Mythiques Lacustres

Accompagnant, dans une certaine mesure, la proposition d’inscrire les Palafittes au patrimoine mondial, ouverture aujourd’hui, sous le titre : « L’imaginaire lacustre, vision d’une civilisation engloutie », d’une nouvelle exposition temporaire au Musée d’archéologie de Neuchâtel, ou Laténium d’Hauterive. C’est en même temps la première présentation muséale montée entièrement par son nouveau directeur Marc-Antoine Kaeser. En collaboration avec le Musée national suisse de Zurich, cet archéologue, spécialiste de l’épistémologie de l’archéologie, s’est penché sur un thème qui lui tient particulièrement à cœur, le mythe des stations lacustres. Aussi, selon les mots même du directeur, ce n’est pas à proprement parler une exposition d’archéologie mais une exposition sur l’archéologie.

Léon Berthoud: Village lacustre incendié
Village lacustre incendié

Par le choix des documents rassemblés et des œuvres picturales accrochées, on comprend mieux comment les Suisses ont développé une image fausse de leurs ancêtres préhistoriques. Ainsi, jusque dans les années 60, voire même plus tard, on faisait dessiner aux enfants, de merveilleux villages palafittiques établis sur de vastes plateformes, basés sur le modèle des illustrations contenues dans les manuels scolaires de l’époque. Si cette vision a pu aussi bien se cristalliser dans l’imaginaire populaire, cela est dû en partie à la qualité des artistes mis à contribution pour donner une substance à ce passé lointain. Ainsi, pour la première fois, sont réunies quelques unes des plus célèbres « scènes de vie » peintes au 19e siècle, qui suivaient les travaux des archéologues de l’époque. Mais si la vision que nous pouvons avoir aujourd’hui des lacustres est bien différente de celle que nous donne à voir cette exposition, ce n’est pas pour autant que cette civilisation n’a jamais existé, comme le titre aujourd’hui le quotidien régional l’Express. Elle est seulement moins idéalisée, comme peut l’être la représentation d’un village lacustre incendié par le peintre Léon Berthoud.


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