Category Archives: Découverte

Aux racines de la vigne et du vin

Les sources antiques, de nature philologiques, épigraphiques ou iconographiques, concernant la culture de la vigne et la production du vin sont nombreuses. Selon une légende de l’ancienne Egypte, ce sont les yeux d’Horus, subtilisés par Seth qui plantés dans le sol devinrent une vigne. Ainsi, le vin ne serait autre que les larmes d’Horus.  On sait par ailleurs par des textes mésopotamiens que l’Anatolie méridionale est la région qui fournit le roi en vin. Ce vin était transporté par bateaux qui, à partir du marché de Karkemish, descendaient le cours de l’Euphrate pour arriver à Ur, Uruk ou Babylone. C’est semble-t-il en Grèce que le vin, dès l’époque mycénienne, se démocratise et n’est plus seulement une boisson réservée aux banquets des élites ou des dieux, comme en Egypte ou en Mésopotamie, mais des hommes ordinaires. Pour les Grecs, c’est Dionysos qui aurait appris à Icarios, roi d’Athènes, comment cultiver la vigne et produire du vin, introduisant ainsi la viticulture parmi les hommes.

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Dionysos, Acmé et Icarios sur une mosaïque de Paphos

Au-delà de ces textes et de ces légendes quelques spécialistes, qui se donnent le nom d’ampélologues, cherchent à établir l’origine du premier vin de l’histoire. L’ampélographie est le champ d’étude des quelques 8000 cépages décrits à partir de leurs caractéristiques morphologiques et physiologiques.  Mais, depuis quelques années, à cette approche traditionnelle purement descriptive s’ajoute dorénavant une analyse plus objective par le recours à la biologie moléculaire et au séquençage de l’ADN.  Grâce à ces nouvelles méthodes scientifiques des chercheurs, tel José Vouillamoz, ampélologue-généticien valaisan, sont en passe de dévoiler l’origine des premiers vignobles. Il semble que l’arbre généalogique de centaines de cépages actuels commence avec treize variétés d’un raisin sauvage cultivées dans le sud-est de l’Anatolie, soit dans une région qui fait partie d’un ensemble plus vaste le «  Croissant fertile »  qui a vu naître également l’agriculture. De ce berceau d’origine, qui remonte au 6e, voire 7e millénaire, Vitis vinifera va se répandre en Mésopotamie au 5e millénaire, en Palestine et en Egypte au 4e millénaire et en Grèce au 3e millénaire. Quant à la Suisse, malgré quelques découvertes de pépins de raisin dans quelques sites de l’âge du Fer, comme Gamsen/Waldmatte au Valais, c’est sans doute à l’époque romaine qu’une vraie viticulture va se mettre en place. Parmi tous les vignobles cultivés en suisse, c’est l’histoire du chasselas qui est certainement le cépage le plus emblématique. A travers d’autres publications, comme  l’«Histoire de la Vigne et du Vin du Valais» (2009), l’«Origine des cépages valaisans et valdôtains» (2011) et surtout «Wine Grapes» (2012), José Vouillamoz a par ses analyses redessiné les arbres généalogiques de nombreux cépages.

A quoi sert l’archéologie ?

Cette semaine,  dans l’émission « Vacarme » de la 1ère de la Radio Télévision Suisse (RTS), le journaliste Marc Giouse  interroge nos confrères actifs sur cinq grands sites archéologiques de Suisse et de France à propos de l’utilité de l’archéologie. Pour commencer, lundi 17 décembre 2012, c’est à partir de l’expérience vécue par  les archéologues engagés sur le terrain par le vaste projet de construction  du quartier « Métamorphose »  mis en route aux Prés-de-Vidy, à Lausanne, que les premières réponses furent apportées. Des sondages entrepris en 2008 avaient découvert sur cette parcelle la présence de sépultures d’époque romaine. Les fouilles préliminaires conduites cette année sur une surface restreinte de 200 m2 ont mis au jour une centaine de tombes, qui permettent d’envisager la présence à Lousonna d’une vaste nécropole recelant de deux à six mille sépultures, qui devrait être intégralement dégagée dans les trois  années à venir. De ces découvertes initiales, l’équipe du Musée romain de Lausanne-Vidy sous la direction de Laurent Flütsch, en a déjà extrait la matière à une exposition temporaire intitulée « La mort est dans le pré », à voir d’ici au 14 avril 2013. La mise en place d’une exposition est sans aucun doute une excellente manière pour le directeur de musée de démontrer au journaliste et au public  que l’archéologie ce n’est pas l’étude des objets, mais l’étude des restes matériels dans leur contexte.

Extrait de l’affiche de l’exposition.

Mardi, c’était en relation avec  l’exploration de la Grotte Chauvet, que la question de départ était posée par le journaliste à Dominique Baffier, conservatrice de la grotte. Aujourd’hui mercredi, c’étaient les découvertes du Mormont et autour de Gilbert Kaenel, que  Marc Giouse sollicitait des réponses lors de son interrogatoire. Demain jeudi, ce seront les fouilleurs du site de Corent et Mathieu Poux qui passeront à la question à la radio. Enfin, vendredi 21 décembre 2012, c’est l’équipe de Pierre Corboud, attachée à la sauvegarde des vestiges du site palafittique du Plonjon dans la rade de Genève, qui apportera une touche finale à cette série de rencontres enregistrée au mois de septembre. Mais comme ce jour là est également annoncé comme « la fin du calendrier Maya » une émission spéciale  « la fin est un début » permettra à Laurent Flütsch d’apporter,  en direct sur les ondes, l’éclairage de l’archéologue sur l’histoire future de l’humanité. On peut espérer qu’après cela, une réponse satisfaisante à la question :« à quoi sert l’archéologie ? » émergera. En guise de conclusion, dimanche prochain, 23 décembre, en plus de la diffusion de deux des cinq reportages de la semaine, il sera intéressant de découvrir la teneur des messages laissés durant la semaine par les auditeurs sur le répondeur de l’émission. Leurs avis nous permettrons de savoir quels sentiments animent les auditeurs de la RTS envers notre discipline. Dommage cependant que pour donner leur opinion seul un numéro de téléphone soit à leur disposition. A l’heure des médias sociaux, il serait plus actuel pour les auditeurs de pouvoir réagir à l’émission sur d’autres vecteurs de communication comme Twitter, Facebook ou un forum de discussion, plutôt que  sur un simple répondeur téléphonique.

Des prix pour les archéologues britanniques

Alors que Londres, la Grande-Bretagne et le monde vivent à l’heure des XXX ème jeux olympiques de l’ère moderne, les archéologues britanniques ont aussi eu l’occasion, en ce mois de juillet, de concourir pour des distinctions attribuées par leur pairs, lors des XX ème British Archaeological Awards (BAA). Les prix archéologiques britanniques constituent une véritable vitrine de l’archéologie du Royaume-Uni et représentent un événement central dans le calendrier archéologique. Fondés en 1976 et attribués tous les deux ans, ils englobent maintenant six prix, couvrant tous les aspects de l’archéologie du pays : meilleur projet, meilleur projet communautaire, meilleur livre, meilleure représentation dans les médias, meilleure découverte, meilleure innovation. L’annonce des résultats a été faite le 9 juillet lors d’une cérémonie organisée à Londres au British Museum. Le site Internet des BAA présente des informations sur tous les nominés et les vainqueurs de cette année et des cérémonies précédentes.


Aperçu de quelques découvertes du site de la Must Farm

Sans entrer dans les détails des nominations et des prix distribués, que je vous invite à découvrir par vous-même, relevons malgré tout quelques éléments. Ainsi, le meilleur projet archéologique a consacré l’étude faite autour  du site de la « Must Farm » travail réalisé dans le district du Fenland par l’unité archéologique de l’Université de Cambridge pour mieux connaître les paysages archéologiques de l’âge du Bronze sur une large échelle à l’aide de l’observation des dépôts sédimentaires particulièrement bien préservé dans cette région plate et sans relief. Associés a cette véritable étude du paysage de nombreux objets comme des épées, des pointes de lance et des pirogues monoxyles ont été mis au jour dans un état de conservation qui n’a rien a envié à ce que nous trouvons pour la même période dans les Palafittes situés autours des lacs alpins. C’est du reste la découverte de 6 pirogues monoxyles dans ce cadre qui valent à l’équipe de la « Must Farm » de remporter également le prix de la meilleure découverte. Quand au prix du meilleur ouvrage archéologique britannique  il est revenu à Alasdair Whittle, Frances Healy et Alex Bayliss pour leur ouvrage « Gathering Time : Dating the Early Neolithic Enclosures of Southern Britain and Ireland ». Cet ouvrage présente les résultats d’un important programme de datation des enceintes préhistoriques qui permet de réécrire les débuts du Néolithique en Grande-Bretagne et en Irlande. L’ouvrage  a combiné des centaines de nouvelles datations au radiocarbone avec des centaines de dates existantes, en utilisant la puissance discriminante et robuste de la statistique bayésienne pour accroitre la précision des dates proposées.

Course contre la montre à Chevenez

Un site archéologique inconnu a été découvert le 1er mai par un passant, à l’emplacement prévu pour la nouvelle usine TAG Heuer à Chevenez dans le canton du Jura. Les travaux de construction, officiellement lancés par la pose de la première pierre le 3 mai ont dû être arrêté rapidement. Après des discussions que l’on peut qualifiée de serrées avec les autorités jurassiennes et l’entreprise neuchâteloise, les archéologues ont obtenu un délai de six semaines, à partir du 7 mai, pour libérer l’emprise de l’usine établie sur une surface d’environ 70 x 35 m. La zone prévue pour le parking de l’usine sera éventuellement traitée dans un deuxième temps, si besoin. Les couches  archéologiques sont disposées sur une épaisseur de plus ou moins 50 cm sur l’ensemble de la surface. Elles contiennent des vestiges de l’époque romaine, de l’âge du Fer et du Néolithique. Les délais sont très courts, mais TAG Heuer a déjà commandé ses machines de production et il s’agit de 100 à 150 emplois qui sont en jeu. Une course contre la montre est engagée, que l’on espère gagnante pour l’archéologie jurassienne.

Vue du chantier de fouille (Image RTS)

Au-delà d’une découverte anecdotique, c’est la place de l’archéologie dans l’aménagement du territoire et dans les décisions prisent par la promotion économique qu’il nous faut considérer. Une fois encore, des terrains sont offerts à la construction, avant même qu’une campagne de sondage archéologique n’ait pu être mise en route préalablement au chantier. Celle-ci aurait mis rapidement en évidence la présence de vestiges archéologiques sur la parcelle proposée à l’industrie horlogère et aurait permis de donner les moyens en temps de fouiller le terrain, et de livrer à la construction une parcelle libérée de tous vestiges archéologiques. La révision de la loi sur l’aménagement du territoire en discussion actuellement au Parlement prévoit que les propriétaires dont le terrain prend de la valeur suite à un changement d’affectation devront verser à la collectivité 20% de leur gain. Cet argent doit permettre aux cantons de financer les changements d’affectation des zones à bâtir surdimensionnées qui pourraient redevenir  zones agricoles. Tant qu’à faire, pourquoi ne pas prévoir aussi qu’une partie de cette nouvelle taxe puisse servir aussi à financer  les sondages archéologiques dans les zones à bâtir définies pour les quinze prochaines années.  Cela éviterait dans le futur,  qu’à la veille des travaux de construction, un passant découvre fortuitement un site archéologique, une situation dans laquelle personne n’est gagnant,  en définitive.

10 ans, ça se fête ou se commémore!

10 ans, ça se fête ou se commémore!

Il y a des événements qui frappent tant l’imagination que des années plus tard on peut dire exactement ce que l’on faisait ce jour là. Il y a dix ans, mardi 11 septembre 2001, au moment des attentats, je me trouvais à Genève pour une soutenance de thèse sur le Campaniforme, celle de Marie Besse, actuelle professeure de la chaire de préhistoire au Département d’anthropologie de l’Université de Genève. Les Etats-Unis commémorent aujourd’hui le dixième anniversaire des attentats. Au Japon aussi, on se souvient du tremblement de terre et du tsunami qui ont eu lieu il y a six mois dans la région de Fukushima. A Hauterive, près de Neuchâtel, c’est à une autre manifestation, moins dramatique, à laquelle la population a été conviée et auquel j’ai participé, celle des «10 ans, ça se fête» du Laténium, avec un slogan digne des meilleures campagnes de marketing: «Une fête attendue depuis 50’000 ans!». Cependant, la coïncidence des événements n’est dû qu’à un hasard du calendrier, car en fait, la cérémonie d’inauguration du musée eu lieu le vendredi 7 septembre 2001, et la première ouverture au public le 8 septembre, donc quelques jours avant le fatidique 11 septembre. Cette ouverture concrétisait le rêve fait 22 ans auparavant par Michel Egloff, de construire dans le canton de Neuchâtel un musée archéologique digne de son passé.

Les maisons néolithiques de Champréveyres
Trois maisons néolithiques en cadeaux d’anniversaire

A l’époque plus de 20’000 personnes avaient profité des journées portes-ouvertes pour visiter durant le week-end la nouvelle institution muséale. Aujourd’hui, pour cet anniversaire, une foule importante était également présente. Une riche palette d’activités était au programme de l’institution, à la fois à l’intérieur du Musée, mais surtout dans le Parc d’archéologie, avec entre autres des démonstrations de tissage néolithique, de taille du silex, de datation dendrochronologique et de fonte du Bronze. Des sangliers à la broche étaient au menu du jour de la cantine, accompagné de musique et de danse celtique, comme lors des banquets d’un fameux village d’irréductibles Gaulois. Enfin chacun pu admirer les reconstitutions de trois des six maisons de la première phase de construction du village néolithique d’Hauterive-Champréveyres de la civilisation de Cortaillod. Lors de l’inauguration du Laténium il y a dix ans, René Felber, en tant que président de la Fondation La Tène avait dit ces paroles : «Quel que soit l’endroit où nous vivons, il y a toujours eu quelqu’un avant nous». Cela est vrai à Hauterive Champréveyres, où avant le Laténium des chasseurs du Paléolithique, et des agriculteurs lacustres s’étaient autrefois établis. Cela est vrai également à New-York, où à Ground Zero, dans le chantier de construction du parking du futur World Trade Center et du Musée-Mémorial du 11 septembre, les archéologues ont mis au jour l’épave d’une embarcation du 18ème siècle, dans un lieu qui devait être à l’époque un ancien ancrage de l’Hudson. Une découverte qui n’aurait sans doute jamais pu avoir lieu, sans la destruction des tours jumelles il y a dix ans.

Des archéologues dans le ciel et l’espace

Devenir archéologue sur Google Earth. Tel est la proposition faite à ses lecteurs par la revue d’astronomie Ciel et Espace, qui consacre dans son numéro du mois de mai un article sur les archéologues ayant échangé leur truelle contre une souris pour découvrir de nouveaux sites archéologiques. On y raconte ainsi l’aventure de Scott Madry, qui à partir de 2005, à l’exemple de Luca Mori, s’est mis à ausculter les images satellites de la Bourgogne, en lieu et place de photos aériennes. De même que celle de David Kennedy, un australien qui annonça au mois de février de cette année la découverte de 2000 sites en Arabie Saoudite, un pays où il n’est même jamais allé. Luc Lapierre et Lionel Decramer sont, quant à eux, parvenus à suivre le tracé de la voie romaine reliant Toulouse à Narbonne grâce aux images satellites. Enfin, la Nasa elle-même n’est pas en reste puisqu’elle participe a quelques projets dans ce domaine, comme à Angkor ou au Yucatán. Ciel et espace, à titre d’exemples, a édité une page Internet donnant des liens permettant de visiter quelques uns des sites découverts grâce à Google Earth.
Géoportail et INRAP
L’INRAP sur le Géoportail de l’IGN

Ciel et Espace invite aussi à redécouvrir le Géoportail de l’Institut géographique national français (IGN), qui depuis le 17 mars, en partenariat avec l’Institut National de Recherche en Archéologie Préventive (INRAP), a mis en ligne une nouvelle couche d’information comprenant les principales interventions menées par l’INRAP depuis sa création. Pour y accéder rien de plus simple. Une fois sur le Géoportail il suffit d’ouvrir dans le catalogue des couches le dossier “Culture et Patrimoine”, puis cochez la couche “Archéologie préventive”. D’un seul clic, des centaines d’icones INRAP couvrant le territoire français se révèlent et permettent de localiser et d’accéder directement aux divers chantiers. Un clic sur une icone affiche une notice descriptive du site archéologique et les informations disponibles, à savoir : reportages vidéos, visites virtuelles, communiqués de presse, événements. La navigation est facile et l’on prend plaisir à découvrir ainsi l’importance des découvertes réalisées par l’archéologie préventive française. L’équivalent du Géoportail existe également en Suisse. Depuis le 14 avril 2011, l’Office fédéral de la topographie (Swisstopo) offre même un nouveau service internet, portant le nom de « swisstopo web access – WMTS» (WMTS pour Web Mapping Tile Service), permettant d’intégrer facilement la Carte nationale et les images aériennes de la Suisse sur son propre site Internet. Il ne reste plus qu’à l’Association des archéologues cantonaux ou au Comité d’Archéologie suisse de demander à l’Office fédéral de la topographie (Swisstopo) de créer une couche des interventions archéologiques, en plus des réserves d’oiseaux cantonales ou des surfaces agricoles cultivées. Et pourquoi pas y chercher de nouveaux sites.

La fabuleuse découverte de Brazul

Le dernier numéro de la revue AS d’Archéologie suisse nous apprend qu’au cœur de l’Amazonie, à la frontière entre le Venezuela et le Pérou, une expédition d’archéologues lausannois a découvert en 2008 les vestiges d’une civilisation précolombienne disparue. En 2009, une campagne de fouille, menée en accord avec le Departamento del patrimonio arqueológico du Venezuela, permis de mettre au jour une quantité incroyable de tessons de céramique d’une qualité et d’une facture tout à fait exceptionnelle dans les couches inférieures, alors que les niveaux supérieurs livraient une production mal cuite et plus sommaire. Des datations radiocarbones de l’ensemble des couches permettent de dater le niveau le plus ancien du 2ème siècle avant J.-C., alors que la dernière couche date du 7ème siècle après J.-C.

Expédition à Brazul
Les membres de l’expédition de 2008.

L’emplacement de cette découverte, dénommé « Brazul », selon un mot emprunté à la langue locale, devient ainsi le site éponyme d’une nouvelle grande culture précolombienne, la civilisation brazulienne. Pendant le Brazulien ancien (2ème siècle av. J-C – 5ème siècle apr. J.-C), on voit se développer une culture dans laquelle la poterie semble progressivement prendre la place prépondérante, tant et si bien qu’au Brazulien moyen (6ème apr. J.-C), la production et la consommation deviennent hors de proportion avec les ressources locales. La forêt alentours a été surexploitée, tant et plus qu’en son absence, au Brazulien récent (7ème siècle apr. J.-C.) la poterie connait un rapide déclin, tant en quantité, qu’en qualité, avant de disparaître complètement, dans des circonstances tragiques et sanglantes. Une exposition «Brazul» présente, jusqu’au 1er mai 2011 au Musée romain de Lausanne-Vidy , un film de l’expédition ainsi que de nombreuses pièces de céramique brazulienne, qui permettent de mesurer l’ampleur de cette fabuleuse découverte.

Les débuts de la peinture en Australie

Des archéologues australiens ont révélés l’existence sur le site de Niwarla Gabarnmung, au sud-ouest du Plateau de  la Terre d’Arnheim, d’une peinture rupestre pouvant être la plus vieille du monde. Elle serait datée de 40’000 ans avant  notre ère, et pourrait avoir été tracée par les premiers hommes arrivés en Australie. La découverte a été réalisée en 2008 dans un abri rocheux par des membres d’une association aborigène – la Jawoyn Association Aboriganal Corporation. Mais ce n’est qu’en mai 2010, lorsque les archéologues se sont déplacés pour enregistrer le site, qu’une première datation a été établie. Le site de Niwarla Gabarnmung est déjà  riche de nombreuses autres peintures rupestres.

Genyornis
Genyornis à l’ocre rouge ? (photo : Ben Gunn)

Cette peinture à l’ocre rouge représenterait  une espèce d’oiseau géant incapable de voler, connue sous le nom de « Genyornis », qui selon les paléontologues aurait disparue il y a 40’000 ans. C’est un ancêtre beaucoup plus grand de la famille des émeus d’Australie. «Soit la peinture date de 40.000 ans, ce qui est la date avancée pour sa disparition, soit Genyornis a vécu beaucoup plus longtemps que la science a pu l’établir” a déclaré l’archéologue Ben Gunn de la Australian Rock Art Research Association, et le cas échéant, la datation de la peinture serait avancée. Cependant la précision des détails anatomiques, qui ne peuvent avoir été observés que sur des animaux vivants, ferait plus pencher les experts pour la première hypothèse. Des examens plus précis notamment de la roche et des pigments sont en cours pour déterminer la datation exacte. Il s’agit en effet d’être prudent quand on parle de datation d’art rupestre, car les plus anciennes découvertes en Europe datent de 30’000 ans.

Recherche hominidés dans Google Earth

Hier, des scientifiques ont annoncé la découverte en Afrique du Sud d’une nouvelle série de fossiles d’hominidés qui iront rejoindre les autres vestiges découverts dans la région classée au patrimoine mondial sous le nom du « Berceau de l’humanité » (Cradle of Humankind), à 40 km de Johannesburg. Cette découverte est une des plus importantes faîtes ces dernières années, car elle révèle les squelettes  remarquablement bien conservés de deux hominidés, un adolescent mâle et une femelle adulte, datant entre 1,78 et 1,95 million d’années qui appartiendraient  à une nouvelle espèce Australopithecus sedida, candidate pour assurer  la transition entre Australopithecus africanus (dont la célèbre Mrs. Ples) et le genre Homo, soit Homo habilis ou Homo erectus. Une petite vidéo sur Youtube en annonce la publication dans la revue « Science ».   Mais l’élément le plus intéressant lié à cette découverte, c’est qu’elle est issue d’une recherche entamée il y a deux ans à partir de Google Earth, comme le montre une autre courte vidéo.
Australopithecus Sedida in the Cradle of Humankind
Google Earth à la rencontre d’Australopithecus sedida

Dès mars 2008, l’équipe du professeur Lee Berger de l’université Witswatersrand à Johannesburg, a entrepris de cartographier dans la région l’ensemble des grottes et des gisements, connus pour avoir livré des fossiles. Pour ce faire ils ont utilisé Google Earth qui semblait être la plateforme idéale pour rassembler ces données en un seul endroit et les partager avec d’autres chercheurs. Au début du projet, seuls 130 grottes et 20 dépôts de fossiles étaient répertoriés. En apprenant à reconnaître à quoi ressemblait un site de grotte sur les images satellites à haute résolution, il fut également possible de découvrir de nouveaux gisements, soit près de 500, alors que cette région est une des plus explorée en Afrique. C’est dans l’un de ces nouveaux gisements qu’à été mis au jour cette paire de fossiles. Une belle démonstration de l’utilité des géo données et de Google Earth dans la pratique archéologique. Un exemple à suivre !

Découverte d’une mine de silex à Olten

Pour tous les archéologues travaillant en Helvétie, le silex de couleur blanc-crème d’Olten est bien reconnaissable, car il constitue sur le Plateau suisse, et en particulier dans les palafittes du Néolithique bordant les rives des lacs, une des principales matières premières siliceuses importées pour la confection de l’outillage lithique. Connu depuis 1922, les gîtes de silex d’Olten n’ont fait l’objet, pour l’instant, que d’observations et de fouilles sommaires. Depuis décembre 2009, en relation avec un projet de nouvelle construction, le service archéologique du canton de Soleure a l’opportunité de fouiller un complexe minier creusé  dans une falaise calcaire au lieu-dit Chalchofen, à la périphérie de la ville d’Olten. L’ensemble des galeries dégagé a une longueur totale de 24m. Il est heureux que dans ce cas, une véritable recherche scientifique soit mise en place pour mieux connaître l’exploitation de ce matériau dans la région.
Minières de Petit-Spiennes
Puits d’accès des minières de Petit-Spiennes (photo : J-L Dubois)

La presse, relayant le communiqué de nos collègues soleurois de cette semaine, se fait l’écho de la découverte de cette mine de silex en la qualifiant d’«unique en Suisse». Si on ne peut que se réjouir de la mise au jour d’un tel gisement il nous faut cependant nuancer l’enthousiasme des journalistes car cette mine est loin d’être aussi unique. En effet, même en Suisse, une autre mine à été mise au jour, et à fait l’objet d’une fouille, celle de la Löwenburg à Pleigne, dans le canton du Jura. Et en Belgique, les minières néolithiques de Spiennes près de Mons, sont suffisamment importantes dans leur ampleur pour avoir fait l’objet d’un classement au patrimoine mondial de l’UNESCO. La mine découverte à Olten offre cependant l’occasion, assez rare dans notre pays, d’approcher  de près un centre d’exploitation  industrielle  des rognons de silex au Néolithique. Pour permettre aux personnes intéressées par le sujet, une journée porte ouverte des fouilles aura lieu à Olten, samedi 23 janvier 2010, de 10h à 16h.