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Journées de l’archéologie et Fête de la nature

Le mois de mai, outre les mariages, semble propice aux manifestations d’envergure. Après la nuit européenne des musées et la journée internationale des musées, ce week-end se sont les amis de la nature et de l’archéologie qui se donnent rendez-vous dans le cadre de deux organisations distinctes. En France, aujourd’hui et demain, ont lieu les deuxièmes journées de l’archéologie. Après une première journée organisée avec succès en 2010 par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) et la chaîne de télévision Arte, les Journées de l’Archéologie deviennent un rendez-vous culturel et scientifique national, organisé sous l’égide du ministère français de la Culture et de la Communication. Cet événement vise à sensibiliser le public aux enjeux contemporains de la recherche archéologique, à ses disciplines et ses méthodes, comme à la richesse et la diversité du patrimoine archéologique. Encore une fois, comme il y a deux semaines, les musées d’archéologie seront également mis à contributions puisque le thème de cette année est « De la fouille…au musée ». Sur le programme de la manifestation 33 « portes ouvertes » sont proposées sur des chantiers en cours de fouilles. Des sites archéologiques font l’objet d’ouvertures ou de visites exceptionnelles. Dans les monuments et les musées, conservateurs et archéologues proposent au public une présentation des collections éclairée par leur expérience de terrain. Les Journées nationales de l’Archéologie sont aussi l’occasion pour le public de découvrir les différents métiers pour mieux saisir le processus qui relie le terrain, l’analyse des résultats en laboratoire et la présentation des vestiges.

Journées de l'Archéologie
Extrait de l’affiche des Journées de l’Archéologie.

De leur côté les amis de la nature, poursuivent la 5ème édition de la Fête de la Nature commencée le 18 mai partout en France. Cette année le thème de la manifestation est “L’insolite à votre porte !”. La Fête de la Nature est un événement national, qui permet à tous de vivre des rencontres au cœur des sites naturels les plus remarquables ou les plus quotidiens sous la désignation de la nature en ville! Suivant nos voisins français, la Fête de la nature se déroule pour la deuxième fois dans toute la Suisse romande! Plus de 70 partenaires se sont associés à la revue La Salamandre et à son rédacteur en chef Julien Perrot, pour proposer plus de 200 sorties et événements gratuits aux amoureux de la nature. Et parfois, ces derniers sont également passionnés par l’archéologie. Du reste, en Suisse, les textes de loi qui concernent l’archéologie se trouve contenus dans la Loi fédérale du 1er juillet 1966 sur la protection de la nature et du paysage (LPN), ce n’est donc pas un hasard. Ainsi, d’une certaine manière, il semble normal que spécialistes de l’archéologie et de la protection de la nature se retrouvent ensemble, le temps d’un week-end, pour procéder ensemble à la réfection d’un mur en pierres sèches ou a échanger leurs connaissances sur l’histoire des forêts, par exemples. A quand donc des journées de l’archéologie en Suisse, voire même une organisation commune de ces deux manifestations en France et en Suisse ? Ne serait-ce pas un beau mariage ? En plus d’y participer, on a le droit d’en rêver.

Les objets de la Nuit des Musées 2011

Le samedi 14 mai, pour la septième année consécutive, les Musées européens ouvrent leur porte la nuit. Pour l’occasion, le site Internet dédié à l’événement du ministère français de la Culture a fait peau neuve, et constitue un véritable portail d’information pour l’ensemble de la manifestation partout en Europe. Cette nuit-là, près de 3000 musées dans 40 pays du Conseil de l’Europe ouvrent leurs portes. Le lendemain, sera suivit, comme d’habitude, par la journée internationale des musées. Dimanche 15 mai, c’est la mission de mémoire des musées qui sera au centre de la Journée des musées 2011. Pour cela, une série de questions chercheront réponses : «  quels sont les objets et souvenirs que collecte le musée, et quelles sont les raisons de ces choix? Comment préserver des objets pour le présent et pour l’avenir? Comment recherche-t-on l’histoire des objets? Et comment partager ces histoires avec les publics? ». Vaste programme !

Nuit des Musées 2011
Extraits de l’affiche de la Nuit des Musées 2011

Pour ces deux journées et cette nuit, pour la deuxième année consécutive, les musées français et suisses de l’Arc Jurassien ont élaboré un programme commun. Résultant d’une coopération entre la Direction général des Affaires Culturelles de Franche-Comté et l’Association des Musées Suisses de l’Arc Jurassien, ce programme regroupe l’ensemble des propositions des musées de la région le soir de la Nuit et du Jour d’après. Au-delà de la frontière qui nous sépare, il existe un véritable lien géographique et culturel entre ces deux régions. Il est naturel que les musées, conservateurs du patrimoine, profitent de cette double occasion pour souligner ce qui nous rassemble et se jouer de nos différences. Une invitation à découvrir aussi les musées de nos voisins.

Palafittes, la sélection finale

Hier, l’association Palafittes a enfin donné de ses nouvelles pour faire part, dans sa deuxième Newsletter, des dernières informations concernant le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO des sites lacustres établis autour des lacs de Suisse, de France, d’Italie, d’Allemagne, d’Autriche et de Slovénie. Elle reprend un communiqué de l’Office fédéral de la culture qui signalait qu’entre le 29 septembre et le 17 octobre 2010, une experte de l’ICOMOS s’est rendue dans ces différents pays pour une mission d’évaluation. Elle était accompagnée de membres des autorités nationales et régionales ainsi que de spécialistes. A cette occasion, elle a également pu rencontrer des représentants des autorités politiques des différents pays, régions et villes. A la suite de cette tournée on y apprend que l’ICOMOS a demandé aux pays associés de fournir des informations complémentaires. Ainsi, certains sites, pour lesquels aucune conservation in situ à long terme ne pouvait être garantie, devaient être exclus du classement. Ces informations complémentaires ont été envoyées à Paris à la fin février 2011. De ce fait, la liste définitive passe de 152 à 111 sites, dont 56 en Suisse (sur 82 présélectionnés). Les recommandations finales de l’ICOMOS seront publiées en mai 2011, et c’est sur cette base que le Comité du patrimoine mondial se prononcera quant à l’inscription des palafittes de l’arc alpin sur la liste du patrimoine mondial, lors de sa 35ème  session qui se déroulera à Bahreïn à la fin juin 2011.
Pfahlbauten Palafittes Lake Dwellings

Image de couverture de la brochure « Palafittes… »

Pour finir, la Newsletter de l’association Palafittes nous invite à aller jeter un coup d’œil à son site internet qui s’est quelque peu étoffé depuis sa création en 2008. Parmi les nouveautés on trouve une brève description de chacun des 111 sites nominés, classés par pays. Des cartes, établies pour chaque lac, permettent de voir en gros où se situent les différents gisements retenus, et permet aussi de se faire une idée de la densité générale des sites connus à ce jour. On peut également télécharger (au lieu de l’acheter 15 CHF / 10 €) la brochure d’information «Pfahlbauten – Palafittes – Palafitte – Pile dwellings – Kolisca » sortie l’été dernier, et qui fut envoyée gratuitement aux quelques membres enregistrés de l’association. Elle présente sur 104 pages et avec 340 images en couleur la vie quotidienne des habitants des sites lacustres entre 5000 et 800 av. J-C. La valeur scientifique du contenu a été assurée par Peter Suter (Service archéologique du canton de Berne) et Helmut Schlichtherle (Landesamt für Denkmalpflege, Baden-Württemberg), deux spécialistes reconnus en la matière, et la collaboration de nombreux archéologues travaillant dans les services archéologiques concernés. Mais les plus intéressants des documents téléchargeables sont sans aucun doute le dossier de nomination déposé à Paris en janvier 2010, ainsi la version révisée du plan de gestion des sites palafittiques déposée en février 2011.

L’archéologie au sein du Territoire Suisse

L’archéologie étudie les vestiges et les traces enfouies dans le sol qui servent à reconstituer l’histoire la plus ancienne de notre passé. Ce rôle de témoins de l’histoire est une des fonctions du sol. Or, comme le montrent les études menées conjointement par l’Office fédéral de la statistique (OFS) et l’Office fédéral du développement territorial (ARE), ce ne sont pas moins de 10’000 m2 de terrain qui disparaissent toutes les trois heures au profit de surfaces d’habitat et d’infrastructure. Le 21 janvier 2011, des représentants politiques de la Confédération, des cantons, des villes et des communes ont présenté à Berne le Projet de territoire Suisse au public. Le Projet de territoire Suisse expose les objectifs et les stratégies en vue d’une meilleure coopération et de l’utilisation durable du sol, ressource limitée. La croissance démographique et économique, ainsi que les exigences nouvelles de chacun en matière de logement, de loisirs et de mobilité ont abouti à une extension des surfaces urbanisées dans de nombreuses régions du pays ainsi qu’au mitage de paysages naguère libres de construction. Les réseaux de transport ont aujourd’hui atteint leurs limites en matière de capacité, de financement et d’impact environnemental. En 2005, l’Office fédéral du développement territorial (ARE) constatait dans le rapport sur le développement territorial que le développement territorial de la Suisse n’était pas durable. Confédération, cantons, villes et communes ont alors décidé d’élaborer conjointement un projet de territoire pour la Suisse. Ce projet vise à établir pour la première fois une conception commune du futur développement territorial de la Suisse, qui soit acceptée par les trois niveaux politiques.

Projet Territoire Suisse
Le Projet de territoire Suisse en consultation

A l’occasion de la conférence de presse du 21 janvier 2011, l’organisation tripartite du projet a donné le coup d’envoi à une vaste procédure de consultation. Le Conseil fédéral, les gouvernements cantonaux, les exécutifs des villes et des communes, les partis, les associations ainsi que les autres organisations et groupes d’intérêt en Suisse et dans les régions frontalières à l’étranger sont invités à prendre position sur cet avant-projet. Au terme de la procédure de consultation fin juin 2011, le Projet de territoire sera adapté sur la base des prises de position reçues, puis adopté sur le plan politique par les partenaires des trois niveaux de l’Etat. Les archéologues, en tant que groupe d’intérêt, ont ainsi jusqu’au mois de juin pour se poser la question de savoir comment l’archéologie peut s’inscrire dans une politique de développement durable qui voudrait promouvoir, entre autre, un usage parcimonieux du sol tout en intégrant exigences écologiques, économiques et sociales. Nous nous devons de participer à ce projet qui s’il est correctement appliqué permettra un développement contrôlé des constructions, et, par voie de conséquence, évitera la destruction aveugle du patrimoine archéologique enfoui.

Attention soutenue à Pompéi

Le 24 août 79 après J.-C. le Vésuve recouvrait d’un linceul de lapillis et de cendres la bourgade campanienne de Pompéi. Ce n’est que près de 17 siècles plus tard, à partir de 1748, que la ville fut à nouveau, progressivement, remise au jour. Avec ses 44 hectares déjà dégagés, Pompéi constitue le plus grand musée archéologique à ciel ouvert. Il reste pourtant encore 40% de la surface de la ville à découvrir. Mais avant cela il faudra bien trouver un moyen de conserver ce qui a déjà été exhumé. Car il ne suffit pas de fouiller, il faut être en mesure de conserver ce que l’on a mis au jour. En effet, le 6 novembre, la Maison des Gladiateurs située à côté de la Maison de Lucretius Fronto sur la Via de Nole, s’effondrait sur elle-même, semble-t-il minée par des infiltrations d’eau de pluie. Le 30 novembre, c’est un mur bordant la Maison du Moraliste qui s’effondrait à son tour. Entre septembre 2003 et février 2010, ce ne sont pas moins de seize effondrements qui se sont produits à Pompéi, comme l’a rappelé Sandro Bondi, le ministre italien de la Culture. De fait, 70% du site est en péril, selon Pier Giovanni Guzzo, l’ancien intendant de Pompéi.
Cave Canem
Attention au chien !

Le site est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997. Une mission d’experts mandatée par l’organisation s’est rendue dernièrement sur place pour examiner la question et rendra son rapport lors de la prochaine session du Comité du patrimoine mondial à Bahreïn en juin 2011. La Maison des Gladiateurs, qui comprenait une grande salle carrée de 8,50 mètres de côté, était décorée de dix victoires ailées portant des glaives et des boucliers, de trophées et de chars ainsi que de peintures murales recouvertes du célèbre rouge pompéien. Par manque d’entretien, d’autres monuments de Pompéi seraient menacés, comme le Temple d’Apollon, la Maison du faune, la Maison du poète tragique avec sa célèbre mosaïque portant l’inscription «cave canem». Pourtant, a priori, ce ne sont pas les moyens qui devraient manquer. Depuis le vote d’une loi en 1997 accordant l’autonomie de gestion à Pompéi, la surintendance archéologique du site perçoit l’intégralité de la vente des billets aux 2 millions de visiteurs qui affluent chaque année, ce qui rapporte environ 22 millions d’euros. Si la conservation de Pompéi ne peut être assurée à long terme, tous les efforts scientifiques et l’habileté politique de Celsius, au 26ème siècle, pour ensevelir la cité et la préserver, afin de témoigner de l’existence passée du Sud, auront été vains (voir « Péplum » d’Amélie Nothomb ).

L’archéologie sort de l’ombre au Sénégal

Aujourd’hui se termine à Dakar le 13ème Congrès de l’Association Archéologique Panafricaine de Préhistoire et des Disciplines Associées (PANAF) conjointement à la 20ème Conférence de la Société des Archéologues Africanistes (SAFA). Cette réunion, qui a débuté le 1er novembre dans l’enceinte du campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar a été l’occasion pour quelques 350 archéologues, historiens et chercheurs de diverses disciplines scientifiques de faire une rétrospective, mais également un bilan des recherches africaines et de mener d’une manière générale une réflexion sur le thème de la préservation du patrimoine culturel africain.
IFAN
L’IFAN et le Musée de Dakar

La tenue de ce Congrès à Dakar fut une bonne occasion pour les archéologues sénégalais de sortir de l’ombre et de faire entendre leur voix. Selon Moustapha Sall archéologue et enseignant au département d’histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Sénégal ne compte que 10 archéologues en activité. Les étudiants en archéologie, une fois leur maitrise acquise, par manque de débouchés et de perspectives, se spécialisent en histoire et deviennent des enseignants. Il espère que la réforme du Système licence-Master-Doctorat (LMD), et l’introduction d’un Master en archéologie et gestion du patrimoine (AGEP) va permettre d’inverser cette tendance. De son côté le chef du laboratoire d’archéologie de l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN), Ibrahima Thiaw, a plaidé la cause de l’archéologie préventive qui est encore peu développée au Sénégal. Selon lui seuls deux ou trois projets de constructions ont fait recours à l’archéologie préventive. Une réforme de la législation actuelle, qui date de 1971, devrait permettre de prendre en compte l’archéologie préventive comme cela se fait actuellement en Mauritanie, au Mali ou en Afrique du Sud.

Horizons 2015 en quête d’idées

Comme s’en est fait l’écho ce blog ici, le 29 janvier dernier s’est tenu, à Berne, le colloque inaugural du forum de discussion «Horizons 2015 » sous le titre « Archéologie en Suisse – Situation et perspectives». La déclaration finale, des résumés de certaines communications, de même qu’un enregistrement sonore du débat final,  peuvent être podcastés ici sur le site internet du forum . Cependant si un débat doit avoir lieu dans les cinq années à venir, il est plutôt mal parti, car personne ne semble prêt à y participer et à y ajouter ses idées à la réflexion générale. Pour preuve : la page qui se veut être un forum de discussion pour tous les acteurs de l’archéologie suisse reste désespérément vide depuis le mois de janvier car on ne compte à ce jour qu’une seule contribution, la mienne. A croire qu’il n’y a rien à débattre et qu’il n’y a aucun problème urgent. En somme, tout va très bien, madame la Marquise !
Concours d'idées Horizons 2015
De la parole aux actes !

A la fin de l’été, pour relancer le débat, l’Assemblée des délégués de l’association et le Comité directeur ont décidé d’organiser deux concours d’idées. Le premier, intitulé « Archéologie et société » vise à analyser la perception que la société peut avoir de l‘archéologie et de prévoir des mesures concrètes pour la redynamiser. Le second, plus ambitieux, dénommé « Collaborations et recherches archéologiques suprarégionales » vise à faciliter la recherche régionale et suprarégionale et d’encourager la collaboration entre les différentes institutions s’occupant d’archéologie, soit en premier lieu les services cantonaux, les universités et les musées. La condition commune à chacune des propositions faites dans le cadre de ce concours d’idée est quelles doivent être réalistes tant sur le plan politique que financier, et, en principe, elles doivent être réalisables dans un délai de 5 ans.
Si vous avez des idées à partager, et que ces problématiques vous intéressent, il suffit d’envoyer au comité d’Horizons 2015 un bref résumé de vos propositions et cela jusqu’au 21 novembre 2010, le comité ayant décidé de prolonger le délai du dépôt d’idée initialement fixé au 31 octobre. Il est temps de passer de la parole aux actes. Pour ma part, j’ai déjà l’idée d’un projet. J’espère ne pas être le seul.

JIM 2010, la Lune a rendez-vous avec Vénus

Comme chaque année à la mi-mai, les musées ouvrent leurs portes aux visiteurs pour se dévoiler sous leur meilleur jour ou à la clarté des étoiles.  Samedi soir,  aura lieu la traditionnelle Nuit européenne des Musées. Placée sous le patronage du Secrétaire Général du Conseil de l’Europe cette nuit se déroulera simultanément le samedi 15 mai 2010 dans les pays signataires de la Convention culturelle européenne. Sous le titre «Le Nil au Clair de Lune » le Parc et Musée d’Archéologie de Neuchâtel à Hauterive, se place sous les cieux de l’Egypte Antique. Dès 19h, des spectacles théâtraux, des projections de films et des démonstrations en plein air permettront de découvrir ou de redécouvrir la grande histoire d’Alexandrie et la puissance du Nil au pays des pharaons. Mais en raison de la Nouvelle Lune,  le soir avant, cela ne pourra se faire véritablement au Clair de Lune.

Rendez-vous à la JIM 2010
Rendez-vous dans les musées pour la JIM 2010

Dimanche 16 mai, sous la bulle jaune qui marque les points de rendez-vous ou «Treffpunkt », et qui rappelle la couleur des Post-it qui viennent de fêter leurs 30 ans d’existence, les Musées convient leurs usagers à la Journée internationale des Musées (JIM). Les Musées suisses invitent ainsi à participer à des activités et « des rencontres de toutes sortes ». Les familles constituent le « public-cible » de cette journée, en particulier à Hauterive. Toute la journée le Laténium proposera un programme d’activités pour les enfants et leurs parents : jeux, ateliers et spectacles ludiques pour suivre le cours de l’eau du Nil à Alexandrie. Une pièce de théâtre plongera petits et grands au cœur de l’ancienne Egypte. Les enfants pourront s’exercer aux gestes ancestraux des Egyptiens puisant l’eau au bord du Nil, avec les grands « shadoufs » dans le parc. … Et pour les petits bricoleurs, réalisation de « shadouf » miniature ! Enfin, si les conditions météorologiques sont bonnes (ciel clair, sans brume, sans nuage ou cendres volcaniques), essayez d’apercevoir  en plein jour ou au crépuscule la planète Vénus qui accompagnera dans le ciel un fin croissant de Lune.

Un trou de mémoire : le pillage archéologique

S’il y a une question qui préoccupe les milieux archéologiques, c’est bien celui du pillage et du trafic des vestiges archéologiques. Comment informer et lutter contre ce fléau qui soustrait à la connaissance scientifique une part non négligeable du patrimoine de l’humanité. Nos collègues français de l’INRAP viennent d’en faire une nouvelle fois l’expérience sur un site en cours de fouille à Noyon (Oise) qui dans la nuit du 8 au 9 février 2010 a reçu la visite d’un groupe de pilleurs équipés de détecteurs à métaux. Chacun des trous opérés par ces pilleurs d’une nuit, a détruit le contexte de découverte, et constitue autant de trous de mémoire dans la reconstitution de notre passé. La dernière Infolettre de l’HAPPAH en appelle du reste à une mobilisation générale contre le pillage au détecteur de métaux, car cette pratique semble de plus en plus fréquente  en France tant sur les chantiers de fouilles que sur les zones archéologiques.
Trous de pillage à Umma, Irak
Cratères de fouilles laissés par les pilleurs à Umma, Irak

Mais, force est de constater que les utilisateurs de détecteur à métaux ne sont en fait que des amateurs, en marge des véritables professionnels du pillage. D’un point de vue commercial, leurs prises ne représentent qu’une partie congrue du vaste marché que représente le commerce illicite des antiquités. C’est à l’échelle de la planète, et pour des objets bien plus prestigieux que des éclats de shrapnels, qu’opèrent les groupes de pilleurs qui alimentent le marché de l’art. Un véritable réseau de collectionneurs, de marchands d’art et de conservateurs de musées s’est mis en place ces dernières années, pour mettre en vente sur le marché le produit des pillages organisés afin de déjouer les contrôles douaniers, contourner les législations nationales et ignorer les conventions internationales. Après le trafic d’armes et de drogues, le commerce des biens culturels représente, en valeur absolue le troisième au monde des revenus illicites, comme le démontrent Laurent Flütsch et Didier Fontannaz dans «Le pillage du patrimoine archéologique»  un essai de 212 pages récemment paru aux éditions Favre, à Lausanne. Son sous-titre «Des razzias coloniales au marché de l’art, un désastre culturel», indique clairement que le pillage n’est pas le fait de notre seule époque. Mais aujourd’hui, vu son ampleur, il constitue indéniablement une perte d’identité et de richesses culturelles pour les populations spoliées de leur passé.

Alerte rouge levée au Mormont

Bonne nouvelle pour l’archéologie suisse et européenne. La Confédération, par l’entremise de l’Office fédéral de la Culture, vient d’octroyer au Canton de Vaud une subvention extraordinaire de 700’000.- Frs pour achever les fouilles  sur la colline du Mormont, au-dessus d’Eclépens. Le solde du coût des travaux sera assumé par l’entreprise Holcim exploitant de la carrière où furent découvertes en 2006 un sanctuaire helvète du 1er siècle avant J.-C. Ce site à déjà livré plus de deux cents fosses cultuelles, et une soixantaine de fosses restent encore à fouiller. Un film documentaire « Le Crépuscule des Celtes », ainsi qu’une plaquette de 16 pages  «  Le Mormont. Un sanctuaire des helvètes en terre vaudoise vers 100 av. J.-C. » permettent de se faire rapidement une idée de l’intérêt exceptionnel, voire sensationnel, de ces fouilles pour notre patrimoine. Ce matin encore, l’émission “Babylone”, sur Espace 2, donnait la parole aux protagonistes de l’archéologie du Mormont.

Cerémonie au Mormont
Représentation d’une cérémonie au Mormont

L’alerte rouge pour ce gisement a été déclenchée  par un article du journal 24h du 16 septembre 2009, qui titrait: « Faute d’argent les fouilles du Mormont sont interrompues ». La communauté scientifique a dès lors commencé à craindre le pire. En effet, le site est menacé d’une destruction imminente par la poursuite de l’exploitation de la carrière de calcaire, qui devrait s’étendre en 2011 dans la zone archéologique. Depuis 2008, et la mise en place de la nouvelle répartition des tâches entre la Confédération et les Cantons, les moyens alloués par Berne à l’archéologie du pays ont diminués de beaucoup, et, selon le Conseiller d’Etat, François Marthaler, en charge du Département des infrastructures dont dépend le service de l’archéologue cantonale Nicole Pousaz, le Canton de Vaud ne reçoit plus que le quart de ce qu’il recevait avant.  L’intérêt scientifique  pour fouiller ce sanctuaire, a fort heureusement été répercuté dans le grand public, par l’entremise de lettres de lecteurs ainsi que d’articles dans les quotidiens. Cette mobilisation citoyenne et médiatique aura sans doute permis d’obtenir une décision assez rapide de l’administration fédérale à Berne, d’habitude plus connue pour ses lenteurs que pour sa célérité dans le traitement des dossiers. Fin d’alerte !