Leur Laténium dévoilé

Sous l’accroche « Leur Laténium » est proposé un cycle de visites originales du musée d’archéologie de Neuchâtel vu à travers le regard neuf de neuf personnalités. Regard neuf, car parmi les critères de sélection des personnes nominées, elles ne devaient pas être retraitées, ni actives en politique et non plus avoir de liens directs avec le musée ou ses collections, ce qui éliminait de facto tous les spécialistes reconnus du domaine archéologique. Ces neuf personnalités ont pour nom, dans l’ordre de leur apparition tout au long de l’année : Carlos Henriquez, humoriste, Brigitte Hool, cantatrice, Raphaël Domjan, éco-explorateur, Laurent Geninasca, architecte, Tania Chytil, journaliste, Robert Bouvier, directeur de théâtre, John Howe, illustrateur, Olivier Guéniat, criminologue, et Marie-Thérèse Bonadonna, déléguée culturelle. Jeudi 26 janvier, ce fut donc à Carlos Henriquez d’inaugurer ce concept particulièrement intéressant et novateur en nous faisant profiter de sa vision décalée et insouciante du rôle de l’archéologue et plus particulièrement de celui de «Monsieur Kaeser », directeur du Laténium. Pour un membre de l’équipe suisse championne du monde en titre de Catch-Impro, qui, soit dit en passant, remettra son titre en jeu du 2 au 5 février 2017 au théâtre du Passage, la visite promettait d’avance d’être déjantée, loufoque, et pleine d’humour. Mon espoir ne fut pas déçu.
CarlosHenriquez
L’ursus spelaeus, preuve de la domination bernoise au Moustérien !

En parcourant les salles de l’exposition permanente j’ai appris entre autres que les bustes de l’entrée servent à déposer les couvre-chefs, qu’un squelette d’enfant de 12 ans découvert dans une tombe du Haut Moyen-âge est celui d’un enfant ayant gagné une partie de cache-cache, puisque personne ne l’a découvert, mais qu’il aurait mieux fait de sortir de sa cachette avant d’y demeurer pour toujours, que les traces carrées que l’on voit au sol en photographie aérienne  dans les champs du Val de Ruz sont la figuration locale des géoglyphes laissés dans le désert de Nazca, que la villa romaine de Colombier n’est autre qu’un projet avorté de Bulat Chagaev ex-dirigeant du FC Xamax pour remplacer le château, que trois crânes du pont celtique de Cornaux sont les restes bien conservés du trio humoristique Les Peutch (Fernand, Ambroise et Maurice), que la statue menhir de Bevaix n’est rien d’autre qu’un selfie de Dieu lui-même, que la roue néolithique de Saint-Blaise provient bien du Bas du canton de Neuchâtel puisqu’elle n’est pas munie de chaînes à neige, ou que l’ours des caverne de Cotencher prouve bien qu’au Moustérien le canton de Neuchâtel faisait partie du canton de Berne. Sous le regard de l’humoriste, c’est certain, on ne quitte pas la visite du Laténium sans en avoir une vision quelque peu décalée. Pour m’en convaincre il a suffi que je me place devant la derrière vitrine de l’exposition permanente du musée qui présente une série de sept crânes illustrant les différentes étapes de l’évolution de l’homme. Avec le commentaire de Carlos Henriquez, cette rangée d’encéphales devient une sorte de Conseil fédéral de nos ancêtres avec, à gauche, le crâne d’Homo sapiens, et, à droite, celui d’un Australopithèque. A la taille respective des cerveaux on mesure bien de quel bord proviennent les représentants politiques les plus évolués. Pourtant parmi toutes les informations glanées au cours de cette visite il y en a bien une qui s’est révélée vraie et que j’ignorais : la pièce de monnaie celtique placée sur un des socles de la première salle a bien été mise au jour par « Monsieur Kaeser », soi-même, sur le chantier de l’enceinte de Marin, Les Bourguignonnes. Comme quoi, il y a partout des vérités à dévoiler.


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