Après l’annonce et la remise des certificats d’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en 2011, puis la présentation d’un guide des Palafittes suisses en 2017, le Parc et Musée cantonal d’archéologie de Neuchâtel, connu sous le nom du Laténium, à Hauterive NE, s’illustre à nouveau dans le cadre d’un événement directement en relation avec la mise en valeur des « Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes ». Inaugurée mardi dernier, une fresque photovoltaïque de 18m de long, permet d’avoir un bon aperçu de l’état de conservation de l’un des cinq sites palafittiques neuchâtelois inscrit au Patrimoine mondial. A la façon d’un plongeur, mais sans difficulté, on peut visualiser un panorama embrassant environ 180 m2 de la station lacustre de « Bevaix / l’Abbaye 2 » qui dans son ensemble couvre une surface d’un peu plus d’un hectare. Le site se situe à 50m du rivage par deux mètres de fond. Les centaines d’objets qui y ont été récoltés témoignent d’un point de vue typologique de toutes les phases du Bronze final. De fait, les datations dendrochronologiques des 11 pieux datés, s’étalent entre 1057 et 880 avant J.-C. Pourvu de cette installation le Laténium mérite d’autant mieux son rôle de Centre d’interprétation des palafittes du pourtour alpin et la Médaille de la médiation archéologique que lui a décerné, il y a quelques semaines, l’Union internationale des sciences préhistoriques et protohistoriques (UISPP).
Comme un air d’aquarium
L’idée de cette fresque trouve son origine dans l’esprit de l’ingénieur et aérostier Fabien Droz. Par ses contacts établis avec Laure-Emmanuelle Perret, responsable des technologies au sein de la division photovoltaïque du CSEM, et avec Fabien Langenegger, archéologue à l’Office du patrimoine et de l’archéologie (OPAN), est né un projet baptisé « emersion » conçu en partenariat entre l’association Compáz et le Laténium, pour réaliser une valorisation des palafittes de manière originale et novatrice. Le panorama subaquatique photographié par Fabien Langenegger dans les eaux froides mais moins turbides du mois d’avril, est constitué par l’assemblage d’une mosaïque d’une centaine de clichés pris avec un rail de traveling tous les 30 cm sur une vingtaine de mètres. Le visiteur peu ainsi découvrir à l’échelle 1:1 ce qu’il pourrait voir sous l’eau s’il avait le droit et les capacités de plonger à cet endroit, ce qui n’est pas accordé à tout le monde. Car pour des raisons évidentes de protection le site lui-même est interdit à la plongée. Cette interdiction n’a cependant pas empêché des personnes mal intentionnées de se rendre sur les lieux, et, sans se faire remarquer, de démonter et dérober les rails laissés sur place. Pour l’anecdote, c’est le premier vol sous l’eau enregistré par la police neuchâteloise. Les éléments de cette fresque sont installés contre les parois méridionales de l’ancien bassin piscicole dont le plan d’eau, situé à 432 m au-dessus de la mer, restitue l’altitude du lac de Neuchâtel avant les travaux de la Correction des eaux du Jura qui conduisirent à une baisse de 2m70 de son niveau vers 1880. Face à cette réalisation, on constate qu’elle n’est pas seulement esthétiquement très réussie, mais qu’elle est également très utile. Les 19 panneaux solaires qui la constitue fournissent l’électricité nécessaire pour alimenter en énergie l’ensemble des salles consacrées à la Préhistoire, soit l’équivalent d’un tiers des besoins en éclairage du musée. Cette œuvre d’art technologique devrait pouvoir se conserver dans cet état au moins une quinzaine d’année et contribuer à la durabilité de la construction du Laténium déjà distinguée par le label Minergie.