Il y a quelques années j’ai eu l’occasion de visiter le musée de la ville de Horsens au Danemark. J’ai surtout retenu de cette visite que l’explorateur Vitus Béring en était originaire. Ce musée vient de s’enrichir récemment d’une pièce remarquable découverte dans des circonstances particulières. Au mois d’août de cette année, un jeune couple qui se promenait sur les rives du fjord de Horsens en quête de coquillages a fait une singulière découverte, celle d’un petit galet de 13 x 10 x 4 cm couvert de gravures. Montré aux archéologues du musée en question, le galet fut envoyé pour analyse jusqu’au grand Musée National de Copenhague, celui là même où en 1836 le célèbre archéologue Christian JürgensenThomsen inventait la théorie des trois âges. Le verdict des spécialistes fut clair : il s’agit de motifs gravés attribuables à la culture d’Ertebølle, datée entre 5400 et 3900 avant notre ère.
Le galet gravé d’Horsens
Sur une des faces plates de ce galet on y voit un homme ithyphallique qui semble porter sur la tête des sortes d’oreilles animales. L’archéologue danois Per Borup voit cela comme une tenue pouvant évoquer certaines traditions shamaniques. La culture d’ Ertebølle est connue des archéologues pour ses célèbres kökkenmöding, qui sont des dépôts de coquillages marins, restes de déchets de consommation anthropique. Ainsi, sur un banal petit galet voici représenté un ancien amateur de fruits de mer, et en regardant attentivement ces gravures je serai bien tenté d’y voir, en plus de notre amareyeur, la représentation de deux poissons. Quant au couple découvreur du galet il pourrait, s’il était francophone, méditer les paroles de cette fameuse comptine: A la pêche au moule, moule, moule, je ne veux plus aller maman, les gens de la ville, ville, ville m’ont pris mon poisson maman.