Category Archives: Généralités

Promenons-nous dans les bois

Les forêts et l’humanité partagent un long passé commun. Contrairement à l’idée reçue, les surfaces boisées sont loin d’être naturelles car elles sont gérées par l’homme depuis que ce dernier s’est aventuré dans ses futaies une hache à la main. Les vastes aires que la sylve recouvre, abritent des vestiges du passé tels que fours à poix, fours à chaux, bas fourneaux d’extraction du minerai de fer, tumuli, fossés, villas romaines, mottes féodales, fortifications, et j’en passe, soit autant de structures anthropiques décelables par ceux qui fréquentent régulièrement les zones boisées. Bien que les racines puissent apporter une certaine perturbation aux structures enfouies, la couverture forestière offre généralement une protection plus grande aux vestiges que les zones agricoles, pour ne pas parler des zones à bâtir. Mais la sylviculture est de plus en plus mécanisée et pour les besoins de l’exploitation forestière il faut créer à l’intérieur des massifs des voies de dessertes ou de débardage et des aires d’engagements d’engins mécaniques, travaux qui constituent une nouvelle menace.

Roches de Châtoillon

Vestiges d’un rempart en forêt

Consciente de cela, l’Office National des Forêts (ONF) en France, a pris le parti de former les forestiers à reconnaître les traces du passé. Des collaborations entre les Directions régionales des affaires culturelles (DRAC), les Services régionaux d’archéologie (SRA) et les Directions régionales de l’ONF ont été établies pour favoriser les contacts et la mise en commun des informations en vue de la sauvegarde du patrimoine forestier et culturel. Sur le site de l’ONF on trouve de nombreuses informations relatives aux relations à établir entre forêts et archéologie, de même qu’un dossier riche de nombreux exemples. Ainsi, apprend-t-on, par exemple, que des forestiers lorrains ont débusqués une cinquantaine de villas gallo-romaines en une quinzaine d’années dans les forêts de leur secteur. L’ensemble du programme mis en place vise à sensibiliser les forestiers aux buts et aux méthodes des archéologues. Ainsi informés, les professionnels des forêts éviteront de détruire, par inadvertance ou ignorance, des vestiges précieux pour la connaissance de notre passé tout en y ajoutant leurs propres contributions.

Truelles & Pixels

Comment faire découvrir ce que c’est que l’archéologie à la jeune génération ? Par le livre, bien sûr! Pour ma part, je me souviens encore de mon premier livre sur le sujet paru dans la collection « l’Encyclopédie des juniors » intitulé « Civilisations perdues ». Mais aujourd’hui, il y a, en plus, la toile. C’est par ce dernier média que la Maison de l’Orient et de la Méditerranée (MOM) et le Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) ont l’ambition d’initier les jeunes à mon métier, par l’entremise d’un site Internet spécialement dédié à cette tâche: « Truelles & Pixels », site qui existe également en version anglaise et espagnole. Sur des pages encore en cours de réalisation, les concepteurs ont prévu de présenter une série de thèmes liés au domaine, comme l’archéologie préventive, l’industrie lithique, la cartographie, l’archéologie funéraire, l’archéobotanique ou l’épigraphie.

Truelles & Pixels

Le marché de Pundranagara

Pour l’heure, deux enquêtes archéologiques ont été mises en lignes. La première se situe au Bangladesh sur le site de l’antique Pundranagara, l’actuelle Mahasthan, au cours de laquelle les jeunes internautes sont initiés aux techniques de fouille et à la découverte d’un objet dans son contexte. On commence par rencontrer Antaka, un jeune garçon de 8 ans, ayant vécu deux siècles avant notre ère. Sous le titre « Le bélier d’Antaka » on suit le destin d’un jouet en terre cuite lui appartenant, de son acquisition à son abandon, jusqu’à sa remise au jour. Dans la seconde enquête, située en Mésopotamie, c’est à la rencontre de la domestication des animaux et à l’archéozoologie que Yoma, une petite fille du Néolithique des bords de l’Euphrate initiera les jeunes internautes. Peut-être que, après avoir parcouru les pages de ce site, à l’exemple de celles du livre de mon enfance, « Truelles & Pixel » suscitera des vocations.

Des mégalithes dans la savane

La Bretagne est connue pour ses mégalithes ce qui lui vaut une partie de son attrait touristique. Dans l’espace sénégambien, sur une surface de 36?000 km2 de savane arborée, se trouve une autre grande province mégalithique beaucoup moins connue. Si aujourd’hui cette région est composée de deux entités politiques, le Sénégal et la Gambie, qui, du fait de la colonisation par deux puissances coloniales différentes, sont séparées également par deux langues officielles distinctes, le français et l’anglais, il n’en a pas toujours été ainsi comme le démontre à l’évidence la présence de part et d’autre du fleuve Gambie de cercles de pierres appartenant à une même culture préhistorique de l’âge du Fer.


Mégalithes dans la savane à Sine Ngayène (photo: Stéphane Pradines)

Datés entre le 2ème siècle avant notre ère et le 15ème siècle après, ces pierres dressées sont généralement de forme cylindrique ou rectangulaire. Elles sont faites de latérite, une roche de couleur rougeâtre due à la présence d’oxyde de fer. Depuis le mois de juillet de l’année dernière quatre ensembles de ces pierres dressées ont été inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Ce sont les sites de Sine Ngayène et de Wanar dans le centre-ouest du Sénégal et ceux de Wasu et de Kerr Batch en Gambie. Ces sites doivent servir de base à des projets de tourisme culturel, tant au Sénégal qu’en Gambie. Actuellement, les autorités sénégalaises en sont à l’évaluation de ce projet, alors qu’en Gambie, chacun des deux sites précités est déjà pourvu d’un musée local. Des recherches sont actuellement en cours au Sénégal par les universités du Michigan (USA) et Cheikh Anta Diop de Dakar sous la direction conjointe des professeurs Augustin Holl et Hamady Bocoum pour donner à ces mégalithes leur pleine valeur culturelle par la connaissance de leur passé. Un rôle funéraire leur semble dévolu, mais il n’est pas exclu que d’autres fonctions leur soient reconnues. Comme le montre l’exemple de la Bretagne la culture et le tourisme doivent travailler ensemble. Le jour où les cromlechs et les alignements de pierres dressées seront présents sur les cartes postales reçues de l’espace sénégambien, les autorités de ces pays auront réussi leur pari d’ouverture au tourisme culturel.

Des Suisses en Grèce

Il y a trois semaines le ministre grec de la culture, Georgios Voulgarakis, a signé à Berne un accord bilatéral avec son homologue suisse, Pascal Couchepin, pour régler l’importation et le retour de biens culturels entre les deux pays. Mais avant cela, à Athènes, le 15 février de cette année, le ministre grec avait remis aux représentants de l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce (ESAG) un diplôme de son gouvernement en récompense des activités de cette institution dans le pays depuis 43 ans. A cette occasion le travail des archéologues suisses a été souligné comme un exemple de collaboration culturelle et scientifique.

Erétrie

Détail d’une mosaïque du site d’Erétrie (photo ESAG)

Faisant suite à une mission archéologique commencée en 1964, l’Ecole suisse d’archéologie en Grèce a été créée en 1975 et s’est vue confiée la fouille du site d’Erétrie. Pour faire mieux connaître son activité elle vient d’ouvrir, en anglais, un nouveau site internet. On y trouve un résumé très complet de l’histoire de la cité, de la préhistoire au siècle passé, ainsi que quelques descriptions des différents chantiers ouverts à Erétrie comme celle de la maison aux mosaïques ou du théâtre (en allemand), de même que la liste complète des publications qui en résultent. A relever également que l’ensemble des rapports annuels de l’ESAG depuis 1964 est téléchargeable au format pdf. Enfin, pour les étudiants intéressés à participer aux travaux en cours ils y trouveront toutes les informations utiles de même qu’un formulaire d’inscription pour devenir des Suisses en Grèce.

Heureux qui comme Ulysse…

A la Renaissance, Joachim Du Belley écrivait ce vers célèbre dans un de ses sonnets: « Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage », vers repris dans une chanson non moins célèbre de Georges Brassens et pour le titre d’un film avec Fernandel. Depuis l’invention de la photographie le voyageur a pris l’habitude de ramener des images de ses voyages, et lorsque le voyageur est archéologue ou historien de l’art, ses clichés personnels lui servent de supports didactiques lors de la présentation de conférences et pour l’illustration de ses articles et des livres qu’il écrit. Jacques-Edouard Berger fut l’un de ces voyageurs heureux. Disparu subitement en novembre 1993, il a laissé de son périple dans la vie plus de 120’000 diapositives, que son père, René Berger, a commencé à mettre à disposition du monde entier dès 1994, par l’entremise d’une fondation qui porte son nom, la fondation Jacques-Edouard Berger, et surtout à travers un site Internet de référence, l’un des plus anciens du web.

Ravenne

Ravenne, Basilique de San Vitale (photo: J.-E Berger)

Sous le titre : « A la rencontre des trésors d’Art du monde », le site présente une partie importante des images rapportées par Jacques-Edouard Berger de ses voyages en Europe, Egypte, Laos, Birmanie, Cambodge, Chine, Japon et Inde, ce qui recouvre une partie des grandes civilisations. De plus, sont également téléchargeable quelques unes de ses nombreuses conférences publiques très bien fréquentées, comme celle consacrée aux portraits romains d’Egypte, ou celle donnée sur la dynastie Han de Chine. Ainsi, le souvenir de cet homme de culture reste vivace bien qu’il soit parti, pour toujours, accomplir son dernier voyage.

Scipion n’est pas arabe

Autrefois situé dans un cadre campagnard le mausolée romain de Sétif connu sous le nom de Tombeau de Scipion, est aujourd’hui complètement cerné par l’extension de la ville algérienne. L’association « Mémoire de Sétif », créée en 1995 pour « établir un espace de réflexion, d’harmonie entre la société civile et sa richesse archéologique » ne parvient pas, si l’on se rapporte à un article paru dans la Tribune d’Alger, à faire passer dans la population l’idée d’une plus grande protection du patrimoine historique et archéologique de la cité. Un promoteur songe même sérieusement à détruire le mausolée pour permettre de nouvelles constructions, prétextant que Scipion « n’est même pas arabe ».

Tombeau de Scipion à Sétif

Le Tombeau de Scipion dans son cadre actuel

L’exemple de Sétif montre que la protection du patrimoine pour être efficace doit être le fait de toute la société civile et non d’une poignée d’amoureux de vieilles ruines. Sans ce soutien, et ce consensus on ne peut éviter la dégradation des monuments, voire leur destruction, quand bien même des lois les protèges. Ainsi, la loi algérienne relative au patrimoine culturel du 15 Juin 1998 définit comme patrimoine culturel de la nation, tous les biens immobiliers sur et dans le sol légués par les civilisations qui se sont succédées de la préhistoire à nos jours. Comment insuffler le respect des vieilles pierres dans une population? Il faut avant tout qu’elle puisse se reconnaître dans ce passé, qu’il soit le sien propre ou qu’elle se le soit approprié. Les lois à elles seules, ne suffisent pas.

La Pierre-à-Mazel a déménagé

Pour des raisons économiques et politiques, les archéologues et les conservateurs du patrimoine bâti ne peuvent empêcher des grands projets de constructions et d’infrastructures de se réaliser même s’ils menacent directement des vestiges du passé. Ainsi doivent-ils bien souvent se résoudre à la destruction de témoignages anciens pour faire place au progrès, lorsqu’il prend la forme d’un barrage, d’une autoroute ou d’un centre commercial. Dans le meilleur des cas un relevé du bâtiment ou une fouille du gisement pourra être exécutée avant la destruction. Mais une autre solution, si l’on tient vraiment à la conservation du monument peut être envisagée : le déménagement. Tout le monde a en mémoire le déplacement des temples d’Abou Simbel et de Philae, lors de la construction du grand barrage d’Assouan. Un ancien pont de Londres fut aussi déplacé pierre à pierre aux Etats-Unis. De façon beaucoup plus modeste c’est cette solution que les Travaux publics de la ville de Neuchâtel, en Suisse, ont choisi de privilégier dans le cas de la Pierre-à-Mazel.

Pierre-à-Mazel

La Pierre-à-Mazel sur son nouvel emplacement

Ce rocher, qui était autrefois un petit îlot rocheux du lac de Neuchâtel, a été désigné le 10 mai 1537, par Jeanne de Hochberg, comtesse souveraine de Neuchâtel, pour marquer la limite orientale du rivage concédé aux bourgeois de la ville du dit lieu. L’extension de la cité s’étant opérée par des remblayages successifs sur le lac, entre le 18e et le 20e siècle, de même que par la fusion avec une petite commune limitrophe, a fait perdre au rocher et son statut d’îlot, et celui de borne communale. De plus, les remblais ne laissaient plus apparaître depuis cent ans que son sommet. Enfin, en 2003, le projet de construction d’un centre commercial et du nouveau stade de la Maladière devait signifier la disparition définitive du rocher. Pour éviter l’irrémédiable et la perte d’un monument naturel à valeur historique, la décision fut prise en 2004 de prélever lors du chantier de construction le sommet du rocher pour le garder en témoignage. Cette borne insolite a été déplacée il y a quelques jours de 2 km en direction de l’est, et, aujourd’hui, 470 ans après Jeanne de Hochberg, une petite cérémonie a rendu au sommet du rocher son rôle de borne frontière. Ce vestige à rejoint, du même coup, d’autres témoins du passé rassemblés dans le parc archéologique en plein air du Laténium, le musée cantonal d’archéologie de Neuchâtel, sis sur la commune voisine d’Hauterive.

Le patrimoine marocain revalorisé

Le patrimoine archéologique du royaume du Maroc est riche, mais de l’aveu même de ses responsables il manque de soutien et d’intérêt de la part de la population. Le site de Volubilis, le plus fréquenté du pays, est à 97% visité par des touristes étrangers. De plus par manque d’entretien les 26 sites classés que compte le royaume, se dégradent d’année en année. C’est pour rendre plus attirant le site phare de Volubilis dont les infrastructures sont particulièrement délabrées, que le ministère marocains de la Culture a signé le 10 avril un protocole d’accord avec la fondation ONA, spécialisée dans l’action socio-culturelle. Le projet prévoit la construction d’espaces d’accueil, de bâtiments administratifs, d’un laboratoire de recherches et de réserves, ainsi que l’édification d’un musée. Ce réaménagement devrait constituer le prélude à la remise en valeur d’autres vestiges comme ceux du site de Sala.

Volubilis

Volubilis, péristyle de la maison aux colonnes

Une autre façon de rendre sensible ce patrimoine, c’est de le faire mieux connaître à l’intérieur et à l’extérieur. C’est la mission que l’Association des Lauréats de l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (ALINSAP), s’est donnée en lançant le 8 avril un site Internet dédié aux monuments historiques et sites archéologiques du Maroc. La présentation de ce patrimoine sur le site interactif de l’association est divisé en trois périodes: préhistorique, antique et islamique. Outre des informations et des données historiques sur ce patrimoine, le portail présente des photos et maquettes des différents sites et monuments. Le site propose également une compilation des textes et lois marocaines et internationales sur la protection du patrimoine historique, documents qu’il est toujours bon de rappeler et d’avoir à portée de quelques clics.

Un nouveau barrage sur le Nil

Dans le nord du Soudan la construction du grand barrage de Méroé, en aval de la quatrième cataracte va engloutir des vestiges encore enfouis des royaumes de Kerma, de Kouch et de Méroé. Une fois le barrage en eau, le lac de retenue s’étirera sur 175 km de longueur pour 4km de largeur. De plus 60?000 habitants de la vallée devront quitter leurs maisons pour aller s’établir ailleurs ce qui ne va pas se faire sans heurts. De fait, les premières manifestations violentes ont eu lieu il y a une semaine. En butte à des problèmes au Darfour, dans le sud et à l’est du pays, voici que le gouvernement de Khartoum s’apprête à devoir affronter d’autres difficultés dans le nord. Entre temps, des équipes d’archéologues venues du monde entier ont engagés depuis quelques années une course contre la montre pour sauvegarder quelque chose de ce qui est menacé à terme de disparaître dans les environs des pyramides de Nuri, celles des Pharaons noirs. Parmi ces équipes, la Section Française de la Direction des Antiquités du Soudan (SFDAS) a mené de 2001 à 2005 quatre campagnes de prospections ayant conduit à la découverte de plusieurs centaines de nouveaux gisements, majoritairement néolithiques.

Pyramides de Nuri

Les pyramides de Nuri découpent l’horizon près du barrage

Ce raout archéologique est comparable, dans une certaine mesure, à celui engagé dans les années 1960 pour mettre à l’abri des eaux du barrage d’Assouan une partie des vestiges de la Haute vallée du Nil. Mais cette fois, les moyens à disposition sont moindres, et aucuns monuments à déplacer tels les temples d’Abou Simbel et de Philea ne sont au programme pour aviver l’intérêt du grand public et des médias pour cette entreprise de sauvetage. Et pourtant dans le fond de cette vallée du Nil soudanais se cache quelques questions qui cherchent encore des réponses comme le déchiffrement de la langue méroïtique, dont l’écriture est empruntée aux hiéroglyphes égyptiens et dont les linguistes attendent toujours la découverte d’une pierre de Rosette.

Gaza à la croisée des chemins

Demain et jusqu’au 7 octobre 2007, sera ouverte à Genève, l’exposition « Gaza à la croisée des civilisations», dans les salles du Musée d’art et d’histoire. Pendant cinq mois, grâce aux efforts des commissaires de l’exposition Marc-André Haldimann et Marielle Martiniani-Reber, le toponyme Bande de Gaza ne sera pas uniquement associé aux épithètes de la violence, mais à celles des civilisations qui se sont succédées sur ce petit territoire de 362 km2 : égyptienne, phénicienne, assyrienne, perse, grecque, romaine, byzantine et islamique. Pour l’occasion sont rassemblés 529 objets issus des fouilles du Département des antiquités de l’Autorité palestinienne, de l’Ecole biblique et archéologique française de Jérusalem et de la collection privée de Jawdat Khoudary, plus une amphore à vin de Gaza du Ve siècle ap. J.-C., découverte en 1980 dans les fouilles de la cathédrale Saint-Pierre de Genève par le Service cantonal d’archéologie, artéfact témoignant d’anciens liens chrétiens entre les deux cités.

Lampes à huile

Lampes à huile byzantines (photo: S. Crettenand)

Cette exposition exceptionnelle, unique par son thème, préfigure la richesse de ce que pourrait être la collection de référence d’un futur Musée national palestinien d’archéologie que l’on envisage de faire construire à l’emplacement du port antique d’Anthèdon, actuel Blakhiah, au nord de la ville de Gaza, ancien débouché de la route de l’encens. Ce projet, encore à la recherche d’une partie de son financement, est d’ores et déjà placé sous le patronage de l’Unesco et l’appui technique et scientifique de la Ville de Genève. Cependant, se trouver à la croisée des chemins, c’est aussi s’exposer aux conflits avec ses voisins. Ainsi, on apprend, qu’il y a très exactement 3475 ans, soit le 25 avril 1468 av. J.-C, la cité de Tell al-’Ajjul sur le territoire de Gaza fut conquise par les armées du pharaon Thoutmosis III. En conséquence, autrefois comme aujourd’hui, malgré nous, Gaza parvient difficilement à échapper à l’actualité de la violence.