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Rencontres à Mbanza Kongo

Une rencontre, organisée par le ministère de la Culture de l’Angola dans la ville historique de Mbanza Kongo, dans la province Zaïre, au nord du pays, analyse jusqu’au 28 septembre des questions liées à l’historiographie du pays, le peuplement, les migrations, les formations politiques et leur évolution, l’impact des relations avec le nouveau monde et le trafic des esclaves. Cette rencontre survient peu de jours après l’organisation d’une table ronde internationale sur Mbanza Kongo, qui a réuni 30 spécialistes angolais et internationaux pour recueillir des contributions visant à la reconnaissance par l’organisation des Nations Unies pour l’Education, la science et la culture (UNESCO) de cette ancienne capitale du Royaume de Kongo parmi les sites inscrits au Patrimoine culturel de l’humanité. Au cours de cette table ronde des thèmes tels que «L’archéologie préventive et le rôle de l’archéologie dans la société » ou « Culture Kongo » ont été abordés. Il en résulte, si tout va bien, que Mbanza Kongo devrait faire l’objet de fouilles intensives pour révéler son riche passé, partagé non seulement par l’Angola, mais également par la République Démocratique du Congo, le Congo-Brazzaville et le Gabon.

Mbanza Kongo

Ruines de l’église de Mbanza Kongo (photo: Flickr)

Il est encourageant de constater que même dans un pays récemment en proie à la guerre civile et à la famine la conservation et la gestion du patrimoine historique et culturel peuvent être reconnues comme des tâches suffisamment importantes par les gouvernants pour qu’ils s’en préoccupent et qu’ils cherchent à les développer. Mais il reste encore beaucoup à faire en Afique sub-saharienne pour que la population soit également partie prenante dans ce genre de préoccupation. Seule l’éducation et l’accès à l’information pourront permettre un tel développement. Quant à nous, grâce à internet, nous pouvons rechercher des informations sur ce patrimoine méconnu grâce à des sites comme african-archaeology.net ou la Society of Africanist Archaeologists. Dommage cependant, que ces sites ne soient pas plus régulièrement mis à jour.

Archéologie forensique au Pérou

Dans le cimetière inca de Puruchuco, au nord-est de Lima, des milliers de momies y ont été découvertes depuis 1999. Mais à partir de 2004, les archéologue péruvien Guillermo Cock et Elena Goycochea ont annoncé avoir mis au jour 72 squelettes, enterrés en hâte à faible profondeur sans les usages traditionnels qui faisaient reposer la tête vers l’est, dont 35 montrent des signes de mort violente. Parmi ces ossements, un crâne de jeune homme présente un trou circulaire qui, analysé à l’institut de forensique de l’université de New-Haven dans le Connecticut aux Etats-Unis, a montré des traces évidentes de fer. L’impact pourrait avoir été causé par une balle de mousquet, une arme à feu utilisée par les Espagnols lors de la Conquête de l’Empire Inca. Des céramiques issues du même site permettent de dater l’origine des ossements aux alentours des années 1530. La victime serait ainsi parmi les plus anciennes personnes tuées par balle du continent américain.

Puruchuco

Une victime inca tuée par balle (photo:E. Goycochea)

Tous ces autochtones, semblent avoir été les victimes d’une confrontation avec les conquistadors, peut-être lors du siège de Lima par les troupes de Francisco Pizarre durant l’été 1536. Mais si certains corps présentent également des marques de coups donnés par des armes à feu ou tranchantes européennes, d’autres montrent des traces de blessures d’armes indigènes comme des haches de pierre et des flèches. « Cela confirme le soutien de troupes indigènes aux conquistadors », un élément qui était souvent passé sous silence par les chroniques de l’époque, relève Guillermo Cock. Pour plus de détails et des images un petit documentaire sur le sujet est accessible sur YouTube.

A la recherche d’Artémis Amarysia

Cela commence comme une chasse au trésor. Un emplacement à marquer d’une croix sur une carte est à trouver à partir d’une série d’énigmes à résoudre. Le site, c’est celui du temple d’Artémis Amarysia, le plus important sanctuaire situé sur le territoire de l’ancienne cité grecque d’Erétrie sur l’île d’Eubée, où se déroulaient dans l’Antiquité des concours musicaux. Parmi les textes délivrant les pistes du trésor, il y a le récit de voyage du géographe antique Strabon qui situe le temple à sept stades de la ville antique, soit à environ 1200m. Cela étant sans compter avec la malice du temps et les erreurs des copistes du texte original. Car la lettre qui représente le chiffre sept dans le système de numération grecque antique est proche de la lettre utilisée pour représenter le chiffre 60. Et cela fait toute la différence. Car au lieu de chercher le temple à 1200 mètres (7 stades), c’est à 10 km (60 stades) qu’il faudrait, dans ce cas, porter son attention et à cette distance, située encore sur le territoire d’Erétrie, au sud le long de la côte, on trouve la localité d’Amarynthos, qui convient parfaitement, ce n’est sans doute pas un hasard, à l’épithète Amarysia.

Erétrie porte de l'ouest

La porte de l’ouest et l’Acropole d’Erétrie (photo: ESAG)

Denis Knoepfler, professeur d’histoire ancienne et d’archéologie classique à l’Université de Neuchâtel, titulaire de la chaire d’épigraphie grecque au Collège de France à Paris, et depuis le 20 août 2007 membre de la British Academy, en est en tout cas persuadé depuis longtemps. L’école suisse d’archéologie en Grèce (ESAG) a entrepris l’année dernière une campagne de fouille d’un mois à Amarynthos pour vérifier l’hypothèse. Las, rien ne fut découvert. Dans quelques jours une nouvelle campagne de fouille sera menée au nord de la colline de Paléoeklésias, où se trouvent les vestiges d’un habitat préhistorique. On espère que cette prochaine tentative de découvrir le temple d’Artémis Amarysia sera la bonne.

Angkor, la plus grande

Une collaboration internationale multidisciplinaire est actuellement engagée pour mieux connaître la région de l’ancienne cité d’Angkor, capitale de l’Empire khmer. Coordonnée par l’Université de Sydney en Australie, avec l’aide de la Nasa et en collaboration avec l’Ecole Française d’Extrême Orient, les chercheurs du Greater Angkor Project viennent de présenter une nouvelle carte archéologique de la capitale médiévale du Cambodge. Il apparaît qu’entre le 12e et le 15e siècle de notre ère, Angkor a connu une population nombreuse comprise entre 500000 et 1million d’habitants, répartie sur une surface de 400 km2, soit la plus vaste étendue d’une cité à cette époque. Cette cartographie fait apparaître également un système d’irrigation très développé sur près de 3000 km2.

Angkor Vat

Le monastère d’Angkor Vat dans Google Earth

Grâce à des campagnes de photographies aériennes complétées par des images satellitaires plus d’un millier de bassins artificiels et au moins 74 sanctuaires et autres édifices en ruine ont été découverts. Ce travail a montré que les Cambodgiens de l’époque médiévale ont profondément transformé leur environnement et ont su développer la riziculture. Pourtant, aussi sophistiqué qu’il soit, l’urbanisme d’Angkor disparu progressivement entre le 15e et le 17e siècle, tant et si bien que la forêt repris possession de cette vaste étendue. Le site fut redécouvert par des explorateurs vers 1860 et par les internautes grâce à Google Earth. Cet étonnant témoin de la civilisation khmère inscrit depuis 1992 au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, aurait mérité, sans aucun doute, de figurer au palmarès des sept nouvelles merveilles du monde.

2007 année des Celtes

C’est sous ce titre que le Musée Schwab à Bienne et le Musée national suisse à Zürich, inaugurent aujourd’hui une exposition consacrée à la découverte, il y a 150 ans, du site de La Tène. C’est en effet en 1857 que le pêcheur Hans Kopp découvrit dans les eaux de la Thielle les premiers objets provenant du site éponyme du second âge du Fer. En plus de l’exposition qui se fera itinérante, les deux musées, en collaboration avec le Laténium à Hauterive et le musée de la civilisation celtique de Bibracte au Mont Beuvray, organiseront dans les mois à venir toute une série de manifestations pour célébrer notre passé celtique.

La Tène en 1916

Les fouilles de La Tène en 1916

Cet ensemble de manifestations constitue une bonne occasion de remettre le site de La Tène dans l’actualité de la recherche scientifique. En 2003 de nouvelles fouilles ont permis de replacer dans un contexte moderne les découvertes anciennes. Depuis janvier 2007 un programme de recherche financé par le Fonds national permet de reprendre l’étude complète du gisement, par un réexamen minutieux de toute la documentation et de toutes les découvertes accumulées. A la fin de cette étude, on peut espérer que toute la lumière sera faite sur le rôle joué par le site de La Tène dans le monde des Celtes.

Des mégalithes dans la savane

La Bretagne est connue pour ses mégalithes ce qui lui vaut une partie de son attrait touristique. Dans l’espace sénégambien, sur une surface de 36?000 km2 de savane arborée, se trouve une autre grande province mégalithique beaucoup moins connue. Si aujourd’hui cette région est composée de deux entités politiques, le Sénégal et la Gambie, qui, du fait de la colonisation par deux puissances coloniales différentes, sont séparées également par deux langues officielles distinctes, le français et l’anglais, il n’en a pas toujours été ainsi comme le démontre à l’évidence la présence de part et d’autre du fleuve Gambie de cercles de pierres appartenant à une même culture préhistorique de l’âge du Fer.


Mégalithes dans la savane à Sine Ngayène (photo: Stéphane Pradines)

Datés entre le 2ème siècle avant notre ère et le 15ème siècle après, ces pierres dressées sont généralement de forme cylindrique ou rectangulaire. Elles sont faites de latérite, une roche de couleur rougeâtre due à la présence d’oxyde de fer. Depuis le mois de juillet de l’année dernière quatre ensembles de ces pierres dressées ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Ce sont les sites de Sine Ngayène et de Wanar dans le centre-ouest du Sénégal et ceux de Wasu et de Kerr Batch en Gambie. Ces sites doivent servir de base à des projets de tourisme culturel, tant au Sénégal qu’en Gambie. Actuellement, les autorités sénégalaises en sont à l’évaluation de ce projet, alors qu’en Gambie, chacun des deux sites précités est déjà pourvu d’un musée local. Des recherches sont actuellement en cours au Sénégal par les universités du Michigan (USA) et Cheikh Anta Diop de Dakar sous la direction conjointe des professeurs Augustin Holl et Hamady Bocoum pour donner à ces mégalithes leur pleine valeur culturelle par la connaissance de leur passé. Un rôle funéraire leur semble dévolu, mais il n’est pas exclu que d’autres fonctions leur soient reconnues. Comme le montre l’exemple de la Bretagne la culture et le tourisme doivent travailler ensemble. Le jour où les cromlechs et les alignements de pierres dressées seront présents sur les cartes postales reçues de l’espace sénégambien, les autorités de ces pays auront réussi leur pari d’ouverture au tourisme culturel.

Le mystère des Pyramides, révélé?

La dernière des sept merveilles du Monde à tenir debout, la grande pyramide de Khéops, continue, après 4500 années d’existence, à susciter l’admiration et à éveiller des questionnements sur son mode de construction. Il y a quelques semaines ce blog relayait l’hypothèse intéressante qu’elle puisse être constituée d’une sorte de béton. Le 30 mars dernier, l’architecte français Jean-Pierre Houdin, a présenté à la Géode de la Cité des Sciences de la Villette à Paris une autre façon dont elle aurait pu être bâtie en pierre de taille, malgré tout. L’élément clé de sa démonstration est que pour acheminer les pierres de taille dans la partie supérieure de l’ouvrage les ingénieurs experts de la troisième dynastie de l’Egypte ancienne auraient conçu une série de rampes courrant sous la surface du monument. Ainsi, la Grande Pyramide aurait été bâtie de l’intérieur. Cette habile méthode permet de résoudre le problème de l’énorme rampe extérieure qu’aurait nécessité la mise en place des blocs jusqu’au pyramidion, la pointe sommitale parachevant l’ouvrage, qui culmine à 146 mètres de hauteur. A l’aide d’un logiciel d’imagerie en 3D développé par l’entreprise Dassaults Systèmes, l’ensemble de cette théorie, fruit de huit années de recherche, a été modélisé de manière très séduisante, et est accessible à partir d’un site spécialement dédié à sa présentation: Khéops révélé.

Rampe intérieure

Acheminement d’un bloc par la rampe intérieure de la Grande Pyramide

La revue Sciences et Avenir de ce mois consacre du reste sa couverture et un dossier de seize pages à la présentation de cette nouvelle théorie. La démonstration est si détaillée et convaincante qu’il est difficile de la critiquer. Il faudrait pour cela obtenir des autorités égyptiennes, une fois de plus, le droit de vérifier sur le terrain la présence effective de ces rampes intérieures sous l’épiderme des quatre faces de la Grande Pyramide. En attendant de découvrir enfin, selon une autre hypothèse à vérifier, la quatrième chambre de la pyramide, celle où reposerait la dépouille du pharaon. Force est de constater que le mystère des Pyramides, tel que l’évoquait Jean-Philippe Lauer dans son célèbre ouvrage, n’est pas encore définitivement révélé.

Tous parents, tous différents

Vous vous souvenez comme moi, peut-être, de cette exposition montée en 1993 dans le cadre du Musée de l’Homme à Paris intitulée « Tous parents, Tous différents ». On y présentait, entre autres, comment les généticiens parviennent à suivre les migrations grâce à la répartition des gènes dans la population humaine selon le principe : même gêne, égal, même ancêtre. A l’époque, on ne disposait que de quelques études pour établir les filiations des différentes communautés. Un programme de recherche de grande ampleur, intitulé Genographic Project, a débuté le 13 avril 2005. Lancé par la National Geographic Society et la société IBM, financé par la Waitt Family Fondation, ce projet vise à établir, sur une échelle sans précédent, la variabilité génétique des 6 milliards d’humains que compte la Terre. Cette recherche, d’une durée de cinq ans, dirigée par un généticien, Spencer Wells, entourés d’historiens, de linguistes et d’archéologues, va permettre de collecter des échantillons d’ADN de plus de 100000 individus, principalement dans des populations autochtones. Avec un budget de 40 millions de dollars, l’étude devrait aboutir à l’une des plus importantes banques de données sur la génétique des populations jamais constituées. Les marqueurs génétiques principalement utilisés sont l’ADN mitochondrial transmis par la mère, et le chromosome Y transmis par le père. Ils permettent de retrouver les groupes humains qui ont un ancêtre commun, et d’estimer quand il a vécu. Ainsi, l’objectif est de retracer les mouvements migratoires de l’humanité depuis 60000 ans.

TPTD
Extrait de l’affiche de l’exposition “Tous parents, tous différents”

En marge du projet scientifique, le Genographic Project permet aussi au grand public intéressé des pays industrialisés de connaître leurs racines. En achetant en ligne une trousse d’analyse à 100 dollars, tout un chacun peut réaliser lui-même un prélèvement buccal et l’envoyer au centre de recherche qui analyse soit l’ADN mitochondrial (provenant de la mère de la mère etc. de sa mère), soit le chromosome Y (provenant du père du père etc. de son père). La comparaison avec la base de données ainsi constituée permettra alors de connaître un peu mieux ses propres ancêtres, et de voir quel a été le parcours de sa famille depuis les origines de son lointain berceau africain.

L’énigme de Kéros

Tous les amateurs d’art connaissent l’esthétique dépouillée des idoles provenant de l’archipel des Cyclades en mer Egée, témoins d’une culture originale qui s’est épanouie à l’âge du Bronze Ancien entre 3200 et 2000 av. J-C. Cette notoriété a un prix, et pas seulement dans les ventes aux enchères, mais également d’un point de vue archéologique. En effet, sur quelques 1400 pièces répertoriées, seuls pour 40% d’entre elles le contexte de découverte est connu. Or, la moitié de celles dont on connaît l’origine exacte provient énigmatiquement de la petite île de Kéros, actuellement quasi déserte. C’est pour en savoir plus sur ces statuettes de marbre au visage plat dont les plus célèbres, Le joueur de flûte et Le harpiste furent justement trouvés sur cette île, qu’une équipe gréco-britannique conduite par Colin Renfrew a investi les lieux le printemps dernier et a entrepris des fouilles en divers endroits.

Les fouilles du site de Kavos sur l’île de Kéros

Sur le site de Kavos, une cache ayant échappé aux fouilleurs clandestins a été découverte. Elle a livré de nombreux fragments d’idoles, délibérément brisées, dont le marbre provient de Naxos, Amorgos ou Syros. Le nombre peu élevé de remontages entre les morceaux constitue la preuve de cette fragmentation volontaire et suggère également que les statuettes furent détruites ailleurs avant leur enfouissement final. Colin Renfrew avance l’idée que Kéros a pu servir de centre cérémonial des Cyclades, quelques 1500 ans avant que l’île de Délos ne la remplace dans ce rôle. Une nouvelle campagne de fouilles durant les mois de mai et de juin de cette année est d’ores et déjà programmée et amènera, peut-être, de nouvelles connaissances sur la fonction exacte de ces figurines et sur l’énigme de Kéros.

Un astéroïde frappeur au temps des pyramides

La revue Ciel & Espace a mis ce mois-ci en couverture un titre choc: « Découverte d’une chercheuse française : un astéroïde a percuté la Terre à l’époque des pyramides ». La chercheuse en question s’appelle Marie-Agnès Courty. Elle est géomorphologue du CNRS au Centre européen des recherches préhistorique de Tautavel, et depuis quinze ans elle traque systématiquement les traces d’une curieuse strate géologique baptisée le « 4000 », vestige, selon-elle, de la collision de la Terre avec un astéroïde ou une comète de 1km de diamètre il y de cela 4000 ans. Cette datation entre en résonance avec la célèbre phrase du général Bonaparte avant la bataille des Pyramides : « Soldats, songez que du haut de ces monuments, 40 siècles vous contemplent », d’où, sans doute, la relation suggérée dans le titre du magazine. Remarquons cependant que les Pyramides du Plateau de Gizeh sont au mois cinq siècles plus âgées puisqu’elles sont datées actuellement entre 2620 et 2500 av. J-C. Mais le « 4000 », lui-même, apparaît également plus agé, puisqu’il date en fait de 2350 av. J.-C, selon le résumé d’une communication de Marie-Agnès Courty présentée lors d’un colloque en 1997 sur les catastrophes naturelles durant les civilisations de l’âge du Bronze.

Les îles Kerguelen

Les îles Kerguelen dans Google Earth


Selon une enquête minutieusement menée, l’impact se serait produit dans l’Océan austral, près des îles Kerguelen. Des quantités énormes de fragments de croûte océanique auraient été pulvérisées et projetées à des milliers de kilomètres de là au Proche-Orient, soit jusque sur le site d’Abu Hagheira en Syrie où Marie-Agnès Courty les a mis au jour pour la première fois en 1990. L’argument le plus convainquant en faveur de son hypothèse c’est la présence dans un sol soufflé et poudreux, recouvert d’argile et de sable, de micro-organismes marins, plus ou moins fondus, originaires des latitudes australes. De plus, d’autres lieux situés en Amérique du Sud, en Europe ou en Asie centrale semblent également livrer des éléments de ce même horizon. Reste cependant à expliquer, d’après certains géologues, pourquoi les échantillons analysés ne contiennent pas d’iridium ni de spinelles nickélifères, traceurs habituels des impacts météoritiques, et pour les archéologues, pourquoi aucun récit ne fait clairement état d’un évènement dont l’ampleur aurait dû laisser des témoignages écrits parmi les premières grandes civilisations de l’histoire.