Qui paie commande ?

En ouverture de leur congrès annuel 2013, les membres de l’Association suisse des musées (AMS), ceux de la section suisse du Conseil international des musées (ICOM), ainsi que des personnes intéressées par la question,  se sont réunis le 29 août au Musée d’art et d’histoire de Genève pour une réflexion sur les relations de partenariat public-privé dans le cadre des musées. Il est de fait que les musées pour l’accomplissement de leurs taches sont à la recherche de financements. Que ces financements proviennent du secteur public ou du secteur privé il est toujours bon de trouver de nouvelles sources de financements pour se prémunir de la réduction des subventions publiques ou du retrait d’un important mécène.  Ainsi, la mise en place de projets basés sur un partenariat public-privé peut se révéler profitable pour les deux parties. Pour les musées, cela permet de créer un cadre bien défini aux projets d’extensions, d’expositions, de réaménagements de salles, de mises en valeur des collections, de restaurations d’objets, de publications ou de programmes de médiation culturelle et de vérifier qu’ils sont en adéquation avec les souhaits de leur public. Pour les privés, cela permet de s’associer aux institutions muséales, afin de gagner en visibilité, une reconnaissance de la collectivité et obtenir des contreparties, comme la mise à disposition des espaces muséaux pour y organiser  des événements de relations publiques.

Rade de Genève

La rade de Genève

Dans la perspective de proposer des contreparties permettant de susciter l’ouverture de fonds privés pour entretenir le patrimoine culturel, comment juger l’attitude des archéologues genevois qui ont remis au lac des centaines de pilotis de l’âge du Bronze ? Défiant leur autorité de tutelle, le Conseil d’État du canton de Genève qui souhaitait mettre en vente une partie des 2400 pieux en chêne extraits du site lacustre du Plonjon dans la rade, nos collègues genevoix ont jugé préférable d’en rejeter la plus grande partie au lac, ne conservant que 150 pieux à des fins scientifiques et muséographiques, plutôt que  d’approvisionner le trafic de vestiges archéologiques. De fait, une fois qu’un pieu a été déterminé du point de vue de l’espèce de son bois, mesuré dans ses dimensions, dessiné,  photographié et échantillonné pour permettre une étude dendrochronologique susceptible d’en fournir une date d’abatage, une remise à l’eau est généralement le destin final qui lui est réservé, compte tenu qu’il n’est pas possible de garder des milliers de pièces gorgées d’eau sans mettre en œuvre une procédure couteuse de conservation, comme la lyophilisation ou le recours à des produits d’imprégnation comme le polyéthylène glycol, avant de leur trouver un volume de dépôt. Aussi, peut-on se demander s’il n’aurait pas été possible, dans ce cas, de mettre en place un partenariat public-privé de type “crowdfunding” pour financer l’étude de ces pieux, quitte à en offrir un certain nombre, après analyse, en guise de contrepartie symbolique. Car il n’existe, à ma connaissance, aucun trafic illicite de pieux lacustres, ce qui rend leur valeur marchande, donc l’idée de les vendre, quasi nulle. On peut cependant penser que cette affaire ne restera pas sans suite et que l’on vérifiera dans cet exemple, si oui ou non, qui paie commande !


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