Ce n’est pas le radeau de la Méduse

C’est demain, jeudi 1 er août à 9h00, que le radeau de l’association Pierre-à-feu doit l’arguer ses amarres devant le Parc et musée du Laténium, pour tenter de rallier, d’ici dimanche prochain, le village préhistorique de Gletterens. En plus de son équipage humain de cinq personnes, le radeau transportera comme cargaison un bloc erratique de près d’une tonne. L’embarcation propulsée à l’aide de perches et de rames, longera les rives du lac de Neuchâtel pour arriver à son but, soit un parcours d’environ 26 km. Le trajet du radeau pourra être suivi en temps réel sur le site de l’association grâce à une balise GPS et une carte présente sur leur site Internet. Une fois arrivé à bon port, le bloc de granit devra être hissé et déplacé selon des techniques anciennes grâce à des rails et des rondins de bois, jusqu’au village lacustre de Gletterens, où il sera dressé comme un menhir. Cette mise en terre deviendra un des événements marquant le 1er rassemblement préhistorique organisé sur le site de Gletterens, qui aura lieu du samedi 3 août au dimanche 11 août 2019. Ces neufs jours réuniront des spécialistes de l’archéologie expérimentale et des curieux de la préhistoire dans l’échanges de pratiques de différents artisanats comme la taille de silex, le façonnage de vannerie et de poterie, la fabrication de pirogues, le travail de l’os, de la corne et du cuir ou la confection d’arcs et de flèches, de sagaies, d’outils en cuivre et en bronze.
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Le radeau en cours de construction devant le Laténium

Il a fallu quelques jours, à l’association Pierre-à-feu pour construire ce radeau avec des moyens modernes. L’embarcation est constituée par 18 troncs d’épicéas maintenus ensemble par quatre traverses en hêtre et liées par des cordages.  Le tout forme un radier d’une taille de huit mètres sur quatre. Même si aucune construction navale de ce type n’a été attestée en fouilles, l’hypothèse que de telles embarcations ont pu être utilisées aux fins de transport de lourdes charges sur de longues distances est une hypothèse intéressante qui demande au moins d’être vérifiée par l’expérimentation. Des sites mégalithiques situés sur des îles, comme celle de Gavrinis en Bretagne, ou certaines des pierres amenées à Stonehenge, semblent indiquer que de tels transports ont pu avoir lieu en Europe dès le Néolithique. De ce fait, l’absence de tels vestiges n’est pas une preuve de leur absence. En effet, un radeau, contrairement à un bateau, ne coule pas, mais continue à flotter, jusqu’à se désagréger, pourrir et disparaître. Ainsi, l’espoir de retrouver une telle construction est bien moindre que pour tous autres types d’embarcation.  Par ailleurs, nous savons que de grands radeaux faits de rondins de balsa et utilisant des voiles pour la navigation ont joué un rôle important dans le commerce maritime sur les côtes de l’océan Pacifique, en Amérique du Sud, de la période précolombienne jusqu’au 19ème siècle. Je souhaite, dès demain, une bonne navigation aux membres de l’association Pierre-à-feu, loin de l’image du radeau de la Méduse.


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