Quels intérêts peuvent avoir des archéologues professionnels à investir un univers virtuel tel celui de Second Life (SL) ? Sans doute celui de prendre contact d’une manière différente avec le grand public et de lui insuffler une part de leur passion ou des résultats de leurs recherches. C’est en tout cas ce que se sont donnés comme but les membres du groupe des « Virtual Archaeologists » fondé il y a deux mois par l’avatar Humperdinka Bade et dont mon propre avatar, Ulysse Alexandre, fait partie. La première réalisation à mettre à l’actif de ce groupe, c’est la restitution, à échelle réduite, du temple d’Amon à Louxor. La cheffe de projet, l’avatar Jachmes Masala, organise régulièrement des visites guidées du monument pour les résidents de SL. Il y a trois semaines, Torin Golding, nom de l’avatar propriétaire du sim Roma, ayant pour thème la Rome antique, a construit un espace pédagogique présentant un chantier de fouille. Les visiteurs, par l’entremise de leur avatar, peuvent ainsi s’initier aux différentes étapes du travail sur le terrain de l’archéologue, en commençant par le maniement de la truelle, de la pelle ou de la pioche, en poursuivant par une explication sur différentes méthodes de datations comme la stratigraphie, la typologie ou la dendrochronologie, pour terminer par la photographie, le criblage à sec ou le tamisage à l’eau des sédiments pour en extraire des petits objets ou des macrorestes organiques. La visite s’achève sur une mise en garde contre les fouilles clandestines et le trafic illicite du patrimoine archéologique.
Une fouille archéologique expliquée dans Second Life
Les prochains événements mis à l’agenda archéologique des SLiens (habitants de SL) c’est d’abord l’ouverture, vendredi prochain 11 avril, par l’avatar Marso Mayo, d’une dépendance virtuelle du Musée d’histoire naturelle de la ville de Vienne, en Autriche. Ensuite, le samedi 12 avril, à 20h (GMT) l’équipe de l’île Okapi et les archéologues de Berkeley à Çatalhöyük, invite le public virtuel à suivre en direct sur écran-web la conférence que donnera, dans une salle de cours réelle, Ruth Tringham, professeur d’anthropologie à l’université de Berkeley, intitulée « Bridging the gap between Real, Imagined and Virtual at the 9000-year old archaeological site of Çatalhöyük, Turkey ». Sa présentation sera suivie par une visite, sous la conduite de son avatar Ruth Galileo accompagné des avatars de ses étudiants, de la reconstruction virtuelle du célèbre village néolithique. Morale de l’histoire : lorsqu’on est vraiment passionné on ne se contente pas d’une seule vie pour communiquer sa passion : il en faut une seconde.