Informations sur l’archéologie de la France

Selon un communiqué de presse nous avons appris qu’en France, le 5 février 2009, à l’occasion d’une réunion plénière du Conseil National de la Recherche Archéologique, a été présentée et officiellement ouverte au public une nouvelle publication en ligne co-éditée par le Ministère de la Culture et de la Communication (sous-direction de l’Archéologie) et le CNRS. C’est sous le nom de « Archéologie de la France-Informations » ou ADLFI qu’a été créée une base de données évolutive destinée aux divers acteurs de l’archéologie française mais aussi plus largement à tous ceux qui s’intéressent à l’archéologie et à ses apports à la connaissance du passé. Elle est hébergée sur le serveur de la Maison René-Ginouvès. Pour pouvoir consulter cette base de données, une simple inscription en donnant une adresse de courriel valable et en choisissant son mot de passe, permet de se connecter. Cette nouvelle publication remplace « Gallia Informations » dont elle reprend les missions et assure le développement, selon le principe d’une concertation entre les deux coéditeurs.

Harpons de Troubat
Harpons aziliens en bois de cerf de la grotte du Moulin à Troubat (photo : ADLFI)

Les documents présents sur ADLFI, sont pour l’heure des notices de sites, des illustrations et des renvois bibliographiques. Parmi les documents de type : illustrations, cette base compte actuellement 27 cartes, 752 clichés, 61 coupes. 167 dessins, 1 diagramme, 2 graphiques, 1 histogramme, 138 planches de mobilier, 491 plans, 128 relevés, 23 tableaux. Une recherche par mots-clés permet de retrouver la notice concernant une opération en fonction de la région ou du département, du nom des intervenants, de la nature ou de l’année de l’intervention archéologique, ou de la datation des vestiges. Pour l’instant seuls 23 départements ont des informations, et malgré le nombre relativement important des notices déjà publiées, soit 1052, cela ne représente pour l’instant qu’une modeste partie du patrimoine archéologique de la France et ne comprend que des opérations antérieure à 2001. Mais selon le communiqué de presse cette base de données devrait rapidement s’enrichir grâce à la collaboration de l’ensemble des archéologues de toutes institutions pour qui la diffusion des résultats de leurs recherches constitue un devoir.

Alésia, la polémique ravivée!

Depuis les fouilles entreprises au 19ème siècle sous l’égide de Napoleon III, l’oppidum du Mont-Auxois sur la commune d’Alise-Sainte-Reine en Côte d’Or est reconnu officiellement comme le site d’Alésia, lieu de la bataille finale ayant opposé en 52 av. J.-C. les Gaulois de Vercingétorix aux légions de César. Tous les spécialistes de la question semblent d’accord…Tous ? Non ! Un groupe d’irréductibles chercheurs résiste encore et toujours à la thèse officielle. Un livre de Franck Ferrand : « l’Histoire interdite » publié l’automne dernier et un documentaire réalisé par Benoît Bertrand-Cadi diffusé sur la chaîne Canal+ le 12 décembre 2008, intitulé « Alésia : la bataille continue » viennent de relancer la polémique en proposant comme alternative le site de la Chaux-des-Crotonay dans le département du Jura. Sans entrer dans la polémique, on peut se faire une rapide idée de la teneur du débat ainsi que des forces et des faiblesses avérées ou supposées de l’argumentation des deux camps sur le portail historique Hérodote.

MuséoParc Alésia
Le Centre d’interprétation et les fortifications (Images : B. Tschumi)

Le Conseil général de la Côte-d’Or a depuis longtemps choisi son camp. Après cinq années d’études les grandes lignes du projet MuséoParc d’Alise-Sainte-Reine ont été dégagées, et sa réalisation confiée à l’équipe de l’architecte franco-suisse Bernard Tschumi, lauréat en 2004 du concours architectural. Le projet retenu prévoit diverses constructions. Dans la plaine on découvrira un Centre d’interprétation composé d’un bâtiment circulaire de 52 mètres de diamètres et d’une reconstitution d’un segment des lignes de fortifications romaines. Sur le Mont-Auxois, en relation avec les vestiges de la ville gallo-romaine, sera édifié un Musée archéologique, un autre bâtiment circulaire de 48 mètres de diamètres. Si on ajoute à cela un vaste réseau de parcours-découvertes permettant d’explorer à pied, à vélo ou à cheval, le champ des opérations, ce ne sont pas moins de 7000 hectares qui sont concernés par l’ensemble de ce programme devisé à 52 millions d’euros et qui devrait être achevé en 2011. On peut le découvrir en parcourant le site internet du projet et en visionnant un petit film de présentation. Pour l’heure, le projet du MuséoParc d’Alise-Sainte-Reine est en bonne voie de réalisation. Après une série de fouilles diagnostiques entreprises par l’INRAP en 2007, le début de la construction des bâtiments et des aménagements est prévu ce printemps. Bernard Tschumi, devrait, avant cela, inaugurer le Nouveau Musée de l’Acropole à Athènes dont l’ouverture, mainte fois reportée, est actuellement prévue en février ou mars.

Changez la nuit dans SL !

Demain, 16 janvier 2009, de 18h à 2h, aura lieu la Nuit des musées dans la ville de Bâle et ses environs. Sous le slogan « Changez la nuit en jour ! » plus de 30 musées et 8 institutions culturelles offriront un programme riche et varié. Cependant, hors programme, dans le cadre de la Skulpturhalle une visite guidée peu commune sera en plus proposée, puisqu’elle se fera par l’intermédiaire d’un écran géant. C’est dans l’univers 3D de Second Life (SL), constitué d’espaces virtuels de 256×256 mètres appelés communément sims (pour simulators), que l’avatar Francis Lukas, alias Francis de Andrate, emmènera ses visiteurs d’un soir, et plus particulièrement dans les parties de ce métavers où sont évoqués ou reconstitués des aspects et des monuments du monde antique.

Fullonica
Visite chez le foulon (image : Francis de Andrate)

La fonction « changer la nuit en jour » est en standard dans le monde de SL. Le programme des visites virtuelles prévoit essentiellement une exploration des quatre sims qui forment l’île de Roma SPQR où pourront être vus: une caserne de légionnaires, une école de gladiateurs, un forum, des temples, une allée de tombeaux, des thermes, une foulerie, des latrines et enfin, sur le sim Quillback, une reconstitution du Parthenon de l’Acropole d’Athènes avec sa statue chryséléphantine d’Athena. A chacune de ces étapes, les créateurs des lieux, par l’entremise de leur avatar, donneront des explications aux spectateurs. Pour les lecteurs de ce blog pourvus, comme moi, d’un avatar, il est également possible de se joindre à ces visites et profiter de rencontrer les animateurs de cette soirée. A noter que si les visites virtuelles vous intéressent, mais que vous n’avez pas d’avatar, rendez, en lieu et place, une petite visite au musée du Prado sur Google Earth où, depuis quelques jours comme le signale le blog be-virtual, une dizaine de chef-d’œuvre sont exposés de manière inédite. A voir absolument !

Les vestiges subaquatiques protégés

La nouvelle année 2009, commence bien pour le patrimoine culturel subaquatique puisque la Convention de l’Unesco destinée à le protéger, ratifiée par vingt états, est entrée en vigueur hier. On entend par « patrimoine culturel subaquatique » toutes les traces d’existence humaine présentant un caractère culturel, historique ou archéologique qui sont immergées, partiellement ou totalement, périodiquement ou en permanence, depuis 100 ans au moins. Bien que restreinte, la liste des états parties comprend néanmoins l’Espagne et le Portugal, deux anciennes puissances maritimes, intéressées à assurer une meilleure protection aux vestiges témoignant de leurs richesses englouties, car si cette Convention ne réglemente pas la propriété des épaves et ne modifie pas la juridiction ou la souveraineté des Etats régies par le droit de la mer, elle fixe, dans son annexe, les règles relatives aux interventions archéologiques sur les sites immergés. Selon le message de l’Unesco, ce traité international constitue une réponse au pillage et à la destruction croissante du patrimoine culturel subaquatique de plus en plus exposé en raison des progrès techniques aux chasseurs de trésors. Pour les passionnés d’archéologie subaquatique sensibles aux problèmes liés à cette protection, ils trouveront d’autres informations utiles sur le site suédois Nordic Underwater Archaology et sur le film de présentation de la Convention sur la Protection du patrimoine subaquatique réalisé pour l’UNESCO.

Patrimoine culturel subaquatique
Extrait du film

L’Egypte plonge également, au sens propre, dans son passé. Alors qu’une équipe de l’institut européen pour l’archéologie subaquatique étudie la possibilité de la construction du premier musée sous-marin à Alexandrie, une mission archéologique entièrement égyptienne de plongeurs subaquatiques entreprend en ce moment à Assouan des recherches dans les eaux du Nil à 40 mètres de profondeur entre l’île Eléphantine et l’hôtel Old Cataract. Le secrétaire général du Conseil Suprême des Antiquités égyptiennes, Zahi Hawass, espère la découverte de nombreux vestiges engloutis. Selon lui : « Le fond du Nil renferme, en fait, beaucoup de secrets. C’est le seul lieu archéologique de l’Egypte qui n’a pas encore été fouillé. On prévoit de très importantes découvertes. Des objets insolites que l’on trouve rarement lors des fouilles terrestres ». A ce jour, ses plongeurs font état de la mise au jour de bas-reliefs, d’inscriptions, de céramiques, de pierres de taille dont deux colonnes en granit, l’une de 27 mètres et l’autre de 7 mètres de hauteur. Mais, avec les vestiges de quelques bateaux, on en espère plus encore, comme la découverte de plusieurs obélisques, de grandes statues, de pièces de monnaie, de bijoux. Une chasse aux trésors officielle, en quelque sorte.

Avant le patrimoine immatériel

« L’archéologie, c’est la recherche de notre histoire, de nos racines, et non pas la hantise égoïste de quelques amateurs de pots cassés », comme le disait mon maître, Michel Egloff. C’est dans cet esprit qu’avec le concours du blog be-virtual nous avons conçu et mis en ligne le calendrier de l’avent de cette année. Car il faut savoir qu’à côté de l’univers matériel des objets que l’on retrouve dans les couches archéologiques il y a un mode de vie qu’il faut pouvoir reconstituer et qui représente ce que l’on nomme depuis quelques années le patrimoine culturel immatériel. Sous l’égide de l’Unesco a été rédigée en 2003 une Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Elle est entrée en vigueur le 20 avril 2006 et a été ratifiée à ce jour par 104 états.

Calendrier de l'avent de l'AVANT

Extrait de la porte du 11 décembre illustrant les jeux

Le 30 septembre 2008 était la date limite de soumission de candidatures pour l’inscription sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. C’est l’année prochaine, lors de sa prochaine session, que le Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel décidera quelles manifestations de la créativité humaine doivent être inscrites sur cette liste. Parmi les 90 éléments culturels représentatifs incorporés à la liste en novembre 2008, on y trouve des danses folkloriques, des chants traditionnels, des formes théâtrales, des musiques ancestrales, des carnavals historiques, des récits oraux immémoriaux, des savoir-faire artisanaux, des techniques divinatoires, et j’en passe. La survivance de ce patrimoine est à nos yeux importante pour notre pratique de l’archéologie car, à côté de la culture matérielle visible, ce patrimoine nous dévoile toute la richesse et l’universalité des manifestations de la pensée humaine qui peuvent lui être associée. Demain sera ouverte la dernière porte du calendrier de l’AVANT. J’espère que vous avez eu plaisir à découvrir ces témoignages comme nous avons eu plaisir à les réaliser.

Le vrai visage de Cléopâtre VII

Après la découverte d’un buste antique dans les eaux du Rhône à Arles cet été, censé être le vrai visage de César, voici que sur de nombreux sites du web s’affiche le vrai visage de son amante, Cléopâtre, en image de synthèse. Il est le résultat de l’analyse systématique des représentations connues de la dernière souveraine de l’Egypte. De fait, si ce visage n’est pas de pierre, il ne nous laisse cependant pas de marbre et est susceptible de relancer la polémique entre ses nombreux admirateurs pour savoir qu’elle est la dominance de son ascendance: hellénistique ou égyptienne, car cette restitution la présente bien métissée. Les cinéphiles constateront que si ce portrait est peu comparable au visage de l’actrice Liz Taylor dans le Cleopatra de Joseph Mankiewicz, il n’est pas loin de ressembler à celui de la comédienne Lynsdey Marshal qui prête ses traits à la reine dans la série télévisée Rome.

Cléopâtre VII virtuelle
Cléopâtre VII virtuelle (photo : Atlantic Productions)

Ce nouveau visage de Cléopâtre nous le devons au travail de comparaison effectué pendant une année par l’égyptologue Sally Ann Ashton et une équipe d’informaticien, en vue de la production d’un documentaire sur la vie et la mort du dernier pharaon d’Egypte. Curatrice auprès du Fitz William Museum de Cambridge, Angleterre, qui possède l’une des plus remarquable collection d’antiquité égyptienne de Grande-Bretagne, Sally Ann Ashton est surtout l’auteur de nombreux livres sur l’Ancienne Egypte et en particulièrement sur Cléopâtre, dont le récent « Cleopatra and Egypt ». Quant à Cléopâtre on sait qu’elle est née à Alexandrie en 69 avant notre ère, qu’elle est montée sur le trône à l’âge de 17 ans, trois ans avant de rencontrer Jules César et on dit qu’elle est décédée à la suite de la morsure d’un serpent venimeux après le suicide de son prince, Marc-Antoine, en 30 avant J.-C.

Droit de recours préservé

Il y a trois mois, ce blog a pris naturellement parti pour le NON face à l’Initiative contre le droit de recours des organisations. Dimanche dernier les Suissesses et les Suisses ont voté, et deux tiers des Suisses, soit 66% des suffrages et l’ensemble des cantons, ont rejeté l’initiative qui visait à supprimer dans les faits le droit de recours des organisations de protection de l’environnement, dont « Archéologie suisse » fait partie. Comme le relève le comité, le résultat est très net en Suisse romande, avec plus de 70% de non dans les cantons de Genève, de Fribourg et du Jura et même un record national de 76% à Neuchâtel. Même le canton du Valais, connu pour ne pas être très sensible en matière écologique, a rejeté très nettement le texte à pratiquement 60%. François Turrian, au lendemain de cette éclatante victoire a demandé que le message ci-dessous soit diffusé.

Merci de votre soutien

« J’aimerais remercier très chaleureusement au nom du comité national toutes les personnes et institutions qui se sont engagés durant cette campagne. Les comités cantonaux qui ont oeuvré sur le terrain pour distribuer des tracts ou préparer des annonces supplémentaires. Les partis, les femmes et hommes politiques qui ont soutenu publiquement notre campagne. Celles et ceux qui nous ont fait part de leur soutien plus discrètement, par un don ou des encouragements. Aujourd’hui les résultats sont là et nous espérons pouvoir faire fructifier cette victoire dans les mois qui viennent, non pas en multipliant les actes juridiques (nous garderons notre ligne fondée sur un examen minutieux des cas les plus problématiques sous l’angle du droit de l’environnement) mais en faisant levier pour que la Suisse puisse rattraper son retard dans les domaines du réchauffement du climat, de la perte de notre biodiversité et dans les problèmes du mitage de notre territoire. Dans ces trois domaines, l’agenda est assez fourni et nos organisations veulent jouer un rôle important ».

Les mammouths et nos pères

Selon les conclusions d’un article paru dans la revue scientifique russe « Archéologie, ethnographie et anthropologie de l’Eurasie » les mammouths auraient disparu non pas en raison de leur chasse par l’homme, mais du fait de l’apparition dans les troupeaux de graves maladies osseuses dues à une carence en nourriture. « Nous avons trouvé des os de mammouths portant des traces de modifications catastrophiques – des os soudés entre eux, ou présentant des traces d’ostéoporose, d’ostéomalacie (ramollissement des os), de chondrose. Il y a des cas, j’ai pu le constater de mes propres yeux, où deux, trois, voire quatre vertèbres étaient soudées entre elles. Les mammouths ont une vingtaine de vertèbres, et la moitié d’entre elles présentaient des anomalies de ce type », a déclaré Vassili Zénine à l’agence de presse RIA Novosti.

mammouth
Squelette de mammouth de Sibérie

Si les hommes ont su profiter de l’affaiblissement de ces géants de la steppe pour en chasser quelques uns, comme le prouve quelques découvertes archéologiques ils ne seraient pas directement responsable de leur disparition comme d’aucun le pensent. Les modifications géologiques et écologiques liées à la période glacière ont provoqués la raréfaction des minéraux utiles à leur organisme. Comme l’explique Vassili Zénine, «Le mammouth était un énorme animal, qui avait besoin d’une quantité importante de minéraux. Comme tous les autres herbivores, il compensait son manque d’apport en substances minérales en absorbant différents types d’argile ». Privé de ces substances nécessaires, en raison d’un changement dans la nature des sols qui d’alcalins sont devenus acides, les mammouths auraient connus de plus en plus de problèmes de motricité et de reproduction, conduisant à l’apparition entre 24 et 17 milles ans de nombreux ossuaires de mammouths. Je suis soulagé que nos pères ne soient pas responsables de leur disparition. Cela permet à mon père de les rejoindre au cimetière, sans animosité de leur part.

Massacre chez les Cordés

Le land du Saxe-Anhalt au centre de l’Allemagne, continue à livrer de remarquables découvertes archéologiques. Après nous avoir offert il y a quelques années le disque de Nebra, ce sont quatre sépultures d’un genre particulier qui ont été mises au jour. En effet, il se confirme, après l’analyse scientifique des squelettes découverts dans les tombes du site de Eulau en 2005, qu’il s’agit bien des victimes d’un effroyable massacre perpétré au Néolithique au sein d’une même communauté villageoise de la civilisation de la Céramique cordée. L’une des tombes renfermait même les restes d’une femme, d’un homme et de leurs deux enfants âgés de cinq et de neuf ans, comme le prouve une analyse génétique. En tout, treize personnes ont été ensevelies en même temps, qui portaient toutes les stigmates d’une mort violente. Alors qu’une exposition spéciale leur est consacrée au Landesmuseum für Vorgeschichte de Halle, les résultats de leur étude viennent d’être publiés dans le numéro du 18 novembre des Annales de l’Académie Américaine des Sciences (PNAS).

Tombe à Eulau
Eulau, tombe d’un couple et de leurs enfants (photo : LDA)

L’ensemble de ces quatre tombes est daté d’environ 2600 avant J.-C., soit en pleine période de la civilisation de la Céramique cordée (Schnurkeramik-Kultur en allemand, Corded Ware Culture en anglais). Observation intéressante, elles ne renfermaient que les restes d’enfants et d’adultes de plus de trente ans, la plupart disposés par paire, une disposition peu orthodoxe pour l’époque, puisque les corps étaient généralement isolés, la tête tournée vers le sud. En revanche, aucun adolescent, ni jeune adulte, ne s’y trouvait, et l’on imagine que ce sont ces survivants qui auraient procédé aux inhumations en privilégiant les liens d’affection et de parenté entre les défunts. Par ailleurs, une analyse isotopique sur le strontium contenu dans l’émail des dents des personnes ensevelies, démontre que les femmes ont passé leur jeunesse dans une autre région que les hommes et les enfants. Cela prouverait, ce que la dissémination des céramiques cordées tendait à démontrer depuis quelques années déjà, à savoir que les mariages, à cette époque, étaient de nature exogame, c’est-à-dire que les épouses quittaient leur communauté d’origine pour suivre celle de leur époux. Ceci constitue une grande découverte pour reconstituer l’organisation sociale des sociétés passées.

Axoum et la Reine de Saba

Le 4 septembre 2008, une grande cérémonie a rassemblé un nombreux publics à Axoum, dans la province du Tigré, en Ethiopie, venus là pour accueillir le retour du second plus grand obélisque de ce site, classé au patrimoine mondial de l’Unesco en 1980. Ce monument, de 24 mètres de haut et pesant 152 tonnes, a été découvert couché en trois pièces séparées et emporté en 1937 par les troupes de Benito Mussolini, pour être exposé à Rome. Les accords d’armistice de 1947 prévoyaient le retour de cet objet. Mais ce n’est qu’en avril 2005 que le premier bloc de granit a été rapatrié et le dernier a été mis en place cet été. Cette stèle gravée, vieille de 1700 ans, est un témoin de l’importance du royaume d’Axoum, du temps où cette ville était la capitale d’un puissant état chrétien. De plus, une légende en fait également la capitale de la reine de Saba, et le dernier domicile connu de l’Arche d’Alliance.

Les stèles d'Axoum
Les stèles d’Axoum (photo: Unesco)

A propos de cette légende et à l’occasion de la sortie de son dernier livre, Marek Halter et les éditions Robert Lafont, avec les contributions de chercheurs invités viennent d’ouvrir un blog participatif permettant aux lecteurs, aux amateurs d’archéologie et d’histoire d’apporter leurs commentaires sur le mythe de la reine de Saba. Comme le présente l’auteur, ce blog doit « raconter non seulement l’histoire de cette reine qui a fait rêver des générations mais aussi les résultats de toutes les recherches qui ont été faites autour d’elle. M’appuyant sur les dernières recherches archéologiques, j’ai tenté de dessiner les frontières du royaume de Saba, raconter la vie mouvementée de cette jeune reine, éclairer les guerres qu’elle a menées au Yémen de l’autre côté de la Mer Rouge et son alliance avec le royaume d’Israël du sage Salomon ». Voici une jolie entrée en matière, susceptible d’attiser notre curiosité envers cet ouvrage.