Quand London s’appelait encore Londinium

Dans le foyer du musée de la ville de Londres (Museum of London) est présenté, à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 27 janvier 2008, une exceptionnelle batterie de cuisine découverte récemment en plein cœur de la City. C’est au fond d’un puits de section carrée et au coffrage de bois que 19 ustensiles, faits d’alliages de cuivre ou de plomb, ont été mis au jour. Cet ensemble domestique, qui se trouve dans un état de conservation remarquable, comporte, entre autres, des plats, des casseroles, des bols, de grands seaux à vin, un chaudron, un trépied et une louche en fer. L’abandon de ces objets remonterait au 4e siècle de notre ère. En effet, deux pièces de monnaie qui se trouvaient au-dessus du dépôt ont été frappées après 383, soit à une époque ou Londres, alors Londinium, était en passe d’être abandonnée par sa population romaine.

Batterie de cuisine romaine

Une exceptionnelle batterie de cuisine (photo : Museum of London)

Cependant le puits ne constituait qu’une partie du vaste chantier de fouilles, réalisé entre février et novembre 2007 par l’entreprise privée d’archéologie Pre-Construct Archaeology (PCA) à l’emplacement d’un projet de construction à Drapers Garden dans la vallée du Walbrook. Le sol gorgé d’eau et l’environnement anaérobique explique la quasi absence de corrosion des objets métalliques mais aussi la découverte d’artéfacts en matières organiques comme un plancher et une porte d’habitation en bois, ainsi qu’une grande quantité de pièces de cuir et d’ossements, dont un crâne d’ours que l’on imagine provenir de l’amphithéâtre voisin. Ainsi, en plus des 19 ustensiles de cuisines, l’inventaire de cette fouille mémorable recense plus de 1100 objets également bien préservés. Ce sont, au dire des archéologues locaux, les plus importantes fouilles et les plus belles découvertes effectuées dans la ville de Londres depuis trente ans.

Sauvons La Recherche

Le système universitaire français est en crise et se bat pour que l’Université ne devienne pas une entreprise commerciale soumise à la concurrence, où le but à atteindre n’est plus le savoir mais le profit. Depuis le 28 novembre circule en ligne une pétition intitulée « Appel pour une autre réforme du service public d’enseignement supérieur et de recherche ». Cette récolte de signatures lancée par l’association Sauvons la Recherche (SLR) a, à l’heure actuelle, déjà recueilli plus de 13000 signatures.

Sauvons la recherche

Mobilisation générale pour la recherche (photo : SLR)

Pour soutenir cette pétition et faire entendre leur voix l’association SLR et des organisations syndicales organisent aujourd’hui, en ce jour de la Saint-Nicolas, une série d’actions et de manifestations dans plusieurs villes de France dont les plus importantes se dérouleront à Paris, Toulouse et Marseille. Les manifestants défileront avec des slogans comme cette citation de Nicolas Sarkozy : « Vous avez le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études » ; ou celui-ci : « La littérature ancienne ne sert à rien ? Et le marketing, c’est vital ? ». Pour comprendre les enjeux de ce mouvement vous pouvez voir le film « L’Universités, le grand soir » sur Daylimotion ou télécharger en avant-première le diaporama Powerpoint de SLR qui explique la situation actuelle de la recherche et de l’enseignement supérieur en France.

La Maison René Ginouvès fête ses dix ans

Demain 5 décembre, la Maison René Ginouvès fêtera ses dix ans par une journée Portes Ouvertes entre 10h et 16h. Au programme: des films et des photos pour révéler les coulisses du travail de recherche et la manière de poser les questions scientifiques au cours des fouilles archéologiques en fonction des différents terrains d’enquête en France, en Europe ou dans le reste du monde. Les conférences débats qui les accompagneront aborderont aussi des techniques particulières (la musique de l’âge du bronze, la taille de l’os ou de la pierre, l’invention de l’écriture), des points de méthode scientifique (le cinéma des ethnologues, l’ethnomusicologie), de nouvelles perspectives de métiers (l’ethnologie en entreprise).

Maison René-Ginouvès

La maison René Ginouvès (Photo : MRG)

Si comme moi vous n’avez pas l’occasion de vous rendre à Nanterre pour l’occasion, vous pouvez cependant passer quelques instants sur le site internet de la Maison René-Ginouvès pour y découvrir quelques aspects de cette institution qui réuni sous le même toit différentes disciplines des sciences humaines, à savoir : archéologie, préhistoire, protohistoire, ethnologie, sociologie comparative, histoire ancienne et médiévale. L’interdisciplinarité de la Maison est à la base même de ce que voulait son fondateur René Ginouvès dont on pourra lire avec profit les Mélanges qui lui sont dédiés sur le site.

La pétition de l’AVA déposée

Ce matin, l’association valaisanne d’archéologie AVA-WAG a déposé à Sion sa pétition «pour une présentation des collections archéologiques valaisannes en accord avec leur valeur patrimoniale » munie de 7000 signatures. C’est le conseiller d’Etat Claude Roch qui a reçu les représentants de l’association. Rappelons, puisque ce blog en a déjà fait part, que cette démarche vise à maintenir un cadre d’exposition digne de l’importance des découvertes archéologiques effectuées au Valais, en particulier celles des stèles anthropomorphes du site du Petit-Chasseur, qui pourraient, à terme, ne plus être visibles. Et merci à toutes celles et à tous ceux qui l’ont signée en téléchargeant le fichier pdf ou en ligne.

Illustration A. Houot
Le Valais à l’âge des métaux (Illustration : A. Houot)

En attendant que le conseil d’Etat du canton du Valais se prononce sur le sort des collections archéologiques valaisannes, il est bien sûr encore possible de visiter le Musée d’archéologie de Sion et sa collection «permanente» dans sa présentation actuelle de la Grange-à -l’évêque. De plus, dans le même temps on peut voir ou revoir, jusqu’au 31 décembre 2007, l’exposition temporaire « Des Alpes au Léman, images de la préhistoire » avant qu’elle ne se déplace aux Musées d’art et d’histoire de Genève pour sept mois, du 14 mars au 26 octobre 2008. Fruits de la collaboration entre le musée d’archéologie de Sion, le musée cantonal d’archéologie de Lausanne et le musée d’art et d’histoire de Genève, l’exposition présente des dessins grand format de l’illustrateur André Houot, qui reconstituent le paysage et la vie des hommes préhistoriques dans la vallée du Rhône et sur les rives du Léman du Paléolithique à la conquête romaine. Ces reconstitutions visuelles sur la préhistoire régionale sont mises en regard avec des objets retrouvés dans les fouilles archéologiques. Un ouvrage collectifs, portant le même titre que l’exposition, complète et prolonge la visite.

La crypte de la Civilisation

Que restera-t-il de concret de nos existences dans 10, 50 ou 100 générations, si nous ne faisons pas d’efforts pour conserver des témoignages de notre présent? C’est en constatant la pauvreté des informations que nous ont léguées les anciennes civilisations que Thornwell Jacobs (1877-1956), professeur à l’université d’Oglethorpe près d’Atlanta aux Etats-Unis, eu l’idée, en 1936, du concept de la capsule temporelle ou Time Capsule. Il s’agit d’enfermer dans un container hermétique un choix d’objets, de textes, d’enregistrements audio ou vidéo représentatifs du présent à destination de nos descendants. C’est ainsi que fut aménagée à Oglethorpe la crypte de la civilisation, ou plus exactement Crypt of Civilization, qui demeure la première et la plus ambitieuse tentative de cette nature, si ce n’est par sa taille, du moins par sa durée.

Seward Time Capsule

La « plus grande » capsule temporelle (photo : Flickr)

Dans une salle mesurant environ 6 x 3 x 3 mètres, furent entreposés, selon la liste d’inventaire, les objets les plus divers. On y trouve des microfilms de livres comme la Bible, le Coran ou l’Iliade, des enregistrements de voix de leaders politiques ou de chants d’oiseaux, des jouets, des machines, etc. Scellée en 1940, mais conçue pour refléter l’univers matériel et sonore de 1936, la crypte ne devrait être rouverte qu’en 8113. Cette date n’est bien sur pas le fruit du hasard. On sait que le calendrier de l’ancienne Egypte est basé sur le lever héliaque de Sirius, événement très rare qui ne se produit que toutes les 1461 années. Ainsi, fixé par l’astronomie, le début du comput égyptien correspondrait donc à l’an 4241 avant notre ère, soit théoriquement la plus ancienne date de l’histoire. Comme entre cette date et 1936 il s’était écoulé 6177 ans, Jacobs décida que la crypte ne devrait être ouverte que 6177 ans plus tard, soit en 8113 de notre ère. Pour garder trace des nombreuses capsules temporelles scellées par la suite, comme celle de Seward dans le Nebraska (image ci-dessus), fut créée en 1990 l’International Time Capsule Society. Et puisque l’on parle de capsule temporelle, Archéo Facts, en association avec le blog Be Virtual, a le plaisir d’offrir à ses visiteurs de découvrir jour après jour, sous la forme d’un Calendrier de l’Avant (Jésus-Christ), les objets choisis pour notre Time capsule idéale.

Le Lupercale, à voir!

Il y a une semaine, le ministre italien des Biens culturels, Francesco Rutelli, et la commune de Rome, annonçaient, urbi et orbi, la découverte d’un haut lieu de l’histoire mythique de la ville éternelle : le Lupercale. Cette grotte, selon la légende, était la demeure de la louve ayant allaité au bord du Tibre les frères jumeaux Romulus et Rémus, avant qu’ils ne soient recueillis par le berger Faustulus. Pour l’instant, seule une sonde munie d’une caméra ou d’un appareil photographique a pu pénétrer dans le lieu, qui se présente comme une salle circulaire de 6,5 mètres de diamètre, dont le plafond, en forme de coupole, est décoré de mosaïques et de coquillages. La cavité de 7 mètres de hauteur, remplie au deux tiers de gravats, se trouve sur la colline du Palatin entre le temple d’Apollon et l’église Sainte-Anastasie dans la partie correspondant au palais d’Auguste.

Lupercale ou nymphée

Est-ce vraiment le Lupercale? (photo: La Republica)

Cependant, malgré la certitude dont semble faire preuve les autorités italiennes lors de cette annonce, de nombreux archéologues spécialistes pensent que le Lupercale, s’il existe encore, doit se trouver plus à l’ouest et plus proche des rives du Tibre. D’ailleurs, ce que les images et la vidéo montrent ressemble plus à un nymphée qu’à une grotte, même aménagée. Il apparaît dès lors que seule une fouille minutieuse de la pièce permettra de faire toute la lumière sur son usage exact. Ainsi, derrière cette annonce publique, qui d’un point de vue scientifique se révèle prématurée, se cache l’effet d’une mise en valeur voulue de l’endroit, histoire de rappeler qu’un vaste programme de restauration du Palatin a été mis en oeuvre depuis des années, ce qui s’est traduit par un investissement important du gouvernement italien de 12 millions d’euros. La découverte annoncée depuis plusieurs mois du Lupercale n’a été médiatisée que la semaine dernière afin d’offrir une cerise sur le gâteau financier de ces grands travaux. Ceux-ci doivent cependant s’achever l’année prochaine par la réouverture au public, en février 2008, du palais d’Auguste sur le Mont Palatin.

Liste rouge péruvienne

Le Conseil international des musées (ICOM) et l’Office fédéral de la culture (OFC) ont présenté ce matin à Bâle, en première mondiale, la Liste rouge des antiquités péruviennes en péril. C’est ainsi la cinquième publication dans la série des Listes rouges, après celle des objets africains, des biens culturels d’Amérique latine, des antiquités irakiennes et afghanes. Ces listes rouges établies par des experts en archéologie et ethnologie doivent servir d’aide-mémoire aux musées, salles de vente, marchands d’art, collectionneurs, services de police et des douanes afin de les rendre attentifs aux catégories d’objets sensibles devant être pourvu d’un certificat d’exportation. Car le trafic illicite des biens culturels est l’une des activités criminelles les plus lucratives à l’échelle de la planète.

Vases Moche

Les vases Moche sont sur la liste rouge (photo: ICOM)

Les listes rouges présentent pour chaque région concernée un certain nombre de catégories d’objets qui sont particulièrement la cible du pillage. En organisant en avant-première la présentation de la liste péruvienne, la Suisse entend aussi rappeler, à ceux qui l’auraient oublié, qu’elle a signé avec le Pérou en décembre 2006 un accord de restitution des objets volés saisis sur son territoire. Cet accord, ainsi que ceux passé avec l’Italie et la Grèce, représentent les témoignages concrets de la mise en œuvre depuis plus de deux ans de la Loi sur le transfert des biens culturels (LTBC) permettant l’application de la Convention de l’UNESCO de 1970, sur les mesures à prendre pour interdire l’importation, l’exportation et le transfert illicites de ces biens.

Deuxièmes JAFAJ

En cette fin de semaine et durant le week-end l’Arc jurassien sera plongé dans la nuit des temps. En effet, dès demain et jusqu’au 18 novembre 2007, les archéologues jurassiens, français et suisses, se réuniront sur la frontière entre Delle et Boncourt pour les deuxièmes Journées Archéologiques Frontalières de l’Arc Jurassien (JAFAJ). Ces journées sont organisées conjointement par le Service régional de l’archéologie de la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) de Franche-Comtés et par le Laboratoire de chrono-écologie de l’Université de Franche-Comté à Besançon pour la partie française et par la Section d’archéologie et paléontologie de l’Office de la culture du canton du Jura pour la partie suisse. Le thème proposé «Le peuplement de l’Arc jurassien de la Préhistoire au Moyen Âge » permettra d’aborder toutes les époques couvertes par l’archéologie comme en témoigne le riche programme annoncé. Ces journées donneront l’occasion, comme il y a deux ans, d’avoir un aperçu sur certaines découvertes opérées dans la région, et de faire le point sur l’état des connaissances environnementales et culturelles aux différentes périodes.

Dinosaure dans un rond-point

L’arc jurassien plonge dans la nuit des temps.

En même temps paraissent dans la série des Cahiers d’archéologie jurassienne (CAJ), en co-édition avec les Annales littéraires de Franche-Comté, les actes des Premières JAFAJ vécues en octobre 2005. L’ouvrage, vingtième des CAJ, est divisé en deux parties. La première traite des colonies et villes gallo-romaines de la région, sous le thème abordé alors de « Mandeure, sa campagne et ses relations d’Avenches à Luxeuil et d’Augst à Besançon ». La seconde partie est dédiée aux découvertes réalisées ces dernières années dans la région et expose les premiers résultats de recherches en cours ou achevées. Comme l’ensemble de ces journées ne remonte pas plus loin dans le temps que le Pléistocène supérieur, pas de risque de se retrouver confronté à un dinosaure, sinon au détour d’un rond-point.

Daynès rencontre Mrs Ples

Pour célébrer la découverte il y a 60 ans de Mrs Ples dans la grotte de Sterkfontein près de Johanesbourg en Afrique du Sud, le Musée du Transval a ouvert le 9 novembre au public une nouvelle exposition temporaire intitulée « Mother Africa and Mrs Ples ». C’est en effet le 18 avril 1947 que le paléontologue Robert Broom et son assistant John Robinson exhumèrent le crâne de « Mrs Ples », surnom donné aux vestiges d’une femelle d’Australopithèque vieille de 2,15 millions d’années, à moins qu’il ne s’agisse d’un adolescent mâle de la même espèce. Avec la mise au jour cinq mois plus tard d’autres vestiges de ses ossements, Mrs Ples est le squelette le plus complet d’Australopithecus africanus connu a ce jour, parmi les nombreux autres fossiles découverts dans la région classée au patrimoine mondial sous le nom de « Cradle of the Humankind » (berceau de l’humanité).

Mrs Ples

Enchanté, Mrs Ples ! (photo:Dominique Gommery)

Pour l’occasion le musée s’est offert les services d’Elisabeth Daynès, sculptrice renommée pour rendre un visage à « Mrs Ples ». Il a fallut quatre mois à cette artiste pour modeler le buste de la nouvelle égérie du Musée du Transval. Depuis vingt ans Elisabeth Daynès a eu l’occasion de se confronter à de nombreux autres grands ancêtres comme Toumaï, Lucy, Néanderthal et Cro-Magnon. Par ailleurs elle est aussi connue pour avoir rendu ses traits humains à la momie de Toutankhamon pour le National Geographic. Ce mois-ci, un livre intitulé tout simplement Daynès aux éditions Fragments International rend compte par l’image et le texte de son œuvre de reconstitution paléoanthropologique. Quant à Mrs Ples, si vous tenez à la rencontrer, son exposition est ouverte jusqu’au 31 janvier 2008.

A l’aube de l’Europe

Au musée national d’histoire de Roumanie à Bucarest (MNIR) vient de s’ouvrir l’exposition « A l’aube de l’Europe, les grandes cultures néolithiques de Roumanie». Pour l’occasion sont présentées au public, parfois pour la première fois, 1200 pièces néolithiques provenant de 39 musées roumains. L’ouverture s’est faite en l’honneur de la visite dans ce pays de la Commission aux Affaires Etrangères du Parlement suisse. Ce n’est pas un hasard. En effet, c’est lors d’une visite en 2003 en Roumanie de l’association Hellas et Roma, groupe genevois de passionnés d’archéologie, que l’idée d’une telle exposition a germé. En outre, la direction générale de l’exposition a été confiée à l’archéologue suisse Laurent Chrzanovski.

Le Penseur et la Femme
Le « Penseur » et la « Femme assise » (photo : MNIR)

L’exposition permet d’évoquer tout un chapelet de civilisations aux noms évocateurs pour les néolithiciens comme Boian, Vinca, Cucuteni, Hamangia, Gumelnita, Vadastra, Bodrogkerestur, Cernavoda et de découvrir des chef-d’œuvres de l’art néolithique comme le «Penseur de Cernavoda » et « la femme assise » de la culture d’Hamangia datés de la seconde moitié du 6ème millénaire avant notre ère. Cependant, pas la peine de se précipiter en Roumanie pour découvrir l’exposition, car dès l’année prochaine elle entamera une tournée internationale. En juin 2008 elle s’ouvrira au public à Olten, en Suisse, dans le cadre de l’Historisches Museum. Puis ce sera au tour de Bruxelles de l’accueillir avant de la laisser poursuivre sa route en Europe, voire en Amérique.