Ave Google Earth, internauti te salutant !

L’année dernière était présenté à la mairie de Rome le projet « Rome Reborn » qui aurait du conduire à une présentation sur place de la ville antique en 3D. Mais, malgré cette annonce officielle, rien n’a été réalisé in situ, comme j’ai pu le constater dernièrement. Entre temps, comme nous l’apprend le site internet de l’Université de Virginie en charge du projet, une version 2 de « Rome Reborn » est en préparation. Cependant, rien de ce travail n’est perdu, car les données collectées pour la version 1 viennent d’être reprises par la société Google qui, en partenariat avec la société Past Perfect Productions, les a misent en ligne pour les internautes sous la forme d’un calque intégré à Google Earth. Pour activer ce nouveau module 3D, il suffit, une fois le logiciel téléchargé et ouvert, d’ouvrir la section Infos pratiques, de chercher le sous-menu Galerie puis de sélectionner la case « La Rome antique en 3D ». On peut également s’en faire une idée grâce à une petite vidéo sur You Tube.

Forum romain dans Google Earth
Vue du Forum romain dans Google Earth

Le modèle de la Rome antique présenté ici est censé être celui de la ville sous le règne de l’empereur Constantin, soit en l’an 320 de notre ère. Mais une petite visite sur le forum nous montre qu’en face de la tribune des rostres on découvre la colonne de Phocas, qui n’a été dressée qu’en 608 ap. J.-C. Mais ne boudons pas notre plaisir. Après le téléchargement de 270 Mo de données, ce ne sont pas moins de 6700 bâtiments de l’Urbs, plus ou moins détaillés, qui s’offrent à notre contemplation avec un accent particulier mis sur onze monuments, parmi les plus célèbres, que l’on peut également parcourir de l’intérieur soit le Colisée, le Ludus Magnus, le temple de Vénus et de Rome, le temple de Vesta, le forum Julii, la Regia, la Curie, le Tabularium et les basiliques Julienne, Emilienne et de Maxence. De plus, 250 notices permettent d’en savoir plus sur les monuments. Enfin, si vous êtes un spécialiste de la topographie de la Rome antique et que vous voulez contribuer par vos connaissances à la publication du modèle numérique, Bernard Frischer, responsable du projet Rome Reborn, vous invite à prendre directement contact avec lui, pour y intégrer vos données. A terme, on devrait même pouvoir naviguer dans le temps, grâce à un curseur de type Time line, et ne faire apparaître que les monuments présents à un moment précis de l’histoire de la ville éternelle.

Chamanesse ou pas ?

Le squelette d’une femme, vieux de 12000 ans, a été découvert récemment dans la grotte d’Hilazon Tachtit, un site Natufien situé en Galilée occidentale dans le nord d’Israël par une équipe d’archéologues de l’Université hébraïque de Jérusalem. L’inhumation était accompagnée d’offrandes qualifiées d’exceptionnelles. En effet, dans la tombe fut mis au jour cinquante carapaces entières de tortue, un pelvis de léopard, l’extrémité de l’aile d’un aigle doré, la queue d’une vache, deux crânes de martres, l’avant-bras d’un sanglier ainsi qu’un pied humain. L’archéologue Leore Grosman, qui dirige la fouille, pense qu’il pourrait s’agir de la tombe d’une femme ayant pu jouer un rôle particulier dans sa société, celui de chamanesse.

Tombe natoufienne

Vue de la sépulture

Le corps de cette femme petite, handicapée et âgée de 45 ans, est enseveli dans une position inhabituelle. Il a été couché sur le côté alors que la colonne vertébrale, le bassin et le fémur droit s’appuyaient contre la courbure de la paroi sud de la tombe de forme ovale. Les jambes étaient écartées et les genoux repliés vers l’intérieur. Lors de l’enterrement, dix grosses pierres on été placées au-dessus de la tête, du bassin et des bras de l’individu. Est-ce que le riche contenu faunistique de la tombe, inhabituel pour l’époque ou la position du corps permettent de conclure que le défunt était une chamanesse? Pourquoi pas une cheffe de clan ? Je vous laisse en juger ! Les détails de cette découverte viennent d’être publiés dans les Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, ou, PNAS, du 4 novembre 2008.

Mythiques Lacustres

Accompagnant, dans une certaine mesure, la proposition d’inscrire les Palafittes au patrimoine mondial, ouverture aujourd’hui, sous le titre : « L’imaginaire lacustre, vision d’une civilisation engloutie », d’une nouvelle exposition temporaire au Musée d’archéologie de Neuchâtel, ou Laténium d’Hauterive. C’est en même temps la première présentation muséale montée entièrement par son nouveau directeur Marc-Antoine Kaeser. En collaboration avec le Musée national suisse de Zurich, cet archéologue, spécialiste de l’épistémologie de l’archéologie, s’est penché sur un thème qui lui tient particulièrement à cœur, le mythe des stations lacustres. Aussi, selon les mots même du directeur, ce n’est pas à proprement parler une exposition d’archéologie mais une exposition sur l’archéologie.

Léon Berthoud: Village lacustre incendié
Village lacustre incendié

Par le choix des documents rassemblés et des œuvres picturales accrochées, on comprend mieux comment les Suisses ont développé une image fausse de leurs ancêtres préhistoriques. Ainsi, jusque dans les années 60, voire même plus tard, on faisait dessiner aux enfants, de merveilleux villages palafittiques établis sur de vastes plateformes, basés sur le modèle des illustrations contenues dans les manuels scolaires de l’époque. Si cette vision a pu aussi bien se cristalliser dans l’imaginaire populaire, cela est dû en partie à la qualité des artistes mis à contribution pour donner une substance à ce passé lointain. Ainsi, pour la première fois, sont réunies quelques unes des plus célèbres « scènes de vie » peintes au 19e siècle, qui suivaient les travaux des archéologues de l’époque. Mais si la vision que nous pouvons avoir aujourd’hui des lacustres est bien différente de celle que nous donne à voir cette exposition, ce n’est pas pour autant que cette civilisation n’a jamais existé, comme le titre aujourd’hui le quotidien régional l’Express. Elle est seulement moins idéalisée, comme peut l’être la représentation d’un village lacustre incendié par le peintre Léon Berthoud.

La pêche au Shaman d’Horsens

Il y a quelques années j’ai eu l’occasion de visiter le musée de la ville de Horsens au Danemark. J’ai surtout retenu de cette visite que l’explorateur Vitus Béring en était originaire. Ce musée vient de s’enrichir récemment d’une pièce remarquable découverte dans des circonstances particulières. Au mois d’août de cette année, un jeune couple qui se promenait sur les rives du fjord de Horsens en quête de coquillages a fait une singulière découverte, celle d’un petit galet de 13 x 10 x 4 cm couvert de gravures. Montré aux archéologues du musée en question, le galet fut envoyé pour analyse jusqu’au grand Musée National de Copenhague, celui là même où en 1836 le célèbre archéologue Christian JürgensenThomsen inventait la théorie des trois âges. Le verdict des spécialistes fut clair : il s’agit de motifs gravés attribuables à la culture d’Ertebølle, datée entre 5400 et 3900 avant notre ère.

Galet gravé d'Horsens
Le galet gravé d’Horsens

Sur une des faces plates de ce galet on y voit un homme ithyphallique qui semble porter sur la tête des sortes d’oreilles animales. L’archéologue danois Per Borup voit cela comme une tenue pouvant évoquer certaines traditions shamaniques. La culture d’ Ertebølle est connue des archéologues pour ses célèbres kökkenmöding, qui sont des dépôts de coquillages marins, restes de déchets de consommation anthropique. Ainsi, sur un banal petit galet voici représenté un ancien amateur de fruits de mer, et en regardant attentivement ces gravures je serai bien tenté d’y voir, en plus de notre amareyeur, la représentation de deux poissons. Quant au couple découvreur du galet il pourrait, s’il était francophone, méditer les paroles de cette fameuse comptine: A la pêche au moule, moule, moule, je ne veux plus aller maman, les gens de la ville, ville, ville m’ont pris mon poisson maman.

Via Flaminia, urbi et orbi

Ayant eu l’occasion d’en parler l’hiver dernier dans ce blog, j’ai profité de mes vacances à Rome, la semaine dernière, pour me rendre aux Thermes de Dioclétien et y essayer sa dernière attraction: le Musée virtuel de l’antique Via Flaminia. Je m’attendais à devoir réserver mon accès comme à la Domus Aurea de Néron, ou à me mettre dans une file de visiteurs comme à la Domus Augustana sur le Palatin, mais en fait, rien de tel. En famille, nous avons pu, dès notre arrivée au musée, nous mettre aux commandes de nos avatars, et suivre les différentes étapes de ce voyage dans le temps. Nous y avons ainsi passé avec plaisir près de deux heures. Pour des visiteurs ordinaires, comme nous avons pu le constater, cela est cependant trop long. De plus il faut comprendre l’italien, car aucune traduction n’est disponible pour l’instant. La réalisation de cette visite virtuelle a été confiée à l’Institut pour les technologies appliquées aux biens culturels de Rome affilié au Conseil national des recherches italien (CNR) en collaboration avec la Surintendance archéologique de Rome et le Musée national romain et placée sous la direction scientifique de Maurizio Forte et technique de Claudio Rufa.

Auguste, Via Flaminia

Rencontre avec Auguste

Le site internet destiné à présenter cette application offre la possibilité de télécharger chez soi la partie la plus interactive de l’animation, puisqu’il s’agit de visiter les ruines puis une reconstitution de la villa de Livie à Prima Porta. Il suffit pour cela de cliquer sur le lien « Download VR Application of Livia’s Villa » qui charge un fichier compressé de 346 MegaBytes (ce qui en fonction de la qualité de sa connection internet prend un certain temps), qu’il faut ensuite décompresser dans son disque dur à l’aide du logiciel WinZip. Une fois lancé sur son ordinateur il faut encore installer, si on ne l’a pas déjà fait, le programme de visualisation 3Dvia basé sur le moteur graphique « Virtools » développé par Dassault Systèmes. Alors que dans le musée, quatre avatars à la fois peuvent être dirigés par les visiteurs, seul un des avatars est disponible. Mais, à part cela, tout le programme de visite, de même que tous les documentaires en lien avec la villa, visibles dans la présentation du musée, sont accessibles tranquillement chez soi. Si ce genre de visite à domicile vous plaît, poursuivez par celle de la Cité interdite de Pékin. Bonnes visites virtuelles, urbi et orbi.

« Palafittes » et UNESCO

Une nouvelle étape pour inscrire les sites lacustres dans la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO a été franchie. Comme nous l’apprenons dans le dernier numéro de la revue AS publié par l’organisation Archéologie suisse, l’association «Palafittes » a été officiellement fondée le 16 juin 2008, au Laténium à Hauterive. Cette association a été créée en vue de soutenir la candidature au patrimoine mondial des stations des lacs et tourbières du Néolithique et du Bronze situées autour des Alpes. L’association « Palafittes » est pourvue d’un président, en la personne de l’ancien conseiller national neuchâtelois Claude Frey, d’un comité de trois membres et d’un gestionnaire de projet, Christian Harb, dont la tâche sera de compléter le dossier de candidature d’ici décembre 2009.

Palafitte au Laténium
Maquette de palafitte au Laténium

L’idée d’inscrire au patrimoine mondial l’ensemble des sites archéologiques circum-alpins en milieu lacustre, connu également sous le nom de « palafittes » remonte à une proposition exprimée en 2004 par l’Association suisse des archéologues cantonaux (ASAC). Cette proposition fut incluse la même année par le Conseil fédéral dans la liste indicative des nouvelles inscriptions à soumettre au patrimoine mondial par l’ Office fédéral de la Culture (OFC). L’élaboration de ce projet est prise en charge par la Suisse, mais concerne également d’autres pays alpins, soit la France, l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie et la Slovénie. Pour la petite histoire, à noter que le terme français « palafitte », utilisé pour désigner une construction sur pilotis, a été inventé en 1865 par le savant Edouard Desor, à partir de l’italien « palafitta » pour traduire le sens du mot allemand « Pfahlbau » utilisé par Ferdinand Keller, premier découvreur en 1854, des stations lacustres.

Un IG NOBEL attribué en archéologie

La distribution des prix Nobel a commencé aujourd’hui. Pour un archéologue cependant, aucune chance de s’en voir attribué un, puisque l’archéologie ne fait pas partie des disciplines nobélisées. En revanche, son travail pourrait être nominé aux Ig Nobel décernés chaque année depuis 1991 dans l’université de Harvard, à Cambridge, près de Boston dans l’état du Massachusetts, et dont le palmarès a été publié la semaine dernière. Pour la petite histoire, le nom de cette distinction est basée sur un jeu de mots et fait immédiatement allusion aux Prix Nobel puisque «Ig-Nobel » se prononce en anglais comme « ignoble ». Dix prix sont remis chaque année à des personnes dont les travaux dans n’importe quelle discipline ne peuvent pas ou ne doivent pas être reproduits, sachant que la reproductibilité d’une démarche serait un critère de sa scientificité.

Tatou chronocide
Le tatou, un animal chronocide

Cet année, pour la 18ème édition, nos confrères brésiliens Astolfo Astolfo Gomes de Mello Araújo et José Carlos Marcelino de l’université de Sao Paulo ont été récompensé pour un article publié dans la revue Geoarchaeology en avril 2003. Suivant une approche expérimentale, ils ont établi la capacité des tatous à modifier notre compréhension du passé en déplaçant dans le sol les vestiges archéologiques, démontrant ainsi les effets de la bioturbation pour la datation des artefacts basée sur la stratigraphie. Parmi leurs principales conclusions on relève qu’il n’y a pas de corrélation entre la taille, la forme et le poids des artefacts et la distance de leurs déplacements. En d’autres lieux et avec une autre faune, on aurait pu tout aussi bien arriver aux mêmes conclusions en analysant l’activité des taupes, renards et autres blaireaux, soit des animaux tout autant potentiellement chronocides. Malheureusement pour nous, mais heureusement pour la discipline, ce n’est que la seconde fois depuis la création des Ig Nobel, qu’un travail concernant notre branche se voit ainsi honoré. La nomination précédente remonte à 1992 lorsque les Eclaireurs de France se sont vus décerner un Ig Nobel en Archéologie pour avoir consciencieusement effacé des peintures rupestres magdaléniennes, dans la grotte de Mayrière, sur la commune de Bruniquel en Tarn-et-Garonne, lors d’une croisade contre les graffitis.

Préservons l’INRAP !

Jeudi 25 septembre, 76% des employés de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) ont fait grève, selon leur blog. A cette occasion, une manifestation a été organisée à Paris et une pétition signée par 126 des 130 agents du siège a été remise aux ministres de la Culture et de la Recherche, dont dépend l’organisme. Motif pour ces actions : la menace du ministère de la Culture de déménager le siège central de l’INRAP de Paris à Metz. De quoi se plaignent-ils? ai-je pensé, de prime abord. Dans un pays centralisé comme la France une certaine décentralisation peut apparaître, vu de Suisse, comme souhaitable.

Manifestation de l'INRAP
Manifestants devant le ministère de la Culture.

Mais c’est justement parce que la France est bâtie sur une centralisation à partir de Paris que l’idée de délocaliser l’INRAP à Metz est perçue comme une mauvaise idée par nos collègues français. D’une part, en raison du fait que l’INRAP est structuré à partir d’une cinquantaine de centres archéologiques régionaux qui se répartissent sur l’ensemble du territoire français et qui occupent près de 2000 personnes, soit 93% de ses effectifs. En matière de délocalisation, on ne peut faire beaucoup mieux. D’autre part, une délocalisation à Metz, ou ailleurs en France, rendrait plus difficile les réunions entre la direction centrale et les unités régionales, car en matière de transport, tout est fait pour que Paris soit atteignable rapidement de toutes les parties de l’hexagone. Selon les opposants au déménagement, c’est donc l’avenir même de l’Inrap qui se trouverait compromis par ce transfert, qui pourrait nuire gravement à son efficience. Il faut enfin savoir que les employés de l’INRAP ne sont pas des fonctionnaires, mais des agents sous contrat de droit privé avec l’Etat français. Pour toutes ces raisons il est donc souhaitable que son siège central reste à Paris et que je vous engage à signer, vous aussi, la pétition mise en ligne sous le titre: Sauvons l’archéologie ! . Mais, en y réfléchissant un peu, elle aurait du s’appeler: Préservons l’INRAP !

Attention, nouvelle sensationelle !

Les journaux, les radios, les télévisions et les agences de presse se sont faits l’écho d’une nouvelle sensationnelle parue mercredi dans le journal 24 heures. Dans les titres utilisés on trouve généralement une affirmation: Nos ancêtres les Celtes – ou Les Helvètes – étaient cannibales. Le fondement de cette allégation repose sur la découverte dans une fosse de deux squelettes dépourvus de bras et de jambe sur leur côté droit, et dont les ossements laissent apparaître des traces de brûlures. A leur propos, un archéologue, qui semble avoir intérêt à rester anonyme, aurait déclaré : «On peut supposer qu’ils ont été rôtis. Il est donc fort probable qu’ils aient été mangés». Il faut lire le corps de l’article pour découvrir que les journalistes évitent, dans leur titre, le conditionnel employé d’usage par les spécialistes qui ne peuvent, quant à eux, utiliser le ton péremptoire de l’affirmation dans leur propos, et cela d’autant moins que leurs études ne sont pas achevées et que de nombreuses questions demeurent encore sans réponses, comme tente de le rappeler, entre les lignes, l’archéologue cantonal Denis Weidmann, interpellé à ce sujet.

Squelettes du Mormont
Des squelettes énigmatiques (photo : F. Ravusin)

La colline du Mormont se situe en Suisse dans le canton de Vaud au pied du Jura dans la commune de La Saraz, à mi-chemin entre Lausanne et Yverdon-les-Bains. En 2006, à l’occasion d’une campagne de prospection réalisée avant l’extension d’une carrière de calcaire, fut mis au jour un important sanctuaire celtique. Parmi les découvertes avérées, on trouve une concentration exceptionnelle d’au moins 260 puits votifs de 0,8 à 5 mètres de profondeur, contenant des offrandes de nature diverse : meules de granites, céramiques, récipients et objets en bronze, armes en fer, perles en verre, des dizaines de monnaies, avec des restes d’animaux et d’humains parfois associés et entremêlés. En fonction des artéfacts, retrouvés on peut dater la fréquentation du site entre 120 et 80 avant notre ère. Ces fouilles ont déjà fait l’objet d’un documentaire intitulé : Le crépuscule des Celtes, réalisé par la société Climage. Il faut cependant rappeler que l’étude des découvertes est en cours et que les fouilles se poursuivent périodiquement. Dans ce cas, comme dans un autre signalé dans ce blog, il est encore prématuré de se prononcer sur la nature exacte des rituels pratiqués, même si, pour les Romains d’autrefois comme pour les journalistes d’aujourd’hui, ils peuvent apparaître « barbares ».

Jour d’équinoxe

Aujourd’hui, jour d’équinoxe. Pour tous les terriens, qu’ils résident dans l’hémisphère nord ou sud, près des pôles ou sur l’équateur, le jour et la nuit auront, cette journée, la même longueur. Ce phénomène se produit deux fois par année, à six mois d’intervalle, et marque le début d’une nouvelle saison, le printemps ou l’automne. Le passage est prévu à 15h44 TU, soit à 17h44 de notre heure. Contrairement aux solstices aucune célébration particulière ne marque l’événement. Et pour cause, car si d’un point de vue astronomique la définition du phénomène est claire, puisqu’il correspond au moment où le Soleil, dans son mouvement apparent sur l’écliptique, traverse l’équateur céleste, celui-ci est plus difficile à percevoir sur la base d’une simple observation empirique au sol. Pour arriver au concept d’équinoxe il faut déjà procéder à une observation très précise du ciel, ce qui amène à la notion plus complexe de calendrier.

Sunset on Stonehenge

Couché de soleil sur Stonehenge (Photo: Gesellschaft für Archäoastronomie)

Il existe plusieurs organisations qui se consacrent au rapprochement entre archéologie et astronomie. La plus ancienne est la Société européenne pour l’astronomie dans la culture (SEAC), qui est une association professionnelle de scientifiques oeuvrant dans les domaines de l’archéoastronomie et de l’ethnoastronomie. Le but de cette société, fondée à Strassbourg en 1992, est de promouvoir l’étude interdisciplinaire de la pratique astronomique dans son contexte culturel, un sujet d’importance, dans le cadre plus général de l’étude des sociétés humaines et de leur rapport avec leur environnement. Pour ce faire il faut réunir des compétences dans des domaines aussi divers que les sciences humaines, les sciences naturelles, les sciences sociales et autres disciplines. En Amérique du Nord, avec des motivations semblables, existe depuis 1996 l’International Society for Archaeoastronomy and Astronomy in Culture (ISAAC). La plus jeune organisation de ce type, la Gesellschaft für Archäoastronomie, a été fondée à Berlin le 14 juin 2008, dans le cadre du Musée de préhistoire de Charlottenburg,. Elle organise du 24 au 26 octobre un colloque sur le thème : « Mesure, figure et géométrie en pré et protohistoire, ou Les origines des mathématiques et de l’astronomie ». Comme on le constate, le domaine est encore jeune et l’on peut espérer, grâce aux travaux effectués par les chercheurs affiliés à ces sociétés, des avancées dans les domaines de l’histoire de l’astronomie, de la mythologie et de la cosmologie, et cela sans faire appel aux extraterrestres.