L’année dernière était présenté au Musée d’Art et d’Histoire de Genève la remarquable exposition : Gaza à la croisée des civilisations. Le but de cette présentation, conçue dans le cadre d’un projet placé sous le patronage de l’Unesco, était de montrer la richesse du passé de ce territoire à travers la collection exceptionnelle d’objets collectés par Jawdat Khoudary. Cette exposition devait servir d’amorce à la création d’un véritable musée archéologique palestinien dans la bande de Gaza. Hélas, la politique et le conflit qui ensanglante la région se montrent peu propices à une telle aventure. La bande de Gaza est toujours bouclée par l’armée israélienne, et le président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, qui avait inauguré l’exposition de Genève en compagnie de Micheline Calmy-Rey, présidente de la Confédération, a dû quitter la zone, si bien que le projet, tel que développé alors, n’a pu être poursuivit.
La grande salle du Musée de Gaza (photo: New-York Times)
Le projet de musée se trouve ainsi au point mort. Cela était sans compter la passion, toujours intacte, que nourrit Jawdat Khoudary pour l’histoire de sa patrie. En tant qu’entrepreneur en bâtiment il était bien placé pour récolter les objets mis au jours fortuitement par les machines de chantier de son entreprise de construction et, alors que chez nous les machinistes se font généralement un devoir de ne rien voir et de ne surtout rien dire en cas de découvertes pouvant intéresser notre passé, à Gaza ce sont justement les ouvriers des chantiers qui ont permis, en l’espace de 22 ans, à Jawdat Khoudary, de réunir l’essentiel de sa collection. Ces jours, après six mois de travail, il entreprend les dernières finitions à son musée, baptisé tout simplement Al-Mathaf (le musée en arabe). Un restaurant et un hôtel sont prêts également à accueillir les futurs visiteurs. Encore faut-il leur permettre de venir.