Category Archives: Antiquité

A la recherche d’Artémis Amarysia

Cela commence comme une chasse au trésor. Un emplacement à marquer d’une croix sur une carte est à trouver à partir d’une série d’énigmes à résoudre. Le site, c’est celui du temple d’Artémis Amarysia, le plus important sanctuaire situé sur le territoire de l’ancienne cité grecque d’Erétrie sur l’île d’Eubée, où se déroulaient dans l’Antiquité des concours musicaux. Parmi les textes délivrant les pistes du trésor, il y a le récit de voyage du géographe antique Strabon qui situe le temple à sept stades de la ville antique, soit à environ 1200m. Cela étant sans compter avec la malice du temps et les erreurs des copistes du texte original. Car la lettre qui représente le chiffre sept dans le système de numération grecque antique est proche de la lettre utilisée pour représenter le chiffre 60. Et cela fait toute la différence. Car au lieu de chercher le temple à 1200 mètres (7 stades), c’est à 10 km (60 stades) qu’il faudrait, dans ce cas, porter son attention et à cette distance, située encore sur le territoire d’Erétrie, au sud le long de la côte, on trouve la localité d’Amarynthos, qui convient parfaitement, ce n’est sans doute pas un hasard, à l’épithète Amarysia.

Erétrie porte de l'ouest

La porte de l’ouest et l’Acropole d’Erétrie (photo: ESAG)

Denis Knoepfler, professeur d’histoire ancienne et d’archéologie classique à l’Université de Neuchâtel, titulaire de la chaire d’épigraphie grecque au Collège de France à Paris, et depuis le 20 août 2007 membre de la British Academy, en est en tout cas persuadé depuis longtemps. L’école suisse d’archéologie en Grèce (ESAG) a entrepris l’année dernière une campagne de fouille d’un mois à Amarynthos pour vérifier l’hypothèse. Las, rien ne fut découvert. Dans quelques jours une nouvelle campagne de fouille sera menée au nord de la colline de Paléoeklésias, où se trouvent les vestiges d’un habitat préhistorique. On espère que cette prochaine tentative de découvrir le temple d’Artémis Amarysia sera la bonne.

Autres temps, autres moeurs

Demain, dans l’émission de Radio France le Salon Noir, Vincent Charpentier s’entretiendra avec l’archéologue Antoine Cottard de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) sur une découverte effectuée au mois de janvier de cette année réalisée dans l’aire de la nécropole de la cité gallo-romaine de Mediolanum Aulercorum, de nos jours Evreux dans le département de l’Eure, en France. La particularité des dernières découvertes dans cette nécropole connue depuis le 19ème siècle c’est le dépôt, dans une même fosse, de restes humains avec ceux de chevaux. Si l’association de dépouilles humaines et chevalines est attestée chez les Gaulois d’avant la conquête romaine, cela devient étrange si l’on considère le fait que, sur la base de quelques céramiques caractéristiques, ces vestiges sont datés du 3ème siècle de notre ère.

Fouilles d'Evreux

Un crâne humain entre deux mâchoires de cheval (photo: INRAP)

Sur une surface de 200 m2, ce ne sont pas moins de 126 humains, de tous sexes et de tous âges qui ont été découverts en association avec les restes de 50 chevaux entiers et de 600 parties d’animaux. Certaines mises en scène sont particulièrement surprenantes comme celle de ce crâne humain pris en étau entre deux mâchoires supérieures de cheval. Les archéologues se perdent en conjecture pour trouver une raison à ces regroupements étranges. « Autres temps, autres mœurs » comme dit le proverbe attribué à Pindare. Aujourd’hui, en ce jour pluvieux, après un rite funéraire des plus traditionnel dans l’église du village, mon père, accompagné de toute notre famille et de nos amis, a conduit ma mère pour son dernier voyage vers une plus sobre crémation. Au revoir, maman.

Hatchepsout, où es-tu?

Une importante conférence de presse est annoncée demain en Egypte. A 11h00 locale, le ministre de la culture Farouk Housni et le secrétaire général du conseil suprême des antiquités Zahi Hawass dévoileront au monde la momie identifiée comme celle de la reine Hatchepsout. Pour résumer, elle fut la fille de Thoutmosis I et la cinquième reine de la 18ème dynastie, avant de prendre le titre de pharaon, entre 1479 et 1458 avant notre ère. C’est à ce titre qu’elle fit construire le temple de Deir El-Bahari, devenu tristement célèbre en 1997 lorsque 57 touristes, dont une majorité de Suisses, furent tués lors d’un attentat terroriste. Coïncidence voulue, cette conférence fait écho à un documentaire qui sera diffusé le 15 juillet prochain sur la chaîne de télévision Discovery.

Hatchepsout

La momie favorite

Après une enquête minutieuse de plus d’une année, il semble qu’un examen attentif a enfin permis d’identifier la momie royale d’Hatchepsout. Parmi les prétendantes possibles, deux momies découvertes dans la tombe n°60 de la vallée des rois (KV60). La candidate favorite, est couchée dans un sarcophage attribué à Sitre-In, nom de la nourrice de la pharaonne, selon un article consacré à cette recherche publié sur le site internet de Zahi Hawass. Sa concurrente, quant à elle se trouvait simplement sur le sol de la tombe, mais serait, selon d’autres égyptologues, la momie profanée de la vraie souveraine. Hatchepsout où es-tu ? Dans un sarcophage ou jetée au sol? La réponse, tombera sans doute demain!

Tomb raider en Cisjordanie

L’un des archétypes de l’archéologue est le chasseur de tombe, que les anglophones désignent de tomb raider. De là, le titre de la série qui met en scène l’archéologue virtuelle Lara Croft. On sait grâce à l’histoire qu’Hérode le Grand, fut institué roi de Judée par la volonté de la puissance romaine, entre 37 et 4 av. J.-C. En plus de nombreuses autres constructions, comme celle de Césarée et de Massada, il décida de faire construire une citadelle et un palais à l’emplacement de sa victoire sur la dynastie des Asmonéens, site qu’il baptisa de son propre nom : Hérodium. Il en fit également le lieu de sa sépulture. Voici maintenant trente-cinq ans que l’archéologue israélien Ehud Netzer et son équipe sont à la recherche du tombeau du roi bâtisseur. Le roi Hérode est bien connu par les écrits de Flavius Joseph sur La Guerre des Juifs et est cité à plusieurs reprises dans le Nouveau Testament. Le site d’Hérodium se trouve à douze kilomètres au sud de Jérusalem, en territoire palestinien. D’où l’importance symbolique, à bien des égards, de cette recherche.

Palais d'Hérodium

Le palais d’Hérode à Hérodium

Dans une conférence de presse tenue hier à l’université hébraïque de Jérusalem, l’archéologue a présenté l’aboutissement de ses longues années de fouilles. L’essentiel de la découverte se résume en un ensemble de fragments d’un grand sarcophage en calcaire ocre provenant de Jérusalem, et dont certains éléments sont pourvus de motifs décoratif en forme de rosettes. Mais, si de fait, l’emplacement d’Hérodium est incontestable il n’en va pas encore de même de la tombe d’Hérode. En effet, en l’absence d’une inscription ou d’une autre preuve tangible, rien ne permet de prouver que le site et les vestiges mis au jour par l’équipe israélienne sont bien ceux du tombeau et du sarcophage du roi Hérode. En attendant que de nouvelles découvertes aillent dans ce sens, il semble prudent d’attendre une confirmation. Mais après trente-cinq ans de recherche, la patience est éprouvée et il apparaît temps de trouver ce que l’on cherche depuis longtemps. Même si ce fut un peu long, pour Ehud Netzer, il n’est jamais trop tard pour entrer dans le cercle fermé des tomb raiders qui ont réussi.

Sous le charme de Fiskardo

Il y a quelques années, ma famille et moi, en séjour sur l’île de Leucade, avions pris le ferry pour l’île d’Ithaque afin de passer une nuit dans la patrie d’Ulysse. Sur la route, à l’aller, comme au retour, une courte escale était prévue dans le petit port de Fiskardo au nord de l’île de Céphalonie. Séduit par le charme de sa rade, je m’étais dit qu’un jour j’aimerais bien m’y arrêter plus longtemps. C’est là, selon une dépêche du ministère grec de la culture datée du 4 avril, qu’une équipe d’archéologues grecs a mis au jour une tombe d’époque romaine en forme de petite maison enclose dans une chambre sépulcrale de 8,20 sur 5,80m. Ce genre d’aménagement mortuaire est très semblable à ce que l’on peut voir dans la nécropole de l’Isola Sacra près de Rome, entre Ostie et Fiumicino.

Tombe de Fiskardo

La tombe en forme d’habitation de Fiskardo

Faits remarquables, la tombe est intacte et la porte en pierre qui la ferme comporte encore deux verrous en état de fonctionner. A l’intérieur, deux urnes funéraires, l’une en verre, l’autre en céramique. Leur contenu a livré, entre autres, des boucles d’oreilles, des bagues et des fibules en or, des clés en cuivre ainsi que des pièces de monnaies. Non loin de là, sur la partie nord de la zone investiguée, a été mis en évidence un espace public qui a toutes les apparences d’un théâtre. Mais il faudrait, selon le ministère, poursuivre la fouille pour s’en assurer. Si tel est bien le cas, ce serait là le seul théâtre connu à ce jour de toutes les îles ioniennes. Ainsi, au prochain passage, j’aurais un motif de plus pour faire une halte dans le charmant petit port de Fiskardo.