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Palafittes, la sélection finale

Hier, l’association Palafittes a enfin donné de ses nouvelles pour faire part, dans sa deuxième Newsletter, des dernières informations concernant le classement au patrimoine mondial de l’UNESCO des sites lacustres établis autour des lacs de Suisse, de France, d’Italie, d’Allemagne, d’Autriche et de Slovénie. Elle reprend un communiqué de l’Office fédéral de la culture qui signalait qu’entre le 29 septembre et le 17 octobre 2010, une experte de l’ICOMOS s’est rendue dans ces différents pays pour une mission d’évaluation. Elle était accompagnée de membres des autorités nationales et régionales ainsi que de spécialistes. A cette occasion, elle a également pu rencontrer des représentants des autorités politiques des différents pays, régions et villes. A la suite de cette tournée on y apprend que l’ICOMOS a demandé aux pays associés de fournir des informations complémentaires. Ainsi, certains sites, pour lesquels aucune conservation in situ à long terme ne pouvait être garantie, devaient être exclus du classement. Ces informations complémentaires ont été envoyées à Paris à la fin février 2011. De ce fait, la liste définitive passe de 152 à 111 sites, dont 56 en Suisse (sur 82 présélectionnés). Les recommandations finales de l’ICOMOS seront publiées en mai 2011, et c’est sur cette base que le Comité du patrimoine mondial se prononcera quant à l’inscription des palafittes de l’arc alpin sur la liste du patrimoine mondial, lors de sa 35ème  session qui se déroulera à Bahreïn à la fin juin 2011.
Pfahlbauten Palafittes Lake Dwellings

Image de couverture de la brochure « Palafittes… »

Pour finir, la Newsletter de l’association Palafittes nous invite à aller jeter un coup d’œil à son site internet qui s’est quelque peu étoffé depuis sa création en 2008. Parmi les nouveautés on trouve une brève description de chacun des 111 sites nominés, classés par pays. Des cartes, établies pour chaque lac, permettent de voir en gros où se situent les différents gisements retenus, et permet aussi de se faire une idée de la densité générale des sites connus à ce jour. On peut également télécharger (au lieu de l’acheter 15 CHF / 10 €) la brochure d’information «Pfahlbauten – Palafittes – Palafitte – Pile dwellings – Kolisca » sortie l’été dernier, et qui fut envoyée gratuitement aux quelques membres enregistrés de l’association. Elle présente sur 104 pages et avec 340 images en couleur la vie quotidienne des habitants des sites lacustres entre 5000 et 800 av. J-C. La valeur scientifique du contenu a été assurée par Peter Suter (Service archéologique du canton de Berne) et Helmut Schlichtherle (Landesamt für Denkmalpflege, Baden-Württemberg), deux spécialistes reconnus en la matière, et la collaboration de nombreux archéologues travaillant dans les services archéologiques concernés. Mais les plus intéressants des documents téléchargeables sont sans aucun doute le dossier de nomination déposé à Paris en janvier 2010, ainsi la version révisée du plan de gestion des sites palafittiques déposée en février 2011.

Attention soutenue à Pompéi

Le 24 août 79 après J.-C. le Vésuve recouvrait d’un linceul de lapillis et de cendres la bourgade campanienne de Pompéi. Ce n’est que près de 17 siècles plus tard, à partir de 1748, que la ville fut à nouveau, progressivement, remise au jour. Avec ses 44 hectares déjà dégagés, Pompéi constitue le plus grand musée archéologique à ciel ouvert. Il reste pourtant encore 40% de la surface de la ville à découvrir. Mais avant cela il faudra bien trouver un moyen de conserver ce qui a déjà été exhumé. Car il ne suffit pas de fouiller, il faut être en mesure de conserver ce que l’on a mis au jour. En effet, le 6 novembre, la Maison des Gladiateurs située à côté de la Maison de Lucretius Fronto sur la Via de Nole, s’effondrait sur elle-même, semble-t-il minée par des infiltrations d’eau de pluie. Le 30 novembre, c’est un mur bordant la Maison du Moraliste qui s’effondrait à son tour. Entre septembre 2003 et février 2010, ce ne sont pas moins de seize effondrements qui se sont produits à Pompéi, comme l’a rappelé Sandro Bondi, le ministre italien de la Culture. De fait, 70% du site est en péril, selon Pier Giovanni Guzzo, l’ancien intendant de Pompéi.
Cave Canem
Attention au chien !

Le site est classé au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1997. Une mission d’experts mandatée par l’organisation s’est rendue dernièrement sur place pour examiner la question et rendra son rapport lors de la prochaine session du Comité du patrimoine mondial à Bahreïn en juin 2011. La Maison des Gladiateurs, qui comprenait une grande salle carrée de 8,50 mètres de côté, était décorée de dix victoires ailées portant des glaives et des boucliers, de trophées et de chars ainsi que de peintures murales recouvertes du célèbre rouge pompéien. Par manque d’entretien, d’autres monuments de Pompéi seraient menacés, comme le Temple d’Apollon, la Maison du faune, la Maison du poète tragique avec sa célèbre mosaïque portant l’inscription «cave canem». Pourtant, a priori, ce ne sont pas les moyens qui devraient manquer. Depuis le vote d’une loi en 1997 accordant l’autonomie de gestion à Pompéi, la surintendance archéologique du site perçoit l’intégralité de la vente des billets aux 2 millions de visiteurs qui affluent chaque année, ce qui rapporte environ 22 millions d’euros. Si la conservation de Pompéi ne peut être assurée à long terme, tous les efforts scientifiques et l’habileté politique de Celsius, au 26ème siècle, pour ensevelir la cité et la préserver, afin de témoigner de l’existence passée du Sud, auront été vains (voir « Péplum » d’Amélie Nothomb ).

JIM 2010, la Lune a rendez-vous avec Vénus

Comme chaque année à la mi-mai, les musées ouvrent leurs portes aux visiteurs pour se dévoiler sous leur meilleur jour ou à la clarté des étoiles.  Samedi soir,  aura lieu la traditionnelle Nuit européenne des Musées. Placée sous le patronage du Secrétaire Général du Conseil de l’Europe cette nuit se déroulera simultanément le samedi 15 mai 2010 dans les pays signataires de la Convention culturelle européenne. Sous le titre «Le Nil au Clair de Lune » le Parc et Musée d’Archéologie de Neuchâtel à Hauterive, se place sous les cieux de l’Egypte Antique. Dès 19h, des spectacles théâtraux, des projections de films et des démonstrations en plein air permettront de découvrir ou de redécouvrir la grande histoire d’Alexandrie et la puissance du Nil au pays des pharaons. Mais en raison de la Nouvelle Lune,  le soir avant, cela ne pourra se faire véritablement au Clair de Lune.

Rendez-vous à la JIM 2010
Rendez-vous dans les musées pour la JIM 2010

Dimanche 16 mai, sous la bulle jaune qui marque les points de rendez-vous ou «Treffpunkt », et qui rappelle la couleur des Post-it qui viennent de fêter leurs 30 ans d’existence, les Musées convient leurs usagers à la Journée internationale des Musées (JIM). Les Musées suisses invitent ainsi à participer à des activités et « des rencontres de toutes sortes ». Les familles constituent le « public-cible » de cette journée, en particulier à Hauterive. Toute la journée le Laténium proposera un programme d’activités pour les enfants et leurs parents : jeux, ateliers et spectacles ludiques pour suivre le cours de l’eau du Nil à Alexandrie. Une pièce de théâtre plongera petits et grands au cœur de l’ancienne Egypte. Les enfants pourront s’exercer aux gestes ancestraux des Egyptiens puisant l’eau au bord du Nil, avec les grands « shadoufs » dans le parc. … Et pour les petits bricoleurs, réalisation de « shadouf » miniature ! Enfin, si les conditions météorologiques sont bonnes (ciel clair, sans brume, sans nuage ou cendres volcaniques), essayez d’apercevoir  en plein jour ou au crépuscule la planète Vénus qui accompagnera dans le ciel un fin croissant de Lune.

La candidature des sites palafittiques est déposée

Comme vient de le faire savoir l’Office fédéral de la Culture (OFC) ce matin dans un communiqué de presse, c’est demain, 26 janvier 2010, que le dossier de candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO des « sites palafittiques préhistoriques autours des Alpes » sera officiellement déposé à Paris par Jean-Frédéric Jauslin, directeur de l’OFC,  de même que par les membres permanents des pays associés. Le calendrier du plan d’action pour cette candidature, établi l’année dernière, est ainsi respecté. Les experts du  Conseil international des monuments et des sites (ICOMOS) qui forment la commission consultative de l’UNESCO pour le Patrimoine mondial procèderont dès cet été à l’examen de cette candidature. Le comité du patrimoine mondial prendra sa décision en juin 2011, dans le cadre de sa session.
Montilier-Platzbünden
Champ de pilotis en cours de fouilles à Montilier-Platzbünden

Cette candidature, placée sous l’égide de la Suisse, concerne des gisements situés dans quinze cantons suisses ainsi qu’en France, en Allemagne, en Autriche, en Italie et en Slovénie. Le dossier final comporte un inventaire standardisé de tous les sites palafittiques (soit près de 1000) connus à ce jour ainsi qu’une documentation plus complète pour 156 sites, situés dans ces six pays. Une liste des 156 gisements retenus peut être téléchargée sur le site Internet de l’OFC. La reconnaissance de ce patrimoine devrait, en théorie, n’avoir aucun impact sur l’affectation des surfaces concernées par les sites nominés et leurs zones tampons qui devraient être déjà mis à ce jour sous protection par les différentes législations nationales et cantonales. Mais, en pratique, qu’adviendra t-il pour un site lacustre inconnu placé en plein milieu d’une zone de développement? La réponse à cette question pourrait nous être donnée cette année par la commune de Chevroux, dans le canton de Vaud, sur la rive sud du lac de Neuchâtel, qui possède deux stations lacustres retenues dans la liste (La Bessime et Village). Dans cette localité, la réalisation du futur parking du port sur une surface de 12’000 m2 risque sérieusement de menacer la conservation de vestiges palafittiques. Le cas échéant, ce patrimoine sera-t-il digne d’être conservé, ou autorisé à détruire ? Réponse en 2011, également !

Du neuf dans les Journées européennes du patrimoine

Comme chaque année au mois de septembre, 48 pays européens se préparent à sensibiliser leur population à leur culture dans le cadre des Journées européennes du patrimoine (JEP). Pour la Suisse, ces journées se dérouleront les 12 et 13 septembre et seront placées sous le thème « Au fil de l’eau ». Une bonne occasion pour certains services cantonaux d’archéologie de donner quelques informations sur le projet actuel de candidature des sites lacustres au patrimoine mondial de l’UNESCO et de partager quelques connaissances sur la vie des populations préhistoriques du pays. Cela sera le cas bien sûr au Laténium dans le canton de Neuchâtel, d’ores et déjà proclamé futur centre d’information et d’étude sur les populations lacustres, mais cela se fera également dans d’autres cantons, comme ceux de Fribourg, Soleure, Zürich, Argovie et Thurgovie. L’année dernière, ce sont 60’000 personnes qui ont participés aux JEP, en Suisse. Souhaitons qu’il y en ait au moins autant cette année a fréquenter les quelque 200 événements annoncés.

Seengen

Le site de Seengen en Argovie

En France, c’est sous le slogan « On y va tous !» que s’inscrit la 26ème édition des Journées européennes du patrimoine, qui auront lieu un week-end plus tard, soit les 19 et 20 septembre. Dans ce cas également, un site internet permet de manière commode de rechercher des choses à voir ou des activités à faire en fonction d’un thème et du choix d’une région ou d’un département. Parmi les 15’000 sites publics ou privés à visiter, seront entre autres accessibles le Théâtre Gallo-Romain et chantier de fouilles archéologiques de Mandeure dans le Doubs, facilement accessible depuis notre pays. Mais ce qui fait également l’intérêt du site internet dédié à ces journées c’est qu’il donne accès à d’autres moyens de s’informer sur les activités et de partager ses expériences de cette manifestation en animant un blog, en participant au réseau social Facebook, en mettant en ligne ses photos sur Flickr, ou ses vidéos sur YouTube et DailyMotion. Une manière novatrice de participer au JEP, et de démontrer que l’observation du patrimoine est l’affaire de tous et pas seulement des spécialistes mobilisés pour l’occasion.

Palafittes et Unesco : affaire à suivre !

Le Comité suisse de l’Unesco, l’Office fédéral de la Culture ainsi que l’association Palafittes ont présentés aujourd’hui, lors d’une conférence de presse, leur plan d’action pour l’inscription des sites palafittiques autour de l’arc alpin au patrimoine mondial de l’Unesco. L’inventaire complet dressé pour l’occasion dénombre 968 sites répartis dans six pays : France, Suisse, Allemagne, Italie, Autriche et Slovénie. Une sélection de 152 sites, dont 82 en Suisse et 15 en France, a été établie et porte sur ceux présentant le plus grand potentiel scientifique. Le dossier de candidature au patrimoine mondial de l’UNESCO intitulé « Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes » sera déposé d’ici janvier 2010. Si tout va bien, la décision finale de l’Unesco devrait tomber à l’été 2011.

Répartition des Palafittes
Carte de répartition des sites palafittiques.

Le mot « Palafittes », habitats des bords du lac ou des zones humides, ne recouvre pas une seule et même culture lacustre. En fait, sous ce terme se distinguent près de 30 groupes culturels différents attribués au Néolithique, à l’âge du bronze et au début de l’âge du fer, datés entre 5000 et 800 av. J.-C. Au plan international, la coordination du projet a été assurée par l’Office fédéral de la culture en collaboration avec Palafittes, une association fondée l’année dernière pour réaliser le dossier de nomination et coordonner les groupes de travail des 15 cantons suisses associés. La candidature est délicate puisqu’il s’agit de prendre en compte les divers systèmes, autorités et procédures des 30 institutions archéologiques des six pays participants. La collaboration aux plans national et international entend promouvoir la conservation à long terme des sites, les échanges scientifiques entre chercheurs, et cherche à sensibiliser le grand public à l’archéologie lacustre.

L’oppidum de Corent en attente d’une décision

L’oppidum gaulois de Corent se trouve à une quinzaine de kilomètres au sud-est de la ville actuelle de Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme, en Auvergne. Il a été occupé pendant près d’un siècle, entre les années 130 et 50 av. J.-C. Des fouilles archéologiques y sont menées chaque été depuis 2001 et permettent une fructueuse collaboration entre chercheurs des Universités de Lumière Lyon 2, de Toulouse Le Mirail, de Lausanne ainsi que de  l’Ecole Normale Supérieure de Paris. Les découvertes réalisées lors de ces travaux apportent un regard nouveau sur le processus d’urbanisation en Gaule, car elles portent sur l’organisation et l’évolution d’une grande ville identifiée à la capitale du peuple des Arvennes, juste avant la conquête romaine. On peut se faire une bonne idée de la richesse de ce gisement en consultant les rapports de fouilles accessibles en ligne sur le site internet de l’association Luern, de même qu’en visualisant les restitutions 3D réalisées par la société informatique « Court-jus production ».

Luern
Page d’accueil du site de l’association Luern

Cependant, malgré l’indéniable intérêt scientifique des recherches menées sur l’oppidum de Corent, la poursuite des travaux sur le terrain est remise en cause, pour la seconde année consécutive, en raison d’une décision de la Commission Interrégionale de la Recherche Archéologique (CIRA) qui refuse de subventionner les travaux de fouilles sous divers prétextes. Matthieux Poux, le professeur en archéologie romaine et gallo-romaine à l’Université Lumière Lyon 2 qui coordonne chaque année ces fouilles, s’est exprimé vendredi dernier sur la tribune publique Agora.Vox. Dans son billet d’humeur intitulé: « Le marteau et l’enclume », il revendique, en particulier, le droit au travail bénévole. Pour ce faire, il demande aux autorités compétentes de reconsidérer leur décision, par l’entremise d’une pétition en ligne adressée à Mme Christine Albanel, Ministre française de la Culture et de la Communication. La pétition est ouverte depuis le 16 mars et le sera jusqu’au 16 avril. Il reste donc un peu plus d’une semaine pour exprimer par sa signature son soutien à cette juste cause.

Lausanne participe à Europeana

Il y a bientôt une année, nous rendions compte dans ce blog de la prochaine mise en ligne de la base documentaire Europeana, Cette mise en ligne a bien eu lieu comme prévu le 20 novembre de l’année dernière, et elle permet de consulter à partir d’une requête unique les collections d’un grand nombre de musées dont le Rijksmuseum, la British Library ou le Musée du Louvre. Mais, à peine ouvert, ce portail culturel a dû être rapidement fermé, en raison d’un trop grand afflux de visiteurs que le système mis en place ne semble pas apte à gérer. Aussi, pour l’heure, Europeana reste en phase de test, ce qui veut dire que toutes ses fonctionnalités ne sont pas accessibles en tout temps comme celle de s’inscrire ou de rentrer dans le système. Actuellement, Europeana propose la consultation de 2 millions d’objets numérisés. A terme, plus de 6 millions y seront accessibles.Une nouvelle date de lancement, pour la version finale, est annoncée pour le courant de l’année 2010.

La chute d'Icare
Médaillon de la Chute d’Icare (Image : MRV)

En attendant, le portail accroît son réseau. Ainsi, cinq musées de la ville de Lausanne viennent de le rejoindre et sont, de ce fait, les premières institutions muséales suisses à participer à Europeana. Pour l’instant, seules les oeuvres du Musée historique de Lausanne et de la Collection de l’Art brut sont en ligne. Dès ce printemps celles du Mudac, du Fonds des arts plastiques et du Musée romain de Vidy (MRV) les y auront rejointes. Il est en revanche très facile d’accéder dès maintenant à ces données à partir du portail de la ville de Lausanne. On peut ainsi faire apparaître les images numérisées de nombreux objets présents dans les collections du MRV. Cela peut se faire grâce à un moteur de recherche simple ou multicritère. Rien de plus élémentaire alors, que d’afficher un objet selon sa matière (céramique, bronze, os, etc) ou sa catégorie (monnaie, gobelet, inscription, etc). Ce moteur de recherche se révèle efficace à l’usage, pour autant que les fiches soient complètes et pourvues de photographies de qualité. L’inventaire et la numérisation des objets ont nécessité des efforts financiers importants, mais la valorisation des collections qui en résulte en vaut vraiment la peine. Souhaitons que l’exemple donné par la ville de Lausanne soit rapidement suivit par d’autres collectivités et institutions en charge de patrimoines culturels.

Préservons l’INRAP !

Jeudi 25 septembre, 76% des employés de l’Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP) ont fait grève, selon leur blog. A cette occasion, une manifestation a été organisée à Paris et une pétition signée par 126 des 130 agents du siège a été remise aux ministres de la Culture et de la Recherche, dont dépend l’organisme. Motif pour ces actions : la menace du ministère de la Culture de déménager le siège central de l’INRAP de Paris à Metz. De quoi se plaignent-ils? ai-je pensé, de prime abord. Dans un pays centralisé comme la France une certaine décentralisation peut apparaître, vu de Suisse, comme souhaitable.

Manifestation de l'INRAP
Manifestants devant le ministère de la Culture.

Mais c’est justement parce que la France est bâtie sur une centralisation à partir de Paris que l’idée de délocaliser l’INRAP à Metz est perçue comme une mauvaise idée par nos collègues français. D’une part, en raison du fait que l’INRAP est structuré à partir d’une cinquantaine de centres archéologiques régionaux qui se répartissent sur l’ensemble du territoire français et qui occupent près de 2000 personnes, soit 93% de ses effectifs. En matière de délocalisation, on ne peut faire beaucoup mieux. D’autre part, une délocalisation à Metz, ou ailleurs en France, rendrait plus difficile les réunions entre la direction centrale et les unités régionales, car en matière de transport, tout est fait pour que Paris soit atteignable rapidement de toutes les parties de l’hexagone. Selon les opposants au déménagement, c’est donc l’avenir même de l’Inrap qui se trouverait compromis par ce transfert, qui pourrait nuire gravement à son efficience. Il faut enfin savoir que les employés de l’INRAP ne sont pas des fonctionnaires, mais des agents sous contrat de droit privé avec l’Etat français. Pour toutes ces raisons il est donc souhaitable que son siège central reste à Paris et que je vous engage à signer, vous aussi, la pétition mise en ligne sous le titre: Sauvons l’archéologie ! . Mais, en y réfléchissant un peu, elle aurait du s’appeler: Préservons l’INRAP !

De part et d’autre du Summus Poeninus

La route du Grand-Saint-Bernard a toujours constitué une voie de transit privilégiée à travers les Alpes pour relier l’Italie, au Nord de l’Europe, et ceci malgré son altitude élevée de 2473 m au-dessus de la mer. Des fouilles effectuées dès la fin du XVIIIe siècle par les chanoines de l’Hospice ont mis au jour au sommet du col que les Romains appelaient Summus Poeninus, une série d’édifices culturels, comme un temple dédié au dieu Penn et des aménagements routiers et hydrauliques. Pour témoigner de ce riche passé, une association, baptisée Pro-Grand-Saint-Bernard, a vu le jour en 1984, dont un des buts est de conserver et mettre en valeur le patrimoine historique et culturel du col. De plus, un programme européen Interreg III (2000-2006) a donné les moyens financiers, de part et d’autre de la frontière, de dégager des vestiges, de récolter un abondant mobilier archéologique et de compléter la connaissance du rôle joué par le col au cours de l’histoire des deux régions limitrophes.

Summus Poeninus
La voie romaine du col

Le 11 et 12 avril 2008, s’est tenu à Fort de Bard dans la Vallée d’Aoste un séminaire de clôture de ce vaste projet pluridisciplinaire Interreg III placé sur le thème de «l’archéologie des voies et des passages dans les Alpes à l’époque romaine: cols, sanctuaires, viabilité et relations commerciales ». Lundi, c’est l’archéologue cantonal du Valais, François Wiblé, qui a présenté au journal Le Nouvelliste la publication qui résulte de toutes les communications soumises. L’ensemble des travaux s’est concentré, pour l’essentiel, sur deux sites : le plan de Jupiter côté italien et le replat de Barasson aménagé sur le versant suisse. Placé sous la direction conjointe de Lorenzo Appolonia, Patrizia Framarin et François Wiblé l’ouvrage, intitulé « Alpis Poenina, Grand Saint-Bernard. Une voie à travers l’Europe », rassemble en 493 pages, les contributions des archéologues suisses et italiens. Leurs analyses montrent, entre autres, que le col du Grand-Saint-Bernard a été fréquenté dès l’époque préhistorique ce qui, soit dit en passant, n’étonne plus personne depuis la découverte d’Ötzi. Cet ouvrage de référence, destiné avant tout aux scientifiques, devrait contribuer à réactualiser les informations du musée de l’hospice et pourrait être suivi, à terme, d’un ouvrage synthétique destiné au grand public.