte est confirmée, que les acteurs, metteurs en scène et directeurs de la Tower Theatre Company, une fois construit leur nouveau foyer, se sentiront d’autant plus motivés à donner le meilleur d’eux même, encouragés en cela par l’esprit de Shakespeare en ce lieu.

Le Québec se pointe à l’archéo

Pour la quatrième année consécutive, durant le mois d’août, les passionnés ou simplement les curieux d’archéologie qui résident ou visitent le Québec, pourront participer aux nombreuses activités organisées dans le cadre du Mois de l’archéologie. Selon l’information donnée par le Réseau Archéo-Québec, qui coordonne le programme, ce ne sont pas moins de 56 sites, musées, centres d’interprétation et autres lieux à vocation archéologique qui s’ouvrent au public, ce qui représente un ensemble de 75 activités, visites guidées et entretiens, en compagnie de plus de 40 archéologues, chercheurs et spécialistes. Un calendrier détaillé et une carte sont accessibles sur le site officiel de l’organisation sous le slogan : « Je me pointe au mois de l’archéo ».

Fouille à Cap Rouge

Le chantier de fouille de Cap Rouge

Parmi les visites recommandées, à signaler en particulier le chantier archéologique de Cap Rouge près de la ville de Québec, où viennent d’être mis au jour les premiers vestiges de la colonisation française en Amérique du Nord, soit le lieu même de l’installation des explorateurs Jacques Cartier et Jean-François de la Roque de Roberval entre 1541 et 1543. Un autre site intéressant à visiter se trouve dans la zone des Marais à la pointe nord du lac Saint-Charles, où la fouille-école de l’Université de Laval est en train de découvrir les vestiges de campements amérindiens vieux de plus de mille ans. Selon les mots de la présidente d’Archéo-Québec, Sophie Limoges, le Mois de l’archéologie est un événement qui renforce la sensibilisation à la nécessité de préserver le patrimoine archéologique et de s’assurer qu’il est développé de manière durable.

Un sosie romain d’Elvis

La maison de vente aux enchères Bonhams, fondée en1793, est l’une des plus anciennes et, à la suite d’achats et de fusions, est devenue, si ce n’est la plus grande, l’une des plus grandes sociétés dans son domaine. Elle dispose de deux salles de vente à Londres, de sept autres en Angleterre et des enchères sont également conduites aux Etats-Unis, en France, à Monaco, en Australie, à Hong-Kong, à Dubaï et en Suisse. Elle possède un réseau de bureaux et de représentants régionaux dans 25 pays à travers le monde et offre des conseils et des services d’expertises spécialisées dans 57 domaines. Le 15 octobre de cette année, cette société procédera à Londres à la vente de 150 objets issus de la collection Graham Geddes, l’un des plus grands collectionneurs d’art australien, pour un montant estimé à 1 million de livres sterlings.

Sosie romain d'Elvis
Un Elvis romain.

Si les plus importantes pièces mises en vente seront des vases grecs et des statues romaines, il en est une qui retiendra plus particulièrement l’attention puisqu’il s’agit d’un élément d’acrotère d’angle de sarcophage baptisé « Elvis ». Ce surnom, donné par le collectionneur lui-même, s’impose immédiatement lorsque l’on observe la pièce de profil. Les fans du King du Rock’n Roll n’ont en effet aucun mal à reconnaitre dans ces traits un sosie de leur idole décédée en 1977. Pourtant ce portrait romain, découvert en Egypte, est daté du 2ème siècle après J.-C. C’est donc Elvis qui lui ressemble et pas le contraire, preuve que si l’histoire peut se répéter, il en est de même de la figure humaine.

Le tourisme menace-t-il le patrimoine mondial?

Voici revenu le temps des vacances et des touristes, et deux correspondants de l’agence Associated Press ont fait ces derniers jours leur dépêche sur la menace qu’engendre l’afflux de visiteurs sur deux sites archéologiques majeurs de l’Amérique du sud : la citadelle du Machu Picchu au Pérou et les statues géantes de l’ île de Pâques au Chili. En direction du premier, ce ne sont pas moins de 800’000 personnes qui s’y sont rendus l’année dernière, alors que le second fut visité par 52’000 personnes. Si l’on en croît les dépêches, le touriste est perçu par certains archéologues comme un ennemi qui met en péril la sauvegarde à long terme de ces monuments, en raison de ses passages répétés avec ses chaussures de marches, alors que ces sites, comme le dit l’un des archéologues concernés, ont été construits pour des gens en sandales et pieds nus. Les maux dus au tourisme de masse, dont on se plaint également ailleurs, sont connus : surfréquentation, urbanisme sauvage, vandalisme, pillage; reste à trouver le remède.

Aguas Calientes
En route pour le Machu Picchu ! (photo :Flickr)

Le remède, comme cela a pu être éprouvé dans des sites comme Pompéi ou Stonehenge, l’Alhambra ou Angkor, réside dans la constitution d’un plan de gestion des sites qui permet de concilier les intérêts de tous les acteurs en présence, à savoir les populations et les autorités locales, les conservateurs du patrimoine et les milieux du tourisme. Du reste le centre du patrimoine mondial de l’Unesco, qui ouvre aujourd’hui à Québec, la 32ème session de son comité, oblige désormais tout candidat à l’inscription au patrimoine mondial de fournir avec son dossier un tel plan de gestion, sachant que si l’on veut un réel développement durable du patrimoine il faut pouvoir accorder les aspects économiques, environnementaux et sociaux des sites classés. Le touriste n’est pas un ennemi, il faut juste apprendre à le guider.

Forum Julii, à découvrir !

C’est bientôt le temps des vacances. Pour les amateurs d’antiquités qui passeront par le sud de la France pourquoi ne pas entreprendre une visite du Forum Julii, autrement dit, Fréjus ? Ville fondée par César en 49 av. J.-C. au moment du siège de Marseille, sa rade accueillit en 31 av. J-C., après la bataille d’Actium, trois cents vaisseaux pris par Auguste à la flotte d’Antoine et Cléopâtre. Les éditions du Patrimoine, sous mandat du ministère de la Culture, ont publiés il y a un mois un guide de Fréjus qui permet aux visiteurs, pour 12 euros, de se renseigner rapidement sur l’histoire et le patrimoine fréjusien. Du reste, la municipalité, consciente de l’importance de ce patrimoine pour son attractivité culturelle, a pris le parti de faire rénover prochainement l’amphithéâtre romain avec l’aide et le soutien des monuments historiques. Les travaux devraient commencer à la fin de l’année et s’achever 18 mois plus tard pour offrir à terme une nouvelle structure d’accueil pour des spectacles en plein air, en plus du théâtre romain et de son festival.

Théâtre de Fréjus
Elévations aux abords du théâtre (photo : ville de Fréjus)

Une autre initiative mérite d’être rapportée, celle de la mise en ligne, sur le portail de la ville de Fréjus, de pages internet sur l’histoire et l’archéologie de la cité. Cette partie du site est issue de la collaboration entre les services du patrimoine de Fréjus, de la communication de la ville et d’un étudiant de l’institut Ingémédia de Toulon, Dorian Boyer. Ce dernier, dans le cadre d’un stage de quatre mois, s’est attelé à la tâche d’offrir aux habitants et aux visiteurs de Fréjus des rubriques d’informations utiles concernant le patrimoine, comme celle concernant l’actualité des fouilles archéologiques passées ou en cours dans la ville, ou par la possibilité de télécharger des fiches thématiques sur ses monuments, comme le théâtre et l’amphithéâtre. La partie animation devrait être complétée dès que l’animateur culturel, récemment recruté, entrera en fonction. La réalisation de telles pages est un exemple que nous voudrions voir suivi par toutes les municipalités en charge d’un patrimoine culturel important.

Quousque tandem…

En 1912, on annonça en Angleterre la découverte à Piltdown du crâne d’un homme fossile. Il présentait une calotte crânienne très moderne mais était pourvu d’une mâchoire inférieure très simiesque. On venait enfin de découvrir le chaînon manquant entre le Pithécanthrope de Java et l’Homo sapiens, ce qui confirmait la théorie de l’évolution des espèces de Charles Darwin. De plus, l’Angleterre post-victorienne, pouvait s’enorgueillir d’être le berceau de cette nouvelle espèce si proche, par ses capacités crâniennes, donc intellectuelle, de l’homme moderne. En 1950, le site de Piltdown fut même déclaré monument national anglais. Bien que ce résultat ne fût dès l’origine pas admis par tout le monde scientifique, il fallut pourtant attendre 1953 et une des premières analyses au radiocarbone, pour que le faux puisse être certifié. Le crâne et la mandibule se révélèrent être postérieurs au Moyen-âge. Le faussaire, selon l’archéologue Miles Russell, aurait été le découvreur Charles Dawson.

Piltdown Man
Crâne complété de l’Homme de Piltdown (Image : BBC)

En ce jour du premier avril choisi pour l’annonce de fausses nouvelles qui seront démenties demain, on peut se demander comment les archéologues s’y prennent pour distinguer le vrai du faux. On peut s’en faire une petite idée sur le site de la Fondation Gottfried Matthaes de Milan qui vient d’être réactualisé, comme par hasard, aujourd’hui. Comme on le constate, grâce aux analyses typologiques, physiques et chimiques de plus en plus pointues, il est devenu difficile d’être faussaire. Si la supercherie de l’Homme de Piltdown ou Homo (Eoanthropus) Dawsoni a tenu plus de quarante ans, il serait sans doute difficile aujourd’hui de tromper le public aussi longtemps. Pourtant, malgré tout, il en est une autre qui plane peut-être près de chez moi. Les visiteurs du Laténium peuvent voir, vers la fin de leur parcours de l’exposition permanente, un maxillaire supérieur d’une femelle néanderthalienne trouvée en 1964 dans la grotte neuchâteloise de Cotencher. Lorsque je pense aux circonstances de cette découverte, presque unique en Suisse, j’ai un pressentiment. Non pas qu’il s’agit d’un faux maxillaire néandertalien, mais d’une pièce apportée dans la grotte et mise en scène par son découvreur comme dans le cas de l’Homme de Piltdown. Jusques à quand faudra t-il attendre avant qu’une analyse sérieuse ne soit menée sur l’origine exacte de ce fragment? Quousque tandem…ce n’est pas un poisson.

Portes ouvertes virtuelles de l’Institut Ausonius

Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), en France, propose au grand public des portes ouvertes virtuelles dans un de ses laboratoires, celui de l’Institut Ausonius et de son Archéopôle, situés à Pessac dans la banlieue de Bordeaux. Cette unité de recherche partagée entre le CNRS et l’Université Montaigne de Bordeaux se présente à travers 31 clichés panoramiques à 360°, qui représentent tout autant de stations où le visiteur, en cliquant sur des boutons jaunes portant des points d’interrogations ou des flèches de directions, pourra se déplacer ou obtenir des informations de la part des chercheurs du centre qu’ils soient archéologue, médiéviste, épigraphiste, directeur de recherche ou de publication. Une quinzaine d’entretiens, sept films, des reconstitutions 3D, des liens Internet, des textes, des photographies et une borne interactive (la borne Barzan), invitent l’internaute de passage à découvrir ces spécialistes dans leur cadre quotidien et à prendre connaissance de l’axe principal de leur travail.

Visite virtuelle

Cliquez! on vous répondra!

Le communiqué de Presse du CNRS, rappelle que l’Institut Ausonius a été créé en 1996 et que c’est « un centre de recherche spécialisé en archéologie et histoire de l’Antiquité et du Moyen-âge. Ses équipes de recherche mènent des opérations archéologiques tant sur les rivages atlantiques (de l’Aquitaine au Portugal en passant par l’Espagne) que sur le bassin méditerranéen (Italie, Croatie, Grèce, Turquie, Syrie et Tunisie) ». Quant à l’Archéopôle d’Aquitaine, il « vise à rendre accessible les savoirs produits par la recherche en limitant le plus possible le délai de transfert de l’information vers le grand public. Il propose aux visiteurs plusieurs espaces de découverte : l’espace muséal de 300 m² où sont exposés les résultats des fouilles archéologiques en cours et la plate-forme technologique Archéovision ».

Europeana, un vaste puzzle prochainement en ligne

Il y a près d’une année, le 22 mars 2007, au salon du livre de Paris, apparaissait le projet d’une bibliothèque numérique appelée Europeana initiée par la Bibliothèque Nationale de France (BNF), dont le but avoué était de défier Google Book sur le terrain de la mise à disposition de livres numérisés. Au début du mois dernier, le 11 février 2008, sous le même nom, a été présenté au salon du livre de Francfort un projet nettement plus ambitieux car il ne s’agit plus seulement de mettre à disposition des internautes des livres numérisés mais également des journaux, des tableaux, des photographies, des objets, des enregistrements audio et vidéo numérisés par l’ensemble des institutions européennes spécialisées dans la sauvegarde du patrimoine comme les musées, les bibliothèques, les archives et les médiathèques. Pour s’en faire une idée une démonstration et une présentation vidéo d’Europeana sont accessibles en ligne. Le but visé par ce projet étant de promouvoir l’identité culturelle de l’Europe et de diffuser son patrimoine on peut cependant s’étonner que la musique de présentation retenue soit celle de These Boots Are Made For Walkin de Nancy Sinatra, même si elle s’accorde aux souliers de Van Gogh.

Europeana Headline
Europeana, des millions de pièces à comparer

Les défis de ce portail sont nombreux. Il s’agit de rassembler sur un même site et selon un même standard des données issues d’institutions très différentes et ne partageant pas la même langue. La recherche de documents devrait se faire à l’aide d’un moteur de recherche utilisant les tags qui leur seront attribués par les institutions contributives et par les utilisateurs comme cela se fait efficacement pour les photos dans Flickr. Pour nous autres archéologues il faut espérer que nous pourrons trouver dans Europeana les outils nous permettant de partager et de comparer le contenu de nos inventaires, de nos dépôts de fouilles et de nos collections de référence. Mais pour cela il faudra bien sûr une volonté de tous les partenaires potentiels de mettre à disposition leurs données, et cela est loin d’être acquis. J’ai pour l’heure du mal à imaginer que des conservateurs de musée qui interdisent encore aujourd’hui aux visiteurs de prendre quelques clichés de leurs objets puissent mettre demain, gracieusement à disposition des internautes, des images numériques de ces mêmes objets. Pour cela il faudrait que la Commission Européenne qui soutient le projet puisse persuader ou contraindre les réfractaires à mettre leurs données sur le web. Le lancement de la version prototype d’Europeana est prévue en novembre 2008 et devrait contenir au moins deux millions de documents. J’espère être alors déçu en bien comme on dit chez nous.