Les premières fouilles de l’art contemporain

C’est sous le titre « Les premières fouilles de l’art contemporain » que devrait s’ouvrir au printemps 2011 au  Musée français d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, une exposition consacrée aux vestiges les plus récents exhumés dans le cadre d’une fouille programmée par l’Institut National de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP), puisqu’ils remontent à 1983. Cette année là, le 23 avril, selon les faits présentés sur le site de l’INRAP, 120 personnalités du monde de l’art contemporain participent à un banquet organisé par l’artiste suisse Daniel Spoerri dans le parc du domaine du Montcel, à Jouy-en-Josas (Yvelines). Au milieu du repas, le banquet est enterré dans une tranchée longue de 60 mètres creusée dans la pelouse. Tables, nappes, vaisselle, couverts, reliefs de repas, graffitis, dédicaces, objets d’art, photos sont ensevelis sous des mètres cubes de terre, au cours d’un rituel collectif orchestré par l’artiste. Cette performance intitulée « L’enterrement du tableau-piège » marque le renoncement par Daniel Spoerri à sa série de tableaux-pièges, dont de nombreux  spécimens sont exposés dans les musées.
Le déjeuner sous l'herbe
Le déjeuner sous l’herbe (Photo : Denis Gliksman, INRAP)

Enfoui depuis 1983, le banquet de Daniel Spoerri s’est décomposé, jusqu’à n’être qu’un souvenir. Pour en étudier les vestiges, vingt-sept ans plus tard, les premières fouilles archéologiques de l’histoire de l’art contemporain ont été ouvertes le 31 mai en présence de l’artiste, par la Société du déterrement du tableau-piège, de l’université de Paris I, de l’EHESS, de l’Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux du CNRS, ainsi que le concours d’archéologues de l’Inrap. Ces fouilles, qui doivent se dérouler jusqu’au 11 juin, sont l’occasion de se poser des questions sur les limites du fait archéologique, comme peuvent le faire par ailleurs les recherches menées aux Etats-Unis par William Rathje dans le cadre du « Garbage Project », les diverses réflexions et expositions liées à l’archéologie du futur, ou encore les vestiges modernes volontairement enfouis dans des capsules temporelles ou Time capsule. Le site de « L’enterrement du tableau-piège » est l’un des 121 sites de fouilles ouverts en France au public dans le cadre de la journée spéciale consacrée aujourd’hui par la chaîne de télévision Arte à l’archéologie de sauvetage et à l’archéologie préventive.


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